LA TRAVERSÉE DU PONT

Le pont, un ouvrage d’architecture qui permet de franchir une dépression du sol, un obstacle, un cours d’eau, une voie ferrée ou une autre route, symbolise un lieu de passage entre deux états de conscience.  Moyen d’accès entre deux rives, image d’un moyen de passage entre deux réalités, il signale sa valeur par ses matériaux etpont sa solidité.  Il peut marquer un lien entre le visible (le monde sensible) et l’invisible (le monde psychique ou spirituel).  Il peut éclairer le passage de la contingence à l’éternité ou de la mortalité à l’immortalité.

En spiritualité, le pont réfère à l’«Antahkarana», la Voie d’accès au Monde divin ou le canal de communication entre la conscience de l’âme et le cerveau physique.  Il désigne le Soi suprême qui relie le Ciel et la Terre et qui s’étale en arc-en-ciel aux sept couleurs.  Il désigne la Source de la stabilité éternelle qui permet aux Forces spirituelles de pénétrer la Matière.  Il repose sur les deux piliers de la conscience.  Dès qu’on le traverse, la nuit devient pareille au jour.  Dans le corps physique, on l’associe au cou qui sépare la tête et le tronc tout en les unissant.

 pont-celesteLe pont marque une période de transition qui conduit à un nouvel état.  Il invite à saisir une occasion de changement.  Il suggère le passage d’un plan de conscience à un autre, selon le sens qu’on le traverse.  Il appelle à éviter un danger ou à franchir un pas, mais en passant par une voie qui rétrécit temporairement.  Il invite à s’extraire du passé pour se tourner vers l’avenir.

Le plus généralement, il indique un endroit de passage périlleux et contraignant qui implique une transition entre deux états intérieurs.  Cette transition peut impliquer la rupture avec d’anciennes relations ou la résolution de deux désirs en conflit.  On est placé devant l’obligation de faire un choix qui peut damner ou sauver.  Car on le passera plus ou moins vite selon la qualité de ses actions, la force de sa foi et la pureté de sa vie.  Parfois, par métaphore, il identifie un intermédiaire parfait, un chef solide ou une vérité stable sur lesquels on peut s’appuyer en toute confiance.

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Pour étayer ces affirmations, il convient d’étudier des expressions mystiques ou mythiques de diverses civilisations.

Dans la Tradition musulmane, le Pont à sept arches désigne le Pont des sept devoirs : la foi, la pratique de la prière, l’aumône, le jeûne, le pèlerinage à La Mecque, la pureté rituelle et la piété filiale.  Qui manque à l’un d’eux sera précipité en enfer.

Le Pont cosmique, étroit comme le fil du rasoir, sert de canal de communication entre la conscience de l’âme et le cerveau physique établit le lien entre la conscience objective et la conscience subjective.  Gouverné par Mercure, il illustre le sens intime, l’état de conscience, l’état psychique supérieur, la concentration des facultés internes dans l’Idéal.  Physiquement, il est figuré par le cou, la voie de passage des énergies entre le tronc et la tête.  Jésus lui a fait illusion en parlant du chas d’aiguille et les Maîtres l’ont identifié par le Pont jeté sur l’Abîme (l’Antahkarana).  Voir à Pont de l’Abîme.

Dans la Tradition scandinave, le Pont de Byfrost évoque l’arc-en-ciel.

L’expression Pont de l’Abîme sert de synonyme au Pont cosmique.  Elle désigne l’«Antakarana» («Antahkarana») des Hindous, la Voie royale des mystiques, gouvernée par Mercure.  Ce Réseau de Lumière englobe l’Esprit et la Matière.  Il relie tout ce qui est et il donne la sensibilité aux êtres vivants.  Ainsi, il réunit la Manifestation au Cœur de Dieu et toutes les parties de la Manifestation entre elles.

L’expression Pont de Lumière désigne l’Écharpe d’Isis, l’Arc-en-ciel, le Chemin des âmes et des Dieux, le signe d’alliance entre le Ciel et la Terre, entre Dieu et sa créature.  Par extension, il identifie l’Ère du Verseau, qui permet à la collectivité humaine, par sa rénovation, de franchir cette Voie de vie et de vérité.  Il unit d’abord les profondeurs au Soleil.

Le Pont des épées rappelle le conflit entres les anciennes énergies et les énergies nouvelles de l’Ère de l’Ascension collective.

Le Pont de Varole désigne le centre de jonction avec la Force vibratoire cosmique.  Dans le cerveau, il s’agit de la porte de connexion à la Force vibratoire cosmique omniprésente à laquelle est relié le cordon aurique.  Il est situé à l’occiput où il engendre le lien et établit une interaction avec le Courant cosmique de vie et d’évolution.

En spiritualité, le Pont disparu réfère au principe symbolique de l’Initiation.  Elle désigne ce que l’être humain ne peut percevoir dans l’avenir, mais dont Dieu s’est occupé.  Elle invite à sauter dans le vide de l’inconnu pour découvrir qu’on y trouve une terre ferme ou qu’on s’y met à voler.

Dans la Tradition perse, le Pont diviseur illustre Passage difficile, placé au-dessus des enfers, large pour les justes, mais étroit pour les impies.  On le dit plus fin qu’un cheveu et plus tranchant qu’un sabre.  On le traverse à son rythme, surveillé par le Gardien du Seuil.  On peut l’associer au Fil du rasoir d’autres Traditions spirituelles.

Pour les Anciens, le Pont du Destin référait au Pont que traversent les âmes des défunts et où elles se font peser.

Le pont du Diable.  Dans les légendes populaires, le pont du diable renvoie toujours à un pont dont la construction devient indispensable pour une collectivité.  Mais il faut le bâtir dans un secteur où le relief en rend la construction particulièrement difficile et dangereuse.  Alors, on faisait appel à l’aide et aux conseils du Diable pour en faire une œuvre de beauté et de solidité.  Toutefois, une fois le pont complété, celui-ci réclame infailliblement, en retour, l’âme du premier passant qui doit le franchir, en début d’année, et qui doit mourir au cours de l’année.  Dans ces contes, le Bon Dieu est d’abord apparemment spolié de son droit sur les âmes avant que Satan soit invariablement dupé à son tour par une astuce quelconque qui l’empêche de réclamer sa rançon, à sa plus grande fureur.  Ce pont renvoie probablement à l’angoisse que suscite tout passage difficile dans un endroit dangereux.  Il témoigne de la sagesse populaire qui peut déjouer le mal.

Le Pont en arc identifie le Pont céleste qui introduit dans le Monde des Dieux, mais dont le franchissement s’accompagne de purifications rituelles.

Le Pont entre le Fini et l’Infini désigne le Pont formé par la vibration du son créateur «OM» ou «AUM».  Dans la Tradition japonaise, l’expression pont flottant du ciel renvoie à l’arc-en-ciel.

Dans la Tradition bouddhique, le Grand Pont désigne Bouddha qui permet aux êtres vivants de franchir le carrefour à Six Voies.

 

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