LE TRAVAIL IMPLIQUE UN EFFORT SUR SOI-MÊME

Pierre Rabhi, un paysan, philosophe et essayiste français d’origine algérienne, qui a toujours défendu un type de société plus respectueux de l’être humain et de la Terre, a suggéré : «L’être humain a véritablement besoin de vie et de temps pour ne rien faire.  Nous sommes dans une pathologie du travail où toute personne qui ne fait rien est forcément un fainéant.»  L’homme contemporain doit commencer à comprendre qu’il n’est pas une bête de somme et que, à titre d’être créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, ce qui en fait un co-créateur avec le Créateur suprême, il doit détenir d’autres moyens d’assurer sa subsistance et son évolution.

Le propos étrange du sage paysan, assez peu répandu dans un monde où on a toujours tant valorisé le travail, peut intriguer ou agacer.  Pourtant, pour le véritable chercheur spirituel, il comporte une grande vérité qui pourrait devenir, pour plusieurs, la clef d’une nouvelle conscience.  En général, le travail désigne une activité pénible qui laisse pressentir un tourment ou une souffrance, comme dans les grands travaux que Jésus a soufferts.  Il s’agit également de l’activité de l’être humain appliquée à la produtravailction, à la création, à l’entretien des biens utiles ou occupation d’une personne qui agit avec suite en vue d’obtenir un résultat définitif.  Il peut encore s’agir d’entreprises difficiles, périlleuses, mais glorieuses, comme dans les «douze travaux d’Hercule» de la Tradition antique.  En spiritualité, il consiste à devenir conscient de son engagement évolutif pour répondre à sa mission cosmique.

Quoi que fasse un être, il ne parviendra jamais à prendre conscience de l’abondance qu’il porte en lui et qu’il peut manifester au besoin tant qu’il n’aura pas relevé son estime de lui-même, qu’il n’aura pas accepté le principe de l’échange et du partage et qu’il n’aura pas choisi de le mettre, comme moyen, au service de son idéal ultime.  Surtout, il ne connaîtra jamais l’abondance tant qu’il ne se sentira pas partie prenante du phénomène de l’Approvisionnement universel.  Tout ce dont un être a besoin existe toujours en surabondance, si ce n’est en manifestation concrète, au moins en potentialité de manifestation.  De ce fait, pour devenir un canal de l’abondance, un sujet doit commencer par se considérer comme une entité cosmique, comme un atout universel et comme une ressource planétaire.  Comme tout se tient, qui croit à la pénurie des ressources croit à la pénurie de tout le reste.  Qui croit à la pénurie des moyens fait de cette conception sa réalité, même si elle est autre, en principe.

Pour croire à l’abondance des moyens, il faut rétablir sa relation avec l’Essence cosmique et avec les ressources planétaires et universelles qu’elle émane et fournit à tous les êtres.  Il faut considérer l’Essence cosmique comme la Source d’émanation de toutes les ressources;  l’Univers, comme le véhicule et répartiteur des ressources de l’Esprit cosmique;  la Terre, comme le récepteur et le distributeur de toute cette abondance de ressources universelles;  et soi-même, comme le bénéficiaire de toutes les ressources dont on a besoin.  Plus encore, il faut se sentir soi-même comme une ressource irremplaçable et indispensable de la Totalité.   En soi, le Cosmos, comme l’Univers et chaque planète, est surabondant.  Les ressources ne deviennent limitées qu’à travers une pensée limitée et un ressenti de pénurie.

Chaque être est une ressource autant dans son essence que dans sa nature, donc autant dans son être et sa vie que dans son corps et son psychisme (ses pensées, ses sentiments, ses émotions).  Et il vit sur la Terre qui est un monde de ressources, une planète qui chemine dans un Univers qui est un monde polyforme de ressources, jouant son rôle fonctionnel dans un Cosmos qui est un monde illimité de ressources de toutes sortes.  Voilà pourquoi il importe à celui qui compte attirer l’abondance de se considérer comme l’une des ressources de la Terre, de l’Univers et du Cosmos.  Il doit se savoir et se ressentir comme une source illimitée dans son pouvoir et dans ses potentialités, dans sa capacité de donner et de recevoir.  Il doit reconnaître ce fait même comme une ressource.   Chacun est, en potentiel, une provision illimitée, d’où chacun a le droit à donner à recevoir un approvisionnement illimité.  Pour attirer l’abondance, il ne lui suffit pas le croire, mais de reconnaître cette vérité, de la ressentir comme étant ce qu’il est.

Pour s’en convaincre, on pourrait répéter avec conviction la formule suivante : «Je Suis.  Je Suis Celui qui Est.  Je Suis l’Abondance incarnée.  En moi-même, Je Suis une provision illimitée.  Je Suis indispensable à la bonne marche de la Terre, de l’Univers et du Cosmos.  Je Suis essentiel à la Terre et Je Suis irremplaçable dans son économie.  En tant que membre de l’Humanité, je la complète et à titre de maillon de tous les autres règnes et éléments, je la rends entière.  Ainsi, je participe à la Totalité divine et l’Ensemble soutient Ce que Je Suis et J’en Suis une partie intégrante!»  Voilà comment on peut se sentir une ressource pleine de ressources.  En comprenant les choses ainsi, en les situant dans cette perspective de prospérité, on ne peut connaître aucun manque.  Il ne reste qu’à redéfinir les ressources, surtout celles dont on a besoin.      

Si une personne croit que l’argent ne peut provenir que d’un travail rémunéré et, de manière rarissime, comme un fruit du pur hasard, elle ne peut prospérer que selon son investissement quotidien dans ce genre de travail.  Sans s’en rendre compte, elle entretient dans son esprit une notion fondée sur une application laborieuse et servile qui ne peut que la desservir.  Autrement dit, elle se considère comme une bête de somme, qui doit produire à la sueur de ses bras, plutôt que comme un être créatif, qui peut engendrer ce qui comble ses besoins et ses désirs à la sueur de son front, soit par le processus de la créativité mentale.  En pareil cas, pour faire beaucoup d’argent, elle doit sans cesse compter sur la manifestation de nombreuses circonstances favorables convergentes : de bonnes études, de bons diplômes ou une grande compétence acquise sur le tas;  un métier, une profession ou un art très en demande;  beaucoup de temps pour travailler;  le lancement d’une entreprise prospère ou, à défaut, l’acceptation de son embauche dans une entreprise rentable gérée par un patron de bon vouloir, riche et généreux.  Car, dans ce dernier cas, sa prospérité restera conditionnée par la manière dont son patron mènera son affaire et saura augmenter constamment la rentabilité de son entreprise pour assumer le coût de la vie qui augmente sans cesse.

Fort heureusement, dans le domaine de l’Énergie cosmique, la réalité se présente autrement.  Puisque l’être s’incarne pour apprendre à se connaître lui-même, à travers de lui-même, de manière à reconnaître le pouvoir créatif dont il a été investi de toute éternité,  en développant sans cesse sa pureté d’intention et son potentiel amoureux, la notion du travail recouvre toute activité qui favorise l’évolution individuelle, donc exercée dans l’amour de soi et la pureté d’intention, mais simultanément menée dans la perspective de l’expression du bien commun et de la réalisation du Plan divin du Créateur.  C’est le sens de la proclamation cosmique qui dit : «Que ta Volonté soit faite, afin que la mienne se fasse!»   Dans la mesure où un être accepte de faire ce qui, dans son ordre fonctionnel et à sa mesure, donc au meilleur de sa compréhension et de ses moyens, favorise l’accomplissement du But ultime de la Vie, il peut compter sur l’appui de l’Univers pour réaliser ses désirs licites et légitimes et combler ses besoins réels.  Et, en cela, si l’individu n’a pas le choix d’accepter ou de refuser de participer à l’accomplissement de la Fin ultime du Cosmos, il détient le choix au niveau des moyens d’y parvenir.  Évidemment, il s’en tirera mieux s’il connaît son rôle fonctionnel, dans l’Économie cosmique, et s’il l’exerce correctement.

Ainsi, dans l’ordre de la manifestation de la prospérité, la notion qu’on forme du travail revêt une grande importance.  Au plan cosmique, est considérée comme un travail, toute activité qui, exercée dans l’amour et la pureté d’intention, aide à accroître le confort, le bien-être, la sérénité, l’amour, la compréhension, le savoir personnel et qui contribue, par ricochet, à la découverte de la Perfection du Tout.  En fait, le travail correspond précisément à ce que l’on appelle diversement, selon les enseignements spirituels, la mission cosmique, le service divin, le rôle fonctionnel, le plan de vie, la tâche quotidienne ou le devoir d’état.   Toute autre notion du travail relève d’une société de consommation mercantile biaisée, non du Vouloir divin.  Le Créateur ne demande pas à ses créatures de travailler, mais d’accomplir tout ce qui contribue à leur évolution personnelle et contribue à celle des autres.  À ce compte, même les heures de repos, de divertissement et de sommeil, qui contribuent à régénérer l’être et à l’égayer sainement, méritent une rémunération.  Donc, tant que l’argent reste le symbole de la valeur d’échange, chaque être incarné mérite un salaire qu’il peut concevoir en fonction de la grille horaire, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours par semaine, douze mois par année, année après année.  Dans ce système, la Banque cosmique, une image de l’Approvisionnement universel, reste toujours ouverte, ne chômant jamais : elle ne ferme pas pendant la nuit, les fins de semaine, les jours fériés, les congés et les vacances.

Pour certains, ces idées apparaissent plutôt utopiques du fait que, par leurs croyances conscientes et inconscientes, souvent très éloignées de la Vérité universelle, ils n’ont pu s’en donner la preuve.  On sait que, dans l’univers ou le champ d’expérience d’un être libre, au-delà de la Vérité éternelle, telle qu’elle existe, c’est ce qu’il pense le plus sûrement, avec le plus de force, qui devient sa vérité et ce sont ces pensées et ces ressentis qui se manifestent, car c’est en eux que, à son insu, il met sa foi ou son espérance, qu’il place son pouvoir et qu’il investit ses énergies.  D’autre part, il faut savoir qu’un être libre ne peut être rémunéré ou rétribué que selon la valeur et l’estime qu’il s’accorde personnellement et selon la qualité et l’intensité de ses échanges avec autrui et avec les différents règnes du monde ambiant.  Comme le Créateur respecte la liberté dont il a doté chacun, il ne peut évaluer à sa place un être libre qui ne s’évalue pas, il ne peut que maintenir dirigé vers lui le flot de son Énergie cosmique d’Amour pur afin de supporter ses efforts de compréhension de son être et des principes de la Vie universelle.  Il ne peut donner à chacun que ce que celui-ci attire ou demande à titre de co-créateur.  Or, ce qu’un être ne demande pas ne lui appartient pas.  Car, en paraphrasant, il importe de rappeler qu’«il faut demander pour recevoir, chercher pour trouver et frapper pour être accueilli».

Tout bien compris, il importe donc qu’un être sache s’aimer, se respecter, s’accepter dans sa grandeur et sa dignité.  Plus il s’aime, plus il voit grand, il pense dans l’ouverture, plus il reçoit en qualité, en intensité et en quantité.  Il importe également qu’il sache ce qu’il veut et qu’il s’évalue de façon claire, nette et précise en regard de l’abondance qu’il espère, en retenant que cette évaluation, qui n’est que temporaire, doit rester ouverte au plus qui permet la croissance et l’expansion infinie.  Cette évaluation forme le moule-de-pensée qui sert de creuset à l’Énergie cosmique ou à la Force vitale pour manifester la réalité individuelle.  Mais cette évaluation doit recevoir l’assentiment de sa raison et de son cœur : dans un royaume divisé, la rivalité s’installe, ouvrant la porte au doute, à l’hostilité, à la division, à la révolte, à l’échec et à la ruine.

Tout être a été créé à l’image et à la ressemblance de son Créateur, ce qui n’a jamais changé.  Cette réalité n’a été que progressivement oubliée, engendrant une séparation apparente d’avec la Source divine et  occultant la vérité, ce qui donna naissance à l’ignorance, qui n’est jamais qu’un manque de conscience, mais qui fausse la donne.  L’éloignement de la Source produit la densification de l’énergie, l’opacité des formes et l’enténèbrement de la conscience, ce qui explique la multiplicité apparente des êtres.  L’ignorance empêche de percevoir la réalité telle qu’elle se présente, dans son unité indivisible, au-delà des illusions ou des apparences.

Ici, certains objecteront qu’il est dit de demander dans le détachement, donc sans désir et sans attente de retour.  Effectivement, il importe de renoncer à ses attentes si elles risquent de réduire la portée du retour au centuple, ce qui est généralement le cas.  Le Créateur sait mieux évaluer la valeur réelle d’un geste que celui qui le pose, parce que ce dernier est perdu dans la dualité.  L’être qui porte une attente forme spontanément un moule-de-pensée qui, devenant prioritaire, selon le principe de la liberté individuelle, prend préséance sur le juste retour tel qu’il aurait pu être mesuré par la Providence divine.  Du reste, l’Énergie cosmique, bien qu’elle soit intelligente, respecte la liberté individuelle, de sorte qu’elle ne peut choisir, pour l’individu, lequel des deux moules-de-pensée lui convient le mieux entre celui qu’il a formé lui-même et celui qui relève du juste retour au centuple.  Au niveau de la créativité, deux moules-de-pensée agissent à la manière de diapositives superposées dans un projecteur : ils mêlent deux réalités, brouillant les images mentales, et ils aboutissent à une manifestation trouble qui finit par avorter.

Toutefois, dans la majorité des cas, l’injonction de renoncer aux attentes n’implique rien d’autre qu’un principe de sagesse qu’il convient d’éclairer ici.  En raison de la part d’ego, dont tout être est affligé, ici-bas, nul ne peut vraiment prétendre pouvoir se détacher complètement de ses affects qui deviennent des désirs et qui éveillent la motivation, donnant du ressort à la volonté qui resterait autrement inerte.  Dans tout geste ou tout acte qu’un être accomplit, il conserve un intérêt, donc une attente.  Le sujet qui n’aurait pas d’attente ne penserait pas à demander, d’où il ne développerait pas sa créativité ou son pouvoir créatif.  Dans ce contexte, l’injonction d’écarter les attentes appelle plutôt à clarifier ses attentes et à les verbaliser à qui de droit, à soi-même ou à autrui, pour leur enlever toute vibration mensongère ou dominatrice.  Dans le premier cas, elle permet à un sujet d’harmoniser son propos extérieur et son monologue intérieur.  Dans le deuxième cas, elle appelle le bienfaiteur à informer le débiteur de la raison véritable pour laquelle il pose un geste à son endroit afin qu’il puisse en évaluer les conséquences et qu’il puisse faire le choix éclairé d’accepter ou de refuser ce qui pourrait impliquer un genre de dette avec la quelle il n’est pas d’accord ou qu’il ne serait pas en mesure d’assumer.  Dans le troisième cas, elle force à agir dans l’intégrité : il peut arriver qu’on trompe les autres sur ses intentions, mais on ne trompera jamais Dieu.

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Tant qu’il sera plongé dans la densité et la dualité, l’être humain devra toujours travailler d’une façon ou d’une autre, s’il veut éviter que la société régresse par stagnation ou inertie.  De ce fait, le travail ne constitue pas une corvée qui s’impose à l’homme et à laquelle il doit tenter d’échapper.  Plutôt, il représente une expérience dynamique à travers laquelle il peut exercer ses facultés mentales, investir son énergie physique, améliorer sa dextérité, développer une compétence.  C’est par le travail qu’il a évolué jusqu’à son état actuel et c’est par le travail qu’il améliorera son état futur.  C’est sa notion du travail qui doit changer, comme sa façon de l’aborder.  Ce n’est qu’en façonnant ou en donnant naissance à une chose par ses propres efforts que l’être humain en vient à reconnaître sa dignité.  De même que les muscles s’atrophient, s’ils ne sont pas sollicités, ainsi le sens de l’initiative s’amenuise-t-il, s’il n’est pas stimulé.  C’est dans le travail que l’homme développe son talent, son adresse et sa créativité.  Il doit se tirer des tâches monotones qui engendrent la torpeur et une lassitude mentale par une fixation constante de la conscience.  Il doit aussi mieux doser les phases de travail laborieux qui engendrent l’aversion, donnant l’impression d’une torture quotidienne.  Il doit reconnaître que travailler consiste d’abord à expérimenter.  De ce fait, l’homme devrait se consacrer à faire ce qu’il aime et qui correspond à ses compétences.

La croyance qu’il faut travailler dur pour obtenir le confort et le bien-être, voilà largement la raison qui explique que l’être humain ne peut se les procurer autrement.  En se libérant de cette conception qui le limite, il apprendra à apprécier le plan terrestre sans avoir à faire ce qui ne plaît à personne : trimer dur à la sueur de ses bras.  Chacun doit se défaire de ses stéréotypes mentaux selon lesquels il n’a pas le droit de se reposer, de jouir des bienfaits de la vie sans effort, de se permettre de faire ce qu’il a le goût de faire.  Car ce qu’un être pense devient sa réalité.  Nul n’est né d’abord pour faire, mais pour être.  Aussi, si on doit travailler, faut-il accomplir son travail avec son cœur, non seulement avec sa tête.  Autrement dit, il faut apprendre à faire ce qu’on aime ou à aimer ce qu’on fait en lui trouvant une motivation supérieure, pour maintenir ses énergies élevées et vraiment contribuer à l’avancement de la planète.  En fait, l’être humain s’incarne pour faire passer des informations nouvelles, des idées, des outils de plénitude là où il choisit de travailler, car chacun est une chef de file dans son domaine.  Et chacun travaille dans différents domaines pour aider à développer la nouvelle conscience dans toutes les activités et sphères de la société.  Mais c’est en évoluant spirituellement, en éveillant sa lumière intérieure, qu’on peut devenir source de lumière et d’éveil pour les autres.  Ce qui détermine son potentiel évolutif, ce n’est pas le travail qu’on fait, mais la manière dont on le fait et ce qu’on en pense.

Le travail permet de faire naître quelque chose pour soi, de mettre au monde un processus en soi, visant à amener une toute nouvelle façon de tirer parti de la créativité.  Chacun peut devenir autre chose qu’un employé ou un travailleur en s’ouvrant à l’intuition plutôt qu’à la logique.  Dans tout travail, un être peut découvrir quelque chose sur lui-même.  Alors, il vit une expérience en créant pour d’autres un chemin vers la Réalité, élaboré en lui en se servant de sa réalité et en permettant à différentes phases et à divers contextes de passer à travers lui et d’être réarrangés en un nouvel ordre, ce qui n’est pas facile.  Le travail représente un engagement envers soi qui, par ricochet, permet d’aider les autres.  C’est en œuvrant dans cet esprit qu’on réussit, qu’on permet qu’il soit toujours pourvu à ses besoins, qu’on ne soit jamais abandonné sans ressource.  Alors, tout fonctionne selon un plan qu’il faut découvrir, mais qui s’ordonne de lui-même.  Ainsi, tout travail contribue à accroître sa confiance en soi, à s’aimer, à découvrir qui on est.  Il aide à explorer des parties de soi belles ou sombres que l’on ne soupçonne pas porter.  En suivant le fil, tout fonctionne à merveille.  On se guérit peu à peu en allumant ses codes de conscience.  Ainsi, on permet que le travail prolonge l’activité de l’âme.

Toutefois, on aurait tort de croire qu’une chose prend de la valeur dans la mesure qu’on travaille pour l’obtenir, comme on aurait tort de croire qu’on ne peut pas se procurer une chose à moins de trimer dur pour l’obtenir.  Au contraire, il faut voir tout se réaliser dans sa vie toujours plus facilement, naturellement, sans effort.  Si une chose semble demander trop d’effort ou de travail, on devrait comprendre qu’on n’a pas entrepris la bonne chose.  L’être humain n’est pas une bête de somme.  Ce n’est que lorsque les choses prennent forme sans effort, prenant place simplement, sans que personne n’ait à faire grand-chose, que c’est la bonne chose à faire.  Et ce n’est pas une attitude irresponsable que d’apprendre à penser ainsi.

Dans la vie, il faut faire les choses sans effort, dans la joie, commandant à la réalité de se présenter à soi d’une manière facile, qui laisse place à beaucoup d’énergie à investir dans d’autres formes d’expériences.  Si on croit que les choses sont difficiles à faire, il faut se demander ce qu’on peut bien être en train de créer.  Le travail ne doit représenter qu’un état d’être ou un aspect de sa destinée, la tâche sainte à accomplir.  Aussi, chaque fois qu’on sent le besoin de s’arrêter de travailler, on n’a qu’à sortir se promener en se réjouissant des merveilles de la Nature environnante pour se ressourcer.

En principe, on devrait considérer comme un travail tout ce qui contribue à son évolution.  Autrement dit, le premier travail consiste à évoluer sans cesse et à faire ce qu’il faut pour y arriver.  S’il s’agit d’être actif, qu’on s’active, mais si le besoin est de se divertir, de se reposer, de dormir ou de ne rien faire, qu’on se divertisse, qu’on se repose, qu’on dorme ou qu’on se livre au farniente sans culpabilité.  Quand on fait ce qu’on aime ou qu’on aime ce qu’on fait, on gagne toujours par dix ce qu’on croit perdre.  Et, généralement, on ne tarde pas à en avoir la manifestation.

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Alors, comment faut-il concevoir la notion de travail sur soi?  Cette expression recouvre toutes les expériences évolutives, notamment celles qui permettent de remettre la personnalité à sa place afin que l’Individualité puisse s’exprimer en tant qu’âme ou unité spirituelle.  Il consiste à s’affranchir de ses rêves personnels, de son sommeil spirituel, de l’hypnose collective, des ordres du mental, des commandements religieux, afin de mieux sonder sa réalité propre par la créativité vraie.  En fait, le travail sur soi, synonyme de travail spirituel, identifie l’expérience personnelle qui favorise l’expansion de la conscience et mène ultimement à l’éveil spirituel ou à l’illumination divine.  Le but de chacun consiste à trouver sa vérité propre en devenant un canal parfait de l’énergie divine, ce qui se produit en faisant circuler à travers soi des énergies de plus en plus pures et raffinées.

travail-spirituelMais le travail sur soi n’a rien de commun avec les efforts de contrôle, les incursions psychiques, la spéculation intellectuelle, le gavage rationnel.  Il vise à ressentir des états d’être toujours de plus en plus merveilleux, sans égard au faire, à l’avoir, au paraître, au jouir, au conquérir ou au dominer.  Il se réalise en communiquant toujours davantage avec son Esprit par l’intermédiaire de son âme pour connaître et réaliser son plan de vie.

Ainsi, le travail sur soi ne réside pas dans une analyse des événements que l’on vit, des expériences que l’on poursuit, mais d’une quête d’être, de qualité d’être, toute dégagée des objectifs mentaux, en transcendant les plans de conscience inférieurs.  L’être s’occupe d’élever sa conscience jusqu’au niveau de l’Esprit ou de l’Absolu, en franchissant successivement les sept marches de l’éveil spirituel.  Il s’opère par les expériences de ressenti, de visualisation, de prière, de créativité spirituelle, de méditation, de contacts énergétiques.  Il favorise les expériences qui aident à se libérer intérieurement, donnent la vie, font vibrer davantage, non les expériences qui amènent à tourner en rond autour de son ego, comme la surveillance de ses pensées, le contrôle des émotions, l’application de la volonté, autant de moyens illusoires et stériles d’un point de vue évolutif.  Il s’applique à la direction des quatre éléments en soi.

Ainsi, le travail sur soi consiste à épurer son être extérieur pour découvrir son être intérieur et accéder à la Lumière.  Notons que cette Lumière n’est jamais loin, puisqu’elle brille dans son cœur.  Mais elle y est recouverte de tellement de voiles ténébreux qu’on peut s’en approcher sans la voir.  N’empêche que le travail sur soi consiste à ordonner et à structurer ses forces intérieures selon le modèle du Soleil, en se sentant le centre de son univers.

Récemment, en raison du changement de la grille magnétique de la Terre, le travail sur soi a pris le sens très simple d’accepter de participer au schème de l’Ascension et de s’abandonner inconditionnellement à la Lumière divine.  Ainsi, vivant le moment présent dans la conscience de l’Absolu, l’être incarné n’a plus qu’à observer ce que l’Esprit de Vie opère en lui à travers les expériences agréables et désagréables qu’il lui propose pour compléter sa purification et sa transformation.

© 2012-15, Bertrand Duhaime (Dourganandâ).  Tous droits réservés. Toute reproduction strictement interdite pour tous les pays du monde.  Publié sur : www.larchedegloire.com.  Merci de nous visiter sur : https://www.facebook.com/bertrand.duhaime.

QUEL SENS FAUT-IL DONNER AU TRAVAIL?

Le travail désigne une activité pénible qui laisse pressentir un tourment ou une souffrance, comme dans les grands travaux que Jésus a soufferts.  Il s’agit également de l’activité de l’être humain appliquée à la production, à la création, à l’entretien des biens utiles ou occupation d’une personne qui agit avec suite en vue d’obtenir un résultat définitif.  Il peut encore s’agir d’entreprises difficiles, périlleuses, mais glorieuses, comme dans les «douze travaux d’Hercule» de la Tradition antique.  En spiritualité, il consiste à devenir conscient de son engagement évolutif pour répondre à sa mission cosmique.

Quoi que fasse un être, il ne parviendra jamais à prendre conscience de l’abondance qu’il porte en lui et qu’il peut manifester au besoin tant qu’il n’aura pas relevé son estime de lui-même, qu’il n’aura pas accepté le principe de l’échange et du partage et qu’il n’aura pas choisi de le mettre, comme moyen, au service de son idéal ultime.  Surtout, il ne connaîtra jamais l’abondance tant qu’il ne se sentira pas partie prenante du phénomène de l’Approvisionnement universel.  Tout ce dont un être a besoin existe toujours en surabondance, si ce n’est en manifestation concrète, au moins en potentialité de manifestation.  De ce fait, pour devenir un canal de l’abondance, un sujet doit commencer par se considérer comme une entité cosmique, comme un atout universel et comme une ressource planétaire.  Comme tout se tient, qui croit à la pénurie des ressources croit à la pénurie de tout le reste.  Qui croit à la pénurie des moyens fait de cette conception sa réalité, même si elle est autre, en principe.

Pour croire à l’abondance des moyens, il faut rétablir sa relation avec l’Essence cosmique et avec les ressources planétaires et universelles qu’elle émane et fournit à tous les êtres.  Il faut considérer l’Essence cosmique comme la Source d’émanation de toutes les ressources;  l’Univers, comme le véhicule et répartiteur des ressources de l’Esprit cosmique;  la Terre, comme le récepteur et le distributeur de toute cette abondance de ressources universelles;  et soi-même, comme le bénéficiaire de toutes les ressources dont on a besoin.  Plus encore, il faut se sentir soi-même comme une ressource irremplaçable et indispensable de la Totalité.   En soi, le Cosmos, comme l’Univers et chaque planète, est surabondant.  Les ressources ne deviennent limitées qu’à travers une pensée limitée et un ressenti de pénurie.

Chaque être est une ressource autant dans son essence que dans sa nature, donc autant dans son être et sa vie que dans son corps et son psychisme (ses pensées, ses sentiments, ses émotions).  Et il vit sur la Terre qui est un monde de ressources, une planète qui chemine dans un Univers qui est un monde polyforme de ressources, jouant son rôle fonctionnel dans un Cosmos qui est un monde illimité de ressources de toutes sortes.  Voilà pourquoi il importe à celui qui compte attirer l’abondance de se considérer comme l’une des ressources de la Terre, de l’Univers et du Cosmos.  Il doit se savoir et se ressentir comme une source illimitée dans son pouvoir et dans ses potentialités, dans sa capacité de donner et de recevoir.  Il doit reconnaître ce fait même comme une ressource.   Chacun est, en potentiel, une provision illimitée, d’où chacun a le droit à donner à recevoir un approvisionnement illimité.  Pour attirer l’abondance, il ne lui suffit pas le croire, mais de reconnaître cette vérité, de la ressentir comme étant ce qu’il est.

Pour s’en convaincre, on pourrait répéter avec conviction la formule suivante : «Je Suis.  Je Suis Celui qui Est.  Je Suis l’Abondance incarnée.  En moi-même, Je Suis une provision illimitée.  Je Suis indispensable à la bonne marche de la Terre, de l’Univers et du Cosmos.  Je Suis essentiel à la Terre et Je Suis irremplaçable dans son économie.  En tant que membre de l’Humanité, je la complète et à titre de maillon de tous les autres règnes et éléments, je la rends entière.  Ainsi, je participe à la Totalité divine et l’Ensemble soutient Ce que Je Suis et J’en Suis une partie intégrante!»  Voilà comment on peut se sentir une ressource pleine de ressources.  En comprenant les choses ainsi, en les situant dans cette perspective de prospérité, on ne peut connaître aucun manque.  Il ne reste qu’à redéfinir les ressources, surtout celles dont on a besoin.      

Si une personne croit que l’argent ne peut provenir que d’un travail rémunéré et, de manière rarissime, comme un fruit du pur hasard, elle ne peut prospérer que selon son investissement quotidien dans ce genre de travail.  Sans s’en rendre compte, elle entretient dans son esprit une notion fondée sur une application laborieuse et servile qui ne peut que la desservir.  Autrement dit, elle se considère comme une bête de somme, qui doit produire à la sueur de ses bras, plutôt que comme un être créatif, qui peut engendrer ce qui comble ses besoins et ses désirs à la sueur de son front, soit par le processus de la créativité mentale.  En pareil cas, pour faire beaucoup d’argent, elle doit sans cesse compter sur la manifestation de nombreuses circonstances favorables convergentes : de bonnes études, de bons diplômes ou une grande compétence acquise sur le tas;  un métier, une profession ou un art très en demande;  beaucoup de temps pour travailler;  le lancement d’une entreprise prospère ou, à défaut, l’acceptation de son embauche dans une entreprise rentable gérée par un patron de bon vouloir, riche et généreux.  Car, dans ce dernier cas, sa prospérité restera conditionnée par la manière dont son patron mènera son affaire et saura augmenter constamment la rentabilité de son entreprise pour assumer le coût de la vie qui augmente sans cesse.

Fort heureusement, dans le domaine de l’Énergie cosmique, la réalité se présente autrement.  Puisque l’être s’incarne pour apprendre à se connaître lui-même, à travers de lui-même, de manière à reconnaître le pouvoir créatif dont il a été investi de toute éternité,  en développant sans cesse sa pureté d’intention et son potentiel amoureux, la notion du travail recouvre toute activité qui favorise l’évolution individuelle, donc exercée dans l’amour de soi et la pureté d’intention, mais simultanément menée dans la perspective de l’expression du bien commun et de la réalisation du Plan divin du Créateur.  C’est le sens de la proclamation cosmique qui dit : «Que ta Volonté soit faite, afin que la mienne se fasse!»   Dans la mesure où un être accepte de faire ce qui, dans son ordre fonctionnel et à sa mesure, donc au meilleur de sa compréhension et de ses moyens, favorise l’accomplissement du But ultime de la Vie, il peut compter sur l’appui de l’Univers pour réaliser ses désirs licites et légitimes et combler ses besoins réels.  Et, en cela, si l’individu n’a pas le choix d’accepter ou de refuser de participer à l’accomplissement de la Fin ultime du Cosmos, il détient le choix au niveau des moyens d’y parvenir.  Évidemment, il s’en tirera mieux s’il connaît son rôle fonctionnel, dans l’Économie cosmique, et s’il l’exerce correctement.

Ainsi, dans l’ordre de la manifestation de la prospérité, la notion qu’on forme du travail revêt une grande importance.  Au plan cosmique, est considérée comme un travail, toute activité qui, exercée dans l’amour et la pureté d’intention, aide à accroître le confort, le bien-être, la sérénité, l’amour, la compréhension, le savoir personnel et qui contribue, par ricochet, à la découverte de la Perfection du Tout.  En fait, le travail correspond précisément à ce que l’on appelle diversement, selon les enseignements spirituels, la mission cosmique, le service divin, le rôle fonctionnel, le plan de vie, la tâche quotidienne ou le devoir d’état.   Toute autre notion du travail relève d’une société de consommation mercantile biaisée, non du Vouloir divin.  Le Créateur ne demande pas à ses créatures de travailler, mais d’accomplir tout ce qui contribue à leur évolution personnelle et contribue à celle des autres.  À ce compte, même les heures de repos, de divertissement et de sommeil, qui contribuent à régénérer l’être et à l’égayer sainement, méritent une rémunération.  Donc, tant que l’argent reste le symbole de la valeur d’échange, chaque être incarné mérite un salaire qu’il peut concevoir en fonction de la grille horaire, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours par semaine, douze mois par année, année après année.  Dans ce système, la Banque cosmique, une image de l’Approvisionnement universel, reste toujours ouverte, ne chômant jamais : elle ne ferme pas pendant la nuit, les fins de semaine, les jours fériés, les congés et les vacances.

Pour certains, ces idées apparaissent plutôt utopiques du fait que, par leurs croyances conscientes et inconscientes, souvent très éloignées de la Vérité universelle, ils n’ont pu s’en donner la preuve.  On sait que, dans l’univers ou le champ d’expérience d’un être libre, au-delà de la Vérité éternelle, telle qu’elle existe, c’est ce qu’il pense le plus sûrement, avec le plus de force, qui devient sa vérité et ce sont ces pensées et ces ressentis qui se manifestent, car c’est en eux que, à son insu, il met sa foi ou son espérance, qu’il place son pouvoir et qu’il investit ses énergies.  D’autre part, il faut savoir qu’un être libre ne peut être rémunéré ou rétribué que selon la valeur et l’estime qu’il s’accorde personnellement et selon la qualité et l’intensité de ses échanges avec autrui et avec les différents règnes du monde ambiant.  Comme le Créateur respecte la liberté dont il a doté chacun, il ne peut évaluer à sa place un être libre qui ne s’évalue pas, il ne peut que maintenir dirigé vers lui le flot de son Énergie cosmique d’Amour pur afin de supporter ses efforts de compréhension de son être et des principes de la Vie universelle.  Il ne peut donner à chacun que ce que celui-ci attire ou demande à titre de co-créateur.  Or, ce qu’un être ne demande pas ne lui appartient pas.  Car, en paraphrasant, il importe de rappeler qu’«il faut demander pour recevoir, chercher pour trouver et frapper pour être accueilli».

Tout bien compris, il importe donc qu’un être sache s’aimer, se respecter, s’accepter dans sa grandeur et sa dignité.  Plus il s’aime, plus il voit grand, il pense dans l’ouverture, plus il reçoit en qualité, en intensité et en quantité.  Il importe également qu’il sache ce qu’il veut et qu’il s’évalue de façon claire, nette et précise en regard de l’abondance qu’il espère, en retenant que cette évaluation, qui n’est que temporaire, doit rester ouverte au plus qui permet la croissance et l’expansion infinie.  Cette évaluation forme le moule-de-pensée qui sert de creuset à l’Énergie cosmique ou à la Force vitale pour manifester la réalité individuelle.  Mais cette évaluation doit recevoir l’assentiment de sa raison et de son cœur : dans un royaume divisé, la rivalité s’installe, ouvrant la porte au doute, à l’hostilité, à la division, à la révolte, à l’échec et à la ruine.

Tout être a été créé à l’image et à la ressemblance de son Créateur, ce qui n’a jamais changé.  Cette réalité n’a été que progressivement oubliée, engendrant une séparation apparente d’avec la Source divine et  occultant la vérité, ce qui donna naissance à l’ignorance, qui n’est jamais qu’un manque de conscience, mais qui fausse la donne.  L’éloignement de la Source produit la densification de l’énergie, l’opacité des formes et l’enténèbrement de la conscience, ce qui explique la multiplicité apparente des êtres.  L’ignorance empêche de percevoir la réalité telle qu’elle se présente, dans son unité indivisible, au-delà des illusions ou des apparences.

Ici, certains objecteront qu’il est dit de demander dans le détachement, donc sans désir et sans attente de retour.  Effectivement, il importe de renoncer à ses attentes si elles risquent de réduire la portée du retour au centuple, ce qui est généralement le cas.  Le Créateur sait mieux évaluer la valeur réelle d’un geste que celui qui le pose, parce que ce dernier est perdu dans la dualité.  L’être qui porte une attente forme spontanément un moule-de-pensée qui, devenant prioritaire, selon le principe de la liberté individuelle, prend préséance sur le juste retour tel qu’il aurait pu être mesuré par la Providence divine.  Du reste, l’Énergie cosmique, bien qu’elle soit intelligente, respecte la liberté individuelle, de sorte qu’elle ne peut choisir, pour l’individu, lequel des deux moules-de-pensée lui convient le mieux entre celui qu’il a formé lui-même et celui qui relève du juste retour au centuple.  Au niveau de la créativité, deux moules-de-pensée agissent à la manière de diapositives superposées dans un projecteur : ils mêlent deux réalités, brouillant les images mentales, et ils aboutissent à une manifestation trouble qui finit par avorter.

Toutefois, dans la majorité des cas, l’injonction de renoncer aux attentes n’implique rien d’autre qu’un principe de sagesse qu’il convient d’éclairer ici.  En raison de la part d’ego, dont tout être est affligé, ici-bas, nul ne peut vraiment prétendre pouvoir se détacher complètement de ses affects qui deviennent des désirs et qui éveillent la motivation, donnant du ressort à la volonté qui resterait autrement inerte.  Dans tout geste ou tout acte qu’un être accomplit, il conserve un intérêt, donc une attente.  Le sujet qui n’aurait pas d’attente ne penserait pas à demander, d’où il ne développerait pas sa créativité ou son pouvoir créatif.  Dans ce contexte, l’injonction d’écarter les attentes appelle plutôt à clarifier ses attentes et à les verbaliser à qui de droit, à soi-même ou à autrui, pour leur enlever toute vibration mensongère ou dominatrice.  Dans le premier cas, elle permet à un sujet d’harmoniser son propos extérieur et son monologue intérieur.  Dans le deuxième cas, elle appelle le bienfaiteur à informer le débiteur de la raison véritable pour laquelle il pose un geste à son endroit afin qu’il puisse en évaluer les conséquences et qu’il puisse faire le choix éclairé d’accepter ou de refuser ce qui pourrait impliquer un genre de dette avec laquelle il n’est pas d’accord ou qu’il ne serait pas en mesure d’assumer.  Dans le troisième cas, elle force à agir dans l’intégrité : il peut arriver qu’on trompe les autres sur ses intentions, mais on ne trompera jamais Dieu.

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Tant qu’il sera plongé dans la densité et la dualité, l’être humain devra toujours travailler d’une façon ou d’une autre, s’il veut éviter que la société régresse par stagnation ou inertie.  De ce fait, le travail ne constitue pas une corvée qui s’impose à l’homme et à laquelle il doit tenter d’échapper.  Plutôt, il représente une expérience dynamique à travers laquelle il peut exercer ses facultés mentales, investir son énergie physique, améliorer sa dextérité, développer une compétence.  C’est par le travail qu’il a évolué jusqu’à son état actuel et c’est par le travail qu’il améliorera son état futur.  C’est sa notion du travail qui doit changer, comme sa façon de l’aborder.  Ce n’est qu’en façonnant ou en donnant naissance à une chose par ses propres efforts que l’être humain en vient à reconnaître sa dignité.  De même que les muscles s’atrophient, s’ils ne sont pas sollicités, ainsi le sens de l’initiative s’amenuise-t-il, s’il n’est pas stimulé.  C’est dans le travail que l’homme développe son talent, son adresse et sa créativité.  Il doit se tirer des tâches monotones qui engendrent la torpeur et une lassitude mentale par une fixation constante de la conscience.  Il doit aussi mieux doser les phases de travail laborieux qui engendrent l’aversion, donnant l’impression d’une torture quotidienne.  Il doit reconnaître que travailler consiste d’abord à expérimenter.  De ce fait, l’homme devrait se consacrer à faire ce qu’il aime et qui correspond à ses compétences.

La croyance qu’il faille travailler dur pour obtenir le confort et le bien-être, voilà largement la raison qui explique que l’être humain ne peut se les procurer autrement.  En se libérant de cette conception qui le limite, il apprendra à apprécier le plan terrestre sans avoir à faire ce qui ne plaît à personne : trimer dur à la sueur de ses bras.  Chacun doit se défaire de ses stéréotypes mentaux selon lesquels il n’a pas le droit de se reposer, de jouir des bienfaits de la vie sans effort, de se permettre de faire ce qu’il a le goût de faire.  Car ce qu’un être pense devient sa réalité.  Nul n’est né d’abord pour faire, mais pour être.  Aussi, si on doit travailler, faut-il accomplir son travail avec son cœur, non seulement avec sa tête.  Autrement dit, il faut apprendre à faire ce qu’on aime ou à aimer ce qu’on fait en lui trouvant une motivation supérieure, pour maintenir ses énergies élevées et vraiment contribuer à l’avancement de la planète.  En fait, l’être humain s’incarne pour faire passer des informations nouvelles, des idées, des outils de plénitude là où il choisit de travailler, car chacun est une chef de file dans son domaine.  Et chacun travaille dans différents domaines pour aider à développer la nouvelle conscientéléchargementce dans toutes les activités et sphères de la société.  Mais c’est en évoluant spirituellement, en éveillant sa lumière intérieure, qu’on peut devenir source de lumière et d’éveil pour les autres.  Ce qui détermine son potentiel évolutif, ce n’est pas le travail qu’on fait, mais la manière dont on le fait et ce qu’on en pense.

Le travail permet de faire naître quelque chose pour soi, de mettre au monde un processus en soi, visant à amener une toute nouvelle façon de tirer parti de la créativité.  Chacun peut devenir autre chose qu’un employé ou un travailleur en s’ouvrant à l’intuition plutôt qu’à la logique.  Dans tout travail, un être peut découvrir quelque chose sur lui-même.  Alors, il vit une expérience en créant pour d’autres un chemin vers la Réalité, élaboré en lui en se servant de sa réalité et en permettant à différentes phases et à divers contextes de passer à travers lui et d’être réarrangés en un nouvel ordre, ce qui n’est pas facile.  Le travail représente un engagement envers soi qui, par ricochet, permet d’aider les autres.  C’est en œuvrant dans cet esprit qu’on réussit, qu’on permet qu’il soit toujours pourvu à ses besoins, qu’on ne soit jamais abandonné sans ressource.  Alors, tout fonctionne selon un plan qu’il faut découvrir, mais qui s’ordonne de lui-même.  Ainsi, tout travail contribue à accroître sa confiance en soi, à s’aimer, à découvrir qui on est.  Il aide à explorer des parties de soi belles ou sombres que l’on ne soupçonne pas porter.  En suivant le fil, tout fonctionne à merveille.  On se guérit peu à peu en allumant ses codes de conscience.  Ainsi, on permet que le travail prolonge l’activité de l’âme.

Toutefois, on aurait tort de croire qu’une chose prend de la valeur dans la mesure qu’on travaille pour l’obtenir, comme on aurait tort de croire qu’on ne peut pas se procurer une chose à moins de trimer dur pour l’obtenir.  Au contraire, il faut voir tout se réaliser dans sa vie toujours plus facilement, naturellement, sans effort.  Si une chose semble demander trop d’effort ou de travail, on devrait comprendre qu’on n’a pas entrepris la bonne chose.  L’être humain n’est pas une bête de somme.  Ce n’est que lorsque les choses prennent forme sans effort, prenant place simplement, sans que personne n’ait à faire grand-chose, que c’est la bonne chose à faire.  Et ce n’est pas une attitude irresponsable que d’apprendre à penser ainsi.

Dans la vie, il faut faire les choses sans effort, dans la joie, commandant à la réalité de se présenter à soi d’une manière facile, qui laisse place à beaucoup d’énergie à investir dans d’autres formes d’expériences.  Si on croit que les choses sont difficiles à faire, il faut se demander ce qu’on peut bien être en train de créer.  Le travail ne doit représenter qu’un état d’être ou un aspect de sa destinée, la tâche sainte à accomplir.  Aussi, chaque fois qu’on sent le besoin de s’arrêter de travailler, on n’a qu’à sortir se promener en se réjouissant des merveilles de la Nature environnante pour se ressourcer.

En principe, l’être incarné devrait considérer comme un travail tout ce qui contribue à son évolution, ce qui passe nécessairement par l’assentiment de son coeur.  Autrement dit, le premier travail consiste à évoluer sans cesse et à faire ce qu’il faut pour y arriver, mais dans l’esprit du Grand Jeu amoureux.  S’il s’agit d’être actif, qu’on s’active, mais si le besoin est de se divertir, de se reposer, de dormir ou de ne rien faire, qu’on se divertisse, qu’on se repose, qu’on dorme ou qu’on se livre au farniente sans culpabilité.  Quand on fait ce qu’on aime ou qu’on aime ce qu’on fait, on gagne toujours par dix ce qu’on croit perdre.  Et, généralement, on ne tarde pas à en avoir la manifestation.

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