OÙ SE LOGE LA VÉRITÉ?

La Vérité n’appartient à personne, car elle est absolue, sauf qu’elle se perçoit différemment selon les points de vue dégagés de l’expérience personnelle, d’où, dans le contingent, elle devient relative au degré de conscience de chacun.  En cela, la vérité des religions ne peut être que partielle puisqu’elle représente ce que les hommes d’une époque ont pu interpréter d’une révélation spirituelle.  En conséquence, chez celui qui n’a pas atteint la certitude absolue de l’expérience, la Sagesse spirituelle, c’est celui qui accepte de reconnaître qu’il ne sait rien de l’Infini qu’il sonde qui s’accorde le plus sûrement l’occasion d’en être rempli et de la devenir, sans danger de la déformer.  Pour le reste, tout le problème devient celui de discerner entre une croyance et une certitude, car la croyance peut forcer à bien des tours et détours, quand la certitude garde sur la Voie droite.  Car celui qui affirme par croyance, plutôt que par la certitude de l’expérience personnelle, s’impose de vivre les circonstances, plus ou moins longues ou pénibles, qui lui permettront de reconnaître sa part d’erreur.

Quelqu’un a dit : «Ô vérité, que de crimes on a commis en ton nom, sur la terre des hommes.»  Mais, la Vérité, qu’est-ce que la Vérité?  Car s’il existe une Vérité, il n’existe pas de vérités, puisque toute vérité partielle reste relative dans son contenu, son contexte et son temps.  La vérité varie d’un individu à un autre, d’une région à une autre, d’un pays à un autre, d’une religion à une autre, d’un continent à un autre.  Et probablement qu’elle diverge aussiVerite d’une planète à une autre, d’un système à un autre, d’une galaxie à une autre, à travers tout le Cosmos.  Quoi qu’il en soit, la quête de la Vérité doit mener à plus d’être, car c’est le seul moyen par lequel un être petu comprendre qu’il avance dans sa découverte et qu’il se rapproche de l’Absolu.

Avant de définir la Vérité, il faut savoir dans quel registre le chercheur spirituel joue.  Parle-t-on de la Vérité ontologique ou de la vérité de la vie quotidienne ?  Au sens philosophique, la Vérité représente la Réalité de l’Essence divine, celle de l’Être profond et suprême, de l’Être en lui-même, immuable et éternel.  Rien d’autre que l’Être-Un n’est stable et permanent, puisque tout le reste change, se transforme et se métamorphose, n’étant qu’illusion ou trompeuse apparence de la Réalité dans le Jeu amoureux du Granr Réveur cosmique.  Au sens courant, la vérité peut se définir comme ce qui est tel que cela est.  Elle exprime alors la conformité de l’idée ou de la pensée avec son objet, la connaissance profonde et conforme au réel qui impose le respect.  Cette vérité là ne requiert aucune explication, seulement de l’intuition et de la réflexion pour obtenir son éclaircissement.  En ce sens, elle découle plus souvent du ressenti intime, éveillé par le discernement ou la sagesse, que de la cogitation, parce qu’elle résulte d’une vibration, au plus profond de soi, qui résonne dans tout le corps et tout l’être.  Dans sa conscience, on parvient alors à résonner à l’unisson de Dieu, dans un accord presque parfait, pour comprendre au-delà de ce qui est dit ou démontré, donc au-delà des apparences, le degré de conformité à la réalité de ce qui est exprimé ou expérimenté.

Le mot «Vérité», qui signifie «ce qui est tel que cela est», se confond avec les expressions «Être total» ou «Réalité absolue».  Dans ce contexte, elle consiste à reconnaître la part de divin qui habite chaque être et qui imprègne chaque élément de la Création.  Dans le contingent, elle se définit par la certitude, le fait qu’une chose soit effectivement ce qu’elle paraît être ou  l’adéquation entre la justesse et celui qui la conçoit.  Ainsi, la vérité, c’est ce qui est, la qualité d’être que nul ne peut qualifier parce qu’elle ne sert rien d’autre qu’elle-même.  Elle ne se fonde ni sur la comparaison, la discrimination, la concurrence, l’imposition : relevant de l’Esprit de Vie, totalisante, au-delà de tout, par-delà même la lettre, elle ne se laisse ni exprimer ni interpréter, ni entraver ni limiter,  elle se laisse plutôt ressentir dans un mouvement de la conscience.  Chacun ne peut qu’en réaliser une partie à travers son individualité.

Tout cela ne rend en rien la vérité compliquée puisqu’elle n’est pas vraiment difficile à trouver.  Tout est en elle.  Elle préside au-delà de toute manifestation, conférant à chacune son existence propre.  Ainsi, qui voit l’effet devrait comprendre ou percevoir intuitivement la Cause.  Omniprésente, elle est en chacun, comme chacun est en elle.  On la dit comme la Lumière divine : trop simple, personne ne la perçoit;  trop puissante, elle aveugle.  Pourtant, à l’écart d’elle, un être ne peut, selon sa carence, qu’avancer à tâtons, dans les ombres ou les ténèbres.  Il n’existe aucun intermédiaire entre elle et soi à part sa propre conscience.  Même que, puisqu’elle est la conscience, chacun peut lui adresser directement ses requêtes.  Tout compte fait, n’est-elle pas l’Absolu lui-même qui vibre en chacun et partout?

Cependant, la vérité ne se révèle qu’à ceux qui prennent la peine et le temps de la chercher, mieux dit, de l’appeler à se manifester.  Chacun s’approche d’elle selon son degré de conscience dans l’immédiat, celui qu’il a développé par ses propres efforts, puisque la conscience ne s’ouvre pas par interposition de personne ou de quête.  Rien ni personne ne peut en donner la compréhension, excepté soi.  Ce qui laisse entendre qu’il y a la Vérité et la vérité.  Car la vérité individuelle diffère pour chacun, sans pour autant trahir la Totalité.  Chacun n’est-il pas lui-même une part de la Vérité vivante, l’incarnation du Principe absolu?  Sauf que, pour la découvrir, chacun doit concilier son état d‘être avec son acte d’être ici et maintenant.  Car la vérité ne peut s’atteindre ni dans l’hier ni dans le demain : elle est de tout temps, elle est le Moment unique d’Éternité.

Formule étrange, s’il en est une, celui qui sait qu’il est maintenant au point où il a toujours voulu être, celui-là se découvre ici.  Celui qui sait qui sait qu’il est maintenant à ce point où il a toujours voulu être, il se découvre maintenant.  Il découvre la formule de l’Éternité.  C’est en étant ici, maintenant, à chaque instant qui semble passer, qu’un être parvient à se mouvoir dans la Vérité et y avoir son être.  Car, toujours, tout est ici et maintenant.  Même que, tant qu’un être ne s’est pas éveillé à cette réalité et qu’il n’a pas entrepris de l’intégrer jusqu’à l’incorporer, il erre dans le désert et la désolation des croyances et des illusions, assoiffé de désirs, accablé de besoins.  Mais une fois éveillé, il découvre les oasis, les point d’eau et de repos, il atteint les limites du désert.  Alors, il sait parce qu’il a vu et expérimenté.

Nul ne peut accéder à la vérité à moins de ne la chercher que pour elle-même, sans quoi il risque de la colorer par son mental et de tenter de l’asservir à son ego.  À l’inverse, l’atteinte de la vérité libère, offrant sa propre récompense sous forme de santé, d’harmonie, de prospérité, d’amour, de succès, bref, de maîtrise.  Car, une fois que la vérité est devenue part de soi, de sa conscience, de son attitude vitale, elle produit de magnifiques réalités à son image.  Mais le vrai but de la quête de la Vérité doit être l’activation des facultés supérieures, l’évolution spirituelle, l’apprentissage de l’Être dans la Perfection et la Plénitude.  C’est alors que, ramenant dans l’Éternité, elle offre la Félicité ou la Béatitude.  Ainsi doit-elle permettre au Vrai Moi, ce Centre divin, de prendre le pas sur tout, pour attirer ce qui est désirable dans sa vie, au sens de son plan de vie ou de son destin.

Sait-on ou se souvient-on bien que la vérité est une, immuable, inchangeable.  Aussitôt qu’un être aspire à elle, par la Lumière spirituelle ou l’Essence divine, sa signification intime se développe et s’impose.  Dès lors, c’est au centre de soi qu’il faut la chercher pour l’amener à la périphérie, afin que tout fusionne en elle.  Pour être à même de la proférer, de la vivre, d’en témoigner, il faut l’assimiler, l’intégrer, la ressentir, se fondre en elle.  L’être particulier doit sentir le besoin de la rejoindre autant que celui qui est submergé dans l’eau et est en train de se noyer aspire à trouver de l’air.  Il lui faut aimer la Vérité comme tous ses aspects, donc comme toutes les vérités, même si elles semblent comporter des oppositions et des différences.  Il lui faut aimer toute la vérité, même celle qui dérange, heurte ou blesse.  Il lui faut la trouver dans les monts comme dans les vallées.

La raison pour laquelle la vérité séduit l’être humain si profondément, c’est qu’elle est son Essence divine.  Il est le dépositaire de la vérité, de la vérité intériorisée, de la vérité tapie au plus profond de lui-même, imprégnant jusqu’à sa nature.  Tout sentiment, toute émotion, sont une réponse, une reconnaissance de ce fait fondamental.  Chacun détient le privilège d’accepter ou de rejeter la vérité, même s’Il ne peut s’empêcher de la voir.  C’est par sa vérité propre qu’il accède à la Grande Vérité unique.  Du reste, c’est cette contradiction existentielle qui fait tant souffrir.  Chacun peut se laisser guider en toute confiance par sa petite voix intérieure, pour autant il l’a reconnue parmi les contrefaçons et les murmures de la densité.  En effet, elle représente sa messagère privilégiée.

Dans le monde des ombres, la plupart du temps, la vérité dérange.  Car, dès qu’elle apparaît, elle dissipe les approximations et l’erreur, ce qui peut soulever des réactions contradictoires chez celui qui tient à ses croyances, à ses jugements de valeur, à ses principes moraux et à ses superstitions.  Devant la vérité nue, une partie de l’être s’emballe tandis que l’autre prend panique.  L’ego et la Lumière s’engagent dans une lutte à finir.  C’est probablement pourquoi on préférerait dire que la vérité, c’est pour les autres.  Tant qu’on n’aspire pas à la connaître dans sa lumière crue, on peut continuer de rendre un culte à ses idoles.  Surtout, on peut placer ses valeurs en elle, se comparer à elle, la placer sur un piédestal, se la dire inaccessible.  Pour un temps, chacun peut se croire du commun, donc limité, mais, tôt ou tard, sa conscience en vient à parler autrement.

La vérité ne peut croître chez un esprit obtus de nature sceptique.  Sa graine doit être plantée dans une terre fertile, soit dans un esprit ouvert.  Aussi, pour la trouver, faut-il cesser de s’activer, apaiser son mental, croiser les bras, se détendre et l’écouter battre en soi.  Car il en va ainsi d’elle que, avant de faire connaître le bonheur de sa possession, elle sonde la sincérité de celui qui la cherche.  Alors, que se garde de croie détenir la vérité celui qui essaie de l’identifier parce qu’il ne peut y parvenir qu’à travers sa subjectivité et aboutir à l’erreur, parce qu’elle, elle est objective.  La vérité est étrange : sachant qu’elle contient tout le reste, elle ne se révèle qu’à celui qui la cherche à l’exclusion de toute autre chose.  Ainsi, si un être doit éviter de changer le cours de sa vie, il peut faire de la place à la vérité du moment en repassant ce qu’il accepte pour vrai, histoire de voir si ses conceptions font sens, si elles correspondent à la vérité même.

Moins un être se triture et se torture les méninges, plus la vérité le pénètre.  Car la cogitation intellectuelle prend un espace qu’elle ne peut occuper.  Celui qui tient à la vie et manque d’air commence-t-il par se demander comment l’air peut pénétrer dans son organisme pour respirer?  En effet, la vérité peut se manifester dans l’instantanéité.  Nul n’a besoin de lutter durement des années pour la conquérir.  Elle est déjà là.  Un seul mot de la part d’un être suffit pour s’élever jusqu’à l’Infini.  La vérité n’a que faire des transactions karmiques, des pratiques rituelles, des pratiques et des sacrifices.  Elle vibre, s’affirme et se répond en chacun.  Sauf que toute vérité qu’il n’assimile pas, ne fait pas sienne, reste voilée, inconsciente et inefficace.  Chacun doit la passer par le creuset de son expérience et de son ressenti.`

Qu’on se le dise, une vérité qui n’opère pas, c’est une vérité qui n’a pas été intégrée, assimilée, digérée.  Puisqu’elle ne s’impose jamais, chacun ne peut apprendre d’elle que dans la mesure où il veut bien l’entendre ou la vibrer.  Cependant patiente et délicate, ne doutant jamais d’elle-même, se sachant éternelle, elle respecte le rythme de chacun.  À vrai dire, elle peut devenir impitoyable pour le paresseux, le menteur, l’hypocrite ou le profiteur.  C’est en cherchant plus d’Être que l’être incarné peut accéder progressivement à la Vérité.  Car, pour chacun, la vérité la plus grande, c’est qu’il est, qu’il est infini, qu’il est illimité comme l’Absolu.  La Vérité, c’est qu’il a été conçu à son image et à sa ressemblance!

Les mots ne sont d’aucun secours pour traduire ou transcrire la Vérité et ils le seront de moins en moins.  La Vérité ne tient pas dans un mot, mais dans une vibration.  En cela, nul ne peut émettre un fait véridique en le supportant par une vibration erratique, mais dans une vibration en résonance avec l’Unité.  Dans la démarche spirituelle, il est toujours gratifiant de recevoir une explication de l’extérieur, mais si celui qui la reçoit ne la vibre pas, il ne parvient pas vraiment à la comprendre, il reste plutôt enfermé dans sa compréhension, dans son jeu, dans sa mascarade.  En cela, il importe de ne jamais confondre l’approximation, la supputation, l’émission d’une hypothèse ou la croyance avec la certitude qui ressort de l’expérience personnelle et qui ne se démontre pas à autrui.  Nul ne peut demander à un autre de lui démontrer la vérité, chacun doit se la démonter en suivant une démarche qui lui est proposée, si elle est valide.

 

La Vérité absolue

Note: La première illustration de cette partie désigne le symbole de la Vérité cosmique; le deuxième, le symbole hébraïque de la Vérité divine. 

La Vérité absolue réfère à la Réalité de l’Essence universelle, au niveau de la Source divine, qui trouve son origine dans la Loi universelle, régie par Mercure, au niveau du système solaire.  Pour un être humain particulier, la Vérité devient donc la Réalisation de Dieu en lui.  En ce sens, on peut la considérer comme l’Émanation première de la Source divine, l’Âme suprême ou la Conscience transcendantale, qui vibre dans le cœur de chaque créature et dans tout ce qui est, au niveau de la Manifestation matérielle.  Omniprésente, omnisciente, omnipotente, omniagente et parfaite, elle vibre en tout, y compris dans les royaumes atomiques et subatomiques, mais elle n’est correctement perçue que par les Entités complètement illuminées.

La Vérité représente l’Expression entière, complète, totale, intègre et intégrale de l’Esprit universel.  Nul ne peut découvrir cette Vérité unique à moins de vouloir la connaître, de demander à la connaître et de se préparer adéquatement à la recevoir, de façon intime et personnelle, afin d’en faire bon usage.  Car la Vérité libère et élève, conférant un Pouvoir infini dont il faut faire bon usage.  Mais celui qui a découvert cette Vérité ne peut plus jamais la perdre ni se la faire enlever du fait qu’elle confère la certitude personnelle de l’expérience à celui qui a été le témoin privilégié de sa Réalité éternelle.  Peu d’entités terrestres ont eu accès à ce privilège d’entrer dans la Vérité absolue.

Mais si la Vérité aVERITEbsolue est et reste une au plan de la Source divine, elle prend une variété infinie de nuances et une multitude de degrés selon la qualité de la forme et l’intégrité du cœur de celui qui la reçoit et l’exprime.  Fondée sur l’intensité de son union ou de son alliance avec la Sublime Présence divine en lui, elle reçoit un témoignage de celui qui la porte selon sa joie de vivre, sa compassion, sa franchise, sa loyauté, sa sincérité, son honnêteté, son intégrité, son innocuité, son impersonnalité, son inconditionnalité, son détachement, sa pureté d’intention et son degré de transparence.

Car on reconnaît d’abord un Porteur de la Vérité au degré de sa joie de vivre, de sa simplicité, de sa modestie, de sa réserve, de sa sérénité, de son ouverture de cœur, de sa spontanéité, de sa liberté, de son insertion dans le moment présent, agissant toujours sans attente de gratification, indifférent aux éloges comme aux insultes.  Il se contente d’être et de chercher sa plénitude dans ce qu’il y a à accomplir dans l’immédiat.  Il accepte le long processus de l’Évolution comme il se présente, le sachant toujours conforme au Vouloir divin tel qu’exprimé par son Plan cosmique, considérant ses limites et ses faiblesses apparentes comme un privilège ou un présent magique qui l’appelle au dépassement constant.

La Vérité absolue s’exprime par un grand nombre de vérités relatives qui s’unissent toutes en elle au niveau de la Conscience cosmique.  Elle reste toujours une, au-delà des apparences, bien que l’homme aime la morceler par son mental analytique.  En elle-même, elle s’exprime par un rapport naturel de conformité entre l’intérieur et l’extérieur, le supérieur et l’inférieur, le spirituel et le matériel, qui n’a jamais besoin d’interprétation.  Car dès que le mental s’avise de la sonder, il la réduit et l’abaisse à son niveau, l’enfermant dans des cadres rigides qui vont jusqu’au dogmatisme.

La Vérité absolue, qui correspond à l’Identité des faits avec la Cause première, n’a pas besoin de la compréhension du processus mental pour faire son expansion.  Elle s’exprime par les modalités successives et ordonnées du processus évolutif, toujours changeant et renouvelé.  Aussi s’appréhende-t-elle par l’intuition plutôt que par l’intelligence.  C’est l’Âme universelle, qui s’exprime par les âmes individuelles et qui porte et détient la Vérité absolue ou la Vérité profonde.  Ainsi, celui qui désire s’en approcher, pour fusionner avec elle en pleine conscience, doit-il la chercher dans son cœur, le siège de son âme.

Pour l’être incarné, chercher la Vérité signifie présenter chaque situation à la Lumière pour que la Grande Réalité se fasse progressivement jour.  Pour amener une situation à la lumière, il faut comprendre le message qu’elle porte, qui donne son orientation à l’agir, conformément au Plan cosmique, message qu’il faut assimiler et intégrer dans ses actes de façon pertinente et adéquate.  Chacun peut y arriver en se mettant à l’écoute de ses ressentis qui habilitent à capter l’énergie du moment.  Au-delà des apparences, le temps et de l’espace n’ont pas le sens que l’être incarné leur donne.  Pour Dieu, il n’existe que le Moment éternel qui contient tout en même temps dans le même espace sans dimension.

Chacun peut ouvrir la Porte qui donne accès à la Vérité absolue par ses prises de conscience successives qui dévoilent progressivement la Réalité divine telle qu’elle est, plutôt que telle qu’on voudrait qu’elle soit.  Être vrai n’implique rien d’autre, essentiellement, que d’agir en accord avec la sensibilité de l’énergie du moment, pour l’intégrer, car c’est elle qui rend compte de l’aspect de la Réalité divine qui s’exprime dans l’instant.  Or, plus on agit dans l’intégrité, mieux on évolue dans l’Ordre et l’Harmonie.

Il faut comprendre que si la Loi divine, expression de la Vérité absolue, est immuable, ses principes resteront toujours évolutifs, donc adaptables aux êtres de façon ponctuelle, à travers l’espace et le temps.  Dans toutes les religions, on s’évertue à prêcher et à répéter que Dieu a dit… qu’il a décrété… qu’il a promulgué… qu’il exige… qu’il commande telle et telle chose.  Elles peuvent avoir raison de croire que Dieu se soit exprimé par des Messagers spirituels.  Mais combien de temps leurs décrets et leurs édits peuvent-ils tenir, si tout évolue et change constamment ?  Il est tout à fait absurde de croire que des injonctions, même de provenance divine, peuvent tenir pour l’Éternité au niveau des contingences de l’expérience matérielle.

Bien qu’elle soit une, la Vérité absolue se révèle progressivement, au niveau des êtres évolutifs, comme si elle se construisait constamment, à travers les diverses manifestations, ce qui la rend mouvante et difficilement cernable.  N’a-t-il pas été dit que Dieu s’exprimait par ses Voies insondables et imprévisibles ?  Au niveau de l’expérience humaine, croire détenir la Vérité absolue reste une chimère.  Il vaut mieux se consacrer à l’expression de l’Amour, par laquelle elle s’exprime d’abord, pour assimiler les notions de pureté, de détachement, de compassion, de service, d’innocuité, d’inconditionnalité, d’impersonnalité, d’acceptation des différences et d’expression sans jugement de valeur qu’elle implique.verite-judaisme

En effet, seul l’Amour pur et lumineux peut conduire à l’amour de tous, amour qui passe par l’amour de chacun pour chacun, agrandissant sans cesse son cercle, pour englober toutes les créatures de tous les règnes et de tous les plans, ce qui aboutit à l’Amour de la Totalité.  Et seul l’Amour pur et lumineux peut amener à fusionner dans la Vérité absolue, car il constitue le facteur d’identification progressive qui mène à ce résultat ultime.

Celui qui comprend que l’Amour est la Clef des clés qui mène à la Fusion dans la Vérité absolue devient un messager de sagesse, capable de s’exprimer par un sourire entendu et amusé, car il sait que la Vérité sert de point de référence pour ce qu’il n’a pas encore intégré.  Aussi s’exprime-t-il dans cette simplicité et cette modestie qui le fait devenir lumineux, car la Vérité le pare de sa Beauté, de sa Gloire et de sa Grandeur.

Personne ne peut transmettre la Vérité absolue à un autre.  La Vérité profonde se découvre personnellement, dans le silence de son cœur, ce qui permet une perception directe de son Essence.  Lorsque le mental commence à l’interpréter, elle fuit.  Il suffit d’observer, d’écouter dans un silence attentif, de se faire conscient, pour qu’elle surgisse, fournissant les réponses et les solutions pertinentes et adéquates au vécu actuel.  Ainsi, elle met un terme à la confusion, aux contradictions et aux luttes intimes, entraînant dans le Bonheur serein, impassible et imperturbable que confère la vision de la Réalité.

La vérité humaine

Condorcet disait : «Les amis de la vérité sont ceux qui la cherchent et non ceux qui se vantent de l’avoir trouvée.»   En spiritualité, on dirait plutôt: «ceux qui la proclament et la laissent être telle qu’elle est à travers eux». Voilà qui rend sage, recommandant que, dans un plan contingent, on ne présente aucune vérité comme complète, finale et définitive.  Voilà qui suggère surtout qu’on évite de se montrer impérieux ou moralisateur quand on parle de la vérité.  Qui prend conscience de l’existence de Dieu et comprend que l’Être suprême est libre de ne pas s’exprimer ou de s’exprimer comme il veut, réalise la Vérité absolue et il n’a plus rien à chercher.  Car il comprend de ce fait que personne ne peut dire détenir la Vérité profonde tant qu’il n’a pas réalisé l’Éternité en lui-même, qu’il détient la Vérité essentielle quand il a atteint ce But ultime, mais pas avant.

Chacun ne peut atteindre la Vérité absolue qu’en se fixant des objectifs réalisables dans le moment présent en ayant recours à la fois à sa tête (à son intelligence) et à son cœur (à son intuition), objectifs déterminés à partir de l’Idéal qu’il poursuit.  Dans sa quête de vérité, il n’accepte aucune Voie comme supérieure à la sienne, sachant qu’il est lui-même la Voie, sa seule Voie.

Quelqu’un a dit que la Vérité s’exprime par deux aspects : tout ce que l’être humain est, est infini ou spirituel, ce qui constitue la Vérité ontologique; tout ce que l’être humain a, au sens de posséder, est fini ou matériel, ce qui constitue sa vérité provisoire.  La Vérité vraie naît de l’alliance de l’intelligence et de l’intuition dans la pratique de la simplicité, de la sincérité, de l’intégrité, de la compassion, de la prudence, de la justice, de la liberté, de la douceur, de la bonté, de la générosité, de l’innocuité, de la gratitude, du courage, de l’ardeur, de l’audace, de la patience et de la persévérance.  La vérité qui découle de la pratique de ces qualités n’a pas besoin d’être démontrée, elle témoigne d’elle-même par l’exemple qu’on donne de sa reconnaissance des valeurs supérieures de l’Évolution.  Du reste, la Vérité ne se met pas en mots, elle se ressent et se vit.  Elle ne se révèle qu’à ceux qui ont soif d’unité, d’unicité, de réalité et d’authenticité et qui cherchent en eux une Source pour l’étancher.

Quant à celui qui détient véritablement une vérité plus grande que les autres, il en parle peu, uniquement au moment opportun, sachant se taire et laisser les autres venir à lui quand ils en ont envie.  Il sait trop bien que la vérité ne s’impose pas, qu’elle fluctue au gré des événements, mais que nombre d’imposteurs et de despotes en ont fait mauvais usage, médusant les crédules ou exerçant sur eux des jeux de pouvoir.  Il ne veut pas donner l’impression de répéter de telles impostures.

Shri Kunjigagrantham disait avec justesse : «Il ne s’agit pas de pousser les êtres vers la Vérité, mais les laisser être eux-mêmes attirés vers elle, comme les fleurs se tournent naturellement vers l’Unique Soleil de Lumière et de Vie.»  La Vérité est et se contente d’être, sans s’imposer aux autres, car elle s’impose d’elle-même au bon moment.  Celui qui voit clair demande-t-il quand le soleil brille ou s’il le constate par lui-même ?  Quand on force la Vérité à être de telle ou telle façon, elle n’est déjà plus la Vérité, mais la Vérité imposée.  En effet, la Vérité s’appréhende uniquement dans son actualité, car elle n’est jamais achevée.  Elle est vivante, agissante, dynamique, comme la Réalité qu’elle exprime et qui se dévoile progressivement.

Les Rosicruciens insistent beaucoup pour qu’on établisse une distinction entre l’expression de la Vérité dans l’actualité et dans la réalité.  Pour eux, l’actualité c’est ce qu’est une chose, telle qu’elle est déjà, hors de l’interprétation des sens.  Quant à la réalité, elle recouvre la vérité extrinsèque, à côté, apparente, telle que perçue par les sens ordinaires, capables de s’illusionner.  Un être ne peut capter la Vérité dans son absolu que dans la mesure de son Éveil intérieur ou de son niveau de Conscience spirituelle.

Vivekananda a dit : «L’Unité est la pierre de touche de la Vérité.  Tout ce qui contribue à l’Unité est Vérité.»  Voilà un concept qui aide à faire un pas dans la compréhension de la Vérité.  La Vérité s’exerce donc dans ce qui unit plutôt que dans ce qui divise.  Or les sens et le mental contribuent plutôt à diviser, à morceler ou à multiplier les aspects de la Vérité.  Ils constituent donc des instruments peu fiables pour l’atteindre ou la cerner.  On peut en conclure qu’on n’intègre la Vérité qu’en s’intériorisant pour naître avec elle, pour devenir elle.  Toute connaissance reste co-naissance par l’intermédiaire de l’âme.  On ne peut percer la vérité d’un autre qu’en co-naissant avec lui par la Voie de l’âme, donc d’âme à âme, non en sondant sa personnalité par l’observation de ses apparences.

Dostoïevski affirmait : «Tout passe, la vérité seule demeure.»  Voilà une façon magistrale d’établir qu’il existe deux niveaux de vérité : la Vérité éternelle et intangible et la vérité d’admission commune, transitoire.  Tout ce qui s’exprime à l’extérieur de soi, tout ce qu’on voit, tout ce qu’on fait, tout ce qu’on dit, n’est que provisoire, aléatoire, subjectif.  Les vérités qu’on cherche à exprimer, auxquelles on tient tant, restent relatives, car elles naissent des perceptions limitées des sens.  La Vérité ne peut être contenue dans les mots limités aux sens multiples de l’être humain.  La Vérité divine échappe à l’entendement.  Elle exprime un état de conscience indescriptible et incernable.  Comment alors songer à imposer la vision qu’on en a.

L’être humain vit justement dans l’angoisse et la confusion parce qu’il morcelle et éparpille la Vérité vivante de Dieu du fait qu’il investit sa conscience dans les aspects superficiels et contingents de la Vie.  Il emprunte inconsciemment la voie de l’illusion et de la désillusion qui l’amène tôt ou tard à chercher un fondement plus solide à la Vérité.  C’est ce qui explique sa nostalgie originelle ou son mal de vivre.  Il n’a pas encore trouvé Ce-par-quoi-les-choses-sont et ce par quoi chaque chose se distingue d’une autre.  Il n’a pas touché le Substrat subtil qui explique les choses, le cherchant toujours dans le visible.  Les Maîtres sont d’avis qu’il y a plus de vérité dans les légendes et dans les mythes des diverses traditions religieuses que dans toute la science des Universités.  Il y a fort à parier que les vérités que la majorité des êtres humains écartent, parce que ce sont celles qu’ils veulent le moins trouver, sont celles qu’ils auraient le plus intérêt à connaître !

Si l’Humanité veut atteindre la Vérité, toute la Vérité, la Vérité absolue de toutes choses, la seule vérité qui compte, elle doit apprendre à connaître l’Univers par la Voie qui la contient, celle de la Conscience cosmique, la Voie de l’Intériorité.  L’intelligence humaine est incapable d’atteindre, seule, un tel niveau de Splendeur et de Majesté.  Elle aurait tort d’accepter pour vraie l’interprétation des réalités qu’elle perçoit, qui restent largement illusoires, parce qu’éloignées de l’actualité, comme de se fier à ce qu’elle croit être l’actualité, qui reste grandement mensonger, parce que cela ne constitue que des éclairs partiels de l’actualité.  Au stade actuel de sa conscience, l’être humain ne peut se fier ni à son interprétation de ses réalités ni à l’actualité de ses réalités, son interprétation partiale et limitée restant encore trop sujette à l’illusion et à l’erreur.  Aussi doit-il avancer à tâtons, par essais et réussites, ce qui lui permet d’ouvrir progressivement sa conscience.

Il n’est même pas certain que la conception que l’être humain a développé de la Permanence ou de l’Immuabilité de Dieu soit exacte.  À ce propos, Satprem faisait remarquer un jour : «Le critère de la vérité, à en croire les légistes du naturel ou du surnaturel, devrait être d’une immuable constance, mais il se pourrait bien qu’il n’exprime que notre degré d’engourdissement.  La multiplicité des expériences ne prouve qu’une chose, à savoir que nous avons affaire à une vérité vivante, non pas à un résidu durci comme le sont nos vérités mentales et matérielles.»  Pour sa part, Omraam Michaël Aïvanhov soulignait : «On s’imagine qu’il faut lire, qu’il faut étudier, pour parvenir à trouver la vérité.  Non, car c’est en Haut, pas en bas, qu’on trouve la vérité.»)  Or, «en Haut» signifie, dans ce contexte, «au plus profond» ou «au plus élevé de soi».

Tant de Sages ont abordé le thème de la Vérité, un thème capital, avec ceux de l’Amour et de la Sagesse, pour identifier les erreurs de la quête maladroite des êtres humains, qu’on pourrait les citer à pleines pages.  Justement, Lanza del Vasto affirmait : «Tu cherches la vérité, dis-tu ?  Comment ?  En accumulant des notions, en calculant, en combinant, en fourbissant des arguments compliqués ?  Lève la tête et ouvre l’œil à l’évidence de la Lumière.»  Et il ajoutait ailleurs : «Mais la Vérité, c’est l’Être, et l’être, c’est l’être un, uni, accordé, et que l’être exprime le dedans.  Qu’est-ce la vérité de la connaissance?  C’est la perception, à travers la forme extérieure, de ce qui se tient dessous : soit de la substance, de ce qui est dedans.  Qu’est-ce que la vérité de l’expression ?  C’est la sincérité.  Qu’est-ce que la vérité des formes, la Splendeur du Moi ?  C’est la beauté.  Qu’est-ce que la vérité des actes ?  C’est la justice.  Qu’est-ce que la vérité de la conscience ?  C’est l’unification de la conscience et la connaissance de soi.  Qu’est-ce que la vérité de l’amour ?  C’est la reconnaissance de soi en autrui.  Qu’est-ce que la vérité de la religion ?  C’est l’union avec l’Unique Un, au fond de soi

La Vérité réfère à l’Être tel qu’il est.  Or l’Être reporte à la perception intime, à la conscience, à l’expression intégrale de soi.  L’Être exprime l’Essence.  Et l’Essence se comprend autant par l’étude du cœur que par l’étude de la tête.  Oui, l’étude de la tête !  La tête comprend, à elle seule, cinq centres importants comme catalyseurs, transformateurs ou modulateurs de l’Énergie divine ou Force vitale : l’hypophyse (ou glande pituitaire), l’épiphyse (ou glande pinéale), le thalamus, l’hypothalamus et le centre coronal.  Voilà où s’exprime l’Être et ou s’exprime la Vérité.  Mais pour parvenir à connaître ou à reconnaître la Vérité à ce niveau, il faut gravir toute l’Échelle de l’Évolution, du premier barreau au dernier, en commençant par les barreaux du bas.  Il faut vider une à une ses coupes du vieux vin des faussetés, des illusions, des filtres, des demi-vérités, des pseudo-vérités.  Car, la Vérité ultime, on ne peut l’appréhender qu’au niveau de la Conscience cosmique, dans le Centre monadique, au-dessus de la tête.

Les vérités présumées du quotidien ne peuvent servir qu’en guise de fondements temporaires ou transitoires pour accéder à d’autres fondements qui culminent ultimement dans la Vérité unique.  Dès qu’on a complété l’exploration d’un ciel (d’une dimension), il faut passer à un autre, jusqu’à ce qu’on parvienne au Dernier Ciel, le Ciel des ciels, le seul endroit où la Vérité de Dieu réside dans sa plénitude et sa totalité.  C’est en lui que surgit la Source unique de toutes les vérités apparentes.  Toutes les autres vérités qui en émanent ne se comprennent qu’en elle.  C’est la seule Vérité intangible et immuable, la Vérité-non-mue-qui-meut-tout.  Et cette Vérité là ne change pas parce qu’on la trouve trop difficile à admettre, qu’on la refuse ou qu’on la nie.  Personne ne peut changer un iota à la Loi, au Vouloir divin, au Plan cosmique.  L’idée que l’être incarné se fait du monde et des choses ne concerne que lui et lui seul.  Elle n’influe en rien sur ce qui est en actualité ou sur ce qui constitue l’Actualité suprême.

Voilà pourquoi un Maître ne peut taire la vérité parce qu’elle déplaît ou dérange.  Il ne peut dire aux gens ce qu’ils veulent entendre dire, pour leur faire plaisir, pour s’attirer leur estime ou leur considération,  pour les garder au nombre de ses adeptes ou pour éviter de heurter leurs sentiments ou leurs conceptions, ce qui renforcerait leur indolence, leur inertie ou leur léthargie.  Un Maître doit dire la Vérité comme elle est dans la douceur et la fermeté, mais sans concession, pour raviver les souvenirs enfouis au fond de la conscience de celui qui le questionne, ce sans quoi il démontrerait qu’il n’est pas, comme il le dit, l’incarnation de la Vérité spirituelle.  Ce qui étonne le plus, c’est que l’être humain cherche souvent à rester dans l’ignorance crasse, qu’il se croit plus connaissant que Dieu, plus vrai que la Vérité, plus sage que la Sagesse, plus juste que la Justice,  plus amoureux que l’Amour ou plus parfait que la Perfection.  Il veut toujours refaire le Monde à son image et à sa ressemblance, croyant qu’il s’exprime dans le Désordre et le Déséquilibre.  Il lui reste un grand travail de simplicité, de modestie et d’humilité à accomplir !

On peut comparer la Vérité à une lumière qui passerait à travers une sphère de cristal à facettes, placée au centre d’une salle remplie de spectateurs.  Imaginons la lumière descendre d’en haut, au-dessus de la sphère, pénétrer à travers elle et se  réfracter sur tous les murs en même temps.  À ce moment, tous observateurs, tournés vers la sphère centrale, mais placés autour de la salle, capteraient un rayon de couleur différente.  L’un le verrait rouge; un autre le verrait bleu; un troisième le verrait jaune; un quatrième le verrait vert;   un cinquième le verrait violet; et ainsi de suite.

De leur point de vue, tous les observateurs auraient raison, bien qu’ils puissent se qualifier, entre eux, de menteurs, chacun croyant détenir la bonne vision ou la vérité exclusive.  Chacun pourrait croire recevoir la même couleur que les autres, mais l’interpréter différemment.  Comme chacun pourrait croire que les autres résistent à ce qu’il dit et le contestent, par jeu ou par méchanceté.  Et ils pourraient décider de se lever et de se battre pour défendre leur point de vue divergent.  Toutefois, ce ne serait pas la bonne solution.  Si chacun arrêtait de discuter ou d’arguer, se levait et allait se placer à la place de l’autre, chacun découvrirait que l’autre a raison d’affirmer ce qu’il affirme.  En effet, de sa place, donc, de son point de vue, chacun dit la parfaite vérité, sa vérité.

Il en va de même de toute vérité : à partir de son vécu particulier, soit de l’ensemble de ses vies en incarnation, chacun se forme un point de vue différent d’une réalité, pourtant identique, et le formule aussi de façon différente.

La vérité personnelle

Un être humain particulier n’est pas appelé, pour autant, d’en faire à sa tête, quand il est convaincu de son point de vue, dût-il avoir tort sans s’en rendre compte.  Tout dépend de la pureté de ses intentions.  S’il s’enferme dans l’erreur par entêtement, par obstination, par provocation,  par séparativité, par orgueil, par égoïsme, par paresse, il en paiera le prix par un ralentissement ou une immobilisation dans son cheminement évolutif.  Mais il ne pourra être sanctionné autrement s’il agit simplement par l’ignorance ou l’inconscience qui résultent du manque d’expérience personnelle. Il est même certain qu’un sujet n’est pas tenu de mettre en pratique un principe qu’il comprend dans sa tête, mais qu’il ne ressent pas encore dans son cœur et dans ses tripes.

Les êtres humains se présentent tous comme d’éternels chercheurs, certains moins motivés que d’autres, certains en sachant plus que d’autres, certains prétendant seulement savoir.  La Vie constitue une éternelle oscillation entre les extrêmes des Ténèbres et de la Lumière pour trouver son équilibre dans le Juste Milieu, ce qui est symbolisé par la Constellation du Milieu du Ciel, la Balance.  Même l’Initié n’est jamais qu’un candidat qui en sait plus que d’autres, mais qui commenverite-croisee-des-cheminsce à peine à connaître la Réalité.  Car il doit lui-même reconnaître qu’il lui en reste plus à apprendre qu’il n’en sait en regard de l’Essence divine en éternelle expansion.  Bien que certains affirment connaître quelqu’un comme le fond de leur poche, nul ne détient la vérité, même pas pour ce qui le concerne, tellement il se connaît mal lui-même, si on compare aux prescriptions du Sens évolutif de la Vie.  Chacun ne porte que sa part de vérité, ce qui est autre chose, car cette vérité n’inclut que ce qui lui convient ou ce qu’il maîtrise pour le moment.

Toutefois, par mesure de prudence et de protection, il convient de révéler que chacun attire dans sa vie toute expérience qui lui permettra de vérifier l’erreur qu’il commet en niant ou en refusant une part de la Vérité spirituelle, et dans la mesure même qu’il lui oppose de la résistance.  Cette Vérité se fera jour au moment le plus opportun pour qu’il prenne conscience de sa bévue.  La Causalité ne ramène pas les effets de ses choix pour punir, mais pour faire comprendre.  Ainsi, le bon vouloir d’accepter la Vérité convient-il mieux que le refus systématique ou le scepticisme hypocrite ou mensonger.  Les circonstances désagréables qui découlent de la résistance à évoluer ne proviennent pas d’un Dieu qui se venge, mais de l’application naturelle de la Loi cosmique.  La Causalité vise simplement à rendre un sujet plus sage, à lui inculquer plus de discernement, en lui apprenant à accepter ce qui est vrai, mais qu’il nie, ou à reconnaître ce dont il juge mal, mais qu’il retarde de conscientiser.  La Causalité sert de poste de relais qui amène à intégrer ce qui ne l’est pas, mais doit l’être.

Bien qu’il arrive à la personnalité de rejeter une part de la vérité, de feindre l’ignorer ou de se complaire à l’oublier, elle ne peut tromper la vigilance de la Loi.  Il subsiste toujours, dans un repli secret de l’être, un ressenti qui en entretient le souvenir, quoi qu’il advienne dans la vie individuelle.  Ainsi, il convient de dire toute vérité qu’on porte, surtout à l’époque présente, où on ne risque plus d’être torturé ou martyrisé pour avoir donné son opinion ou exprimé sa foi, mais il faut retenir que cette vérité reste fragmentaire et qu’elle ne vaut que ce qu’elle vaut.

La Vérité ultime, Cause de tout accomplissement, qui devra incessamment être reconnue par tous, c’est que rien ne peut exister à l’extérieur de soi, sans d’abord exister à l’intérieur, parce qu’en réalité, rien n’existe à l’extérieur de soi.  Le monde extérieur ne constitue que l’écran factice qui permet d’évaluer la qualité et la maîtrise de ses connaissances.  On ne pourra accepter ce fait que par l’œuvre de l’amour, l’énergie cosmique de cohésion, qui maintient ou rétablit partout l’Ordre et l’Harmonie, qui amène tout à fusionner dans l’Unité, abolissant les débordements de l’ego diviseur et séparateur, imbu de ses «je», «me», «moi», «mon», «ma», «mien» ou «mienne».

Seul l’Esprit et l’âme, les centres conscients de l’être, contiennent la Vérité profonde de la Vie.  Mieux dit, l’Esprit est la Source de la Vérité que l’âme module à son niveau de conscience.  Aussi, pour trouver la Vérité, faut-il entrer dans son cœur pour entrer dans son âme qui porte les espoirs et la foi de son Esprit divin personnel.  Découvrir la Vérité implique qu’on porte une expérience dans la Pleine Lumière de Dieu.  On peut élever toute expérience dans la Lumière spirituelle en découvrant le message qu’elle porte pour instruire sur soi-même, afin de l’intégrer dans son agir (ses pensées, ses paroles, ses actes et ses ressentis), plutôt pour révéler une part de sa Réalité essentielle.

Chacun est appelé à mettre un terme à la culture des images et aux jeux de rôle afin de mieux être présent à l’instant présent ou à l’immédiateté en agissant en accord avec soi-même, non avec les projections, les conceptions et les attentes des autres.  Incarner dans sa vie les pensées des autres, ce n’est pas suivre sa vérité, mais vivre par procuration jusqu’à devenir la piètre caricature d’autrui. À ce jeu, on finit toujours par être mis en état de servilité, par être isolé ou méprisé, ce qui amène à vivre dans la frustration et l’amertume.  Suivre la vérité d’un autre, conçue comme supérieure à la sienne, entraîne dans la dépersonnalisation qui engendre qu’on ne sait plus qui on est, qu’on ne sait plus ce qu’on veut, qu’on ne sait plus à quoi on tient ni ce qui importe pour soi.  Pour chacun, servir sa vérité profonde correspond toujours à son plus grand besoin et à son plus grand bien.

Chaque fois qu’on s’investit dans l’expression de sa vérité, si limitée qu’elle soit, on allège sa vie et favorise son évolution.  Ce qui vibre dans le cœur, c’est la voix de sa Conscience intime qui ne peut ni se tromper ni tromper les autres.  En suivant la Voie de la façon qu’on le conçoit personnellement, on illumine peu à peu son univers et on accroît ses énergies.  Chaque fois qu’on exprime ou incarne sa vérité à soi, on permet à son énergie de devenir plus vibrante, plus fine, plus subtile, plus lumineuse.  Alors l’Énergie cosmique peut s’allier à elle et l’amplifier, entraînant autant la guérison psychique que la guérison physique.

Chaque expérience vécue dans l’accord du moment présent attire les heureuses coïncidences, complicités et connivences de la synchronicité, autant dans le visible que dans l’invisible, ce qui permet de s’élever toujours plus haut vers la Cime de la Montagne sacrée.  Mais la plus grande récompense, c’est qu’on sort de la confusion et de la frustration du fait que ses relations et sa situation se clarifient à ce point qu’on n’a plus jamais à revenir sur certains éléments perturbateurs d’antan.

Trouver sa vérité profonde ne signifie rien d’autre que d’entrer en soi pour comprendre que tout part de soi pour revenir à soi, d’où on réalise qu’on n’est jamais la victime innocente du sort, mais qu’on est le maître de son destin.  On peut alors faire abstraction de la critique, des jugements et les reproches, comprenant que personne ne peut faire du tort à qui que ce soit, à moins que l’autre l’accepte.  Ce n’est jamais ce que l’autre dit, pense, fait ou ressent qui blesse, mais l’usage qu’on en fait selon sa vulnérabilité et sa susceptibilité, des indices d’un manque de maîtrise et d’estime de soi.

Au nom de la Vérité qui veut percer, il faut cesser de blâmer, de culpabiliser et d’inférioriser les autres, de passer son temps à se plaindre, de s’apitoyer sur son sort.  Quand on consacre ses énergies à observer ce qui se passe en soi, pour reconnaître ce qui va et ce qui ne va pas, on peut en tirer une leçon salutaire ou évolutive.  En suspectant que les faits veulent se retourner contre soi sans qu’on l’ait provoqué consciemment ou inconsciemment, au lieu de comprendre ce qui arrive, on laisse filer une bonne occasion de croître spirituellement, de changer les événements à son avantage et d’avancer dans la vérité.

 Plus on est conscient de ses actes, de ses pensées, de ses paroles et de ses ressentis, mieux on est en mesure de faire de nouveaux choix et d’orienter son destin.  C’est en cueillant la vérité de l’instant qu’on est le mieux à même de réaliser ce qui est accordé et ce qui est désaccordé en soi dans l’immédiat et moins on permet aux événements négatifs de s’accumuler.

La plupart du temps, on porte tellement peu d’attention aux événements du moment, qu’on s’expose à s’attirer de grands ennuis pour apprendre à agir avec plus de vigilance et de pertinence.  Alors, on n’a plus le choix de porter attention ou pas à ce qui se passe en soi ou dans ses relations avec les autres.  Si on s’accordait ce présent ou ce privilège d’observer ce qui se passe dans l’instant présent, pour harmoniser immédiatement ce qui ne va pas ou amplifier ce qui va, toute sa vie s’en trouverait simplifiée.

 Ce qui importe le plus, comme il a été dit plus avant, c’est d’exprimer sa vérité, et toute sa vérité dans l’amour et la transparence.  Si on répugne à le faire, c’est qu’on manque de confiance en soi, qu’on croit la vérité de l’autre supérieure à la sienne, qu’on refuse sa vulnérabilité ou qu’on craint d’être rejeté.  Il faut laisser tomber ces masques et ces opacités et se montrer tel qu’on est à tout le monde.  Dans la vie, on plaira toujours à certains, pour déplaire à d’autres.  Alors, au bout du compte, pourquoi ne pas choisir de s’entourer de gens qui apprécient ou respectent ses choix, tout en vivant en accord avec soi-même.

Préférera-t-on attendre que la Vie, par l’aspect Causalité de la Loi cosmique, vienne supprimer de gré ou de force les éléments nuisibles qu’on entretient dans son univers par ineptie, par inconscience, par insouciance, par inaptitude ou par négligence de s’affirmer et de prendre sa place ?  Bien souvent, c’est quand on n’a plus rien à perdre qu’on réagit.  Alors, par compensation ou rétribution, la Vie se charge d’engendrer les événements qui conduisent à un tel état de dénuement pour qu’on soit enfin en mesure de faire des choix plus éclairés.  Il n’est jamais difficile d’exprimer sa vérité, si on le fait avec la certitude de son droit à le faire, la fermeté pour imposer la vision de son univers, l’amour qui unit au lieu de diviser et le respect qui attire la compréhension et la reconnaissance de ses droits légitimes.

On croit trop souvent que l’harmonie provient du refus de s’affirmer, de prendre sa place et de faire des vagues.  Une telle conception attire le mépris et les abus de la part des autres.  Qui n’occupe pas son territoire ne peut reprocher à un autre de s’y installer et, avec le temps, de le considérer comme sa propriété, où il en vient à imposer ses attentes et à exiger ce qu’il considère comme un dû.  La vérité doit s’imprégner d’amour pour soi et pour les autres.  On aurait tort de croire que ce qui nuit ou blesse de façon inconsidérée découle de la vérité.  Mais on aurait également tort de croire que l’amour s’exprime uniquement dans la douceur quand un autre refuse d’accepter et de respecter ses droits.  Il existe une fermeté légitime, s’il n’existe pas d’agressivité licite.

La vérité passe nécessairement par l’affirmation de son unicité, de sa rareté et de son originalité qui révèle sa différence et exprime sa préciosité dans l’Univers.  Elle implique la démonstration d’une image véridique, cohérente, intègre, transparente de soi-même.  Un être vrai agit de façon conforme à ce qu’il pense, dit, fait et ressent.  Sa pensée, sa parole, ses actes et ses ressentis servent un seul et même but.  Son monologue intérieur correspond à ce qu’il affirme de voix audible dans ses conversations.  Voilà comment les vérités qu’on aime le moins entendre, servent souvent au mieux son intérêt, tout en favorisant son évolution.  Rappelons que ce qu’on nie ne devient pas faux du seul fait qu’on le nie.

De la même manière, tout ce qu’on prend pour la vérité ne constitue qu’une demi-vérité ou un demi-mensonge, selon le point de vue.  Tout change, se meut, se transforme et évolue sans cesse.  Il n’existe rien de statique dans le Cosmos : tout s’améliore ou empire, tout avance ou recule, tout évolue ou régresse.  Aussi faut-il éviter de chercher la panacée ou le remède miracle dans ses idées figées, stéréotypées, standardisées, routinières, coutumières, habituelles.

Il faut vivre dans l’acceptation inconditionnelle de ce qui se passe tel que cela se passe, en voyant à changer ce qu’on peut changer ou à comprendre la leçon salutaire qui s’y trouve, qui favorise son éveil, en choisissant une perspective qui dépasse les apparences ou donne du recul.  Il faut fermer la porte aux idées toutes faites, aux conditionnements acquis, aux attitudes rétrogrades, aux codes reçus et aux fausses sécurités pour incarner son unicité dans la spontanéité de ses élans.

On ne le répétera jamais assez, toute vérité apparente ne constitue qu’une part de la Réalité véritable.  Alors, autant entrer dans la danse de la Vie en l’acceptant comme elle est, sans préjugés, en observateur détaché de ses résultats ou des circonstances qui échappent à son pouvoir, pourquoi pas en participant émerveillé qui écarte les vieux concepts mentaux, les définitions livresques, les acquisitions de ses lectures et de ses études, tout ce qui ne sert pas sa nature et sa spontanéité.

La Vie, comme Dieu, dont elle provient, ne se laisse pas enfermer dans des concepts, des prescriptions, des règles, des cadres, des principes, des codes, des professions et des dogmes.  Tout doit devenir personnel, ressemblant à soi, conforme à ses pensées légitimes, à ses désirs licites, à ses volontés propres, à ses motivations profondes et à ses ressentis puissants, même sa ligne de conduite, son système de valeurs, sa spiritualité, ses prières, ses méditations, ses rituels, ses croyances.

 Il faut s’éveiller ou se réveiller sans cesse en se remettant en question pour abattre ses prétentions, mettre bas ses masques et dissoudre ses illusions, surtout celle de son importance.  Une vérité capitale, c’est que le doute rationnel conserve sa place et qu’on a le droit de jouer au saint Thomas, car cela contribue davantage à son évolution que sa conformité aux prescriptions rigides ou acceptées de façon aveugle ou crédule.

Le pire mensonge qu’on puisse accepter, c’est qu’une vérité figée peut mener loin, car toute vérité doit rester ouverte, disponible au sacrifice de la disparition, pour que s’exprime plus de vie, plus de spontanéité, d’originalité, un sens personnel plus profond.  Les instants privilégiés ne se partagent à peu près pas parce que les élans du cœur varient d’un être à un autre.  Pensons par exemple à ces plaisanteries qui ont fait qu’on a croulé de rire, mais qui, racontées, n’ont attiré que des sarcasmes, des jugements de valeur ou des sourires embarrassés.  Pensons à ces goûts personnels qui ne trouvent pas d’échos chez ses êtres chers ou qui suscitent leur réprobation.

De la même manière, on trouvera souvent difficile d’attirer quelqu’un qui puisse partager intégralement sa vérité personnelle, comme ses moments ensoleillés, ses instants de tristesse ou de mélancolie, ses heures d’émerveillement ou de deuil.  Et ce n’est pas une raison pour se laisser piéger par l’inconscient collectif ou la mentalité grégaire, dans une tentative déguisée de se faire accepter, d’être compris ou de se sentir entouré.  Il faut se donner le droit d’être soi, à sa manière, dans la mesure où ses choix ne comportent pas de révolte, de provocation, de séparativité, de confrontation, d’individualisme outré ou d’une inflation de l’ego.  Rien n’est plus stérile que de se conformer à des normes et à des cadres sclérosants.

Sur le Sentier de la Vérité, la méditation constitue le remède, tandis que le rire, provenant surtout de l’humour à ses propres dépens, apporte la guérison.  On se prend toujours trop au sérieux, exerçant sur tout sa gravité, son austérité et sa sévérité.  On ne sait pas s’en passer assez, tellement on se sent humilié au moindre faux pas, par excès de perfectionnisme.  Il faut vivre et laisser vivre, suivre la voie de ses désirs et de ses sentiments qui expriment l’appel de la vie, en se fichant des moralisateurs jaloux et envieux.

Celui qui s’ajuste trop facilement aux attentes des autres, donne des indices pathologiques d’un manque d’amour de lui-même, d’un complexe d’infériorité ou de sevrage, d’un chantage émotif, d’un manque de confiance en lui, d’un manque de maturité psychique.  Nul être libre, indépendant et autonome ne doit accepter de se conformer aux attentes et aux critères des autres en se lançant dans l’imitation, l’émulation, la comparaison, la concurrence, la relève de défis, autant d’indices d’un manque de personnalité ou d’une incapacité à assumer sa différence.  Beaucoup sombrent dans l’angoisse dès qu’ils sont appelés à accepter leur marginalité ou leur originalité.  On peut exprimer sa différence sans devenir exclusif, arrogant, prétentieux, condescendant, excentrique, rebelle, anticonformiste, misanthrope ou antisocial.

Chacun doit exprimer sa différence qui enrichit ses relations et le monde.  Si tous les êtres se ressemblaient, le monde deviendrait uniforme, terne, monotone, ennuyant.  Chacun doit exprimer sa rareté même si elle dérange et suscite des remises en question, contribuant à engendrer la tolérance qui mène à l’acceptation.  Qui ne se respecte pas n’attirera jamais le respect, car il ne peut recevoir ce qu’il ne se donne pas.  On ne peut jamais plaire à tous en tout temps.  Si on ne dérange jamais dans son entourage, c’est qu’on est devenu bien effacé ou qu’on est devenu la copie conforme de son milieu.  On ne peut, dans ces conditions, se croire épanoui et heureux.  On doit s’écraser quelque part par incapacité de prendre sa place au soleil.

Quand on s’appuie sur des critères remplis de fausseté, on s’écarte de plus en plus de qui on est, réprimant ses désirs et ses aspirations, échappant à la plénitude de l’instant.  Quand on cultive des ambitions illégitimes, on exerce sans cesse sur soi une domination qui mène dans une impasse, celle où on vit en marge de son idéal.  Alors, on engendre en soi de la tension et de l’angoisse, redoutant les écarts et les impairs, les transgressions aux règles, les vexations d’amour-propre.  Et s’il arrive que ce qu’on désire profondément se présente, on le refuse, on le remet en question, incapable de l’apprécier.

C’est alors qu’on se lance dans les interprétations saugrenues ou les jugements erronés de nature à remettre en cause la sincérité des autres, doutant de leurs paroles, de leurs actes et de leurs sentiments à son endroit, suspectant toujours anguille sous roche ou prédateur dans son nid, amenant les circonstances heureuses à s’aigrir ou à tourner court.

Vivre sa vérité consiste à proclamer les choix qui comblent ses besoins légitimes et ses désirs licites pour glisser sur le courant de la vie plein de confiance, s’abandonnant à son destin pour le reste, en reconnaissant que tout tournera toujours à son avantage, que l’avenir soit propice ou pas.  Comme le dit la prière du Sage, la sagesse consiste à agir au meilleur de sa compréhension et de ses moyens, à changer ce qu’on peut modifier et à s’adapter pour le reste, capable de faire la différence entre ces deux réalités.

Alors, on est en mesure d’avancer dans le sens de la vie sans se préoccuper du lendemain, de se servir au passage avec respect et gratitude, sans trop se demander qui est qui, quoi est quoi, comment est comment, pourquoi un tel traverse sa route ou entre dans son univers, ce que vient faire tel compagnon à ses côtés, quel est le sens profond des événements.  À se poser trop de questions et à trop analyser les détails, on se perd, on connaît la crainte, on expérimente l’angoisse, on entre dans la confusion, on perd le goût de vivre.

Quand on suit sa vérité, on n’entre pas seulement dans le courant de la vie, on devient ce courant de la vie, s’éveillant toujours davantage à sa réalité et illuminant son sentier, prêt à couper les liens factices et à éliminer les situations contraignantes.  On cesse de chercher à être toujours correct, compétent, utile, apprécié, parfait, informé de tout.  On avance le cœur ouvert, conscient de ses faiblesses et de ses grandeurs, admettant sa vulnérabilité, soit ses limites apparentes.  On s’exprime dans la simplicité et la spontanéité, écartant la complexité inutile, évitant de l’amplifier par ses incohérences ou son inadéquation, refusant toute résignation.  On apprend à agir au lieu de réagir.

Quand on suit sa vérité, on en vient à accepter le sens véritable de la vie qui consiste à produire l’Éveil spirituel, non pas à accumuler des biens, à produire des œuvres géniales ou significatives, à laisser une trace indélébile dans le monde, à jouir intensément de tous ses sens, à mousser sa crédibilité, sa popularité ou sa notoriété.  Il n’y a rien de mal dans tout cela, mais ce n’est pas ce qui compte ou importe.  L’erreur serait, si erreur il y peut y avoir, de mettre la charrue devant les bœufs, soit de confondre les moyens avec la fin poursuivie,  en mettant ses meilleures énergies au service du paradis artificiel plutôt que de s’en servir pour s’assurer le retour dans le Paradis terrestre.

Celui qui cherche sincèrement la Vérité ne permettra jamais que quoi que ce soit estompe sa motivation première de réaliser son Idéal ou d’atteindre son But ultime dans l’accomplissement de sa Mission cosmique et de son Service humanitaire.  Sa Mission cosmique consiste à se connaître parfaitement comme Dieu-Homme, pour produire en lui le processus de l’Ascension, tandis que son Service humanitaire l’invite à partager sa Lumière acquise avec ses semblables, pour contribuer à l’avènement du Nouvel Âge d’or d’Amour, de Paix et d’Harmonie sur la Terre.

Au nom d’un bonheur présumé, on s’impose tellement de contraintes inutiles.  L’homme ordinaire se laisse enfermer dans son rêve matérialiste de s’édifier un paradis artificiel, s’investissant dans la performance concrète, négligeant les aspects spirituels de sa quête terrestre.  Celui qui a compris qu’il n’assouvirait jamais ainsi sa quête d’idéal, se laisse souvent piéger par des illusions sournoises qui témoignent de son incompréhension : il se lance dans une recherche qui n’aboutit à rien d’autre qu’à sublimer ses aspirations.  Ainsi, se croyant un élu, il espère devenir spirituellement riche, puissant et vénérable.  Il se fixe alors des objectifs de grande perfection, qui voilent des aspirations criantes de gloire et de majesté, mais le confinent dans la contention, l’austérité, la rigueur, la sévérité morale.  Il court après son ombre, un idéal chimérique, se hâtant sans cesse dans son aventure spirituelle.

La Vérité inclut que la qualité d’être doit avoir préséance sur la quantité de l’avoir.  Ainsi, les possessions doivent être mises au service de la connaissance de soi-même dans sa Totalité.  De même, le faire doit céder le pas à l’être.  On apprend à se connaître en s’arrêtant pour se poser les grandes questions existentielles relatives à son Destin ultime, qui appelle à s’éveiller complètement à sa Réalité divine.  Si on se regarde agir de trop près ou de façon trop critique, on se coupe de la réalité qu’on ne voit plus qu’en surface.  Il faut prendre du recul pour contempler le tableau de sa vie, son œuvre d’art.  Il faut laisser de la place à l’impondérable et à l’imprévisible.

On devrait développer le lâcher prise qui amène à décanter ses attentes inconsidérées et ses vérités relatives.  Il faut prendre les choses comme elles viennent, quand on ne peut rien y changer, cherchant à en tirer le meilleur parti, ce qui n’invite pas à se résigner à son sort.  N’importe quand, on peut couper court à ses mélodrames en appréciant le moment présent pour ce qu’il est et apporte, apprendre à rire des situations pénibles plutôt que de s’en désoler ou de s’apitoyer sur soi.  C’est simplement une question de choix : celui d’apprendre dans la tristesse ou dans la joie.

La vérité de chacun correspond à son tonus vibratoire qui résulte de l’aptitude à s’aimer sans condition ni restriction et à accueillir les autres dans la compassion.  C’est en augmentant sa fréquence vibratoire qu’on dissout les voiles de Maya, la Grande Maîtresse de l’Illusion, ce qui entraîne automatiquement l’élargissement de sa vision de la vérité.  Chacun détient sa propre vérité, ce qui lui interdit de s’ériger en juge pour se prononcer sur celle d’autrui.  Ce qui importe pour chacun, c’est d’agir de façon conforme à sa vérité personnelle.  Toutefois, trop souvent, le mot vérité ne recouvre que ce qu’on accepte, ce qui correspond à ses connaissances ou à ses expériences du moment.  On pourrait se rappeler le plus souvent possible que sa vérité présente ne tient compte que des faits vérifiés et qu’elle est appelée à grandir sans cesse.  La vérité d’aujourd’hui devient la demi-vérité du lendemain et l’hérésie du futur plus éloigné.  En comparant les croyances du cycle de son enfance à celles du cycle de sa maturité, on se convaincra aisément de cette affirmation.

Chacun ne reconnaît jamais ce qui est temporairement vrai pour lui que par ce qu’il ressent au plus profond de son être.  Mais on préfère souvent occulter ses ressentis intimes pour réaliser ce qui relève de l’opinion d’autrui, surtout si celle-ci s’exprime en contradiction avec eux.  Chaque être n’en conserve pas moins le droit de déterminer par lui-même ce qu’il accepte pour vrai et ce qu’il reconnaît pour faux.  La vérité de l’un peut devenir le mensonge de l’autre et inversement.

La vérité vraie libère en fournissant plus de choix et de possibilités que la vérité présumée.  Certains ne parviennent pas à faire la différence entre une croyance et une certitude.  Inconséquents, ils mettraient leur main au feu pour attester de l’authenticité de leur démarche ou de leurs convictions.  Par bonheur, la Vie ne les prend pas toujours au sérieux, leur évitant un inutile supplice, trouvant d’autres moyens de leur révéler leur erreur.

La vérité n’a jamais besoin de justifications ni de rationalisations pour démontrer sa crédibilité.  La seule personne qui puisse savoir ce qui est acceptable pour elle-même, c’est la personne elle-même.  Et elle peut savoir si elle a raison par le fait qu’elle devient de plus en plus heureuse.  Mais celui qui dit connaître sa vérité et qui vit constamment dans le drame devrait se poser de sérieuses questions sur la valeur de ses allégations.  Car c’est ce qu’on accepte comme sa vérité qui engendre sa réalité.  Ainsi, on ne devrait retenir pour vrai que ce qui sert, au niveau pratique, et qui rend plus fort.

Au cours des premières années de sa vie, on recueille des informations, des renseignements et des connaissances pour établir sa vérité, tandis que dans la deuxième portion de sa vie, on cherche à incarner cette vérité relative, sans trop la contester, en s’établissant.  Voilà pourquoi plusieurs parviennent au soir de leur vie en frissonnant en observant comment la Vie s’est chargée de balayer leurs approximations.  Ils ressentent alors un grand vide qu’ils ne parviennent pas à combler et redoutent intensément la mort qui se fait de plus en plus imminente.  Plusieurs se sentent alors tout à fait impuissants à combler le vide laissé par leurs fausses conceptions.

Chacun doit évoluer en se mettant à l’écoute de sa vérité propre, de sa vérité profonde.  Celui qui se conforme à sa vérité personnelle, bien qu’elle soit chancelante, reste inoffensif pour lui et pour les autres, car il sait compatir aux difficultés des autres.  Qui s’investit dans la réalisation de sa vérité sait que tout ce qu’il fait est bon pour lui et contribue à son évolution, quelle que soit cette vérité et ses effets sur les autres.  Nul ne peut faire de mal aux autres en suivant sa vérité, s’il ne l’impose pas comme un critère de référence, car celui qui se dirait dérangé par elle, se dérangerait forcément de lui-même.

Un être peut heurter la sensibilité d’une personne portée à susciter les antipathies ou à attiser les conflits de personnalité, mais il n’atteindra jamais son âme qui ne permettrait jamais une telle ingérence.  Celui qui dit que l’expression de la vérité d’un autre le blesse, témoigne qu’il a justement besoin de ce message pour évoluer, alors il ne faut pas l’en priver.  La Vérité ne décrit-elle pas ce qui, par nature, est et dure ?  L’âme sait faire la différence entre la Vérité essentielle et la vérité relative.

En revanche, celui qui feint de nier la vérité, en la refusant comme vraie, tout en la sachant telle, s’enfonce dans l’ombre de son incohérence, ce qui l’entraîne dans le désordre, le déséquilibre, la dysharmonie, les malaises, s’exposant à s’étioler spirituellement et à mourir physiquement.  Une vérité ne devient pas erreur parce que peu de gens y adhèrent.  A l’inverse, l’erreur ne devient pas vérité parce qu’elle se propage dans le grand nombre et se multiplie dans les esprits.  Une vérité ne devient pas davantage erreur parce qu’elle échappe à la compréhension ou ne se perçoit pas par les sens concrets.  La Mère Rose, compagne du Maître Sri Aurobindo, se plaisait à dire :  «Chaque individu porte en soi une vérité, et c’est à cette vérité qu’il doit s’unir, c’est cette vérité qu’il doit suivre…»

Le Bouddhisme établit comme suit les Quatre Nobles Vérités que tous les êtres humains devraient connaître.  D’abord, la souffrance et la frustration résultent de la difficulté à affronter les faits fondamentaux de la vie, à savoir que tout est impermanent et transitoire.  Deuxièmement, la souffrance résulte d’un attachement à un point de vue erroné qui fomente la séparativité entre les êtres.  Par ignorance, les gens divisent le monde perceptible en choses individuelles et séparées dans un effort pour maintenir les formes fluides de la réalité dans des catégories figées engendrées par l’esprit. Troisièmement, on peut mettre un terme à la souffrance en se délivrant de ses liens pour atteindre l’état de Libération totale.  Quatrièmement, on peut mettre un terme à la souffrance à travers une croissance personnelle qui mène à l’Illumination.  Il suffit de développer la vision juste, le savoir juste, l’action juste, la conscience juste et la méditation juste.

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