LE RITE DE PASSAGE AIDE À FRANCHIR UNE ÉTAPE DE LA MATURATION…

Le rite de passage désigne une célébration pour souligner la progression en âge, l’accession à un nouveau statut ou l’acquisition de nouveaux droits (circoncision, tonsure, attribution de la toge virile, etc.)   Il marque un degré qui ponctue une période de l’existence où il importe d’être tiré d’un état qui risque de devenir statique et improductif.  C’est un processus plus qu’un résultat qui évoque que le terme d’une phase de la vie en entraîne une autre, avec de nouvelles exigences et de nourite-de-passage36123velles responsabilités.  Il invite à ne pas succomber à la tentation d’essayer de retenir le temps ou de se cramponner à un lieu sécurisant puisqu’il n’est pas du pouvoir d’un être d’arrêter le mouvement de la vie, d’inverser les cycles ou d’abolir les lois.

 De manière générale, on peut définir les rites de passage comme une cérémonie communautaire qui prépare et accompagne le passage  d’une personne ou d’un groupe de personnes d’un état d’âme à un autre, d’un statut social à un autre, d’une identité à une autre, d’une conception de soi à une autre ou d’une image de soi à une autre.  Ils sont destinés à révéler ou à écarter les dangers que feraient courir à l’intéressé ou à la communauté les énergies qui y sont engagées.  Autrement dit, ce n’est pas tant le passage lui-même qui est ritualisé, mais les énergies de vie investies dans ce passage.

Les périodes de passage sont souvent des moments de remise en question de soi, de ses goûts, de ses valeurs, du sens de la vie.  Le changement peut parfois s’accompagner d’un sentiment de crainte ou de confusion. Une porte s’ouvre : un être doit en franchir le seuil, mais sans savoir ce qu’il trouvera de l’autre côté.  Selon qu’il est audacieux ou timoré, il avance vers l’inconnu, vers une situation qui lui est étrangère, donc qui pourrait lui échapper, qui pourrait le grandir ou le perdre, mais sur laquelle il ne détient aucun contrôle.  Ainsi, certains passages prennent beaucoup de courage, de détermination, d’initiative personnelle, alors que d’autres ne comportent que du bonheur.

Dans la vie, un être ne peut ni s’arrêter, ni reculer, ni se cacher impunément.  Comme il ne peut pas arrêter le temps qui fait passer de l’enfance à la maturité, donc à une phase d’indépendance et de responsabilité.   Alors, à la fin d’une étape, il lui faut en entreprendre une autre, relever un nouveau défi, se préparer à une nouvelle quête, toujours plus élevée et difficile que la précédente.  Mais qu’importe, s’il a su développer ses compétences en activant ses potentialités?

Denys Jeffrey, un professeur de l’Université Laval, l’a très bien rappelé en écrivant : «Pour les groupes comme pour les individus, vivre, c’est sans cesse se désagréger et se reconstituer, changer d’état et de forme, mourir et renaître. C’est agir puis s’arrêter, attendre et se reposer pour recommencer ensuite à agir, mais autrement. Et toujours, ce sont de nouveaux seuils à franchir : seuils de l’été ou de l’hiver, de la saison ou de l’année, du mois ou de la nuit ; seuil de la naissance, de l’adolescence ou de l’âge mûr, de la vieillesse, de la mort ; et seuil de l’autre vie pour ceux qui y croient.»Confirmation

Il ajoute ailleurs : «Traverser une étape de la vie est parfois une expérience troublante. En avançant, nous acquérons certes quelque chose, mais nous perdons aussi quelque chose. Nous devons laisser derrière nous ce qu’on a été. Il y a la joie de passer à autre chose, mais le deuil de ne plus pouvoir revenir en arrière. Quelquefois un élan de nostalgie nous envahit.»

Dans les sociétés primitives, le rite de passage comprenait habituellement trois phases : une phase de séparation, une phase de mise en marge et une phase de réintégration.  Autrement, on regroupait les gens de même âge, de même sexe, de mêmes intérêts, de mêmes goûts, de mêmes occupations.  Ainsi, on établissait des classes ou des catégories sociales à partir des fonctions, des capacités ou des carences communes.  On regroupait les jeunes, les femmes, les célibataires, les mariés, les malades, les difformes, les vieillards.  Et on pensait que le passage d’un groupe à un autre produisait sur l’individu certains effets auxquels il devait se préparer.  Par exemple, un célibataire ne change-t-il pas son centre d’intérêt lorsqu’il se marie?  Une femme enceinte ne subit-elle pas des changements physiologiques?  Un jeune homme ne s’émeut-il pas lorsqu’il approche de la puberté?

Ce rite de passage s’effectuait au cours d’une cérémonie qui initiait le candidat à son nouveau statut social.  Au cours d’un rituel, on lui expliquait ses nouvelles fonctions dans le groupe et les nouveaux pouvoirs qu’il était censé y acquérir, le groupe étant convaincu qu’il recevait réellement un pouvoir particulier à ce moment-là.  Ce n’est que beaucoup plus tard que l’on élargit cette perspective en distinguant entre les groupes spécialisés d’artisans, d’ouvriers et de professions.  Ainsi, on entendait séparer les secteurs hautement développés ou spécialisés des secteurs ordinaires en en protégeant les secrets.  Par la suite, d’autres classes ou catégories se formèrent selon les possessions acquises, le degré d’instruction, les rôles fonctionnels, l’élection et la renommée, leur procurant un statut de supériorité et divers avantages.

Il semblerait que les passages les plus ritualisés soient : les étapes de la vie : la naissance, la puberté, le diplôme, le mariage, la retraite, la mort ;  les expériences de premières fois : premier amour, première expérience sexuelle, premier jour d’école, premier jour de travail, premier voyage, premier achat d’une voiture, premier jour de retraite, etc.;  les changements identitaires : enfant à adulte, célibataire à marié, étudiant à travailleur, civil à militaire, devenir homme, devenir femme, devenir père ou mère, et grand-père ou grand-mère, devenir une vedette, un personnage politique connu, devenir prêtre, rite-de-passage-synagoguedevenir transsexuel, devenir homosexuel, devenir handicapé, etc. ;  les changements d’états mentaux : suite à une conversion, à l’abstinence de drogues ou d’alcool, suite à une maladie, à une thérapie, à une démarche de renouveau conjugal, suite aux différents chemins qui libèrent, qui ouvrent à soi et aux autres, qui délivrent d’un pathos (vengeance, colère, jalousie) ;  les marqueurs du temps : périodes de la journée ( levée, repas, coucher ), les rituels calendaires ( saints, temps liturgique, les fêtes comme carnaval, Saint-Jean, etc. ), les changements de saisons, les phases lunaires, le nouvel An, les éclipses, les révolutions des planètes, les changements de siècle et de millénaire, les anniversaires de naissance, les anniversaires de mariage, les célébrations de moments historiques, la fondation d’une ville, etc.) ;  les déplacements : voyage, promenade, expédition, migration, pèlerinage ;  les changements de pouvoir politique ;  les transitions entre un espace profane et un espace sacré, un espace privé et un espace public, un espace intérieur et un espace extérieur.

© 2012-15, Bertrand Duhaime (Dourganandâ).  Tous droits réservés. Toute reproduction strictement interdite pour tous les pays du monde.  Publié sur : www.larchedegloire.com.  Merci de nous visiter sur : https://www.facebook.com/bertrand.duhaime.

 

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