LES PETITS NÉANTEMENTS DU QUOTIDIEN…

PAR IGNORANCE OU PAR SIMPLE INCURIE

En raison de la force d’attraction, qui engendre le principe du moindre effort, il est plus facile pour un être incarné dans la troisième dimension de se laisser aller et de s’exprimer par la négative que de le faire par la positive.  C’est ainsi que, à son insu, chacun recourt à des expressions préjudiciables à sa croissance et à son expansion comme «De rien», «Y a pas d’quoi», «Y a pas de mal», «Pas de faute» ou, au Québec, «C’pas grave» ou «Y a rien là», qu’il serait si facile de remplacer par la formule «Au plaisir», «C’est apprécié», même qu’on peut inventer «C’est un privilège».  Et le pire, c’est que, souvent, ces expressions expriment, par politesse, un déni de frustration et une atteinte au respect de soi-même.  En effet, si un être demande un service à un autre, il n’est que normal qu’il se sente un peu son obligé et lui exprime sa gratitude, ce que l’autre gagne à accepter tel quel, sans réduire la portée de son implication.  Si, plutôt, cet être lui est rentré dedans, lui a marché sur les pieds, l’a interrompu dans une activité légitime, lui a pris de son temps, il est normal qu’il se sente un peu frustré, ce qu’il ne gagne pas à cacher ou à nier.  verbiage-papotageMême qu’il devient légitime qu’il exprime une mise en garde plutôt que de s’effacer dans un étrange : «De rien» ou autre formule du genre, qui dispensent autrui d’évaluer sa responsabilité.

Du fait que le mental résiste naturellement à une formulation négative, ce qui est désormais scientifiquement démontré, par sa réclame, un vendeur ou un publiciste s’attire une moins grande clientèle par une réclame de tournure négative que de tournure de formule positive.  Par exemple, s’il suggère aux gens   «de ne pas manquer tel événement», au lieu de les appeler «à voir absolument», il engendre une résistance qui réduit sa part de succès.  Du reste, dans une proclamation personnelle, le créateur qui s’exprime dans une formule négative du genre, qui exprime un vide, un doute, un souci ou une limite, ne reçoit pas le support de la Lumière.  C’est ainsi, par exemple, qu’une formule comme : «Je demande de l’aide pour ne pas que…» est sûrement moins efficace que l’autre : «Je demande de l’aide pour éviter que…» en plus d’offrir une tournure plus élégante, moins lourde, plus respectueuse du génie de la langue française.

Ce n’est pas dire que la formule négative n’a pas sa fonction et qu’il faille éviter de recourir au «non» quand c’est un «non» catégorique qui s’impose, mais que, en général, une formule gagne à être tournée au positif, si celui qui l’exprime compte en obtenir un effet constructif et magnétique.  En passant, malgré les apparences, le «non» peut représenter une affirmation ferme et servir comme une formule positive quand il représente un choix  qui appelle à mettre un terme à une situation.  Cependant, une tournure comme: «Il ne faut pas penser à agir de telle façon» trouvera probablement moins d’écho que celles-ci : «Il faut éviter d’agir de telle façon», «Il faut se garder» ou «s’abstenir d’agir de telle façon».  Autant d’apparentes corrections de petits riens qui finissent par faire une bien grande différence dans une existence!

Voilà comment, au quotidien, sans s’en rendre compte, un être incarné peut passer son temps à vivre dans le déni et réduire sa part de bonheur en ce monde, parce que petit à petit, par le développement d’une habitude verbale, il se créé un destin à rabais, privatif, régressif ou, tout simplement, il le complique, il se coupe l’herbe sous les pieds.  Sans oublier que toutes les paroles vaines qu’il prononce en bla-bla sans intérêt ou verbiage stérile le dévitalisent et le tuent à petit feu.  Comme la parole crée et, encore plus sûrement, si elle s’accompagne du sentiment, une réalité négative exprimée une fois, ne cause probablement pas beaucoup de dommage, mais, souvent répétée, parce qu’elle est devenue le réflexe inconscient d’employer, dans une situation précise, une formule lapidaire et figée, parce que des mieux ciselées, au point de représenter un stéréotype, elle devient dévastatrice parce qu’elle mine son chemin ou brûle les ponts derrière soi, ce qui, peu à peu, engendre des limites, avec un possible sentiment d’impuissance… et beaucoup de démotivation.

© 2014-15 Bertrand Duhaime (Dourganandâ).  Tous droits réservés. Toute reproduction strictement interdite pour tous les pays du monde.  Publié sur : www.larchedegloire.com.  Merci de nous visiter sur : https://www.facebook.com/bertrand.duhaime.

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