Nous avons peur de notre prochain;  nous nous en méfions grandement.  Pourtant, il faut établir des liens avec tous les êtres, sans quoi la société restera divisée.

De la même manière que les cellules du corps doivent agir en harmonie entre elles, nous devons apprendre à nous aimer les uns les autres.  Mais c’est bien le contraire qui se produit… œil pour œil, dent pour dent.  Nous aimons notre prochain, mais… à distance.  Il faut l’empêcher de nous priver de quoi que ce soit.  L’ouverture d’esprit n’est pas notre fort : nous multiplions les expressions de bigoterie, de superstition, de préjugés ou d’arrogance dans notre comportement quotidien.  Avec pression, nous cherchons à imposer nos solutions au monde extérieur parce que nous avons toujours l’impression d’être infaillibles dans nos jugements sur les autres.  Pourtant, tout aussi bien, nous dédaignons souverainement tout conseil ou commandement émanant de l’extérieur, nous les réprimons avec force parce que nous avons toujours l’impression de détenir un jugement infaillible pour ce qui nous concerne.

On raconte que, chez les moines trappistes, qui vivent dans le silence, mais sont constamment en contact avec leurs confrères, il vient un temps où ils doivent faire un grand effort d’adaptation pour supporter la vie commune.  S’il est difficile de vivre ensemble dans le silence, pas étonnant qu’on s’agace tant dans la vie courante où l’on peut parler.  À quoi servirait une vie de communication par la pensée entre des êtres si chacun n’était pas appelé à renoncer à sa jalousie et à son animosité?  On capterait la moindre pensée et on orchestrerait des réactions pour écraser les penseurs audacieux.  Non, n’allons pas jusqu’à mépriser l’être humain.  En l’occurrence, un plein jour émergerait du mélange des sentiments, fondement des comportements, avec une plus grande capacité d’amour.

L’objectif de ma longue digression, c’est d’en tirer la conclusion qu’il importe de vivre dans la détente mentale car elle peut permettre de rétablir des liens sains entre les êtres.  En effet, sans de tels liens, nous empêchons le retour à l’Homme complet.  Présentons ici une citation de Teilhard de Chardin qui nous fournit le moyen d’aller de l’avant : Il ne s’agit pas de savoir si l’eau est froide.  Il faut passer.  L’avenir dépend de l’effort de réalisation que chacun produira.  Et ceux qui ont peur de l’eau froide doivent graduellement s’y habituer, sinon ils ne pourront pas y échapper.  Mais, au lieu de se débattre, ils comprendront que, grâce à l’eau, ils nagent vers la plage de leur paradis terrestre.  Sont-ce là des symboles?  Le corps est le véhicule, la mer, les conditions du voyage.  Nul ne peut nager à la place de l’autre.

Notre monde civilisé, édifié grâce à nos efforts, n’est qu’une ombre à comparer à celui que les races à venir auront à ériger par leurs efforts successifs.  Nos limites tombent comme tombent les fils des couches protectrices du cocon des chenilles.  En fait, les chenilles sortent d’instinct de leur cocon dès qu’elles se sentent des ailes.  Ces ailes, elles les ont élaborées pendant leur retraite volontaire dans cet espace réduit.  À l’instar de la chenille, nous pouvons trouver dans le macrocosme les phénomènes du monde microscopique.  Nous pouvons nous illuminer pendant la vie car la lumière est la nourriture de la conscience.

C’est en vivant l’illumination intérieure que nous pourrons vivre en harmonie entre nous.

Janaka-anandâ © 1980-2014 Yogi Inn, Vermont, USA.

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