L’USAGE DE L’ENCENS DANS LES RITUELS SPIRITUELS…

Dans la langue française, le mot «encens» apparaît assez tard, emprunté vers 1135 au latin ecclésiastique «incensum», signifiant «produit qui brûle» ou «s’enflamme».  Effectivement, il désignait une matière que les Romains brûlaient depuis longtemps en sacrifice, l’appelant «thyamina», un mot à rapprocher de «thym» et à rattacher à deux racines grecques : l’une, «θuos», évoquant à la fois l’idée de parfum et d’offrande;  l’autre, «θuien», correspondant à la notion de sacrifice que l’on fait brûler.  À l’origine, il est probable que ce mot soit dérivé d’une racineencens2  indo-européenne, «dhu», qui signifie «faire brûler».wadi-arbre-a-encens-oman

Les termes qui précèdent démontrent bien l’importance que l’encens a pris dans les diverses religions.  Depuis les temps immémoriaux, on assure que les dieux étaient friands de ses fumées qui montaient vers eux en sacrifice.  Par exemple, dans la Tradition des Assyro-babyloniens, le dieu assyrien Baal en était un grand consommateur.  Yahvé lui-même, évoqué dans la Thora, devenue pour les Chrétien l’Ancien Testament, appréciait grandement l’encens, un mot mentionné à 113 reprises dans ses divers livres. On notera surtout un passage de l’Exode (XXX: 34-37) dans lequel Yahvé précise à Moïse la composition du mélange qu’il convient de faire brûler à son intention (storax, onyx, galbanum, aromates et pur encens), prenant soin de lui indiquant que ce mélange ne doit pas être utilisé de façon profane sous risque d’être retranché de son peuple.

Dans l’Antiquité, les Égyptiens, considérés comme les plus grands parfumeurs de l’époque, firent eux aussi un grand usage de l’encens, qui entrait notamment dans la composition du «kyphi».  Même chose chez les Grecs et les Romains de l’Antiquité.  Dans ses Métamorphoses, Ovide, le grand poète latin évoque la nature divine de l’encens : il propose que l’encens ait poussé sur la tombe de Leucothoé, maîtresse d’Apollon, châtiée par son père Orchamos.  Dans la continuité de l’Ancien Testament, le Christianisme a perpétué l’utilisation de l’encens.  L’Évangile affirme qu’il faisait partie des cadeaux des Mages offerts à Jésus.  Pas étonnant que, plus tard, les encensoirs au parfum raffiné aient envahi les églises pendant des siècles, ce qui perdure de nos jours.

De nos jours, le mot «encens» peut désigner toute substance résineuse brûlée lors de rites religieux ou d’exercices et, plus largement, toute substance qui dégage un parfum suave en brûlant.  On sait pertinemment qu’on se sert fréquemment de cette appellation pour désigner le copal des Mayas et les mélanges asiatiques à base de santal.  Pourtant, en principe, il s’agit d’une résine produite par un arbre, appelé «boswellia sacra», de la famille des burséracées.  Cet arbre serait originaire du Dhofar, une région de l’actuel sultanat d’Oman.  On le catonmentultive encore aujourd’hui, l’exportant par le port de Salaalah.  Mais on en retrouve en Somalie, au Yémen et en Inde, dernier pays où l’on cultive surtout le «boswellia serrata», qui produit l’oliban. Seul l’arbre mâle, qui peut atteindre les trois mètres à maturité, produit cette précieuse résine, mais il faut attendre une bonne dizaine d’années pour qu’il fournisse un produit de qualité. Pour l’obtenir, on incise l’écorce, collectant les sécrétions de résine trois semaines plus tard.  Les experts assurent que la meilleure résine se recueille en automne, à la suite à la suite d’incisions pratiquées pendant l’été.  C’est ce qu’on appelle l’encens blanc par opposition à l’encens roux, recueilli au printemps après des incisions hivernales.

De tous les parfums, l’encens est certainement celui qui a le passé le plus prestigieux.  Dans l’Antiquité, on le considérait comme plus précieux que l’or, d’où la route de l’encens a fait la fortune de plusieurs royaumes arabes.  C’était un peu l’équivalent de la denrée actuelle la plus précieuse : le pétrole ou or noir.  À travers l’histoire, l’encens sert de symbole à l’air, généralement associé à la prière et à la sagesse de l’Essence.  Dans ce contexte, il révèle l’aspiration de l’âme à s’élever vers des niveaux de conscience supérieurs, jusqu’à l’Essence divine.  Selon sa nature, il agit sur le subconscient et sur les corps subtils, les harmonisant par réduction ou activation, favorisant l’intériorisation et la médiation.  Il fortifie le cerveau, stimulant les facultés psychiques et il produit un changement bénéfique dans l’atmosphère subtile, provoquant naturellement l’aspiration et l’élévation spirituelle, en plus de purifier l’environnement et d’assurer une protection.  Il éloigne les formes-pensées négatives ou les entités indésirables, attirant les formes-pensées paisibles et les entités tutélaires.  Il exprime le sentiment et le ressenti, avec tous ses désirs et ses aspirations, mais surtout la noble aspiration qui doit toujours s’élever vers les niveaux spirituels.  Son usage démontre qu’on est en présence d’un être qui a surmonté son orgueil et qui est devenu capable d’adoration.

Les odeurs ont un pouvoir indéniable sur l’être humain, qu’il le veuille ou non.  Pour cette raison, de tout temps, les mages ou les prêtres ont eu recours aux parfums, des supports indispensables à la pensée magique et à l’élévation de l’esprit.  L’encens agit sur le subconscient et les corps subtils soit en les harmonisant soit en exaltant ou en les calmant.  Certains encens ayant un pouvoir actif sur la volonté sont utilisés pour commander certaines forces. D’autres encens ont un pouvoir pacificateur.  Ainsi, il peut éloigner les formes pensées négatives ou les entités subtiles indésirables ou il peut attirer les pensées bénéfiques et les entités subtiles bénéfiques qui peuvent aider à produire un travail évolutif ou magique ou apporter la paix.  Il est bien connu que l’encens produit un changement dans l’atmosphère subtile : soit qu’il éloigne les formes pensées ou les êtres indésirables, soit qu’il attire les êtres bénéfiques qui peuvent aider à un travail magique et apporter la paix.  Il y a des essences qui invitent à la prière, d’autres qui calment le mental trop verbeux.

Pour obtenir toute l’efficacité de l’encens, il convient de le chauffer, non de le brûler.  Puisque l’encens pur ne contient pas de combustible, il faut donc le déposer sur une source de chaleur (charbon incandescent) pour qu’il dégage son parfum.  C’est alors que l’encens libère son essence, laissant uniquement ses résidus brûler.  De ce fait, il faut commencer par allumer un charbon.  Pour un usage personnel, la méthode la plus commode consiste à recourir à une pastille de charbon à auto-allumage, qui contient du salpêtre, ce qui facilite grandement l’allumage.  Maencens1is un tison ou une plaque chauffante peut tout aussi bien faire l’affaire.

On doit veiller à déposer le charbon dans un contenant capable de résister à la chaleur et, à moins que l’encensoir ou le brûle-parfum soit grand et bien aéré, on doit éviter de le recouvrir.  Il est important que le charbon soit bien allumé, donc qu’il commence à grisonner, ce qui prend environ deux minutes, avant d’y déposer l’encens.  Lorsque le charbon est prêt, on dépose une pincée d’encens et on laisse la fumée se répandre.  En toute circonstance, on doit éviter d’inhaler la fumée qui émane directement de l’encensoir ou du brûle-parfum.  En effet, la fumée doit se mélanger avec beaucoup d’air pour donner sa véritable odeur et produire tout son effet bienfaisant.  On gagne à procéder par petites quantités puisque ces fragrances, souvent très subtiles et concentrées, se démontrent fort persistantes.

Dans le domaine des soins de santé, on croit que les extraits d’encens, sous forme de gélules, peuvent avoir une discrète efficacité sur certaines maladies, notamment sur l’asthme, la polyarthrite rhumatoïde et l’iléite régionale (maladie de Crohn).  Toutefois, on doit porter attention puisque des recherches scientifiques ont confirmé que la combustion de l‘encens dégage des vapeurs qui contiennent des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) et des carbonyles de benzène, des produits cancérogènes.  Du reste, en 2004, «Que choisir» avait publié que l’émission dans l’air d’encens comportait cent dix fois plus de benzène que le seuil recommandé.  Il est donc avisé d’aérer toute pièce, après usage, et il est déconseillé d’en utiliser plus d’un bâton par jour.

***

L’encens amérindien est composé de sauge, de cèdre, de foin d’odeur et, parfois, de pin blanc.

L’encens d’Électre, relié au schème des Chérubins, est composé d’un tiers de myrrhe et de deux tiers d’oliban.  Il éveille l’amour pour Dieu, stimule l’élévation dans la Lumière spirituelle, favorise l’expression de l’intériorité et il accélère la réalisation des projets ou des objectifs.

L’encens des Mages ou des Rois Mages, mélange à trente pour cent de myrrhe, d’oliban et d’or sur une base d’oliban, favorise la manifestation de la loi du Triangle.

L’encens des Templiers identifie un mélange de menthe, de basilic et de benjoin.

L’encens d’Oedipe, relié au schème des Séraphins, est composé d’une partie d’oliban pour deux parties de myrrhe.  Il purifie, développe les facultés de perceptions subtiles, ancre le sens de la vérité et il déracine les vices, les habitudes délétères et les activités stériles.

Note: Cet article retient de longs extraits pertinents de «Wikipedia».

© 2012-15,  Bertrand Duhaime (Dourganandâ).  Tous droits réservés. Toute reproduction strictement interdite pour tous les pays du monde.  Publié sur : www.larchedegloire.com.  Merci de nous visiter sur : https://www.facebook.com/bertrand.duhaime.

A propos de l'auteur

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *