LE DIALOGUE N’EST PLUS QUANT COMMENCE LA DISCUSSION… 

   Ce n’est plus du dialogue lorsque la discussion commence, car la discussion suppose un ego qui veut imposer son point de vue à un autre, de gré ou de force.

   À proprement parler, le dialogue évoque la conversation, un entretien ou un échange de vues entre deux ou plusieurs personnes en respectant les aspects polaires, mais il aboutit le plus souvent en un dialogue de sourds.  Car, quand l’un parle, l’autre doit savoir écouter sans pense à ce qu’il va dire ou répliquer, ce qui est rarement le cas.  N’empêche que rien ne vaut le dialogue égalitaire pour amener des étrangers à se connaître et à s’apprivoiser, ce qui amène à dissiper la peur des différences qui amène à considérer l’étranger ou l’inconnu comme menaçant.DIALOGUE

   Normalement, le dialogue devrait servir à partager des connaissances pour parvenir à une nouvelle vérité, toute vérité étant partielle et transitoire.  Pour ce faire, il faut deux pôles: un émissif, l’autre réceptif.  Les deux doivent se présenter l’un à l’autre avec toute leur bonne volonté, leur désir sincère de comprendre, au lieu d’interpréter en passant tout au crible des arrière-pensées et des préjugés.  Mais en général, par malheur, la parole que l’un profère s’exile et s’aliène à cause de l’incompréhension, de l’interprétation ou de la malveillance de l’autre, d’où le dialogue perpétue et accroît les distances et l’isolement entre les êtres.  Tout dialogue monopolise les ressorts de l’intellect, de l’imagination, de la mémoire, des émotions, qui ne tardent pas à chercher à imposer leur domination.  Voilà le risque et le drame du langage verbal: il tourne à un dialogue de sourds.  Aussi, pour qu’un dialogue soit constructif, il faut en respecter les règles, notamment les principes de l’écoute active, de la réplique respectueuse, de l’alternance d’intervention des interlocuteurs.

   La discussion amène vainement deux intellects à se confronter dans un jeu de pouvoir.  On observera que plus une personne discute, moins elle a de choses à dire et moins elle est convaincue de son sujet, mais plus elle a de prétention à défendre.  On sort rarement indemne d’une discussion, surtout si les esprits s’échauffent et tentent de se dominer.  Alors, on ne cherche plus à faire triompher la vérité, mais à protéger son amour-propre et ses intérêts secrets.  Peu de discussion permettent de garder du respect pour son interlocuteur.  Quant à celui qui veut l’emporter, il se vide et se démagnétise, d’où il lui faudra un bon moment pour se reconstituer.  Il est surtout préjudiciable de discuter des problèmes d’autrui, même invité à le faire, car il faut alors prendre parti, ce qui relève de la subjectivité, de la partialité et de l’arbitraire.  Alors, on doit se prononcer en jugeant et on crée un lien subtil frauduleux qui permet à l’autre le parasitage.

   Très consciente, Mme A. Lévy-Valensi a osé dire: «Le langage constitue peut-être une voie essentielle pour comprendre cet infléchissement subtil du lien qui rapproche en un obstacle qui sépare.»  Pourtant, l’essence du dialogue est d’unir les êtres et de révéler la vérité, non de s’adonner au verbiage, à la complaisance intellectuelle ou à la domination psychique.

   Hélas, le dialogue, cette présumée conversation entre des personnes, n’aboutit bien souvent qu’à dresser les intellects, dominateurs de nature, les uns contre les autres et, par là, à attiser les émotions agressives et à provoquer une démonstration de force.  Le vrai dialogue consiste en un échange de vues entre deux intériorités au niveau du cœur, par le biais de l’âme, là où la vérité désire constamment se faire connaître, s’établir et se maintenir.  À ce niveau, il emprunte toujours une démarche d’amour qui allie la vérité et la sagesse.  Voilà qui implique une reconnaissance de l’intelligence et de la primauté de la vie dans les formes et la mobilisation de l’intuition pour s’y relier.

   On observera que plus une personne discute, moins elle est convaincue de ce qu’elle avance, moins elle a de choses à dire, moins elle veut se remettre en questiohomme-manipulateurn, mais plus elle a de prétentions vaniteuses à défendre.  En réalité, un être sort rarement triomphant ou indemne d’une discussion.  Les esprits s’échauffent rapidement, tentant de se dominer, de s’en imposer mutuellement.  Dès qu’on commence à discuter, on ne cherche plus la vérité, on cherche à protéger son amour-propre et ses intérêts.  Peu de discussions conduisent à garder du respect pour l’autre interlocuteur.

   Celui qui ne veut pas céder, dans une discussion, sous prétexte d’imposer ce qu’il perçoit comme la vérité, se démagnétise, perd ses énergies, et il mettra des heures à les reconstituer.  Il est préjudiciable de discuter des problèmes d’autrui, même si on est invité à le faire.  En effet, prendre parti, c’est souvent créer un lien frauduleux, parce que ce choix résulte presque toujours d’une attitude partiale et subjective.  Un proverbe dit: «A mauvaise cause, force de paroles!»  O. Miller assurait: «Une personne qui utilise un tas de grands mots n’essaie pas de vous informer mais de vous impressionner.»  À trop en employer, elle témoigne qu’elle n’a pas compris grand chose à ce qu’elle dit ou au sens du dialogue, qui est fait pour se faire comprendre.

***

   En spiritualité, on accorde de l’importance à une autre forme de dialogue, le monologue intérieur qui évoque la manière dont un être se parle à l’intérieur de lui.  Il importe généralement plus qu’on ne le pense puisqu’il participe à la détermination réalités (événements, pensées, sentiments, personnes et objets) qu’on attire dans sa vie.  Janakanandâ a proclamé : «Écoutez-vous vous parler et vous comprendrez bien de vos problèmes.»  On devrait tout autant s’écouter dans ses conversations avec autrui puisqu’on y donne une image bien plus sûre de soi-même que de l’autre.  

   Quoi qu’il en soit, c’est dans le dialogue personnel, le monologue intérieur, qu’on établit l’image de soi-même et qu’on détermine son destin.  Que de fois le monologue intérieur ne détruit-il pas les efforts du conscient pour évoluer?  Voilà pourquoi il faut savoir s’écouter et se rétorquer, projeter, pour soi, une image juste de soi.  Il faut savoir dire à ce qui nous flatte et nous afflige: «Vous êtes des phantasmes de mon imagination, vous êtes des images, vous n’existez que sous forme de pensées. Moi, Je Suis! Images déformées de moi-même, dissolvez-vous dans la Substance universelle et renaissez simultanément, mais sous la forme parfaite que je conçois et sais être, celles du Dieu-Homme!»  

   Par le monologue intime, le mental émet de puissantes émissions d’énergie qui participent à l’élaboration de sa réalité et au façonnement de sa manière de s’insérer dans le monde.  On se rappellera que même les pensées intérieures, secrètes, détiennent leur intensité magnétique propre.  En les émettant, on attire à soi ce à quoi on pense le plus sûrement ou ce qu’on ressent pour vrai.

   Chacun crée sa propre réalité par ses pensées, ses paroles, ses sentiments et ses actes, conscients et inconscients, soit par ce qui vibre le plus puissamment en lui, ce qui explique que ce qui lui arrive lui apparaît souvent différent de ce qu’il croit penser au plan conscient.  Mais il existe souvent une dichotomie entre ce qu’un être dit et ce qu’il pense, fait et ressent.  Chacun gagnerait à diriger son monologue intérieur de manière que le mental devienne plus obéissant, donc moins contrôlant, pour laisser surgir l’intuition, la voix de la vérité intime.

   Pour un être, diriger son dialogue intérieur consiste à choisir les pensées qu’il entretient dans son mental au lieu de laisser les pensées surgir comme au hasard, à prendre conscience des mots qu’il utilise et à réaliser les sentiments qu’ils font vibrer.  En réalité, un être n’élabore pas une pensée.  Chaque pensée représente une chose qui préexiste, qui circule dans l’éther subtil et qu’il attire par affinité.  Comme un aimant, chacun attire, de près ou de loin, les pensées qui circulent dans l’Univers et qui vibrent au diapason ou en correspondance de son taux énergétique.

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