LE PRINCIPE DU RENVERSEMENT EN SPIRITUALITÉ

Une maxime de la «Table d’émeraude» stipule que : «Tout est en haut comme en bas, mais de façon inversée».  Cette maxime exprime à la perfection la loi de l’Inversion ou du Renversement qui est superbement illustrée par le Sceau de Salomon.  Celle-ci exprime que le Microcosme reproduit le Macrocosme, mais de façon inversée, comme une image se reflète dans un miroir.  Le monde matériel est le reflet du Monde spirituel.  Voilà comment, en spiritualité, on exprime ce curieux paradoxe que c’est au-dedans de soi qu’il faut regarder le dehors.

Dans les faits, on peut observer que le courant spirituel agit à l’inverse du courant matérialisant.  Dans la reproduction, la division s’opère du plus petit au plus grand.  Dans la nutrition, la désintégration des aliments procède du plus grand au plus petit, n’en favorisant pas moins la préservation du corps et sa reproduction.  Dans tout phénomène, il y a une force qui agit de l’extérieur vers l’intérieur, une autre de l’intérieur vers l’extérieur.  Une force agit du plus petit au plus grand; sa complémentaire agit du plus grand au plus petit.  Une force suit un déroulement, l’autre, complémentaire, l’enroulement.

Il arrive que le renversrenversementement soit désigné par le mot «croisement».  Celui-ci désigne le principe spirituel d’inversion précisé dans la maxime : «Tout est en haut comme en bas, mais de façon inversée.»  Cette inversion en croisement se produit à cause de la résistance des plans inférieurs, plus denses, de la même manière qu’un objet apparaît à l’envers dans un miroir ou mieux, sur un écran-témoin quand on la fait passer par un trou minime dans un carton.

Un reflet provient d’une cause, mais il ne lui est pas identique, puisqu’il en est le résultat ou le prolongement.  Une cause active ne peut se manifester qu’en rencontrant une résistance qui cristallise son énergie à divers degrés.  Mais, dès qu’une résistance de même nature que la cause intervient, celle-ci absorbe la cause, pour ainsi dire,  annulant sa trajectoire, d’où il se produit un premier croisement,  une sorte de premier arrêt ou de première cristallisation.  Et, du fait que cette résistance provoque une réaction, elle anime ou donne vie à la cause première, ce qui constitue le deuxième croisement.

Ce phénomène est analogue au dédoublement que l’on peut percevoir dans une vitre, un dédoublement à la mesure de son épaisseur.  En d’autres termes, l’effet d’une cause se produit toujours indirectement en ce sens précis que la cause, pour produire son phénomène, doit être reflétée ou réfléchie par la résistance d’une force complémentaire.  Pour qu’une cause se réfléchisse, il lui faut un support d’inversion.  Voilà ce qui provoque une transformation réciproque des deux forces, de la force active et de la force passive, une transformation qui engendre l’effet.

On peut prendre le cas de l’Intelligence cosmique qui est la Nature naturante, le reflet de l’Essence divine, qui constitue un premier effet.  Mais ce premier effet donne naissance à la Nature naturée, à la Matière concrète, le deuxième effet, le reflet de la Nature naturante.  Dès lors, le processus de réflexion se reproduit à l’infini.  Au niveau des phénomènes de la Nature, celle-ci produit ses phénomènes par jeu de forces complémentaires de la même manière que le miroir retourne une image.  La Nature module l’activité du Créateur, le Père divin, mais elle n’agit pas vraiment.  Derrière elle, c’est le Principe, déguisé, qui agit, par réfraction de lui-même, semblant animer la Nature elle-même.

Dans ce jeu de miroir, la Force active provoque la résistance de la force opposée, magnétique ou passive, mais réceptive.  Alors se produit le phénomène concret, tangible et palpable.  Le miroir oppose une résistance aux rayons lumineux, dits actifs, d’où peuvent apparaître une image apparemment statique ou visiblement animée, ce que ne pourrait faire, par exemple, un verre parfaitement translucide.   Dans le corps humain, le croisement est rappelé par le chiasma de la base du cerveau.

En réalité, le monde dans lequel vit l’être humain n’est qu’une projection de son inconscient, mais la réponse donnée à ses réactions est consciente.  Il doit décrypter cette partie inconsciente en plus d’orienter sa conscience vers un choix de pensées et d’actions qui améliore ses conditions de vie, ses rapports avec ses semblables, ses occasions évolutives.  Son environnement constitue son propre miroir.  En général, l’être humain répugne à s’interroger sur sa vraie nature.  Il sait qu’il est responsable de ce qu’il découvre.  Il a peur de trouver des réponses dont les conséquences exigeraient trop d’efforts à fournir.  Or, il n’y a rien de facile sur le Sentier de la Perfection.  Il est plus facile de se laisser aller au plaisir immédiat et aux émotions distrayantes que de s’occuper de son destin.

La plus grande erreur de l’homme, c’est de projeter abusivement sa conscience vers le monde extérieur qui n’exprime rien d’autre que le reflet de ce qu’il vit intérieurement.  Ainsi, lorsqu’il rencontre une difficulté, au lieu de remonter aux causes de son problème, il joue avec leurs symptômes.  Pourquoi l’homme recourt-il autant à son mental, qui est toujours à la remorque de ses découvertes, pour tout analyser, quand, par l’intuition, qui sait tout par avance et prévenance, il pourrait déjà tout connaître de lui-même et de toute réalité qui existe ?

Un jour, l’être humain n’en devra pas moins sortir de son petit monde, de son paradis artificiel, où il crèvera d’ennui, pour chercher à s’élever dans le Grand Monde, où il pourra se lancer vers d’autres horizons plus sublimes.  Alors, il constatera progressivement qu’il n’avait pas à chercher ailleurs qu’en lui pour trouver la Vérité globale.  Il la détient toute en résumé, en miniature.  Mais il n’évoluera que dans la mesure où il inversera sa conscience vers l’intérieur, au lieu de toujours la projeter vers l’extérieur.

Le salut vient par la conversion.  La conversion n’implique pas que l’amendement de la conduite ou le retour à la foi véritable, elle suggère d’abord un retournement de conscience qui fait découvrir que la conscience subjective sait tout, alors que la conscience objective s’acharne à scruter des illusions, des reflets, des approximations de la Réalité véritable.

La grande loi de l’Évolution précise clairement : «Connais-toi toi-même, à l’intérieur de toi-même, et tu connaitras le Ciel et les dieux, te découvrant leur égal.»  Pour redécouvrir ses potentialités, l’homme n’a rien d’autre à faire que de redécouvrir ce qu’il a oublié, qui existe déjà, parfaitement réalisé, au plus profond de lui-même.  L’homme n’a rien à faire d’autre que d’apprendre à être pleinement en découvrant ce qu’il est déjà.

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Dans la vie pratique, l’inversion ou le renversement se produit progressivement par le retournement intérieur.  Cette expression désigne un exercice qui consiste à se détendre dans le calme et le silence, s’arrêtant dans l’immobilité, en cessant de faire et en vidant son mental.  Alors, on se contente d’être tout simplement, un petit moment, pour se mettre à l’écoute de son Centre divin et se permettre de vibrer autrement afin que tout change, et pour le mieux.  Il s’agit donc d’une rencontre avec son Essence divine, sans étiquette ni mode d’emploi, dans l’instant sacré et éternel, pour devenir une personne plus consciente par l’intermédiaire de ce contact avec l’Infini qui ne peut qu’exercer son influence bénéfique sur soi.

© 2012-15, Bertrand Duhaime (Dourganandâ).  Tous droits réservés. Toute reproduction strictement interdite pour tous les pays du monde.  Publié sur : www.larchedegloire.com.  Merci de nous visiter sur : https://www.facebook.com/bertrand.duhaime.

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