Dans la Cabale, le mot Tétragramme désigne le phonème «IEVE», le nom propre de Dieu, d’où procèdent les mots «Yahvé» et même, de manière absurde, ârce qu’inventé de toute pièce, «Jéhovah», le nom caché de Dieu représenté par les lettres et les sons «iod-he-vav-he», soit la Puissance totale qui se réfléchit, s’explique et se féconde par elle-même.  Il révèle le Fondement de la Pyramide cosmique, la Pierre philosophale, la Pierre cubique et la Croix du Christ.  Ce son, dûment prononcé, active toutes les potentialités de l’être incarné, créé à l’Image et à la Ressemblance de l’Absolu.

Le Tanak (la Bible hébraïque) ratétragrammepporte que cette expression fut entendue par Moïse, au sommet du mont Horeb, dans le désert du Sinaï.  L’explication du Tétragramme par la Bible elle-même se trouve en Ex 3, 13-14, qui rapporte ainsi l’épisode du «Buisson ardent» : «Moïse dit à Elohim : «Voici, je vais trouver les Israélites et je leur dis : Elohim de vos pères m’a envoyé vers vous.» Mais s’ils me disent : «Quel est son nom?», que leur dirai-je ? Elohim dit à Moïse : «Je suis ce que je suis» «Ehyéh Acher Ehyéh» ou  אֶֽהְיֶ֖ה אֲשֶׁ֣ר אֶֽהְיֶ֑ה).  Et il dit : «Voici ce que tu diras aux Israélites : «Je serai qui je serai» ou «Que je sois qui je serai» (Ehyéh) m’a envoyé vers vous.)).   «Ehyéh Acher Ehyéh» peut se traduire diversement par «Je Suis Je Suis», «Je Suis le Je Suis» ou «l’Être», «Je Suis Ce Que Je Suis» ou «Je Suis Celui Qui Suis».  Mieux, on peut l’exprimer par : «Je Suis Celui que Je Suis, qui est, qui fut et qui sera, le Tout-Puissant.»  Il semblerait que ce Verbe désigne Sanat Kumara que le Sans Nom a nommé Roi du Monde.  Quant à la Bible de Jérusalem, elle préfère rendre cette expression par «Je suis celui qui suis» dans la traduction due à Louis Segond et par «Je suis qui je serai» dans la TOB (Traduction œcuménique de la Bible).  La Bible de Rabbinat traduit par «Être invariable», qui paraît être une contamination du «Theos» grec de la Septante.

Pour les Juifs, ce nom – dont la vocalisation, si elle a jamais existé, n’est pas connue – ne doit pas être prononcé, en vertu du Troisième Commandement, traduit par : «Tu ne prononceras pas le nom de YHWH en vain…» Aussi, les rabbanites ou pharisiens disaient-ils «Adônaï»; les Samaritains, «Schimâ».  Et quand le lecteur rencontre le Tétragramme dans les Écritures hébraïques, d’autres expressions doivent lui être substituées à l’oral, le plus souvent Adonaï «Mon Seigneur», de temps en temps Elohim «Puissances».  Dans les conversations courantes, pour éviter de prononcer ce mot, on parle du «haChem», ce qui signifie «le Nom»).    En revanche, les Chrétiens l’ont parfois transcrit dans les traductions par «Yahvé», «Yahweh» ou «Jehovah», en le prononçant bel et bien.  Quant à elles, les Bibles protestantes traduisent le Tétragramme par «l’Éternel», comme le fit originellement Louis Segond.  Cependant, depuis le début du XXIᵉ siècle, l’Église catholique préconise de remplacer «YHWH» par l’appellation «le Seigneur».

Pour tout dire, l’Initié sait que, à l’origine, la prononciation de ce mot n’était nullement interdite.  Il sait encore que, après l’apparente interdiction rabbinique, ce nom fut prononcé plus souvent qu’on le dit ou qu’on veut bien l’admettre puisqu’il s’agissait partiellement du mot dont le Grand Prêtre, entrant dans le Saint des Saints, où il se présentait, seul, devant l’arche d’alliance, se servait pour entrer en communication avec les présences tutélaires des Vaisseaux de Lumière.  En fait, l’expression complète qu’il utilisait était : «ANKAR-IOD-HE-VAU-HE».  Celle-ci signifie approximativement : «Requête de permission d’avoir recours à la formule IEVE» ou aux Puissances des Éléments pour obtenir de l’aide.  Il servait à activer le Merkaba.  Ce sont les fidèles ordinaires, qui se rendaient au temple, dont on voulait spolier le pouvoir, pour mieux les dominer, qui avaient reçu l’interdiction d’en faire usage, même qu’ils ne devaient jamais l’entendre prononcer.

Pour plus ample informé sur le Tétragramme lui-même, disons que, dans la Dynamique suprême de l’Émanation, l’«iod» figure le Père de la Vie, l’Alpha, l’Origine, le Principe actif, immuable, indivisible, le Tout primordial, la Puissance créatrice, la Source jaillissante.  Sa théogamie exprime la réalité de Dieu en tant que Vouloir, Lion, Feu sacré, le sec et chaud, été, rogue, fer, soustraction.  Il marque le cycle du 1 au 10 (1 + 2 + 3 + 4) et il figure le Bâton du commandement, le Linga de l’expression virile active et émissive, la Force du pouvoir générateur masculin.

Quant au premier «he», il figure le Principe passif, dans le sens de réceptif, accueillant, gestatif et organisateur, la Nature divine, la Nature naturante, la Matrice cosmique, la Substance cosmique, l’Intelligence universelle, la Mère cosmique, la Femme primordiale, dédoublement de l’Être unique, agissant comme le Miroir de Dieu.  Sa cosmologie rappelle la Mère divine, le Cosmos comme Principe subtil du Corps de Dieu, le Savoir, l’Esprit, l’Eau, l’Ange, l’humide et froid, hiver, vert, cuivre, l’addition (2 x 5 = 10).  Il s’agit de la Coupe ou du Calice, le Vase divinatoire et le Réceptacle féminin, le Yoni divin, autant intellectuel que physique.

En «vav», prononcé correctement, se retrouve la cohésion des deux Principes premiers, actif et passif, qui s’équilibrent, s’harmonisent et se neutralisent pour engendrer le Fils de Dieu, l’Âme universelle, le Christ, le Lien subtil entre Dieu et l’Univers, né de l’Amour ou de l’attraction mutuelle.  Il élabore l’androgynie : Homme universel, Oser, Air, Aigle, le chaud et humide, automne, bleu, étain, division (5 + 5 = 10).  Il s’agit de l’Épée ou du Glaive qui évoque la Croix, l’union féconde des Principes masculin et féminin, avec idée de fusion et de coopération des Opposés apparents, mais compatibles et complémentaires, dans l’action pénétrante.  Le Chef d’œuvre de la Création.

Enfin, le dernier «he» suggère la répétition en bas, dans l’inversion, le retour à l’Unité, la Réalisation transcendantale sur tous les plans.  Ainsi, la Mère divine, dans son redon amoureux, engendre la Fille divine ou le Fondement solide, ferme et stable sur lequel le Fils peut mettre le pied pour s’adonner à ses expériences de découverte de lui-même.  Il s’agit de la Nature naturée, qui reproduit la Mère cosmique au niveau concret, tangible et palpable, donc dans le visible, comme reflet phénoménal ou formel.  Tout se passe dans l’ordre de la physique : Nature concrète, Se taire, Terre, Bœuf, le froid et sec, printemps, noir, plomb, multiplication (10 ÷ 2 = 5).  On le relie au sicle ou au denier, au disque pentaculaire du Tarot, qui évoque les biens matériels, la créativité formelle, l’activité servile et le commerce, la Matière condensatrice, mais de signification spirituelle, comme synthèse qui ramène le ternaire à l’Unité.

Ainsi, au total, le «vav» (le Christ) doit se souvenir de l’«iod» (le Père) et s’enrichir de lui.  Alors, l’Homme devient conscient.  Et, chacun des aspects de la Matérialité – «he» supérieur et «he» inférieur — reprend alors sa place.  Le Tétragramme est relié à «Hockmah», donc au Zodiaque, et il éclaire l’Activité éternelle de l’Énergie divine, la Perfection absolue et éternelle qui règne dans l’infinie profondeur des Cieux.  Sa Puissance ne doit être évotetragrammequée que dans la pureté d’intention et l’élan d’amour de l’âme vers son Créateur, dans la conscience qu’il révèle un être à lui-même, sans quoi il risque d’abaisser l’arrogant qui tenterait de s’élever sans respect des réalités sacrées.  Il convient d’éviter d’employer ce mot en dehors d’un rituel, préférant parler du Tétragramme, pour s’éviter un genre de profanation.

Dans une intrigante perspective, on peut ajouter que le nom de Jésus, comme celui de Josué, contient, dans l’ordre, les quatre lettres du Tétragramme.  Les premiers à utiliser le nom du Maître de l’Ère des Poissons sous cette forme hébraïsée «Yeshouah» ou «Yeheshouah» seront les occultistes de la Renaissance de la première moitié du XVIᵉ siècle (voir la Clavicula Salomonis et le Calendrium Naturale Perpetuum). À la suite de Pic de la Mirandole, ils feront dériver ce nom du Tétragramme hébraïque IEVE ou YHVH (יהוה) en lui ajoutant, au milieu, un Shin (ש) afin de produire un Pentagrammaton YHSVH (יהשוה) dont Jésus serait le cœur.  Il s’agirait de la translittération latine de JHSVH ou IHSVH ou IHSUH dont les trois premières lettres sont le monogramme IHS/JHS du nom de Jésus (dérivé du grec ΙΗΣ).  Ce Pentagramme sacré sera récupéré et disséminé, via le Martinisme, dans le magisme du XIXᵉ siècle par l’occultiste Eliphas Lévi, avant d’être récupéré par les mouvements magiques du XXᵉ siècle, comme la Golden Dawn.

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