DANS LA VIE COURANTE, COMME DANS UNE RELATION, L’ACCAPAREMENT MÈNE À LA PERTE ET À LA RUINE

L’acquisivité, la quête effréné d’acquérir des richesses, durcit le cœur et amène à vivre dans la peur.  La possessivité amène tôt ou tard un autre à se tirer de l’étau dans lequel on tente de le garder.

En cela, vivre sa solitude n’est pas vivre dans l’isolement.  La solitude désigne l’état d’un être qui vit seul parce qu’il se retire sporadiquement du monde pour comprendre ce qui se passe en lui, où réside tout ce qu’il est et toutes les réponses à ses questions;  l’isolement représente l’état pathologique, très lourd, de celui qui, en raison de son vide intérieur ou de son insociabilité, fuit le monde ou le fait fuir.  Mais vivre d’un amour humain qui amène à posséder un autre être peut mener à ce drame d’un isolement amer.  Car la possession de biens, des êtres ou d’autres bienfaits n’est pas une tare ou un vice que dans la mesure qu’elle ne rend pas dépendant, chiche, avaricieux, possessif, mesquin, accaparant, contrôlant, dominateur.

Sauf que, dans toute relation humaine où l’affection s’insinue, l’un finit par prendre une position de dominant concret, ce que l’autre, l’apparent dépendant, cherche à compenser en se faisant dominant subtil, ce en quoi l’autre ne voit que du feu et finit par se voir affublé de tous les torts dans les fluctuations d’une la relatioposessiviten.  En effet, c’est généralement le dominant concret qui obtient le plus mauvais rôle puisque, dans tout ce qui ne va pas bien, il devient en quelque sorte le monstre, celui qui semble porter à lui tout seul l’avenir de la relation, parce que c’est généralement lui qui aura le courage de lui mettre un terme, s’il se sent trop serré dans l’étau de l’autre et s’il ne parvient pas à la ramener dans l’équilibre.

Ce qui fausse le plus rapidement une relation d’affection, qui est tout le contraire d’une expérience d’amour, c’est que le dominé physique, souvent un dominant psychique, très possessif, témoigne d’une dépendance affective, la séquelle de blessures antérieures, souvent issues de l’enfance, exprimant le sentiment qu’un être éprouve d’avoir été négligé, incompris ou exploité, ce qui l’a laissé dans un grand vide intérieur.  Pour éviter une rupture dans une relation,  dans sa dépendance affective, un être pensera à prendre tous les moyens à sa disposition,  bons ou mauvais, pour éviter d’aboutir à l’échec et de se retrouver face à ses carences et à ses vulnérabilités, ce qui donne la démonstration de son insécurité, un sentiment d’impuissance et la confusion surgissant dès que l’autre, qui remplit son attention, s’éloigne ou commence à se comporter différemment.

Le dépendant affectif, qui est forcément très accaparant, mène une quête de fusion totale avec la personne qui lui témoigne de l’attention ou recourt à ses services, mais qui, généralement, n’a que faire de cette expérience que l’autre lui propose insidieusement, puisqu’il n’est pas sa demi-portion, mais un être entier, complet et total, libre de ses choix, à la découverte de sa propre complétude.  Car, dans le désir de possession d’un autre, au point d’en faire le sujet d’attention ou de préoccupation principal de son existence, s’exprime l’impossibilité de remplir son vide intérieur par soi-même, ce qui engendre la peur constante que l’autre n’accepte pas de lui servir en permanence d’objet de compensation.  Il ne peut concevoir, encore moins supporter, que l’autre ait une vie sans lui ou en dehors de lui et il devient hostile dès qu’il le voit s’assumer, commençant à s’imaginer, dans un sens menaçant, divers scénarios.

Dans sa possessivité maladive, le dépendant affectif considère tout choix de l’autre qui le prive d’une part de son attention comme une injustice puisque, inconsciemment, il conçoit l’autre, non comme une entité indépendante et autonome, mais comme une partie de lui-même, comme une extension de lui, qui lui doit quelque chose, en guise de juste retour de son implication à son côté.  Aussi, dans son adroit jeu de pouvoir, dès qu’il perd le moindrement le contrôle de celui qu’il croyait pouvoir posséder et diriger, il se sent menacé dans son existence même, comme si l’autre, en s’écartant ou partant, le vidait de sa substance vitale.  C’est ce qui peut mener à un drame passionnel.

En effet, le dépendant affectif est prêt à tout pour faire durer une relation, même misérable parce que, en plus d’idéaliser l’autre, il s’attribue une mission auprès de lui, soit celle de le garder sous son aile, de le combler à lui seul, de se charger de son salut ou de veiller à l’amendement de sa conduite, dans ses difficultés et ses incartades.  Doit-on s’étonner s’il s’estime le premier à pouvoir capter des signes d’éloignement de sa part (ou de les présumer), ce qui le fait sombrer dans l’angoisse du rejet.  Car, méfiant et suspicieux, parfois jaloux, il se torture en examinant sans cesse, jusqu’à l’espionner dans sa vie intime ou privée, ses moindres faits et gestes.

La réalité propose généralement trois explications à l’isolement que vit une personne, si celui-ci lui pèse : soit qu’elle ne sait pas aimer (ne s’aime pas ou n’aime pas les autres), soit qu’elle est si vide, donc qu’elle n’a rien pour attirer les autres, soit qu’elle tente de garder sa lumière intérieure exclusivement pour elle dans un refus de la partager, souvent dans la peur de perdre au change ou de voir un autre l’égaler ou la dépasser en qualité.  Et quand on parle de lumière intérieure, on parle de tout acquis matériel, intellectuel, émotionnel ou spirituel qu’elle peut avoir accumulé, ce qui implique les talents, les aptitudes, les dons, les compétences, les qualités.  Nul ne peut donner ce qu’il ne possède pas, comme il ne peut rayonner ce qu’il ne porte pas ni apprécier ce qu’il ne connaît pas.

Dans un couple, la plupart des gens apprécient les marques d’attention qu’ils s’offrent mutuellement, qui expriment la survivance d’un intérêt.  Mais celles du dépendant affectif, tellement collantes, finissent par agacer.  Peu de gens redoutent de se laisser prendre sporadiquement un bras dans un étau, tant que celui-ci ne commence pas à serrer au point d’infliger de la douleur et d’inhiber indument, en permanence, les mouvements.  La possessivité du dépendant affectif finit par étouffer un partenaire, qui se voit rogner les ailes.  Il finit par se lasser des préoccupations de l’autre pour tout ce qui le concerne, lui l’être cher, le présumé bien-aimé.  Car son partenaire ne peut se sentir heureux que lorsqu’il est heureux, ce qui l’amène à sombrer dans la douleur lorsqu’il traverse une phase pénible.  À moins qu’il ait atteint ce degré de confiance dans la relation qui le porte à se complaire de bonheur dans son malheur, y découvrant une occasion inespérée de lui rappeler l’importance qu’il détient dans sa vie.

N’est-il pas dommage que, par une confusion dans le vocabulaire, qui amène à donner le même sens à l’amour et l’affection, alors que l’amour humain, que représente l’affection, représente tout le contraire de l’amour tout cour, amène jusqu’aux psychologues à affirmer que, sur Terre, il ne peut pas y avoir d’amour sans ombre de possessivité.  Pas étonnant que l’humanité tourne en rond, du point de vue évolutif, quand elle confond l’amour pur, qui n’accapare jamais rien, ne se laisse jamais accaparer et ne diminue jamais, avec l’affection, qui cherche sans cesse à asservir et inféoder les autres.  Car celui qui dit à un autre l’avoir aimé, mais ne plus l’aimer, ne la pas vraiment aimé, il l’a affectionné, jusqu’à le vider de sa substance, avant de le rejeter comme un objet jetable!

Peu importe le domaine, ce qu’un être veut obtenir et garder entièrement pour lui, au point de le posséder, de l’accaparer et de le défendre jalousement, représente la mise à part d’une part de la Substance subtile, dans une tentative plus ou moins consciente de le séparer de sa Source divine, qui ne demande naturellement qu’à circuler pour croître et se multiplier.  Du coup, elle produit un blocage et en interrompt le cours, la libre circulation de l’énergie vitale, alors que tout ce qui vient d’ailleurs, de l’intérieur ou de l’extérieur, doit continuer à circuler pour tous et à l’avantage de tous.  Plusieurs pourront trouver en cette explication la raison de leur  pénurie, de leur apparente limite, de leur faiblesse, de leur sentiment de petitesse ou d’impuissance, de leur isolement et de sa conséquence, un sentiment de rejet et un mépris de soi.acquisivite

Tout ce qui est scellé dans la conscience de l’être qui le capte — qu’il s’agisse d’un bien matériel, d’une somme d’argent, d’une valeur intellectuelle, d’un talent inné, d’un sentiment intime, d’une qualité spirituelle, d’une entité extérieure — ne parvient plus à l’aimanter, diminuant son magnétisme, sa force d’attraction ou son charisme, même son pouvoir de séduction, parce que cela ne sert plus la Cause universelle.  Dès lors, deux êtres s’emprisonnent dans un délire à deux.  Car, peu à peu, la personne qui se rend coupable d’un tel accaparement, jusqu’à accepter un rôle de victime, bascule dans la peur et en vient à témoigner d’une conduite erratique et déconcertante qui l’amène, même dans un couple, à vivre dans un isolement amer et, à l’extrême, à sombrer dans la folie.

L’intellect, particulièrement conservateur et possessif, tend à densifier, à cristalliser, à ossifier, à fossiliser toute substance.  Ainsi, celui qui se laisse mener par l’intellect, généralement un grand égoïste et un grand sceptique, régresse, retombe lentement dans des états inférieurs de conscience.  Au contraire de l’intellectuel rigide, l’être amoureux, forcément respectueux et généreux, ne se reconnaît que le canal ou le dispensateur de ce qui doit se mouvoir éternellement et passe, par bonheur, à travers lui.  Dans un juste retour, cela lui permet d’amplifier tout courant d’énergie constructive ou lumineuse qui le traverse et même de se protéger contre tout courant négatif.

© 2014-15, Bertrand Duhaime (Dourganandâ).  Tous droits réservés. Toute reproduction strictement interdite pour tous les pays du monde.  Publié sur : www.larchedegloire.com.  Merci de nous visiter sur : https://www.facebook.com/bertrand.duhaime.

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3 Responses

  1. beba

    ami bertrand bjr j’ai comprend tout les enseignements du purfîcation mais je vous emprie je suis a bout de tout ma famille est rentre’ au village natale pr les difficulte’ est moi je suis a la rue sans emploi ni un fond pr les commerces alors ct ne pas la peur mais je suis pres a tout s’ il sagit de sentance donne’ moi les mecanisme je veux mon libre albitre merci j’attend ma suite

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  2. Fabienne

    Bonjour Bertrand,
    Comme vos articles sont justes. Depuis 3 jours, mon fils agé de 18 ans vient vers moi, désemparé car la liaison avec son amie devient difficile. Je le présentais car je voyais mon fils oublier totalement son identité dans sa relation. Mais difficile de lui faire entendre, malgré quelques petites phrases sous forme d’humour.
    Il est avec une amie plus jeune mais très indépendante et lui, dépendant de cet amour. Donc dès le départ, un décalage important…
    Mon fils m’a téléphoné, désemparé, triste, perdu… plein dans l’émotionnel.
    Nous avons beaucoup parlé. J’essaie de lui faire prendre conscience du ‘”décalage” entre lui et son amie.
    Elle, indépendante, vit sa vie et partage des moments avec mon fils.
    Cependant, mon fils, lui en attente perpétuelle, ne vivant qu’à travers elle. Donc l’échec assuré…
    Ce matin, nous avons pu parler. Je lui ai fait prendre conscience qu’il ne se reconnaissait pas lui même, qu’il ne reconnaissait pas sa valeur et que donc, par conséquent, allait chercher cela chez son amie. Et que lorsque la reconnaissante n’était pas là (ce qu’il s’attirait automatiquement, inconsciemment…), il se sentait perdu, malheureux.
    En espérant que mes conseils étaient justes. Je lui ai dit que pour s’attirer une personne et vivre une relation équilibrée. Il fallait déjà qu’il se reconnaisse lui-même, qu’il sache voir sa valeur, sa propre valeur en tant qu’homme à part entière. Qu’il fasse des activités qui lui plaisent afin de se valoriser, d’être fier de ce qu’il fait.
    Et que seulement là, lorsqu’il aura retrouver sa propre valeur, qu’il n’aura pas besoin d’aller la chercher à “l’extérieur” il pourra vivre une relation sentimentale sans être en attente permanente de ce miroir.
    Pas évident, tout de même, lorsqu’il s’agit de ses propres enfants, qui certainement sont là également pour nous renvoyer des choses… à méditer pour moi donc….
    Je pense lui faire suivre votre écrit…
    Cordialement
    Fabienne

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  3. Isabelle Droz

    Merci Bertrand. Vos articles, et celui-ci en particulier, apportent toujours plus de clarté, et donc d’autonomie. De tout coeur, Isabelle

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