LA MANIÈRE DE VIVRE SON ASPECT MATÉRIEL PEUT S’OPPOSER À L’ÉLÉVATION DE LA CONSCIENCE…

Le matérialisme désigne la conception qui ne conçoit et n’admet nulle autre substance ou champ d’intérêt que la matière.  Il exprime encore la propension à valoriser les biens matériels ou les possessions  Il traduit alors l’état d’esprit caractérisé par une projection vers le monde extérieur et par la recherche assez exclusive des jouissances et de l’accumulation des biens matériels dans l’espoir de s’édifier un paradis dans la densité et de retarder la mort le plus possible.  Le matérialisme est étroitement relié au développement de la science et il se nourrit de ses résultats de sorte que, en général, ses tenants défendent l’idée que la pensée et la conscience, des phénomènes illusoires, sont des produits secondaires de la matière et ils rejettent ou négligent l’existence de l’âme, de l’au-delà etmaterialisme-reclame de Dieu, pour accéder à la compréhension du réel, d’où ils se centrent sur leur bien-être physique et sur l’harmonie des relations sociales.

À proprement parler, le matérialisme vrai se vit à un âge de fer, d’où il exprime un haut degré de décadence et de dissolution de la conscience.  Accompagné de son cortège de maux, de désespoir et de vide intérieur, il présage une fin qui devrait être suivie d’un renouveau spirituel.

La société occidentale contemporaine est incontestablement une société de consommation, au sein de la laquelle la culture matérielle occupe une place importante.   On considère souvent l’entrée massive de biens de consommation dans la sphère domestique comme une source de bien-être en raison de l’amélioration du confort quotidien ou domestique.  On peut l’assimiler à l’amélioration de la qualité de vie.  Mais les possessions matérielles, en prenant place dans la vie quotidienne, contribuent également à structurer l’identité de l’individu.  Il peut en venir à considérer ses possessions matérielles comme l’extension de son soi, dans la mesure où il s’investit psychologiquement dans ses possessions ou, pour le moins, dans certaines d’entre elles. Celles-ci ont du point de vue de l’identité individuelle vocation à cristalliser l’attachement à sa famille, à ses proches mais aussi au passé, dans le cadre d’événements vécus et marqués par une forte charge émotionnelle.  L’attachement aux biens peut également avoir comme fonction de qualifier l’attachement à certaines valeurs comme la tradition, la religion de naissance, l’appartenance ethnique ou l’accomplissement de soi.

Comme on le voit, un être peut finir par intérioriser ses biens matériels par l’action qu’il exerce sur eux, c’est-à-dire que ses possessions concrètes ne restent pas des éléments passifs, elles participent activement à sa vie quotidienne : elles s’investissent en même temps qu’il investit en elles.  La force de l’investissement psychologique dans les biens matériels qui structurent l’identité individuelle se révèle par les effets de situations qui conduisent à la perte de possessions matérielles.  En ce sens, par exemple, on constate que les gens, victimes de catastrophes ou d’incendies, vivent des troubles psychologiques importants, ce qui est dû notamment à la perte irréversible de biens qui sont, pour eux, structurants de leur identité.  Dans le même ordre d’idées, on observe un attachement véritable aux objets et ce d’autant plus que la possession est ancienne, l’âge la rendant précieuse à leurs yeux.

En outre, pour le matérialiste, l’activité de consommation est une manière de s’inscrire socialement, de sorte le fait de ne pas être en mesure de consommer représente le danger de l’exclusion sociale.  Alors, les possessions deviennent le moyen d’engager avec autrui des échanges de significations.  Dans ces conditions, l’attachement à certains biens matériels ou certaines marques peut être la conséquence directe de la difficulté à gérer et à signifier un positionnement social.   Il semble que les individus les plus matérialistes valorisent davantage des biens utilitaires, de grande valeur financière ou des biens liés à l’apparence qui permettent de signifier le positionnement social.  En revanche, les individus moins matérialistes, plus spirituels ou idéalistes, valorisent des biens qui sont associés au plaisir, aux relations avec autrui, à la formation intellectuelle ou au développement spirituel ou qui participent directement à l’identité individuelle.

D’après certaines recherches, le matérialisme pèche par trois maux : l’envie, la possessivité et le manque de générosité.  La carrière, les possessions et les acquisitions répondent à des buts personnels qui conditionnent leur style de vie.  Dans son aspect positif, la mentalité du matérialisme se compose de trois composantes : composantes : la centralité, le bonheur et le succès. La centralité caractérise l’importance que les individus accordent à leurs possessions et à leurs achats.  Le bonheur caractérise en fait la recherche du bonheur à l’aide de possessions matérielles ; celles-ci sont alors considérées comme un moyen pour être plus heureux.  Enfin, le succès est défini à partir de l’aptitude qu’offrent les biens matériels à exprimer le succès de l’individu ou sa réussite sociale.  La propension au matérialisme mène à un manque de satisfaction dans la vie en général et au même état assez permanent par rapport à ses revenus, puisqu’on ne possède jamais assez pour épater la galerie au point qu’on le voudrait.  Comme quoi un système de consommation effréné devient rapidement aliénant.

Bien qu’il ne soit pas mal en lui-même, comme principal méfait, le matérialisme mène à l’oubli des origines divines, à l’abandon des principes cosmiques et à la séparativité, ce qui laisse place à toutes les formes d’égoïsme et à la culture des apparences, au détriment de son évolution, d’autrui et surtout, de l’environnement naturel.  Il gruge encore sur le capital bonheur.  Il implique également une importante difficulté à vaincre ses inclinations, pour retrouver une plus grande lumière et une plus grande liberté.  Il centre d’abord sur la nécessité de se rendre maître de ses conditions d’existence et d’assumer sa vie matérielle, au point que, cela accompli, il ne reste plus d’autre aspiration.

À notre époque, il n’est pas facile de dépasser la survie pour apprendre à vivre vraiment en raison de la situation de l’emploi et du battage publicitaire qui dirige l’attention ailleurs.  Par la publicité omniprésente, chaque individu devient la cible de sollicitations de toutes sortes, le plus souvent superflues, futiles et même inutiles, mais qu’il finit par penser indispensables.  Dans une société de concurrence et de performance, ce que l’autre possède, il faut se le procurer aussi.

Dans un monde matérialiste à l’excès, où règnent l’individualisme (voire le nombrilisme) et la cupidité, il est difficile de garder son identité et son aspiration, si on les a trouvés.  Il est même difficile de préserver le mental d’une véritable agression de messages, d’idées ambiantes, souvent grégaires, qui ont pour but de façonner le comportement d’un être essentiellement considéré comme un agent économique et un numéro, producteur, mais surtout consommateur.  Il faut prendre conscience de ce danger de dépersonnalisation qui est présenté comme une rationalisation des attitudes.  En réalité, le véritable rationnel est l’affirmation de la raison de chacun dans le respect des autres et l’assistance au prochain, mais en vivant et en laissant vivre.

Nul ne pourra jamais découvrir les instruments et le potentiel merveilleux qu’il détient intérieurement s’il a toujours les yeux rivés sur le monde extérieur, cherchant toujours à assouvir ses sens, à accumuler des biens, à exercer son influence sur les autres, à acquérir la notoriété ou la célébrité.  D’autre part, nul ne pourra exercer la moindre influence extérieure sans passer par l’intérieur de lui-même.  En effet, le monde matériel est l’écran sur lequel se reflète ce qui se passe en soi.  Nul ne pourra pas non plus changer son monde intime s’il ne le connaît pas.  Sans cette compréhension, un être restera un automate toute la vie, un jouet du destin, qui s’amuse à créer des bulles de vide, à construire des châteaux en l’air.

La question que l’être humain doit se poser est la suivante: est-ce qu’il veut continuer à vivre comme ses ancêtres et mourir ou s’il veut accéder au vrai bonheur et à la Vie éternelle?  L’existence matérialiste est l’échec le plus cuisant de l’être humain, car son destin est entièrement spirituel.  À vivre de façon trop matérialiste, il atrophie ses centres intérieurs et il réduit d’autant le courant de vie qui le soutient.

Toutefois, on aurait tort d’exagérer les méfaits du matérialisme, puisqu’il permet à certains sujets d’œuvrer à manifester un type particulier de formes-pensées qui préparent un substrat concret qui, ultimement, favorisera tout le monde.  Du reste, nul ne peut ignorer ses besoins concrets sans détriment.  En cela, le matérialisme à trouver les moyens de mener sa quête dans la sérénité et il aide à mieux s’enraciner dans la Terre, ce qui rend plus concret, plus objectif, plus pertinent, plus rationnel, plus logique, plus équilibré, plus près du bon sens et évite de se perdre dans une spiritualité fumeuse et stérile.

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