«PARDONNER SEPTANTE FOIS SEPT FOIS…»

Dans les dictionnaires usuels, on définit le pardon comme «le fait de tenir une offense pour non avenue», «de renoncer à tirer vengeance d’une faute», «d’épargner ou d’excuser un être qui a fait du tort», «de juger avec indulgence, en minimisant une erreur», «d’accepter une situation ou un fait sans dépit, ni envie, ni jalousie».  Et on définit la miséricorde comme «la sensibilité à la misère ou au malheur d’autrui», «l’absolution des fautes», «la clémence, l’indulgence, la pitié envers un coupable».  Dans ces différentes acceptions, on peut trouver les balivernes d’intellectuels ou les sottises des gens moralisateurs!

En effet, pardonner vient de «per» et de «donare», signifiant «donner à travers soi», au sens de «laisser passer sans résister au mal», ce qui rapproche davantage du sens évangélique que Jésus a voulu donner à ce mot en invitant, à l’occasion d’une offense, à «tendre l’autre joue», au sens de «comprendre à partir d’un autre point de vue», «transcender une situation» ou «de prendre du recul au lieu de réagir afin d‘offrir la réponse la plus évolutive».  Dans la miséricorde, ce qui ressort d’abord, c’est la compréhension par le cœur, plutôt que par la tête, des misères et des difficultés d’autrui.  Ainsi, le pardon invite à répondre à l’inharmonie par des pensées d’amour, de justice et d’équité.  Selon toute apparence, ce qu’on ne comprendra qu’en conclusion, cet acteimages généreux trouve ainsi une double fonction: libérer l’offenseur autant que l’offensé.  Celui qui se fait le geôlier de son frère, par la rancune et le désir d’une vengeance, n’est pas plus libre que l’être qu’il tente d’emprisonner dans la peur, le remords, les reproches, les regrets, la culpabilité.  Comme l’a dit un Grand Maître réalisé, pour ne pas nommer Jésus, il ne faut pas haïr le pécheur, mais déplorer le mal, une expression qu’il faut comprendre dans sa portée symbolique plutôt qu’au pied de la lettre.

Le pardon libère autant le prisonnier que le geôlier;  il fait de la place à la Grâce.  Un être doit pardonner parce que, Enfant de l’Amour, il doit agir en amoureux, souhaiter le bien de tout le monde, favoriser l’Évolution cosmique, plaire à Dieu en respectant son premier commandement.  Il gagne surtout à pardonner parce qu’il se sait lui-même peccable, fragile, vulnérable, susceptible de commettre une erreur, ce qui l’amène à comprendre les difficultés des autres sur le Sentier.  Il gagne plus encore à pardonner parce qu’il refuse de nourrir le mal, de lui donner force.  Enfin, il gagne à pardonner parce qu’il entend préserver l’Harmonie cosmique en se dégageant de l’effet en retour de son ennemi ou de son agresseur.  En vérité, l’ennemi ne se présente jamais par hasard: il vient sanctionner chez lui une conduite coupable du passé ou lui refléter une faiblesse de conscience qu’il porte encore.  L’ennemi est donc bien utile puisqu’il représente un émissaire divin de la Loi.

Pardonne facilement celui qui sait se pardonner à lui-même, ce qui est bien difficile.  L’être incarné se déprime, se culpabilise, s’infériorise, se rabaisse, se réduit pour un rien.  Par amour-propre, orgueil ou vanité, il ne se laisse pas passer grand-chose, notamment ses écarts de conduite, ses erreurs de jugement, ses faiblesses que peut noter l’entourage.  Chacun est très complaisant pour lui-même, dans l’intimité, mais il devient bien susceptible en public.  Pourtant, le pardon ne repose pas, au premier chef, sur l’oubli, l’indifférence, l’excuse de l’erreur.  Il se reconnaît au fait qu’on peut rencontrer le fautif dans son esprit sans l’aiguillonner par sa rancune parce qu’on lui est reconnaissant d’avoir révélé une discordance personnelle et qu’on refuse de l’atteindre par ses mauvais sentiments.  Seul peut pardonner un être intuitif, amoureux, intelligent et responsable.  Pour s’élever au-delà de la dualité, il faut toujours aimer davantage au meilleur de sa compréhension et de ses moyens, le bien comme le mal, le juste comme l’injuste.

Dieu fait-il moins pleuvoir sur la terre de l’impie que sur la terre de l’élu? Dérobe-t-il son soleil au mécréant? Il a été dit: «Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait.»  L’amour révèle le comportement, l’attitude, la pensée, la parole, le sentiment, l’action appropriés à adopter.  Dieu n’a rien à pardonner ;  après une faute apparente, chacun doit se pardonner lui-même et réintégrer l’Ordre cosmique.  En cas d’erreur, ce n’est pas en appelant le pardon divin qu’on se sauvera, mais en s’harmonisant avec la Loi qui, seule, peut châtier, dans la troisième dimension (la Causalité qui exprime l’action et la réaction ou le processus de la cause à l’effet, du juste retour).  En cas de faute, il faut l’harmoniser, en annuler la répercussion, à travers soi, par la compréhension juste, en s’amendant, en réparant ses torts, avec le ferme propos de ne pas récidiver.  Beaucoup de gens aiment crier au Ciel pour trouver le pardon de leurs erreurs, mais il n’est pas sûr qu’ils obtiennent toujours miséricorde.  Car, pour être pardonné, il faut sortir de son ignorance crasse, de sa mauvaise volonté, repérer en soi les points d’ombre et les extirper de sa conscience.  Le simple regret, comme le désir de compenser, ne suffisent pas à annuler la rétribution de ses actes erratiques.

Quant à Dieu, il a tout pardonné d’avance, inconscient des remous de l’âme, laissant agir sa Loi.  Refuser le pardon, c’est se le refuser à soi-même.  C’est du reste se lier à l’objet de sa rancœur.  Chacun appartient, pour ainsi dire, à l’objet de sa rancune ou à l’être qu’il juge, s’attachant à eux par la pensée et se liant à leur destin.  Ainsi, l’objet ou le sujet de son ressentiment sont, tôt ou tard, ramenés dans sa vie pour y causer de nouveaux ravages ou il paie pour l’autre le prix de son imposture.  En vivant dans la haine ou la vindicte, on tisse les fils de son propre malheur, plus qu’on atteint la cible visée.

Dieu ne tiendra jamais rigueur à quelqu’un de réagir avec grande émotion à une agression ou de souffrir d’une injustice.  Mais il demande qu’on ne se complaise pas dans lforgivees états négatifs et qu’on réintègre au plus tôt l’harmonie en pardonnant amoureusement, spontanément, sans attente, sans amertume.  Le fauteur vient toujours révéler une vérité, probablement désagréable, mais quand même un travers qu’il faut corriger.  Pour pardonner, il faut avoir compris le sens évolutif de la vie.  Janakanandâ l’a rappelé: «Le pardon des offenses, jusqu’à l’oubli, voilà ce à-quoi nous devons parvenir, bien que ce ne soit pas facile.  Pourtant, la paix du cœur, la santé du corps, la prospérité dans ses affaires, le succès dans ses entreprises sont à ce prix».

Le pardon ne sert pas à excuser la faute et à accorder un acte de grâce, ce qui est empreint d’arrogance ou de prétention et qui exprime un effort pour y parvenir.  Il part du fait qu’on se  rend compte de la limite de l’autre et que, dans la compassion, on peut plutôt lui dire : «Je te comprends dans ta faiblesse, ton manque de maturité, ton défaut de conscience, car je suis déjà passé par là, ce qui m’amène à oublier».  Le pardon constitue une force de guérison inéluctable, s’il dynamise par l’amour les énergies qui étaient restées figées dans des rancunes et des révoltes.  Car alors, il implique une compréhension de la nature humaine qui conduit à un adoucissement de la sévérité personnelle pour rendre plus indulgent à son endroit comme à celui d’autrui.  Il implique l’acceptation d’une situation dans sa globalité pour liquider le ressentiment jusqu’à l’oubli.  Car qui dit pardonner mais ne pas oublier ne pardonne qu’à moitié, exprimant qu’il garde un plat froid à servir à son offenseur.

Tout pardon refusé fait souffrit l’âme, une souffrance que le temps n’atténue pas, mais recouvre d’un voile d’oubli.  Cela l’entrave dans son expansion à la manière du geôlier qui se constitue le prisonnier volontaire d’une situation, limitant autant sa liberté qu’il limite celle que celui qu’il surveille pour l’empêcher de s’évader.  La blessure qui a été recouverte reste prête à s’éveiller, ouvrant la porte à d’autres chocs.  Mais le pardon libère l’énergie figée dans le ressentiment, il permet de s’ouvrir plus pleinement à l’amour et de devenir plus vibrant et vivant.

Sans un pardon émanant des tréfonds de l’être, nul ne connaîtra jamais les merveilles de la manifestation dans la Lumière. Tant que le ressentiment habite un cœur, les tares qui ternissent l’existence depuis des milliers d’années ne peuvent que se perpétuer.  Toutes les acceptations du pardon des dictionnaires sont valables, mais on gagnerait à explorer le sens profond de ce mot, l’impact ou la répercussion de l’acte dans toute sa portée sur la nature spirituelle de l’être.  Jusqu’à ce jour, on a utilisé ce mot un peu à tort et à travers, sans apprécier véritablement sa portée sur les sentiments et les émotions, alors que c’est dans l’impact affectif que réside le vrai bienfait qu’il comporte. Sans ressentir le pardon à ce niveau-là, nul ne peut vraiment extirper de soi la souffrance morale, la tendance à la colère, toutes ces autres émotions qui s’y sont développées.  Le pardon ne peut se faire du bout des lèvres, il doit émaner du cœur. Car l’acte d’oublier le tort qu’on vous a causé ne vient pas de la raison, mais du cœur, qui est le foyer de l’amour.  Cet Amour n’est pas celui qu’on exprime physiquement, mais celui qui émane du tréfonds de son être.  Il n’a rien à voir avec l’amour physique ou bien peu.

Vivre sans pardonner, c’est comme vivre dans ses détritus : c’est vivre dans la saleté de ses torts sans les éliminer, ce qui les amène à fermenter, à puer et à produire ses effets malsains.  Comme, physiquement, la seule façon de remédier à la situation consiste à enlever les déchets, la seule solution consiste, psychiquement ou spirituellement, à faire le nettoyage intérieur, soit à ressentir intérieurement l’effet du vrai pardon.

Il faut savoir que le ressentiment est plus prompt à obstruer les voies de la manifestation spirituelle que n’importe quel autre sentiment négatif.  C’est pourquoi, dans la société actuelle, les doux fruits de cette manifestation  échappent à l’entendement commun.  La plupart des gens préfèrent plutôt se faire une abondante récolte des fruits amers de leurs aberrations mentales et de leurs exagérations émotives.  À l’inverse, le principe du pardon s’appuie sur l’équilibre.

Dans notre culture, on a appris, par l’enseignement, qu’il existe du bien et du mal dans le monde.  Mais il faut saisir autrement ces notions.  On croit spontanément que le bien se manifeste de façon agréable tandis que le mal s’exprime par ce qui est désagréable.  Et c’est sur ces approximations qu’on fonde la majorité de ses jugements.  Pourtant, comment saurait-on qu’une chose est bonne, spardon-liberationi on n’avait aucune idée du mal?  Et, à l’inverse, comment pourrait-on dire qu’une chose est mauvaise, si on ne pouvait la comparer au bien?  L’argument s’applique dans les deux sens, n’est-ce pas?  Le bien et le mal apparent n’existent que pour faire apprendre la leçon de suivre la voie du Juste Milieu.  Chacun gagne à se souvenir de ceci : le principe fondamental de la vie reste celui de l’équilibre dans l’Arbre de la Connaissance des Opposés apparents, compatibles et complémentaires.

Alors, suite à une déconvenue, que convient-il de faire? La ressasser ou, une fois ce moment désagréable passé, l’oublier pour passer à autre chose?  Comment traite-t-on les offenseurs?  Laisse-t-on la rancœur ou la colère s’enraciner en soi ou, une fois la crise passée, se libère-t-on de ces émotions négatives pour laisser la vie reprendre ses droits?  Qu’arrive-t-il aux auteurs des torts causés?  Décide-t-on de les ignorer ou de les affronter?  Et si on choisit de leur faire face, de quelle façon s’y prend-on et comment résout-on la situation intérieurement?  Est-on prêt à véritablement pardonner aux autres ou ne fait-on que marmonner des mots vides de sentiments?

Quand on est blessé par un autre, on est touché non seulement au niveau mental, mais également au niveau affectif.  Par conséquent, le pardon doit émaner de la raison et du cœur.  En cela, pardonner ne signifie pas écarter l’expérience de la pensée en comptant l’oublier.  Cela ne revient pas à pardonner, mais à enfouir, ce qui n’efface en rien la blessure.  Car seul le pardon qui vient du cœur peut opérer une sorte de purification.  Et bien que, intellectuellement, on n’oublie jamais la blessure causée, l’émotion liée à la blessure peut-être dissoute.

En cela, ce n’est pas l’acte qui doit être l’objet du pardon, mais la personne, donc l’offenseur présumé!  Il appartient à chacun de choisir ce qu’il crée et d’en assumer la responsabilité.  En vérité, nul ne peut imputer la responsabilité de sa bonne ou de sa mauvaise fortune à quiconque. Chacun est lui-même l’artisan de son destin et il engendre sa réalité, en apparence bonne ou mauvaise, par les émotions de son ressenti profond par lesquelles il la colore.  Dans ce contexte, l’amertume est un sentiment qui remonte souvent à des vies antérieures et qui continue à hanter celui qui ne parvient pas à en prendre conscience et qui n’accepte pas de la purger définitivement de son être.

En effet, de nos jours, la majorité des gens ploient sous le poids des ressentiments accumulés au fil de leurs nombreuses existences.  Pourquoi croit-on que subsistent touts ces conflits dans le monde?  Pourquoi assiste-t-on à cette escalade de procès depuis quelques années?  Ces réalités reposent sur une hostilité profonde.  Tout cela persistera jusqu’au jour où les êtres humains comprendront vraiment à la fois le mécanisme par lequel ils engendrent leurs sentiments négatifs et l’effet durable, qui se répercute souvent de vie en vie, qu’ils ont sur les relations avec leurs semblables.

Pour s’en convaincre, on n’a qu’à considérer le degré d’hostilité entre les races et les nations, le nombre de divorces et d’avortements, la kyrielle d’actes de violence inexplicables, la longue liste des procès en justice! Toutes ces actions sont des manifestations de colère et de ressentiment accumulés au cours des nombreuses vies antérieures.  En elles-mêmes, elles ne représentent que des leçons de vie à tirer bien que, dans certains cas, elles atteignent des proportions considérables aux ramifications sans fin.  Les guerres, les procès, la violence en général, toutes ces énergies créées par les émotions, risquent d’atteindre un paroxysme dont le dénouement, à son heure, pourrait entraîner une conflagration gigantesque, accompagnée d’une dévastation inouïe.

Il faut l’admettre, la lassitude est grande dans la société humaine!  La survie au quotidien exige de durs combats.  Pourtant, si l’humanité connaissait la Vérité, elle saurait que la solution réside en l’âme de chaque individu de la planète.  À partir du moment où un être passe l’éponge sur les erreurs du passé, il renonce à la vengeance, cause de tous ces troubles multiples.  Chacun revendique les fruits de la justice.  Eh bien, on risque de les attirer, ces fruits de la justice, car on crée exactement, individuellement et collectivement, ce en quoi on a investi son énergie.

Pour en revenir au pardon, celui-ci ne peut surgir que de l’amour que les êtres éprouvent les uns pour les autres, de l’amour de tout, sans discrimination quant à la coreconciliationuleur ou à la forme.  Chacun est apparenté à tout ce qui existe dans l’Univers et il n’est qu’une partie du Tout.  Ainsi, la rancune qu’un être cultive pour qui que ce soit ou quoi que ce soit rejaillit sur lui.  L’être humain est l’otage de ses propres réalités, de ses propres créations.

Dans la vie, chacun est personnellement responsable des circonstances de sa vie, de sa bonne ou de sa mauvaise fortune.  Nul n’est la victime des circonstances, il n’est que la victime de son insensibilité, de sa dureté de cœur.   Nul ne peut changer les sentiments profonds de qui que ce soit, sauf les siens, mais il peut désormais prendre la résolution de changer d’attitude face aux circonstances de la vie.  Qui peut croire qu’un autre lui soit redevable de quoi que ce soit? Qui peut seulement le penser vraiment?  Pourquoi quelqu’un rejette-t-il la moindre responsabilité sur autrui?  Pourquoi un être ne commencerait-il pas par identifier son pire ennemi, son ennemi intérieur?  Et comment pourrait-il espérer obtenir le pardon des autres s’il leur garde rancune?  Il faut s’en souvenir : les énergies engendrent leurs pareilles.  En cessant de recourir aux deux poids et deux mesures, chacun doit cesser de sermonner autrui sur ses rancunes et ses problèmes quand il est lui-même prisonniers des siens.

Hélas, chacun développe la fâcheuse tendance d’accorder le pardon en fonction du degré de la faute ou de la transgression.  Il modifie l’ampleur de son pardon en disant, par exemple : «Ça ira pour cette fois, mais retenez que vous me devez quelque chose en retour».  De toute évidence, de tels propos n’évoquent pas un réel pardon!  Le véritable pardon est absolu et il n’exige rien de l’auteur de l’offense à part de sincères excuses.  Le fait de pardonner à divers degrés revient à prononcer un jugement et on sait pertinemment ce que juger signifie.  Qui peut se permettre de juger, à part Dieu?  Du reste, le Créateur lui-même ne juge jamais.  Pour cette raison, il n’appartient à personne de juger un frère ou une sœur d’incarnation.  Dans un jugement, ce qu’on affirme, essentiellement, c’est ceci : «Bon, très bien, j’accepte vos excuses, mais, en l’occurrence, étant meilleur que vous, je vais décider de la manière dont je vais vous pardonner et de la sanction qui doit vous être imposée!»

Dans ce dernier cas, il est clair qu’on n’a pas passé l’éponge.  Et la rancune qui subsiste risque de finir par éteindre la Lumière intérieure.  Or, en l’absence de cette Lumière, nul ne pourra jamais créer par la Lumière.  Toutes ses créations ne pourront que naître des ténèbres et porter une plus ou moins large part d’ombre.  De la même manière, il faut retenir qu’il n’est pas de son ressort de juger de la validité des excuses que les autres invoquent.  Tout ce qu’un être peut faire, c’est d’accepter l’excuse qui est offerte et pardonner ou la refuser  et omettre de pardonner. Les autres devront s’accommoder de leurs émotions et de leurs faussetés comme chacun doit s’accommoder des ses créations.  Si un être passait moins de temps à juger de l’honnêteté de ses semblables pour en passer davantage à juger de la sienne, les querelles et la violence ne pourraient que diminuer.  D’ailleurs, si chacun connaissait la Vérité, il serait tellement occupé à faire du ménage dans la cour de son monde intérieur qu’il ne lui resterait plus de temps pour remarquer les défauts du voisin.

Le refus de pardonner agit à la manière d’un parasite : il a besoin d’un hôte dont il peut se nourrir et sur lequel il peut vivre et se développer.  S’il n’est pas supprimé, il continuera à ronger son hôte jusqu’à ce qu’il l’ait complètement dévoré.  Voilà comment la colère et la rancœur s’affermissent jusqu’au point où on trouve de bonnes raisons de manifester ces sentiments envers tout le monde.  C’est la tacpardon-untique de l’ennemi de Dieu qui aime mieux diviser qu’unir.  La colère, l’amertume et la rancune séparent de l’Auteur de ses jours, car le siège de ces émotions se trouve également dans le cœur.  Le monde actuel est dominé par la colère pour la bonne raison que l’être humain renie ses émotions. Celui-ci veut tout résoudre par la raison.  Toutefois, l’agressivité, qui engendre la colère, n’est pas de nature rationnelle, mais de nature émotionnelle.

En fait, il est impossible d’aborder une émotion sous l’angle de la raison car celle-ci ne participe pas de la même nature et ne procède pas des mêmes mécanismes.  N’importe qui peut raisonner sur les sentiments, les analyser logiquement et les classer dans les tiroirs de la mémoire.  Cela n’amène pas forcément à dissoudre les sentiments d’hostilité découlant des torts ressentis.  Nul ne peut se libérer de ses pulsions négatives autrement qu’en les éliminant de son cœur, non pas simplement en les rangeant dans un coin sombre de son esprit.  Ces pulsions proviennent du tréfonds de l’être et elles doivent être filtrées et réglées à ce niveau-là. Un individu pourra un nombre infini d’heures sur le divan du psychiatre, à parler de vos sentiments, mais tant qu’il ne les aura pas extirpés des sombres réserves de sa mémoire, il ne pourra jamais dépasser son état actuel pour l’améliorer.

Pour tout dire, le pardon est un des grandes épreuves de l’expérience dans le monde tridimensionnel, et c’est l’un des tests les plus difficiles à passer!  La plupart des gens sont tellement remplis de ressentiments et de rancune que leur conscience reste voilée.  Les êtres humains ne se souviennent plus des causes de leurs états négatifs.  Ils ont oublié qu’ils sont simplement en brouille avec le monde et en rupture d’avec leur Essence profonde.  S’ils s’adressaient à la Lumière, ils se rendraient compte que, en elle, il n’existe ni agressivité, ni hostilité, ni larmes, ni malveillance, il n’existe que la Lumière qu’aucune ombre ne peut pénétrer sans être complètement annihilée.  Alors, si on tient à éliminer complètement l’amertume, la tristesse et toutes les émotions négatives, on devrait commencer par passer l’éponge sur les torts qu’on a subis.  Le pardon est une des armes les plus puissantes que l’être humain possède contre son pire ennemi.  Personne ne veut imposer d’oublier, mais simplement apprendre à pardonner.  Car, devinez ce qui se produit quand un pardon est accordé : l’éponge passe automatiquement et la mémoire oublie.

Ce que cet enseignement n’a pas aidé à faire comprendre assez clairement, à ce point du développement du thème du parton, mais qui risque de choquer les êtres tièdes et rancuniers, c’est qu’un être a tout à se pardonner à lui-même, mais n’a jamais rien à pardonner à autrui.  Chacun peut être à la fois son pire ennemi comme son meilleur ami, selon la compréhension de la vie qu’il possède.  Or il est clair que, dans la vie, un être attire et engendre toujours lui-même tout ce qui lui arrive, consciemment et inconsciemment, d’où il en reste ultimement le seul responsable.  Il est d’abord responsable de son degré d’inconscience ou d’ignorance de la manière que fonctionnent Loi et les principes de la vie, plusieurs doutant même qu’ils existent.  Celui qui s’est attiré une offense l’a attiré à point nommé pour comprendre un manque d’harmonie ou d’équilibre personnel, mieux dit, un certain degré de résistance à l’Amour divin.

En fait, cet être n’a pas encore appris à s’aimer inconditionnellement et à se laisser aimer de la même manière.  Car le pardon qu’il est appelé à accorder en tout temps à autrui, une fois remis de ses émotions, ne consiste pas à l’excuser de l’avoir offensé.  Lorsqu’il choisit de pardonner à un autre, il faut comprendre qu’il doit se pardonner à lui-même d’avoir créé les circonstances qui ont amené cet être à l’offenser.  Il doit comprendre que c’st lui-même qui a attiré ou engendré l’offense dont il est l’apparente victime.  Et c’est justement ce qui est le plus difficile pour un être, à cause de l’ego, dans le pardon, soit se pardonner à lui-même, soit reconnaître qu’il a commis une erreur consciente ou inconsciente dont il paye le prix.

Ainsi, le pardon comprend d’abord le fait de remercier un offenseur présumé d’avoir accompli son rôle compensatoire à merveille, et plus que le fait de lui pardonner une offense qu’il s’est lui-même malencontreusement infligée.  En le remerciant avec sincérité, donc de façon consciente, certaine et ressentie, il le libère non pas du poids d’une faute, mais de son rôle d’exécuteur d’une sanction méritée, d’où celui-ci doit désormais lui aussi s’harmoniser avec lui ou s’écarter de sa voie.  Ensuite, il reste à cet être à se pardonner pepardon71rsonnellement d’avoir mal interprété la situation complexe, pénible ou douloureuse qu’il s’est attirée, mais qu’il n’a pas appréciée, à savoir que, dans un aspect ou un autre de sa vie, il manquait de compréhension et résistait à l’Amour divin.  De là, il ne lui reste qu’à accueillir totalement l’amour, donc de l’accueillir sans limite, sans réserve, sans opposition.

Voilà, si les problèmes qui règnent sur la planète n’incommodent pas personnellement, un être peut toujours continuer de s’illusionner par rapport à la dynamique de la vie en incarnation.  Comme il peut, s’il pense ne pas avoir assez souffert de ses incartades personnelles, poursuivre sa voie dans la direction dans laquelle il s’est engagée, celle du refus de pardonner.  Toutefois, s’il est vraiment las des désordres qu’il s’attire qu’il le prétend, il peut passer à l’acte de pardonner convenablement au lieu de se plaindre, de penser à réagir au lieu d’agir correctement, de vivre sur la défensive et d’attendre vainement que des vaisseaux d’entités d’autres mondes viennent sauver le monde.

Autant par les actes personnels de ses membres que par sa participation à la conscience collective, l’humanité a engendré ses problèmes, d’où il lui appartient de les régler!  De ce fait, chacun doit cesser de s’apitoyer sur son sort et de pleurnicher pour se prendre en main, comme un être libre doit le faire.  Chacun gagnerait à immédiatement cesser de montrer les autres du doigt et de se plaindre des mauvais traitements qu’ils semblent infliger injustement.  Chaque être humain a consacré trop d’énergie à pourchasser le diable autour de lui alors qu’il l’abrite depuis toujours dans ses pensées délétères et ses émotions négatives.  Il faut savoir se pardonner et pardonner à tous les offenseurs afin de recevoir en son âme le baume de la guérison!  C’est la seule solution du retour à l’ordre, à l’harmonie, à l’équilibre qui assurera, avec celle de la planète, l’Ascension personnelle et collective.

© 1983-2015, Bertrand Duhaime (Dourganandâ).  Tous droits réservés. Toute reproduction strictement interdite pour tous les pays du monde.  Publié sur : www.larchedegloire.com.  Merci de nous visiter sur : https://www.facebook.com/bertrand.duhaime.

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