L’ÉGOÏSME

En philosophie, le mot «ego», qui provient du latin et signifie «moi», désigne le sujet conscient et pensant, tandis qu’en psychologie, il cerne le moi.  Il s’agit de l’entité psychosomatique, aussi appelée la personnalité ou le petit moi, élaborée par le mental, qui donne l’image intériorisée de la conscience de soi et de sa valeur, qui favorise le culte du moi, le développement personnel, en marge de l’altérité.

En philosophie, le  mot «ego» cerne la réalité du «moi» jusqu’à la notion du «petit moi», de la personnalité, de sujet conscient et pensant, tandis qu’en psychologie, il cerne la réalité du moi.  Voilà la personnalité individuelle portée à l’égoïsme et à la vanité, s’opposant aux forces de l’âme.  Fondamentalement, l’ego désigne l’aspect mental de l’être qui pense, ressent, agit, conscient de la différence qui le distingue defemme-possessive-1 l’entité d’autrui, de l’objet de ses pensées, de ses ressentis et de ses autres activités.  Il recouvre la partie de l’être individuel qui est conscient et qui mène diverses expériences.  Il souligne l’importance du soi qu’un être incarné conçoit de lui-même et qui lui confère un sentiment de pouvoir.

Dans le processus évolutif, l’ego amène à s’identifier à la matière et, de là, à la personnalité, à l’aspect purement physique.  Il conduit à porter une attention exagérée au faire, au paraître, au pouvoir, à l’avoir, au jouir, au point d’en faire oublier l’aspect d’être pleinement.  Alors que le Soi ou l’Individualité ne cherche qu’à vibrer à la fréquence de l’amour, du détachement, de la générosité, de la compréhension, de la compassion, de l’harmonie cosmique, l’ego amène à manipuler, accumuler, privilégier, conquérir, dominer, exploiter, exclure, calculer.  De ce fait, devenant rapidement diviseur, il entraîne dans la comparaison, l’émulation, la concurrence, l’ambition, l’opposition, la rivalité, ouvrant la porte à toutes les formes de l’agressivité et de la domination.  Il veille à la réalisation du paradis artificiel, écartant de la quête spirituelle du Paradis perdu.  Il se met au service exclusif de la satisfaction personnelle, cherchant partout son intérêt, à toujours occuper plus d’espace, même au détriment des autres.  Il comprend la notion des droits, mais peu celle des devoirs, ce qui l’amène à peu se soucier de la Réalisation spirituelle.

Ainsi, l’ego établit rapidement le principe du deux poids et deux mesures et il conduit à affirmer ses besoins et ses désirs comme des absolus.  Il propose de vivre une vie à rabais fondée sur la quête du plaisir, du confort et du bien-être, uniquement à l’écoute des pulsions primitives (sentiments, émotions et passions), négligeant l’aspiration.  Il interprète tout à partir de la notion de ses attentes, emprisonnant dans les illusions et les apparences.  Il pousse l’individu à se centrer sur lui-même comme s’il était le nombril du monde.  Il engendre la peur et la division.  Il force à nier la vérité quand elle contrarie les croyances ou les intérêts personnels, ce qui peut aboutir au scepticisme et à l’athéisme.

Pour tout dire, l’ego engendre la forme d’hypnose que l’on appelle le sommeil de l’homme ordinaire qui amène à prendre l’illusion du monde extérieur pour la réalité.  Dédaigneux de l’intuition et de l’inspiration, il place le mental sur un piédestal, écartant de l’Esprit.  Il amène à s’opposer à l’Univers et à la Nature plutôt qu’à couler avec eux.  Il engendre les attentes et les attachements multiples, source d’envie et de jalousie.  Il porte à agir au gré des préférences, non du bon sens ou du discernement.  Il voit dans l’adversité, non une leçon à apprendre, mais une limite à la liberté, donnant sa caution au libertinage et au libéralisme outré.  Bref, engendrant la dualité, il constitue la source de tous les problèmes et difficultés, tirant hors des sentiers de l’amour et hors de la voie de l’ordre, de l’équilibre, de l’harmonie.

Dans cette nomenclature de départ, on ne peut oublier le «faux ego» qui désigne l’ombre de l’Ego spirituel.  Le faux ego, aussi appelé l’«ego matériel», représente le contraire de l’Ego divin, donc du Vrai Moi ou du Moi véritable et il amène à s’identifier à son corps, à sa raison et à la matière.  Il désigne proprement la personnalité ou le petit moi.  Son tort, c’est de mener un être à interpréter Dieu et l’Univers à sa manière au lieu de chercher à les connaître tels qu’ils sont.  On dit qu’il résulte de l’action du feu qui pousse à l’action autonome.  De ce fait, il couvre une force solaire indispensable à la maturation et à l’individualisation, une transition difficile, mais obligatoire, au cours de l’évolution, afin de comprendre l’Unité dans l’Amour.  En effet, dans sa première phase de manifestation, s’il n’est pas maîtrisé, il devient la déformation même de l’identité de l’Amour, ne figurant plus qu’une phase stagnante de cette énergie conceptuelle.

L’ego est au fondement de l’égoïsme, de l’égotisme et de l’égocentrisme.  En cela, l’égoïsme désigne la propension à se préoccuper exclusivement de son propre plaisir et de son propre intérêt sans se soucier de ceux des autres.

On le comprendra sans problème, l’ego est la source de l’égoïsme, cette propension à se préoccuper exclusivement de soi et de ses besoins, quitte à négliger ou renier ceux des autres, menant même à considérer tout être qui s’oppose à cette inclination comme un ennemi à dominer, à écarter ou à abattre.  En principe, on pourrait définir l’égoïsme comme un attachement excessif à soi-même et à ses intérêts, dans l’application du principe des deux poids et deux mesures, il s’exerce au détriment ou aux dépens des autres.

En effet, l’être égoïste aime s’isoler pour jouir de ses choses, refuse de les prêter, évite de s’associer aux autres, s’abstiens d’aider les autres ou de leur porter son concours.  L’égoïsme est la cause de tous les conflits et la source de toutes les mauvaises actions.  C’est l’obstacle majeur qui se pose sur la voie de la libération.  Pour évoluer, un être gagne à vivre dans le détachement et à participer au bien commun.  Un bon moyen de se détacher de sa personnalité, c’est de considérer le caractère éphémère de la vie et le caractère transitoire des choses.  Tout passe, car tout se transforme.

L’égoïsme, une affection excessive de soi-même incline à parler constamment de soi, à tout rapporter à soi, à établir un culte de soi, en oubliant les autres.  Il se signale surtout par la pensée concentrée sur les aspects extérieurs et apparents du moi et par l’abus des mots «moi», «je», «me», «mon», «ma», «mes».  Plus un être est égoïste, plus il oblige les autres à combler ses besoins, gagnant ainsi de l’énergie et du temps pour mieux s’occuper de lui-même dans ses fantaisies et ses caprices.  Voilà comment il réussit, ultimement, à écarter des autres et de Dieu, car il ferme le cœur à l’amour.

Le Maître Saï Baba a dit : «La chaîne de montagne de l’ego cache Dieu.»  Voilà pourquoi il est dit que l’oubli des misères du petit moi augmente la puissance de réalisation dans la Lumière.  Pour sa part, Sivanandâ a affirmé: «Celui qui meurt à la partie inférieure de lui-même s’élève à l’immortalité. Ainsi, détruis ton moi inférieur avec l’épée de l’impassibilité, la hache de la méditation, et accède à l’immortalité…» Sri Aurobindo Ghose a rappelé avec conviction: «Si tu gardes cet ego humain et crois être un surhomme, tu es seulement la dupe de ton propre orgueil, le jouet de ta propre force et l’instrument de tes propres illusions.» Yogananda a dit : «Le noyau dur de l’égotisme humain peut difficilement être délogé autrement que par la rudesse.  À son départ, le Divin trouve enfin un canal non-obstrué.  En vain, Il cherche à passer à travers les cœurs de pierre de l’égoïsme.»egoiste-heureux

Mais qui est le plus égoïste, celui qui pense à lui avant de penser aux autres ou celui qui accuse l’autre d’être égoïste?   Est-ce que l’égoïsme ne représenterait pas davantage une inconscience de soi qu’une possessivité ou du narcissisme de la part de l’autre?   L’être humain a longtemps été éduqué à penser aux autres avant de penser à lui.  Au cours de son enfance, ses prédécesseurs lui conditionnaient l’esprit à l’obéissance, à la peur, à la culpabilité, en lui faisant croire que l’amour consistait d’abord à donner à l’autre.

Un être ainsi éduqué ne peut qu’avoir développé des attentes à l’endroit de l’autre dans la pensée son bonheur dépend de lui, ce qui développe en lui l’intention inconsciente de le manipuler pour qu’il comble ses désirs.  En cela, la première réaction qu’il a développée, c’est celle de traiter l’autre d’égoïste pour l’amener à se sentir coupable afin d’arriver à nos fins.  Il n’y a pas en cela d’amour, il n’y a là qu’une version contrefaite qui vise à manipuler autrui, à établir sur lui un contrôle afin de voir ses désirs égoïstes comblés en toute insouciance et inconscience.

Celui qui contrôle un autre être peut obtenir ce qu’il veut.  Mais la justice n’est-elle pas de le libérer pour qu’il obtienne ce qu’il veut, gagne en autonomie  et prenne de l’expansion, alors que soi, on apprend à s’assumer, à bien s’occuper de ses propres affaires?  Trop de gens n’ont pas appris que la liberté de choix est ce qui permet à l’autre de ne pas se sentir obligé en regard d’une attente de l’extérieur : la liberté de choix représente une bonne occasion de faire du bien ou de collaborer sans oublier son propre bonheur.

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