LA SUSCEPTIBILITÉ DIVISE LES FORCES ET GÂCHE LES RELATIONS

La susceptibilité désigne la vive sensibilité émotionnelle d’un caractère rigide, donc irascible, qui se vexe ou s’offense facilement.  Soit qu’un être souffre de timidité, conséquence d’un manque de confiance en lui, d’où le moindre propos, ton particulier ou attitude spéciale à son endroit éveille un amour-propre à fleur de peau;  soit qu’il soit affligé de narcissisme et que, se croyant supérieur aux autres, il s’imagine avoir droit à un respect particulier ou à un traitement de faveur;  soit que, dans sa paranoïa, ce qui est de la maladie, il se sente constamment persécuté.  Il est convaincu qu’aucun acte ne peut être posé sans insinuation ni qu’aucun mot ne peut être prononcé de façon innocente.  Aussi cherche-t-il toujours à découvrir le sens caché ou le message implicite qu’ils sont censés faire passer.  Il peut aller jusqu’à tirer les actes et les propos de leur contexte pour les globaliser, les généraliser, les personnaliser.

caractere-susceptible L’être susceptible, dont l’émotivité s’exprime pour un rien qui lui semble une provocation directe ou un reproche personnel, trahit un manque de confiance en lui et le développement d’une fausse image de lui-même, des blessures narcissiques d’enfance ou une dépendance extrême à ce que les autres font, pensent, ressentent et disent, au point de ne pouvoir détacher son regard d’eux, parce qu’il les croit supérieurs à lui ou qu’il pense qu’ils détiennent un droit sur lui.  C‘est le défaut de celui qui est rempli d’illusions à son propre endroit, parce qu’il se contente de béates acceptations et qu’il réprouve qu’un autre soulève un coin de voile sur son degré d’ignorance, d’incohérence ou d’immaturité.   Alors, il manifeste l’intensité de sa blessure diversement, soit par des justifications plus ou moins tordues, par des retours de propos vifs ou par une fermeture plus ou moins brutale et prolongée de la communication.  Dans sa puissante réaction d’indignation, qui lui permet de projeter ses propres torts, il se permet de continuer à jouer aux aventuriers rebelles et à la victime innocente.

La susceptibilité est un frein qui empêche de profiter pleinement de la vie en société puisque celui qui en est affligé se sent visé à tout moment, s’enfonçant dans émotions négatives.  L’être susceptible a généralement tendance à penser pour l’autre ou à interpréter ce qu’il dit;  même que, parfois il se renvoie ce qu’il se reproche lui-même, ou il réagit fortement parce qu’il se souvient d’anciennes critiques.  La pratique démontre que les pensées qui résultent d’interprétations d’un contexte sont rarement justifiées, d’où un être se gâche la vie en vain.  Il gagnerait à cesser de penser qu’il sait ce à quoi l’autre pense, ce qui représenterait un premier pas vers le retour à la sérénité.  Un tel être peut avoir raison de démontrer que, dans certaines circonstances, il souffre puissamment, pour appeler son entourage à le ménager, dans la mesure où il se prend quand même en main.  Mais il peut finir par lasser les autres leur imposant de devoir toujours prendre des précautions à son endroit.  Chose certaine, il dénote un manque de confiance en lui-même ou un débordement d’égocentrisme qui conduit à se sentir vexé ou offensé pour un rien et à réagir émotionnellement d’une façon disproportionnée à la cause.  Sa colère, qui exprime son indignation, devint pour lui une bien mauvaise conseillère, car elle le porte à étouffer l’amour des autres et à brimer leurs droits.

La personne susceptible est tellement vulnérable que, constamment ombrageuse, elle se formalise du moindre acte posé à son endroit qu’elle prend pour un écart.  Elle manque forcément de confiance en elle-même pour être aussi chatouilleuse dans son image d’elle-même.  Elle s’est donné une représentation erronée d’elle-même, de nature plutôt dévalorisante.  Son aptitude à promptement se vexer devient très révélatrice.  Elle identifie le reflet des blessures de son ego et elle s’exprime donc toujours à la mesure du poids émotionnel qu’elle a accumulé.  Un être de son entourage ne peut éveiller sa susceptibilité que parce qu’il met le doigt là où quelque chose en lui fait mal depuis longtemps.  De ce fait, il l’aide à se rappeler qu’il y a là quelque chose à guérir, une faille qu’elle ne peut plus feindre d’ignorer plus longtemps.  Pour se valoriser à ses propres yeux et augmenter son estime personnelle, elle peut établir ce qu’elle reconnaît comme des qualités personnelles et se rappeler ce qui fait qu’elle est appréciée d’autrui.

Quand il arrive de dire de quelqu’un qu’il est susceptible, c’est en référence à une réaction négative qu’il a eu suite à un événement qui le concerne directement. Cette réaction est la conséquence des émotions que ressent cette personne : colère, blessure, sentiment d’injustice, ressentiment? Autant d’émotions qui font mal.  En fait, derrière la susceptibilité, se cache bien souvent une grande émotivité qui repose sur un manque de confiance en soi, ce qui se traduit par une grande sensibilité à ce que les autres peuvent dire ou penser.  N’importe qui peut s’irriter lors d’un moment de fatigue ou en cas d’un coup dur.  Mais la réaction amère, accompagnée de retrait, plutôt de fuite,  devient une habitude chez le susceptible invétéré. Une parole un peu rude, mal comprise, ou un ton de voix irrespectueux en apparence ou trop directement interpelant touchent la personne, attisant son amour-propre à la manière d’une gifle ou d’un coup de poing.   Alors, celle-ci éprouve une grande solitude et elle se croit attaquée dans ce qu’elle est ou dans ce qu’elle représente.  Les émotions lui montent à la gorge, se bousculant au point qu’elle ne parvienne pas à relativiser ce qui lui arrive par une prise de distance. Tous les êtres peuvent être touchés par des évènements pénibles, irrespectueux, désobligeants, mais c’est le degré d’impulsivité et d’émotivité qui permet de mettre en lumière ce malaise et de déterminer s’il s’agit d’un travers bien insidieux.  Tous les êtres se démontrent plus ou moins susceptibles, mais ce défaut s’exprime, pour devenir visible, à divers degrés et dans certaines des situations plutôt différentes.

Dans la susceptibilité, ce n’est pas une personne particulière, perçue comme agressante, qui est mise en cause, il s’agit plutôt d’une réaction à ce que qu’elle a dit ou fait.  Il peut arriver à n’importe qui de blesser sans le vouloir, ce qui peut aider le susceptible si l’offenseur présumé accepte de se remettre en cause, d’exprimer plus d’empathie et de s’excuser.  Mais celui qui dit entendre trop souvent les autres lui reprocher d’avoir des réactions exagérées peut y trouver un signal d’alarme dont il doit tenir compte et accepter de réaliser qu’il est temps qu’il apprenne à relativiser les faits et à gagner de la confiance en lui-même.  L’habitude de s’interroger sur ce qui l’a offensé ou blessé peut lui en apprendre long sur lui-même.  L’important, c’est qu’ilsusceptibilite-irascibilite retienne que la sensibilité intérieure, qui est au fondement de la vie en incarnation, d’où elle n’est pas un défaut, peut rendre très créatif et permettre de devenir très réceptif à son environnement si elle est bien gérée, donc si elle est accepté et apprivoisée.

Toute personne gaghe à éviter de se déclarer trop rapidement du genre susceptible.  Avant de coiffer ce chapeau, elle gagne à vérifier si la situation se répète souvent et avec des interlocuteurs différents, ce qui suggère de s’accepter comme elle est sans se mentir, de manière à éviter de continuer à renforcer son travers.  En fait, la reconnaissance d’une faiblesse, qui n’est jamais que temporaire, lève les résistances psychiques et permet au changement de s’amorcer.  Dès lors, il importe que l’être susceptible prenne du recul pour réfléchir aux intentions de ceux qui le mettent hors d’état, se demandant en quoi il considère leurs propos ou leurs comportements blessants ou infamants.  Surtout, pour témoigner de justice, il doit veiller à déterminer si la cause de sa saute d’humeur n’appartient pas, par un lien plus ou moins conscient, à une autre histoire de son lointain passé.  Avant de réagir à vif, celui qui se sait susceptible peut prendre le temps de mettre en perspective un acte ou un message pour en atténuer la charge émotionnelle.  Comme on le sait, quand l’intellect ne connaît pas une réponse, il en invente une.  Aussi, au lieu d’interpréter, par manque de renseignement, pourquoi n’irait-il pas jusqu’à s’informer des intentions de l’autre partie, une manière de limiter les incompréhensions et de construire ou de rétablir une réciprocité de confiance?

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