LA RÉFORME PROTESTANTE ET LA CONTRE-RÉFORME CATHOLIQUE

Pour plusieurs Chrétiens, ce texte ne peut représenter qu’un rappel du temps des études, mais, pour le membre de certaines autres religions, ce rappel d’un fait historique ne peut que les aider à se démêler dans la compréhension du deuxième schisme chrétien majeur, après celui des orthodoxes de 1054, et dans la multiplication des dénominations protestantes.

La Réforme est une affaire du début du Protestantisme.  En effet, la Réforme protestante traite d’un mouvement religieux, social et politique qui détermina, au XVIe siècle, une partie de la chrétienté à se détacher de l’Église romaine par le rejet de ses dogmes, donnant naissance aux religions protestantes.  Essentiellement religieuse dans ses origines, elle dénonçait les abus qui s’étaient introduits dans l’Église chrétienne et prétendait la ramener à sa purLuthereté primitive.  Alors, on se permit de discuter sur les règles de la foi, sur les doctrines, sur le rôle du clergé.  Les Églises séparées ou réformées pullulèrent (luthéranisme, calvinisme, gallicisme, anglicanisme, presbytérianisme) se querellant entre elles et se morcelant, brisant l’unité du monde chrétien.

Sans conteste, au départ, la Réforme fut l’œuvre personnelle de Luther.  Elle déborda rapidement le cadre de l’Allemagne avec Zwingli et Bucer, Zurich et Strasbourg en devenant des pôles importants, par lesquels les idées nouvelles furent diffusées en Alsace et en Suisse.  Dans les pays francophones, c’est le rigoureux Calvin qui mena à bien le renouvellement religieux.  Son action auprès des Genevois et des huguenots fraréformençais fit de la Suisse et de certaines régions de France les bastions d’un nouveau type de protestantisme, militant et fougueux, dont le rayonnement atteignit la Pologne, la Bohème, la Hongrie et les îles britanniques.

On peut trouver à la Réforme des facteurs intellectuels (développement de l’humanisme, diffusion de l’imprimerie, désir de retour aux sources, propagation d’idées nouvelles), politiques (ambition des princes, animosité des classes laborieuses à l’endroit du clergé), économiques (besoins étatiques de séculariser les biens de l’Église pour renflouer les coffres de l’État) et sociaux (fidèles déçus de l’action sociale de l’Église et de ses abus de pouvoir, scandalisés par ses richesses et sa conduite).  D’une façon générale, elle affermit la puissance monarchique, favorisa l’influence de la noblesse et de la bourgeoisie et elle contribua à l’avènement du capitalisme moderne.  Surtout, par réaction, elle assura le progrès de la Contre-réforme catholique qui amena l’Église à préciser son message et à épurer ses mœurs.  Ainsi se constituèrent, au sein du protestantisme, trois grandes familles : le luthéranisme, le calvinisme et l’anglicanisme.

Mais la Contre-réforme est une affaire du Catholicisme.  En effet, l’Église catholique ou l’Église la mieux établie finit par contre-attaquer par sa propre réforme, qu’on appela la Contre-réforme.  On peut résumer ainsi le mouvement de ladite Réforme catholique.  Aux dires des historiens, au tournant du premier millénaire, l’Église chrétienne était devenue très autoritaire, au surplus corrompue et simoniaque.  À l’époque carolingienne, la collection des évêchés constituait un droit royal exclusif.  Mais les grands s’en emparèrent lorsque la faiblesse du pouvoir central se montra impuissante à la tenir sous son autorité.  Ainsi, les évêchés devinrent l’apanage de puissantes maisons féodales, qui en disposaient pour les membres de leur famille, sans souci de l’intérêt dréforme catholiquee l’Église et de la liberté des élections.  Par exemple, un noble réussit à faire nommer archevêque son fils âgé d’à peine cinq ans.  Et s‘ils n’accaparaient pas les bénéfices pour les leurs, les seigneurs les vendaient au plus offrant.

Ainsi, le clergé supérieur n’était plus recruté parmi les plus obéissants, les plus humbles et les plus prudents, mais selon leur richesse et leur générosité, la célébrité de leur lignage, la jeunesse prenant la place des sages vieillards.  On donnait les choses divines comme récompense et, là où il ne devait être question que des âmes, on cherchait avant tout un profit terrestre.  Ceux qui avaient accepté des dignités ecclésiastiques ne pouvaient ensuite que chercher à rentrer dans leurs débours, trafiquant de tout et cherchant à se constituer un fief héréditaire par la vente des biens de l’Église, de la collation des ordres ou des autres sacrements.  Inutile de dire que le célibat perdit du prestige, la majorité des évêques choisissant de se marier.   Ceux qui ne le faisaient pas choisissaient eux-mêmes leur successeur, passant un marché avec lui ou avec sa famille,  pour qu’il puisse obtenir le bénéfice.  Des prélats de ce genre n’étaient pas disposés à faire cesser les abus, à réclamer la liberté des élections, à instruire le peuple et à gouverner un clergé où la vertu et le mérite personnel auraient cours.

Au contraire, les prélats se soutenaient les uns les autres, ayant formé une caste à tendance aristocratique d’où étaient exclus tous les prêtres de basse condition.  Seuls comptaient pour eux la richesse, la vie luxueuse et facile.  Il fallait que des évêques courageux essaient d’enrayer la décaConciledence du clergé séculier et de le ramener à une vie plus digne et conforme à sa vocation.  C’est Atton de Verneuil qui, devenu évêque, bien que noble, lança le vent de la réforme par son principal ouvrage Libellus de pressuris ecclesiasticis, identifiant la cause des maux du siècle, dénonçant l’intrusion des laïques dans les élections épiscopales et la simonie qui en était la conséquence.  Pothier de Vérone, son contemporain, mena une pareille campagne contre les vices du clergé.  Ces essais de réforme se montrèrent insuffisants.  Il fallait attendre Léon IX pour donner un sérieux coup de barre à la Réforme, œuvre poursuivie par Étienne X, Nicolas II, Alexandre II, surtout Grégoire VII, par son «Dictatus papae».  Pascal II fit preuve d’un bel idéalisme : pour rendre à l’Église sa liberté et la dégager de tout lien de vassalité vis-à-vis es princes séculiers, il n’hésita pas à la dépouiller de ses possessions temporelles et de sa puissance féodale.  Mais, puisque les évêques n’étaient pas prêts à le suivre dans la voie d’un si complet désintéressement, cela permit à l’empereur Henri IV, qui connaissait leurs sentiments, de se jouer de la bonne foi du pontife, ce qui entraîna une grande crise et des protestations dans toute la chrétienté.  Le concile de Latran, en 116, rétablit quelque peu de l’ordre dans l’Église.  Le tout se résolut sous Calixte II par le Concordat de Worms où l’empereur fit sa soumission complète au pape et rétablit pour lui la majorité des droits canoniques.

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