L’HYPOCRISIE DÉSHONORE UN ÊTRE…

À force d’y avoir recours, l’hypocrisie finit par coller à la peau et par passer pour de la bonne foi, car c’est bien connu, plus un mensonge est répété souvent, plus il semble devenir progressivement une vérité.

Valéry a rappelé: «L’hypocrisie est une nécessité des époques où il faut de la simplicité dans les apparences.»  De nos jours, l’hypocrisie a la cote et elle devient de plus en plus répandue hypocrisieparce qu’elle facilite temporairement la vie, permettant d’escamoter des explications.  C’est un moyen si pratique ou efficace de se faciliter la vie, de manipuler ou de dissimuler que presque plus personne n’y trouve quelque chose de malsain, car il s’agit purement et simplement d’un moyen de cacher le degré de noirceur de son psychisme.  Mais nul ne doit s’en étonner puisque, avec la baisse du sens des valeurs, les principes changent au gré des intérêts.  Mais n’importe qui aurait tort d’accuser un autre de ce vice puisque, à divers degrés, tous se démontrent hypocrites.  Autant les paroles vraies ne sont pas toujours agréables à dire ou à entendre autant les paroles agréables ne sont pas toujours vraies.  Dans ce contexte, il n’y a rien de plus vexant que de rencontrer un plus hypocrite que soi.

Le mot «hypocrite» provient du grec et il signifie «acteur de théâtre».  Voilà pourquoi l’hypocrisie désigne le défaut qui consiste à jouer un rôle autre que le sien, soit à cacher sa véritable personnalité, ses motivations ou ses intentions profondes.  C’est le défaut de celui qui simule dans une tentative de donner une apparence de vérité à une réalité.  Il peut s’agir de se montre autre qu’il n’est, de faire semblant de détenir ce qu’il ne détient pas, de détourner la vérité, de parler contre sa pensée et son sentiment, de dire ce que l’autre veut entendre plutôt que ce qu’il devrait dire, d’adhérer de façon factice à l’opinion d’un interlocuteur, de dire en sa présence ce qu’il nie ailleurs (ou l’inverse), de refuser de témoigner en faveur de la vérité, d’orienter une action de manière à produire une meilleure impression dans sa réalisation, de se montrer plus vertueux que ses actes ne le démontrent, de produire un écart entre les paroles et les actes.

L’hypocrisie amène à introduire une situation de mensonge pour se dissimuler aux autres dans le désir de protéger un intérêt, par exemple sa réputation, ce qui revient à faire son bien au détriment des autres.  Autrement dit, comme stratégie sociale, elle représente le vilain «jeu de l’acteur», le vice de celui qui joue un rôle autre que le sien, qui déguise son véritable caractère, feint des opinions, des sentiments ou des vertus qu’il n’a pas, attente à l’ordre de la vérité, engendre un écart entre ses paroles et ses actes, fait silence sur ce qu’il devrait dire.  Pour s’attirer l’estime de tous, il dit une chose devant l’un qu’il nie devant l’autre, surtout s’il s’agit d’opposants ou d’adversaires, sauf qu’à tenter de toujours plaire à tous, il finit pas déplaire à tout le monde.  Surtout, il oublie qu’en agissant ainsi, il mine sa réputation et gruge son bonheur, car il finit par être fui de tous ou partout écarté.

L’hypocrite se trompe sur lui-même et il cherche, parce qu’il ignore son impuissance, à tromper les autres.  Un être peut se comporter ainsi par orgueil, par manque de droiture, par peur du jugement d’autrui, par crainte de ne pas être perçu comme il le voudrait, pour donner une bonne image de lui-même,  pour parer à un danger réel ou présumé.  Car il faut vraiment redouter quelque chose, pour se montrer faux avec les autres : peur de froisser, de blesser, de choquer, de ne pas paraître comme les autres et d’être écarté.  À moins qu’un être se complaise dans la manipulation et les intrigues par simple méchanceté.

Mais, comme la disait Jean-Jacques Rousseau: «Quiconque aime à se cacher a, tôt ou tard, raison de se cacher.»  Tout mensonge est toujours découvert à la confusion de celui qui l’a proféré.  Les masques finissent toujours par tomber, car nul ne peut se cacher indéfiniment.  Tout finit par se savoir, à sa courte honte, exposant à être rejeté, ce qui peut amener à vivre dans l’isolement et l’amertume.  Les efforts que l’hypocrite a déployés pour dissimuler son jeu ne suffisent pas pour  le protéger longtemps du scandale, d’où il finit par s’attirer ce qu’il tentait de s’éviter : la suspicion et le rejet.

Ce ne sont pas tous les gens qui sont capables d’être simples, vrais et transparents.  Pourtant, nul ne gagne à se faire passer pour quelqu’un d’autre, chacun devant assumer ce qu’il est sans complexes.  Un être n’avance dans la cohérence, qui évite la confusion, que lorsqu’il s’exprime dans l’unité, y mettant tout son être.  La duplicité empêche d’obtenir une vision claire de la réalité, d’où elle retarde l’accession au bonheur.  En outre, elle met en péril la dignité humaine, entraînant dan la négligence et la déchéance.  Sans compter que nul ne peut accueillir dans son cœur un être qui ne pense qu’à tromper.  Plutôt, il peut l’y accueillir, mais il sera porté à le tenir à distance.

L’hypocrite cherche à séduire, à dominer, à se faire valoir ou à récolter l’attention des autres.  Il est forcé de voiler par les apparences ce qu’il n’est pas ou ne possède pas.  a-bas-masqueUne société peut se sentir menacée quand l’hypocrisie s’introduit dans les hautes sphères, surtout dans le gouvernement.  Puisque les couches inférieures prennent exemple sur les grands, notamment sur leurs dirigeants, la fourberie et la corruption ne tardent pas à s’installer partout.   Mais la pire hypocrisie, c’est l’hypocrisie de fausse vertu ou la bigoterie.  Par référence à ses valeurs morales ou religieuses, elle conduit à s’effaroucher du vice, surtout quand il est public.  C’est la marque d’une âme vile, coupable et torturée.  Elle recouvre presque toujours des refoulements de la sexualité.

La sincérité, l’authenticité et la loyauté, de bien nobles qualités, sont des signes de confiance en soi, d’ouverture du cœur, de transparence, d’humanisme, de conscience libre et élevée.  L’être humain est à la quête de la Vérité, non du mensonge, des apparences, des illusions.  Il a choisi de venir à l’existence pour développer ses potentialités afin de forger son caractère, d’élargir sa vision, d’accroître ses connaissances, de renforcer son âme, d’accéder à un développement complet.  Le premier pas vers le perfectionnement consiste à activer ses forces latentes de manière à en tirer le meilleur parti, ce qui implique de se libérer de ses fausses conceptions, de ses attaches stériles, de ce qui fait obstacle, souille et empêche d’avancer.  Dans cette quête, il faut reconnaître que les conduites qui ne procèdent pas d’un fond authentique n’ont pas de valeur, parce qu’elles font régresser au lieu d’évoluer.  L’hypocrisie, qui représente un manque de sincérité, de loyauté, de transparence et de droiture, ne peut que compliquer un destin.

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