LE SYMBOLISME DES HÉROS… MAIS, QUI SONT LES VRAIS HÉROS…?

De nos jours, par définition, le héros désigne une personne qui se distingue par son courage et son abnégation ou qui se signale par ses actions, des hauts faits dépassant les possibilités habituelles de la condition humaine.  Il tire son origine des demi-dieux de l’Antiquité qui, surtout dans la mythologie grecque, en raison de ses exploits de surhomme, méritait d’accéder à l’Olympe, la Demeure céleste du panthéon, obtenant un souvenir éternel dans la mémoire des hommes.

Le héros des légendes est habituellement associé à Mars, d’où ce qui fait le propre de son destin, c’est d’être doué d’une force physique hors du commun, d’une adresse extraordinaire dans ses pirouettes et ses jeux guerriers, d’un courage à toute épreuve et, généralement, il jouit d’une grande beauté, ce qui le sert tellement bien dans la nécessité qui lui incombe de parvenir à son idéal par ses propres moyens.  En passant, il arrive que l’intelligence lui soit accordée par surcroît.  Fruit d’une conception étrange ou résultat d’une naissance mystérieuse, fils de l’union d’une divinité et d’un être humain, ou lié à une divinité tutélaire du panthéon olympien, ce type d’être trouve souvent sa gloire dans le fait de combattre seul.  De par ses origines, ce StatueEquestreNapoleon personnage fictif possède un pouvoir surnaturel qu’il détient jusqu’à la mort, perdant souvent la vie très jeune, mais il ne jouit pas naturellement de l’immortalité divine : il doit la conquérir dans un combat singulier où la valeur personnelle est à l’honneur.

Cependant, dans son histoire terrestre, on lui attribue souvent des parents adoptifs ou nourriciers et on lui fait connaître un destin difficile qui trempe son caractère et attise sa motivation, développant en lui le sentiment qu’il est appelé à accomplir de nombreux exploits pour se réaliser.  Habituellement jeune et doté d’une force surnaturelle prodigieuse, ses attributs ne tardent pas à susciter la rivalité, pouvant amener ses amis à se retourner contre lui.  Fait étrange, il est souvent initié à la sexualité par des femmes étranges ou mystérieuses, comme des sorcières, des sirènes, des princesses, pouvant difficilement se prémunir d’un coup de foudre amoureux qui finit par lui compliquer l’existence, lui attirant des pièges supplémentaires dont il doit se tirer.

Parfois, on le retrouve affligé d’une angoisse congénitale, pris dans des affres d’amour, de jalousie ou de mort, le coup de foudre pouvant se produire sans prévenir.   Il se forme des valeurs transparentes, c’est-à-dire qu’il les connaît : il sait pourquoi il vit et il sait ce qu’il doit faire.  Et, en général, il doit combattre jusqu’à la mort pour l’honneur. Son rôle étant social, il appartient à la collectivité qui le définit, d’où il ne vit pas vraiment pour lui.  Et ce rôle consiste à enflammer les imaginations et à stimuler aux grandes réalisations, à moins d’être un héros tragique, qui lui, affronte un destin où tout est perdu d’avance, ou un héros de comédie, qui devient la risée de tout le monde.  Un tel modèle d’héroïsme peut entretenir l’espoir, mais il ne peut vraiment convaincre, puisque, par ses dons innés, il dépasse les possibilités que l’on attribue généralement à l’être humain.  Dans le passé, peu de religions ou de philosophies ont présenté les membres ordinaires de l’humanité sous les traits d’une divinité ou d’une semi-divinité.

À une époque où la tradition se transmettait surtout de façon orale, voilà le genre de héros qui a longtemps hanté l’esprit des jeunes, autant chez la gent masculine que chez la gent féminine, leur servant de modèle ou devenant l’objet de leur convoitise.  Avec le temps, avec l’affaiblissement de la culture, dans l’imagination populaire, ce premier modèle de héros s’est transformé en chevalier ou en prince charmant;  puis en aventurier parcourant les contrées inconnues;  encore, en rebelle menant une lutte sans merci contre l’exploitation de ses semblables;  ou en athlète produisant des exploits singuliers qu’il convient d’enregistrer dans le livre des records.

Plus récemment, virant capot, le héros s’est transmué en antihéros, soit en surhomme des bandes dessinées, qui pouvait autant être un pirate qu’un autre délinquant, un flic ou un genre de saint, soit un être s’appliquant des valeurs morales élevées, dans la mesure où les uns ou les autres pouvaient présenter un idéal de vie permettant de rêver, d’échapper aux apparentes limitations de la vie, de tirer de la morosité d’une existence terne et ennuyeuse, de compenser pour l’absence de modèles réels inspirants.

Car, quand on ne trouve plus à soumettre à l’attention de la jeunesse des généraux d’armée sanguinaires, des hommes politiques corrompus, des héros de propagande politique, des magnats de la finance avaricieux (des requins), des vedettes dépravées ou un autre monstre égoïste d’une société qui a perdu ses repaires et le sens des valeurs, il faut vérifier si le vice, qu’on s’est toujours interdit, ne paierait pas davantage que la vertu ou n’apporterait pas plus de bonheur qu’elle, aidant tout le mois à rompre avec les paramètres rigides et consternants d’une époque révolue.

Présentement, la jeunesse trouve son inspiration surtout dans les domaines du roman, de la science-fiction et de la «fantasy», dans le monde du cinéma et dans les jeux vidéo.  Dans la liste des héros appréciés, on retrouve Aragorn, du «Seigneur des anneaux» (de J. R. R. Tolkien);  Sturm de Lumlane, du jeu de rôle «Donjons et Dragons» (imaginé par Margaret Weis et Tracy Hickman);  Luke Skyvalker de l’épopée ciniématographique de science-fiction «Star Wars» (de George Lucas);  Harry Potter de la suite romanesque de J. K. Rowling;  Le Fou de la fantasy de Robin Hobb (de son vrai nom Margaret Astrid Ogden);  Eragon du cycle romanesque de Christopher Paolini;  Bobby Pendragon de la série romanesque de D. J. MacHale;  Richard Rahl de la série littéraire «L’Épée de Vérité» (de Terry Goodkind);  Rand al’Thor du cycle fantaisiste «La Roue du Temnps (de Robert Jordan);  Raziel, un ange déchu de la série de jeux vidéo «Legacy of Kain» (développé par Crystal Dynamics);  Neo (alias Thomas A. Anderson) de la trilogie des films de science-fiction «Matrix» (des réalisateurs Andy et Lana Wachowski);  Katniss Everdeen de «The Hunger Games», une trilogie de science-fiction (de Suzanne Collins);  Percy Jackson, le demi-dieu de la série fantastique modernisée, fondée sur la mythologie grecque (de Rick Riordan);  et d’autres têtes aussi illusoires, fantaisistes, délirantes ou hallucinantes encore plus récentes.

Pourtant, à part divertir et développer la licence, aucune des ces modèles de héros ne permet d’entrevoir pour bientôt le salut de l’humanité.  Car le héros véritable ne peut relever d’aucune de ces catégories.  D’abord, le vrai héros ne cherche pas la gloire puisqu’il ne sait pas être tel.  Il s’agit simplement d’un être éveillé d’intention pure qui, dans la poursuite d’un idéal personnel, a décidé de dépasser la condition commune de l’être humain, qui ne se prend plus pour rien d’autre qu’un animal mentalisé.  Lui, il se perçoit comme un être divin incarné, à la redécouverte de son Essence.

Dans la perception contemporaine, le héros ne peut avoir de valeur que s’il vit pour lui-même et exprime l’Amour pur, incarnant le désir personnel ou collectif d’échapper aux limites d’une vie terne pour accéder à la reconnaissance, au bonheur ou à la lumière qui font partie de son véritable héritage spirituel.  Et c’est au choix d’un héros de ce genre que l’on comprend la valeur d’un peuple ou d’une collectivité.  C’est ainsi qu’il devrait rappeler l’historie réelle d’un être appelé à transmuter ses faiblesses en force, à résoudre ses contradictions, à transcender ses désirs terre à terre en aspiration, jusqu’à ce qu’il parvienne à maîtriser ses énergies mouvantes et à les tourner vers le haut.

Toute sa vie, en guerrier pacifique, placé sur le front de son propre champ de bataille, pris dans un combat qu’il ne livre qu’à lui-même, mieux dit, à ses illusions, un tel héros est appelé à œuvrer à l’intérieur de lui-même, y affrontant ses peurs et ses doutes jusqu’à s’en affranchir dans l’acceptation de terrasser ses monstres dans la caverne de la vie, dans l’affrontement de son anti-dieu qui l’amène à triompher de ses tendances inférieures.  Il exprime ainsi l’élan évolutif ou le désir essentiel d’une vie, ce qui finit par en faire un génie ou un maître qui mérite l’admiration de tous et peut leur servir d’inspiration.  Car, à force de détermination, il finit par percer une énigme vitale, comme cachée aux autres, parvenant à démontrer la véracité de la maxime : «Au cœur vaillant, rien d’impossible!»  Repousser sans cesse plus loin les limites du possible, soit rendre les uns après les autres les impossibles apparents possibles, n’est-ce pas le véritable destin d’un héros?

Le héros symbolise l’être humain ordinaire qui, se dégageant de la mentalité grégaire, puise dans la force pure qui l’habite, son dynamisme vital, pour illuminer ses pulsions instinctives, dépourvues de discernement, mais qui attisent les passions, pour les diriger avec amour à partir de sa sagesse spirituelle.  Dans ce contexte, la volonté inébranlable du héros traduit l’élan évolutif, le désir essentiel de l’homme, pour lui faire affronter la situation conflictuelle dans son psychisme, engendrant le combat contre les monstres du pervertissement.  Un tel héros se retrouve paré des attributs du soleil, son dernier lieu d’asile, dont la lumière et la chaleur finissent toujours par triompher des ténèbres et du froid de la mort à autant de reprises que de besoin.  Le héros recourt à la Puissance, toujours présente et agissante à l’intérieur de lui, de l’Esprit de Vie, de la Lumière de l’Absolu, à laquelle il lui suffit de s’abandonner inconditionnellement.

En effet, la victoire essentielle du héros, c’est celle qu’il remporte sur lui-même, renversant tous les obstacles, dissolvant tous les blocages, déchiffrant toutes les énigmes, pour fusionner son Essence et sa nature.  Ainsi, le héros évoque, pour tous, un être comme les autres, peut-être simplement plus lumineux, volontaire et courageux, dont les pulsions ne sont pas encore suffisamment purifiées (conflits entre le haut et le bas, agressivité, vanité, désir de renommée, volonté de puissance et de gloire, rapports de force, rivalités, narcissisme, inexpérience), mais qui, par ses choix judicieux à chaque moment de son existence, finit par apprendre qu’il n’a rien d’autre à faire que d’être pour se voir porté au sommet qui lui revient, à titre de chef-d’œuvre de la Création.

À vrai dire, le culte des héros n’exprime qu’une impulsion naturelle bénéfique s’il appelle au dépassement personnel plutôt qu’à l’admiration béate ou à l’imitation servile.  Certains de ces cultes mènent à l’égarement, comme, du reste, toute dévotion intense ou toute admiration inconsidérée peut le faire.  Mais, en soi, il conduit à aspirer à quelque chose qui dépasse les réalisations médiocres de la vie quotidienne ou la vaine quête de ses semblables.  Le héros, c’est celui qui finit par comprendre que la Vie véritable réside dans l’aptitude à inverser les compréhensions du passé, en passant de la lumière inversée à la Lumière cosmique.  Car, de nos jours, on honore et décore trop de héros, à défaut d’en avoir des vrais, ce qui est le cas pour le moindre acte de civisme important, le moindre signe de responsabilité sociale notable, la moindre acte de bravoure, la moindre démonstration significative de fraternité ou de solidarité, la moindre victoire sportive d’éclat et quoi encore.  À coup sûr, le service politique est tôt ou tard rappelé, mais est-ce à raison?

Alors, qu’on se le dise, il n’y a pas d’héroïsme dans le fait de faire passer les autres avant soi, de leur accorder la première place dans sa vie, d’abdiquer ses droits et ses devoirs personnels, de se dépenser pour autrui par esprit de sacrifice, ce qui confine à la perte d’estime de soi, de confiance en soi, à la dévitalisation et au dégoût de vivre, ni dans la mauvaise compréhension qu’il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour les autres, surtout pour ses êtres chers.

Même si le héros est toujours grandement idéalisé, puisque la foule ne retient de lui que ce qui fait son affaire, c’est l’aspect mythique de sa vie qu’elle veut retenir et agrandir.  En général, les contemporains d’un héros en connaissent peu de son intimité et de ses expériences de vie réelles.  En effet, comme il a été dit, le véritable héros s’ignore lui-même et il agit sans attente.  C’est un être effaheroisme-gallipoli-and-troycé et discret, silencieux et secret, qui fait ce qui est conforme à son destin, la volonté d’atteindre son But ultime.  Ses accomplissements du quotidien lui servent de récompense.  Dans cette perspective, tout Phare de Lumière est un héros, puisque, bien souvent à son insu, depuis des éons de temps, il se prête à un jeu souvent confondant et souffrant, dans la densité et la dualité de la troisième dimension, pour assurer à l’espèce humaine, dont il se peut qu’il ne fasse pas partie, provenant d’autres cieux, l’abrègement de son drame, celui qui consiste à errer, de vie en vie, comme un prisonnier de la Roue des réincarnations.

C’est à ces êtres bénis, si lumineux et puissants, mais si effacés, derrières leurs voiles, que l’humanité devrait accorder son admiration, rendre hommage, présenter sa gratitude, puisqu’ils ont réussi, pour son compte, à déjouer la condamnation de l’ancienne version de l’Apocalypse, ces prophéties qui comportaient la destruction du monde et l’élimination de l’espèce humaine de la surface de la Terre.  Sauf que, prévenus par le Créateur, ces âmes bénévoles, en provenance de tous azimuts, se sont déguisées en êtres humains, pour se perdre dans les rangs de l’humanité, pour lui assurer un destin meilleur, l’Ascension prochaine dans la cinquième dimension.

Il y a quelque chose de sain dans la reconnaissance du mérite et de l’exploit de ses semblables dans la mesure où cette admiration ne reste pas béate et complaisante, mais amène plutôt à aspirer à quelque chose de meilleur et de plus noble pour l’admirateur.  Malheureusement, le commun des mortels s’en sert le plus souvent pour renouveler son espoir intime d’un jour pouvoir connaître de meilleurs jours, sans vraiment se déterminer à l’action efficace, mais plutôt pour se donner l’illusion de s’accomplir par personne interposée.  Pas étonnant que l’homme ne trouve plus de motivation que dans la contemplation des exploits des joueurs des ligues majeures du sport professionnel et la femme, dans ses fantasmes intimes, les romans à l’eau de rose, les feuilletons de la télévision, les romances du cinéma.

De nos jours, les gens s‘adonnent davantage au culte des idoles qu’au culte des héros, choisissant pour modèle personnel ou générationnel une personne qui réussit bien dans un domaine ou dans un autre, allant jusqu’à donner son nom à l’un de ses enfants.  Il ne faut pas s’en étonner : les héros se méconnaissent eux-mêmes et, s’Ils se connaissent, ils se donnent sans attente.  Par association, c’est une façon de se valoriser ou de se revaloriser, soit de se donner l’impression, en fusionnant avec elle, de faire soi-même quelque chose d’important.  C’est un signe de dépersonnalisation, par manque d’estime de soi, car c’est croire que d’autres valent plus que soi ou méritent plus d’admiration que soi.  C’est surtout la révélation de la perte collective du sens évolutif de la vie humaine.

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