Pour parvenir à nous concentrer sur une activité du corps, nous devons apprendre à induire en nous le silence, ce que nous trouvons des plus difficiles.  Nous avons du mal à établir le silence, une difficulté qui résulte de notre peur d’y perdre quelque chose, puisqu’il implique le vide.  Nous sommes tellement persuadés que nous devons garder, dans notre champ de conscience, tous nos problèmes, petits et gros, afin de leur trouver une solution.  Un poète a dit : Le monde est trop avec nous, gagnant ou dépendant, nous épuisons notre puissance.  Cela doit nous amener à nous demander si la réponse à nos maux réside dans la préoccupation constante?

            Beaucoup se demandent comment trouver une solution aux difficultés qui les assaillent et les étouffent.  Peu se demandent comment vivre de sagesse pour éviter de se créer des difficultés.  Nous aimons chercher des médecins capables de nous fournir des réponses, mais cela ne contribue-t-il pas à nous amener à nous fier que nous trouverons toujours quelqu’un d’autre qui se donnera la peine de penser à trouver les moyens de nous tirer de nos dilemmes par ses propres déductions?  L’application pertinente en pareil cas, n’est-ce pas de considérer à quel point le silence est une denrée peu coûteuse et payante pour celui qui se donne la peine d’y avoir un peu recours?  D’abord, on y découvre un grand repos et, plus on l’entretient, plus il éclaire nos questions pour nous aider à nous libérer de problème précis.

            Lorsque nous ressentons le besoin de trouver une réponse, nous pouvons accéder mentalement à celle-ci en nous demandant quelle suggestion nous ferions à un autre qui se trouverait dans la même situation.  Voilà une vieille méthode que tous connaissent mais que nous avons probablement classée au rang des trucs vieillots.  Ce que le Yoga mental renie, c’est le sentiment de limitation en ramenant constamment à l’esprit l’idée que l’homme a été créé à l’image et à la ressemblance de Dieu, qui est illimité.

            Vous ne pouvez commencer à jouir du calme, à vous concentrer et à participer à cette vie en vivant pleinement, au lieu de vous plaindre, qu’au moment où vous faites disparaître votre sentiment de limitation.  Votre vie n’est rien d’autre que ce qui se projette sur l’écran de votre conscience.  Mais vous devez retenir que le projecteur, c’est vous.  Un verre vous apparaît à moitié plein ou à moitié vide selon le point de vue personnel que vous avez formé au gré de vos expériences majoritairement agréables ou désagréables.  Tout est coloré par l’aspect que nous retenons d’une réalité.  Nous avons de la misère à nous placer dans la perspective de l’illimité pour avoir entendu, pendant des années, des idées de nature à nous inhiber et à nous faire refouler, mais nous ne sommes pas moins coupables de ce fait.  Malgré cela, ne vous désespérez pas de votre recherche, elle vous mène toujours de l’avant.

            La concentration requiert la maîtrise de soi et, la maîtrise de soi, l’aptitude à se concentrer.  Quel dilemme et quel paradoxe, direz-vous!  En effet, il s’agit d’un cycle, et il ne commence qu’en vous disciplinant un peu, et chaque jour davantage, afin de maîtriser votre caractère et vos pulsions primaires.  Cette discipline, qui, au début, vous fait serrer les dents, devient le fardeau léger dont parle l’Évangile quand vous en ressentez tous les bienfaits dans votre organisme.  Convaincus que la colère et l’insatisfaction, à leur stade chronique, vous empoisonnent le sang et la vie, choisissez de vous rendre la vie plus heureuse. 

            Le Yoga n’entend pas vous amener à souffrir.  Nous avons cru trop longtemps qu’il fallait nous mutiler, nous sacrifier, nous anéantir pour nous élever vers la perfection.  Nous n’avons réussi qu’à développer des ulcères et à nous écarter de l’esprit de simplicité.  Nul ne peut diviser l’être humain.  Les artisans de l’évolution du monde ont donné, devant tout, l’exemple du courage et de la persévérance, mais aussi, la plupart du temps, d’une simplicité remarquable, presque d’une attitude d’émerveillement enfantin.  C’est ainsi que nous avons découvert nos puissances.

            En fait, savons-nous seulement ce qui nous a été donné comme puissance?  Nous savons participer à la vie, mais cela nous pèse.  Ce n’est pas grand-chose que la vie.  Ce mot de trois lettres suffit à illustrer ce que nous sommes : des êtres vivants.  Depuis le début de l’Histoire, les sages et les penseurs ont proposé divers termes pour décrire la réalité humaine et lui donner un peu plus d’importance.  Les dictionnaires de tous genres en témoignent.  Mais il n’en reste pas moins que nous tirons toute notre importance de notre relation au réel, de notre relation à la Grande Réalité.

            En cela, le silence est une condition de l’éveil de la conscience.    

 

Janaka-anandâ © 1980-2014 Yogi Inn, Vermont, USA.

 

 

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