LA SEXUALITÉ

 

Il n’y a probablement rien qui ait autant blessé les consciences, par la gravité de la condamnation que la majorité des religions associaient à cet acte visant, pour elles, uniquement la conception, donc la reproduction de l’espèce, ce qui a amené à bien des actes sans obtention de plaisir et d’existences tristes vécues dans un sentiment profond de culpabilité et la crainte de la damnation éternelle.  Tout au contraire, la spiritualité, qui lui associe quatre fonctions (reproduction, plaisir de vivre, échange amoureux et transmutation spirituelle) ne lui accorde guère d’importance si ce n’est pour suggérer des corrections lorsqu’elle risque, par l’abus ou la carence, de mener à la souffrance et à la régression spirituelle.  Autrement dit, évitant d’aborder les conduites humaines par l’angle du bien ou du mal, qui font la différence entre la vertu et le vice, elle traite ce sujet comme tous les autres, en termes de juste milieu.

Il faut savoir que ce n’est pas la nature du désir sexuel qui détermine la souffrance, qui mène au malheur, comme la satisfaction, qui mène au bonheur, mais la manière dont ce désir est satisfait, car il n’y a rien de mal en soi dans les appétits humains.  Ce n’est que lorsque le désir devient une fin, plutôt que de rester un moyen, ce qui en fait une exigence qui amène à ne plus se respecter soi-même ou à ne plus traiter l’autre comme une personne humaine égale, qu’il devient l’objet de ses fantasmes et de ses pratiques, soit qu’il est soumis aux exigences d’un animal, que le désir devient une source de souffrance et requiert une intervention.

En effet, dans n’importe quel domaine, ce qui mérite une appréciation spirituelle, ce sont les causes du malheur, qui implique une souffrance, et du bonheur, qui implique de la satisfaction et de la joie, qui résident dans l’excès des désirs ou dans leur pondération, menant l’un au respect ou la transgression des lois de la Nature et des Principes cosmiques et l’autre à leur transgression.  Il est d’évidence que, par la puissance de cette pulsion, la sexualité peut être une source importante de l’une et de l’autre, car il se perpètre malheureusement beaucoup d’actes de violence sexuelle dans le monde.

Toutefois, cela n’a rien à voir avec l’orientation sexuelle, la nature homosexuelle, bisexuelle ou hétérosexuelle d’une relation humaine, car il n’existe pas moins de vécus troublants, le résultat d’abus sexuels cachés, dans le cadre des relations dites légitimes des couples hétérosexuels mariés ou en situation de couples de fait.  Ainsi, pour ceux qui appartiennent à une religion et ne peuvent s’en détacher, le mieux est de décider de ses choix en fonction de sa foi, bien que pour d’autres, qui peuvent émettre un point de vue extérieur, ses prescriptions puissent comporter bien des faussetés ou des superstitions culpabilisantes,  ne serait-ce que pour s’assurer de ne pas perdre leur sérénité en commençant par se déprécier et se condamner intérieurement et vivre dans la peur de l’enfer.

En revanche, pour ceux qui n’ont pas de religion et qui désirent avoir des rapports sexuels avec une autre personne, fût-elle du même sexe, dès qu’il existe un commun accord, qu’il n’existe pas de contrainte ni d’abus relatifs à des phases de maturation différentes, en raison de l’âge, ou à des désirs de satisfaction violente, comme le viol, le masochisme ou le sadisme, la spiritualité ne voit rien à y redire.

LE PARI DU DÉTACHEMENT

Avec Ramana Maharshi, un grand gourou de l’Inde, on pourrait ainsi exprimer le détachement: «Laissez venir ce qui vient; laissez aller ce qui va. Déterminez ce qui demeure».  Puisque tout se meut, change et se transforme et que rien ne peut être indéfiniment retenu, on pourrait parler de la sagesse de l’observateur neutre qui gère l’incertain, se permettant de s’ouvrir à l’inconnu et d’explorer de nouvelles possibilités, probablement plus grandes, ce qui est toujours un gage de renouvellement et d’expansion.  Le détachement se fonde d’abord sur la notion que le monde d’en bas est irréel et éphémère, ce qui amène à concevoir autrement les multiples désirs, la source des souffrances et porte à considérer, en tout discernement, qu’il vaut probablement mieux opter pour l’exploration de la Réalité que du transitoire.

UNE CONCEPTION DE LA JUSTICE

 

La justice désigne la vertu morale, donc l’injonction religieuse, de remettre à chacun ce qui lui revient selon son mérite et le principe de loi qui stipule que chacun doit faire une juste appréciation, reconnaître équitablement et respecter rigoureusement les droits de chacun.  Mais n’est-ce pas là se donner une idée étroite de ce que cet attribut spirituel implique?  Car, dans ces définitions, pour chaque être, la compréhension personnelle de la justice correspond à ce qui répond à ses attentes humaines et à besoins sensibles surtout et qui mènent à prendre les moyens d’obtenir ce qu’il veut, d’après ses critères subjectifs et arbitraires.  Et c’est ce qui produit les conflits interpersonnels autant qu’internationaux et mondiaux, puisque, dans la partialité, chacun cherche à tirer à lui la couverture.   Car, dans une définition aussi réductrice, bien peu de gens osent se demander si leurs attentes ou leurs exigences servent leurs intérêts personnels réels, les aident plutôt que de leur nuire, attentent au bien d’autrui ou améliorent le bien commun.  C’est ce qui explique la dérive actuelle des mœurs qui, avec la chute des valeurs spirituelles, amène chacun à se servir grassement, sans plus de sens civisme que d’éthique, dans toutes les sphères de la société et de l’activité humaine.

En spiritualité, bien qu’il arrive qu’on évoque la Justice immanente, dans la Conscience de Dieu, il n’existe aucune notion de justice, il n’existe qu’une Providence ou un Approvisionnement universel qui, par l’attraction individuelle, attire à chacun ce qu’il vibre le plus puissamment.  Cela signifie que Dieu, qui est impassible, ne juge jamais les actes des êtres humains et qu’il ne cherche jamais à sévir ou à punir.  Toutefois, son Plan cosmique est régi par une Loi unique qui veille à maintenir l’Ordre cosmique ou à tout y ramener, en cas de déséquilibre.  Dès lors, pour ceux qui tiennent à ce mot, ils doivent concevoir la justice comme la nécessité de laisser s’accomplir librement à travers soi l’Ordre cosmique.

C’est le sens de l’injonction spirituelle : «Que ta Volonté soit faite, afin que la mienne se fasse.»  Cette maxime impérieuse n’exprime pas qu’un être s’en remet à une autre instance pour décider de ce qui lui revient, mais que, par la voie du cœur, il se lie à l’Amour qui l’habite ou qu’il est , qui écarte de lui-même toute danger, tout arbitraire et toute limitation.  Elle démontre qu’un être accepte un retournement de conscience par lequel les moyens peuvent se remettre au service de la fin ou du But ultime de l’existence, plutôt que le contraire, à savoir que l’expérience individuelle se mène, comme l’engagement d’une mission sacrée d’un émissaire de l’Absolu en incarnation qui tient à se maintenir à l’intérieur du Plan cosmique de la Manifestation divine.  Il dépasse son ego pour laisser son Centre divin l’inspirer sur ce qui compte et importe vraiment par rapport à sa destinée éternelle de membre de l’humanité et du Cosmos.

VIVRE DANS LE MENSONGE

C’est toujours la fausseté, qui découle de l’Illusion, qui fait souffrir un être et qui, par l’ego, le fait succomber aux faux désirs qui engendrent la prétention abusive, enlisent dans de fausses peurs, faussent les valeurs, biaisent les idées, compliquent relations entre les personnes et les nations. Celui qui accepte d’abandonner ses approximations étriquées, ses interprétations injustes, car trop partiales, avec ses fausses croyances, ne tarde pas à se libérer de la douleur et des souffrances. C’est la fausseté qui produit des blocages et entrave la libre circulation de l’Énergie cosmique à travers un être. Qui ne l’a pas entendu: la Vérité libère, affranchit, ramène dans le bonheur? Mais, pour la trouver, il faut commencer par découvrir où on se leurre en se fiant trop aux apparences et aux mirages.

CHACUN SE RETROUVE TOUJOURS À UN CARREFOUR

Si les présentes circonstances de la vie d’un être peuvent déterminer vers quoi il se dirige, un échec plutôt qu’une réussite, au sens d’une réussite mitigée, pour celui qui s’y prend à temps, parce qu’il reste conscient de ce qui se passe, elles peuvent tout autant exprimer le début d’une nouvelle aventure magique.  Tout est question de confiance en lui et de foi dans la vie dans la décision de commencer à écrire une histoire plus heureuse, dans la décision, enfin, de ne plus jamais s’y prendre seul, mais de cheminer main dans la main avec son Centre divin, Maître du Pouvoir.  L’être incarné conserve toujours le choix de se croire parvenu à un carrefour plutôt que d’être entré dans une impasse.

VAINE QUÊTE

Ce qu’un être ne parvient pas à trouver en lui-même, il le cherchera en vain, ne le trouvant jamais ailleurs. La paix, la joie, l’amour, le bonheur, c’est en soi qu’elles résident, comme attributs de sa conscience intime. Cause à effet. Qui méconnaît la cause ne peut produire l’effet que fugacement, par coïncidence, mais il ne peut le produire en permanence. Tout ce qu’un être désire le désire, ce qu’il cherche, lui court après, mais il ne peut l’obtenir que lorsque, cessant sa quête extérieure, il s’arrête et plonge au plus profond de lui. À cette adresse, qui est la bonne, tout ce qu’il attire et à quoi il aspire peut enfin le rejoindre, s’unir à lui.

LA NATURE COMPLICE

 

La Nature n’est pas quelque chose de distinct de l’être humain. Pourtant, dans le quotidien, chacun oublie trop souvent qu’il ne fait qu’un avec elle, d’où il ne peut s’écarter bien longtemps d’elle sans en subir les inconvénients. Sauf qu’en général, il n’y pense que pour apprécier la température ou maugréer contre elle. Dès lors, il n’étonne pas qu’il oublie qu’elle est sa meilleure alliée, son trésor de ressourcement, Il a été dit que celui qui perd son lien avec la Nature pers sa connexion avec lui-même. Pis que cela, il perd de sa puissance, de sa vitalité, de son efficacité dans sa créativité habituelle. Il amène sa jeunesse à s’étioler et il perd le sens de la tranquillité, de la générosité et de la beauté.

© 2014-15, Bertrand Duhaime (Dourganandâ).  Tous droits réservés. Toute reproduction strictement interdite pour tous les pays du monde.  Publié sur : www.larchedegloire.com.  Merci de nous visiter sur : https://www.facebook.com/bertrand.duhaime.

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