L’IMPORTANCE DU REPOS…

  En Occident, on considère l’action comme la raison d’être de l’existence, car on se dit que si ce n’est pour être actif, à quoi bon vivre? En Orient au contraire, on accorde beaucoup de valeur à l’immobilité qui induit dans la vacuité et permet de sonder d’autres dimensions et d’autres aspects de soi.

  Il est un fait avéré, à savoir que toute la vie se passe entre deux états : l’activité et l’immobilité.  Ainsi, tout le monde comprend, en principe, l’utilité du repos, qui calme l’esprit, fait contrepoids au stress, permet de se régénérer, ce qui n’empêche pas la plupart de se hâter et de s’affairer dans toutes les directions sans s’en accorder suffisamment.  Ceux-ci n’accordent au repos que les maigres heures de sommeil et certains moments de leurs vacances.  Pourtant, les gens qui en manquent finissent par miner leur santé physique et mentale, mais, tant que cela ne s’est pas produit, on se pense dans l’immunité.  Les drames, tant reposqu’on n’en a pas vécu un bon, cela n’appartient qu’aux autres.  Autrement, on doit compter sur le repos éternel qu’on espère le plus tard possible!  Quand comprendra-t-on qu’un coffre-fort n’accompagne jamais un corbillard qui mène une dépouille au dernier lieu qu’elle devra physiquement occuper?

   Évidemment, dans la vie trépidante d’aujourd’hui, il n’est pas question de s’accorder un jour de repos par semaine, comme l’imposait le devoir dominical d’autrefois.  Pas étonnant qu’on ait constaté que la plupart des crises cardiaques se produisent le lundi, journée du retour au travail.  On comprend très bien pourquoi l’Occidental aime tant s’activer, car il y trouve la joie d’agir qui lui permet d’acquérir des biens dont il peut se servir ou qu’Il peut partager avec ses êtres chers.  Mais il y a un autre aspect de l’activité et une autre raison qui l’amène à aimer l’activité : c’est que celle-ci lui rappelle qu’il est vivant.  Lorsqu’il reste tranquille dans une pièce, sans rien faire de spécial, où rien ne se passe, il lui semble être mort, ne plus exister.  Il faut que quelque chose se produise, pour l’occuper ou l’exciter, pour lui donner l’impression de retourner à la vie.  Obligé de s’immobiliser, il lui faut se tourner les pouces, se frotter les mains ou se branler la jambe pour lui rappeler qu’il vit toujours.  Et ce que le mental pédale!  Pourtant, le respect de la loi de l’Alternance importe au plus haut point pour maintenir l’harmonie, l’équilibre, la sérénité et la lucidité, mieux dit, pour maintenir la vitalité.

   Mais, dans l’ordre évolutif, le repos détient un autre avantage : quand le corps et le cerveau se mettent au neutre, en plus de renouveler l’intelligence et de vivifier les cellules, la Lumière pure du Principe suprême ou de l’Absolu, Source de vie, de créativité et de pouvoir, inonde une âme et fournit l’inspiration céleste.  Car c’est dans la paix tranquille de son âme qu’un être se retrouve lui-même, se révèle à lui-même, parvient à se connaître dans sa plénitude et sa perfection.

   Les moments d’inactivité permettent de reposer simultanément le corps, le mental et le psychisme.  Alors, un être devient comme une éponge, se rendant capable d’absorber la force vitale et les particules adamantines.  Le mental et le subconscient finissant par se calmer, l’intuition, qui fournit l’inspiration, prend la relève.  Et alors, un être peut se servir de ce qu’il a capté pour mieux orienter son action.

   Cependant, le meilleur repos, c’est celui qui s’accompagne du silence.  Mais il faut ici parler du vrai silence qui n’est pas seulement une abstention de parole ou de mouvement, mais l’absence d’activité autant de l’esprit que du sentiment.  Car c’est dans cet état particulier, qui s’apparente au profond sommeil, que la vie se refait et qu’un être obtient des biens précieux.  Au moment où il parle, pense, agit, se meut, il dort à cet aspect de la vie qui est faite d’immobilité.  Il est pris d’un sommeil profond par rapport à son âme qu’il ne perçoit plus.  Ceux qui ont atteint le pouvoir de réfréner toute activité de l’esprit et du sentiment peuvent dormir, échappant à ses activités, mais une autre partie de son être veille.  C’est et c’est alors que son âme devient consciente d’elle-même, lui fournissant une expérience bien au-delà des réalités les plus intéressantes de la vie.  Il entre dans la plénitude, la perfection, dans une paix que rien d’autre ne peut remplacer.  Au lieu de survivre, il vibre, il devient la Vie même.

   En vérité, l’être incarné n’obtient une vie riche et instructive que s’il sait tantôt s’activer tantôt se reposer.  Pour lui, le plein développement de l’activité du monde, sur tous les plans de l’existence,  aussi bien que l’absorption pendant un temps dans la vie immobile et silencieuse, ce repos silencieux qui permet d’accéder à la vie même, sont nécessaires pour que sa vie soit complète et se déroule dans l’équilibre.  Sauf qu’il faut savoir quand agir et quand cesser d’agir, pour se reposer, vraiment se reposer.  Car se reposer, ce n’est pas seulement cesser d’agir, c’est communiquer avec les instances les plus profondes en soi, ces mondes bénis reliées au monde de la Cause unique, qui peut décupler le sens de l’expérience et illuminer l’existence, apportant plus d’être.

   Il n’a pas été demandé à l’homme d’agir, de faire, de s’activer, de s’émouvoir, de s’exciter, de chercher, de s’abrutir dans l’activité, les sensations et le bruit, il lui a été demandé d’apprendre à se connaître pour exprimer plus d’être, pour vibrer à plein cintre de son Essence originelle.

© 2012-15, Bertrand Duhaime (Dourganandâ).  Tous droits réservés. Toute reproduction strictement interdite pour tous les pays du monde.  Publié sur : www.larchedegloire.com.  Merci de nous visiter sur : https://www.facebook.com/bertrand.duhaime

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