LE REGISTRE DES TÉNÈBRES: OMBRE, NUIT, NOIRCEUR… 

L’Ombre désigne le Rayon du Dragon Noir, le secteur sombre engendré par un corps opaque qui s’oppose aux rayons d’une source lumineuse et les intercepte, secteur d’autant plus allongé que la source lumineuse provient de bas, exprime une invention de la Lumière cosmique pour se mettre en relief afin de mieux connaître, par l’expérience, ses attributs et ses effets.  Il exprime une phase d’énergie passive, à basse fréquence, privée de l’élément actif de la Lumière.

L’ombre réfère à un aspect de l’Être indifférencié qui permet la révélation de la Lumière, soit le Monde fini ou limité.  Il sert à mettre la volonté à l’épreuve dans des conditions extrblanc-et-noirêmes.  Le fait de chemine dans l’ombre invite à grandir en Lumière, par la soif de la Lumière et de la Vérité, par désir de redécouvrir qui on est.  Ainsi, l’ombre symbolise la densification de la Lumière spirituelle, par résistance et éloignement de sa Source d’émission, qui engendre une contraction de plus en plus forte.  L’ombre ne constitue pas l’absence de lumière, mais un effet de celle-ci, soit ce qui s’oppose apparemment à elle, mais n’apparaît que comme l’effet compatible et complémentaire de l’une de ses polarités, sa polarité électrique.  Elle désigne en quelque sorte la Présence de la Mère céleste en l’absence (ou oblitération) du Père divin.  Elle donne l’image fondamentale de l’illusion par rapport à la réalité ou à la vérité, de la souffrance par rapport au bonheur, de l’oubli par rapport à la mémoire.  Ainsi, l’ombre ne devrait jamais satisfaire, mais inviter à chercher la lumière qui l’exprime.  Et c’est seulement au midi que l’ombre s’évanouit complètement.

En effet, le Moi spirituel, l’Étincelle de Lumière, ne peut triompher qu’en autant qu’il assimile l’ombre, s’accordant à ses pulsions nocturnes pour devenir aussi redoutable que le Dragon qui s’y terre.  C’est ainsi que les héros antiques se rendaient compte que l’ombre de leur personnalité restait inconsciente, mais qu’elle n’en existait pas moins, pour en tirer de la force.  Ensuite seulement, ils pouvaient la maîtriser.  Pour ce faire, ils devaient s’enfoncer dans les ténèbres pour en sortir détenteurs d’une éternelle jeunesse.  L’ombre désigne ce que le héros rêveur veut rejeter, ses craintes difficiles à identifier ou ses problèmes difficiles à résoudre.  Elle décrit un regard tourné vers le sol plutôt que vers le ciel.  Son but, c’est de garder le sol humide, de lui fournir une réserve d’amour.

L’ombre représente le sens caché de la vie, l’énergie dépourvue d’amour, tout ce qu’un sujet refuse de reconnaître ou d’admettre et qui, pourtant, s’impose toujours à lui, directement ou indirectement : choses fugitives, irréelles, changeantes, illusoires, comme le lieu où vivent les rêves et les chimères.  Elle représente la partie sombre qu’un être omet ou refuse de reconnaître, d’accepter, d’assumer, d’embrasser, alors qu’il lui faudrait l’accueillir dans l’amour inconditionnel.  Elle désigne les traits de caractère inférieurs et les tendances incompatibles avec son but.  Cette ombre se projette dans les rêves sous la figure de certaines personnes qui ne sont que des reflets d’un certain moi inconscient.

L’ombre se manifeste aussi par des paroles et des actes impulsifs et incontrôlés qui trahissent un aspect inconscient du psychisme personnel.  Elle rend aussi plus sensible à certaines influences personnelles ou collectives qui éveillent et révèlent dans le sujet des tendances occultées ou réprimées.  Elle risque de devenir maléfique dans la mesure où elle reste refoulée dans les replis de l’inconscient.  Le sujet a tout à gagner à la voir percer à la lumière de la conscience.  Mais il redoute généralement de la voir apparaître, par crainte de devoir la reconnaître comme sienne et de l’assumer, de devoir la maîtriser ou de la rendre bénéfique, ou par crainte de se trouver face à sa complexité.  La coexistence des contraires est bien lourde à porter, mais elle est riche d’enseignements et de possibilités.

L’ombre identifie les doutes, les peurs, les angoisses et les résistances personnelles, qui collent à ses talons comme le plus obéissant des chiots.  Elle peut prendre la forme d’un échec, d’une erreur, d’un divorce, d’une séparation, d’une trahison, de la perte d’un être cher, d’une maladie, d’un accident, d’un revers de fortune et quoi encore.   Voilà pourquoi il importe de la dissoudre en l’exposant à la Lumière spirituelle.  Rêver, c’est aller voir ce qui se passe dans le passé ou le futur, capté dans le grand moment d’éternité ou scruter l’ombre de la réalité pour déterminer ce qu’on va en conserver avant de prendre la décision de les réaliser.  Les rêves aident à mieux intégrer ses ombres.

Comme on le voit, l’ombre joue un rôle important dans la vie de l’être incarné qui veut se découvrir l’égal des Dieux.  Car lorsqu’il traverse une zone d’ombre, il gagne à consentir à ce passage obligé qui a quelque chose à lui apprendre ou à lui révéler de lui-même, au lieu de chercher à l’éviter.  Celui qui refuse d’explorer ses aspects sombres, par manque de compréhension de la vie ou d’ouverture de conscience, par résistance de la raison, par peur des émotions ou par une réaction de colère, se cache une part de sa réalité.  C’est en raison de ses jugements de valeur, de ses fausses croyances ou de ses aprioris qu’il la rejette la constatant obscure, ce qui l’amène à penser qu’elle est malsaine, mauvaise, difficile, ce qui ne contribue qu’à la renforcer, s’exposant à bien des frustrations qui, en s’accumulant, peuvent dégénérer en un bien grand désespoir.

En fait, il y a dans l’ombre quelque chose qui peut amener un être quelque part, à  une réalisation, soit à continuer à croire, envers et contre tout : que la vie détient un sens;  que ce passage obligé fait partie du plan de son âme;  qu’elle fait remonter à la surface une réalité qu’il s’était cachée;  qu’elle permet, à son insu, de guérir ou d’harmoniser un aspect de sa réalité.  Dans toute expérience, il n’y a jamais que deux choix : accepter et s’abandonner, pour permettre que les choses s’ajustent, ou réagir, rejeter, se fermer, ce qui amène une réalité à perdurer, si elle ne se renforce pas pour compliquer la situation.

La résistance ajoute une couche d’opacité à l’ombre déjà existante et elle peut dégénérer jusqu’au désespoir, à l’aliénation, à la dépression parce qu’un être s’enfonce peu à peu dans la rancœur, la colère et l’amertume, empêchant d’autant l’énergie de vie de circuler à travers lui et de l’aider à renaître constamment.  Alors, un être se refuse à l’amour et à sa propre Lumière.  Il faut savoir que la Lumière peut circuler dans l’ombre et atteindre tous ses recoins intimes dans la mesure qu’il accepte de la reconnaître et de l’aimer pour le message qu’elle porte et la conscience qu’elle fait grandir en lui.

L’ombre finit par engendrer la noirceur.  Il s’agit de la période sombre de la journée symbolise le Néant primordial et évoque un obscurcissement quelconque.  Mais il n’est pire noirceur que le manque d’estime de soi et des autres qui mènent à imiter, à émuler, à se comparernuit, à s’établir en concurrence, à rivaliser avec quelqu’un, à relever des défis, à poser des actes de séparativité, à sombrer dans les illusions du rêve ou des chimères.  Quand on accepte d’aller au-devant de la partie obscure ou cachée de son être, on engendre alors la possibilité de se libérer de tout ce qui lui est relié.

La noirceur surgit la nuit, en cette période nocturne située entre le coucher et le lever du Soleil.  Elle symbolise l’obscurité, ce qui peut signifier qu’on ne voit pas, qu’on ne sent pas, qu’on ne comprend pas.  La période pendant laquelle le soleil reste au-dessous de l’horizon, s’obscurcissant de plus en plus, symbolise le Chaos, le Néant primordial, le Grand Trou noir de l’Infini;  la manifestation universelle négative donnant naissance à la Lumière ou au soleil;  le sentiment d’impuissance qui prive de toute aptitude à agir ou le fléchissement de la volonté;  une période de vide relatif dans sa vie;  l’ignorance.  La nuit réfère à tout ce qui n’est pas saisi, compris ou accompli en soi : une énergie, un mystère apparent, un fait imprévisible, une réalité impalpable, un sentiment informel, une période d’angoisse ou de crainte, un élément inconnu.  Marque-t-elle la fin de la journée ou le commencement du jour?  Elle évoque un temps de gestation, de germination, de confirmation ou de constipation qui va éclater au grand jour en expression de vie.  Elle est riche de toutes les virtualités de l’existence.  Elle désigne les ténèbres où se fermente ou se fomente l’avenir.  Elle prépare le jour, moment où la lumière éclatera peu à peu.  Elle marque une période d’obscurcissement de la conscience ou de la connaissance distincte, analogique, exprimable, et la privation de toute évidence et de tout support psychique d’évaluation.  Elle exprime le triomphe sur le temps.

Ésotériquement, la nuit est reliée à l’Occident, aux moyens, au juste milieu, à la modération, au froid, à l’humidité, à l’argent (métal), à la Lune.

Quant aux ténèbres, elles qualifient l’obscurité profonde qui semble indiquer une absence complète de la lumière ne constitue pas métaphysiquement parlant, l’antithèse de la lumière, mais son double compatible et complémentaire.  Elle indique la fin ultime de quelque chose et le commencement d’une autre chose.  Mais, c’est par les ténèbres que la lumière se met en relief.  A quoi servirait la lumière si les ténèbres n’existaient pas.  Il est de l’ordre de la lumière de se donner aux ténèbres pour les éclairer et de celui des ténèbres d’accueillir la lumière pour leur servir de substrat ou de véhicule d’expression.  sorcellerie-monde-noirParadoxal?  Pas autant que cela.  Car les ténèbres indiquent moins l’absence de la lumière qu’un feu qui couve et peut imploser ou exploser.  En mystique, les Ténèbres symbolisent le Néant originel, le Vide qui contient tout mais n’a encore rien exprimé.  Et, dans la projection verticale de l’Esprit créateur, donc dans son Rayonnement lumineux, elles identifient le Nadir, soit le point le plus éloigné du Centre divin d’Émanation, le Lieu subtil ombragé, retiré de la Lumière, ou de la Densité complète.  On lui rattache la peur de l’inconnu, la peur du vide (vertige), la peur de la mort, la peur de vivre et la peur des réalités invisibles.  Elles expriment les défauts de l’être, ses imperfections apparentes, son ignorance ou son inconscience, soit son oubli de ses origines divines.  Elles désignent la Manifestation universelle dans ses aspects négatifs ou magnétiques.  On les relie à l’Ouest, à l’Occident, aux moyens matériels.  On les reconnaît comme diaboliques parce qu’elles engendrent les obstacles sur la Voie de l’Évolution sous forme de : faux renseignements, de campagnes de désinformation, de mensonges ou d’hypocrisie, de refus de livrer les informations, de dissimulation de l’information.  Elles réfèrent souvent à l’inconscient qui rend difficile l’explication de ses sentiments et de ses pulsions primo primi, les causes premières de ses réactions spontanées et de ses réflexes.  Mais elles permettent la purification de l’intellect et l’épuration des sentiments et l’illumination de la conscience.  Notons que le signe de la Balance marque l’équinoxe (l’égalité du jour et de la nuit).  Après ce signe, la durée des nuits croît, figurant le regain progressif de l’énergie sensible, de ce pouvoir nocturne qui écrase ou libère.  Après ce signe, la vie semble décliner.  Mais c’est dans les ténèbres que s’opère toute gestation ou toute germination valables.

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