AU JAPON, UN FESTIVAL PRINTANNIER CÉLÈBRE L’ORGANE SEXUEL MÂLE…

Le printemsp s’achève, mais, au Japon, au cours des derniers mois, on s’est adonné à une célébration qui peut nous paraître étrange, le «Kanamara Matsuri», qui n’est rien de moins que le festival du phallus, afin de favoriser la fertilité.  Non, il ne s’agit pas d’une blague, il existe un pays oriental où l’on organise annuellement une fête de l’organe sexuel mâle.  Cette idée d’organiser un festival autour de l’organe sexuel masculin peut choquer certains Occidentaux, surtout lorsqu’on apprend qu’elle se déroule dans un pays plutôt macho qui tarde à faire de la place aux femmes.  C’est oublier que, dans les temps anciens, on rephallus-geanttrouvait universellement un culte religieux dédié au phallus, un symbole de force et de fertilité, qui remonte jusqu’à la préhistoire.  La religion hindoue, notamment, a toujours porté une grande attention au «linga» de Shiva (ou Çiva) et au «yoni» de sa Shakti et à leur union mystique, ce qui est clairement signifié dans ses temples.

 Dans l’Antiquité, on retrouve fréquemment des formes explicitement phalliques dans les civilisations grecque, étrusque, romaine et égyptienne, car ces anciens peuples rendaient des cultes à ces effigies lors de rituels liés à la fertilité.  Par exemple, on peut penser au culte de divinités telles que Déméter ou Cérès, Priape, Satyre, Pan, Dionysos ou Bacchus.  On peut également évoquer des cultes publics, comme les Phallophories en Grèce, au cours desquels on portait en procession des phallus géants entourés d’offrandes.  Chez les anciens, grecs ou romains, on attribuait une vertu apotropaïque (conjuration des mauvais esprits) à la représentation des organes sexuels, si bien que, souvent, on en retrouvait à l’entrée des maisons, quand on ne les portait pas en amulette ou qu’on ne les plaçait pas autour du cou des enfants.  On le retrouvait sur des colonnes hermaïques à la croisée des chemins.  Bien que, à l’origine, les peuples de la Gaule aient été tournés vers le culte de la déesse, comme Belisama, ils avaient aussi dans leurs panthéons des dieux masculins.  Après la conquête de ce territoire, sous l’influence grandissante des romains, les gens s’approprièrent le culte du phallus de Priape, établissant un culte original autour de l’organe mâle.  La majorité des peuples primitifs d’Afrique et d’Amérique détenaient leurs cultes de la fertilité et de la fécondité reliés à des divinités bien pourvues en attributs sexuels.  En Inde, depuis toujours, on honore le «linga» de Shiva et le «yonin» de sa Shakti.

Avec l’avènement du monothéisme, les Occidentaux abandonnèrent le culte des déesses dans un repli exclusif sur le culte d’un dieu de sexe masculin.  À cause du judéo-christianisme, qui a classé ces symboles comme païens et obscènes, ils ont développé une certaine pudeur qui, notamment, a amené les francophones, qui ont du mal à nommer l’organe mâle par son nom (comme bien des Européens), symbole ultime de la masculinité conquérante, à lui donner plus de trente-cinq appellations fantaisistes.  Chez ces peuples, ce n’est pas demain la veille que les hommes vont se saisir le pénis, en guise de salutation, au lieu de se donner la main, comme le font les Walibi d’Australie.

Quoi qu’il en soit, dans certaines localités du Japon, depuis 1500 ans, on célèbre ce jour avec un grand sérieux, ce dont les femmes du pays ne se plaignent pas.  Et la foule qui y participe est généralement composée d’un quart de touristes étrangers, surtout en provenance d’Europe et d’Amérique, qui ne se gênent pas pour se procurer  des reproductions de l’attribut masculin présentés un peu partout dans les boutiques sous forme d’images, de décorations, de légumes sculptés, de  bonbons, de goodies, de bibelots, de ballons, de godemichés ou de gadgets divers, de toutes les couleurs et pour tous les goûts.  Dans la culture populaire des Nippons, ces objets sexuels favorisent la fertilité féminine et facilitent, pour l’homme, la rencontre d’une compagne.  C’est la raison pour laquelle on se procure des cartes illustrées par des dessins phalliques pour écrire des vœux.

Mais qu’est-ce, précisément, que cette fête du pénis?  Tout dépend.  Partout, il s’agit d’une fête religieuse de la fertilité, célébrant les bonnes récoltes et le renouveau.  Cependant, le «Kanamara Matsuri» du temple shinto Wakamiya Hachiman-gu, la Fête du pénis de fer ou d’acier, est célébrée le premier dimanche d’avril,  alors que le «Hōnen Matsuri» est célébré le 15 mars, prenant pour centre le temple Kanayama de Komaki, bien qu’il soit également fêté dans d’autres villes du pays.

Après une visite au temple, entre dix heures et midi, le défilé du Kanamara Matsuri, qui signifie «Fête de la Mousson», fait parader dans des «mikoshi» (temples mobiles en bois promenés par de nombreux porteurs en capes blanches, symbole de propreté et de sainteté) trois pénis conservés dans le temple : le pénis de bois dans le grand mikoshi, le plus ancien;  le pénis de fer noir, dans le mikoshi en forme de bateau;  et le pénis géant rose dans le mikoshi «Elisabeth»), un édicule sans toit, porté par des hommes en vêtement féminin.  Quant au petit peuple, il assiste à la procession, tentant de frôler les testicules de l’immense phallus, afin d’obtenir des bénédictions divines dans les domaines de la prospérité des affaires, de l’avenir du clan familial, du mariage, de la facilitation de l’accouchement et du maintien de l’harmonie entre les époux.     Les enfants sont conviés à la fête autant que les adultes, et, pour l’occasion, il leur est permis de sucer des friandises en forme de pénis ou de vagin.

Chaque année, au moyen de vieux outils et conformément aux techniques d’antan,  des artisans spécialisés s’occupent de fabriquer un nouveau pénis géant de 2,5 mètres de long, lourd de 280 kilos, avec de l’«hinoki» (bois de cyprès).  Ce pénis représente l’essence de l’union entre l’homme et la femme, mais aussi l’essence de la terre.  Les porteurs, triés sur le volet, doivent avoir 42 ans, un âge que les Japonais considèrent comme l’festival-phallusâge de la malchance.  On ne retient que les mâles de cet âge pour leur permettre d’obtenir une protection contre le mauvais sort.  Quant aux femmes, dans la mesure où elles ont atteint l’âge de 36 ans, l’âge dit de la malchance, elles portent plutôt un petit pénis pour se protéger du mal ou pour améliorer leur fertilité.  Quant aux autres, elles prient notamment pour être protégées contre les maladies vénériennes assez largement répandues par leurs compagnons égoïstes et irresponsables.

Cette coutume provient d’une légende qui raconte que, à une époque reculée, une démone au vagin armé de dents tranchantes séduisait hommes et les castrait.  Elle eut le temps d’en blesser deux, pendant leur nuit de noces, car un forgeron façonna un phallus de fer qui lui cassa les dents, d’où l’objet devint une relique vénérée.  Depuis, le centre du sanctuaire est devenu un atelier de forgeron avec enclume et feu de forge.  Autrefois, on se rendait à ce temple pour demander la protection contre les maladies infectieuses, notamment la syphilis, et contre les prostituées, assez mal vues.  Quant aux prostituées, elles s’y rendaient pour être protégées contre les maladies vénériennes et contre les méchancetés du populo.

Assez récemment, on a ajouté un aspect pédagogique à ces célébrations, en profitant pour sensibiliser la population aux maladies sexuellement transmissibles, notamment au Sida, et pour amasser des fonds pour la recherche sur les maladies sexuelles.  Il faudrait maintenant savoir quand adviendra, par souci d’équité, la «Fête du yoni» ou «de la matrice»…

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