LE DÉVOUEMENT GAGNE À ÊTRE GRACIEUX, DÉNUÉ D’INTÉRÊT, SANS QUOI IL PERD TOUTE SA VALEUR…

Le dévouement forcé comme le dévouement intéressé représentent des pertes de temps, car ils perdent toute leur valeur évolutive.  Comme chacun devrait le savoir, le dévouement désigne la disposition à servir, qui implique la nécessité de commencer par se servir soi-même afin d’avoir quelque chose à partager.  On peut dire qu’il complète le service de dévotion qu’un être exprime à l’Absolu, par sa reconnaissance de sa présence en eux.  Dès lors, dans son esprit fraternel et humanitaire, il se sent solidaire de toutes les créatures.  Il reconnaît ainsi l’Unité de tous les êtres.  Il sait qu’en aiddévouementant autrui, il s’aide lui-même.

Cet esprit de service exprime l’aptitude d’un être à aider autrui quand le besoin se fait évident, du point de vue évolutif, et qu’il peut y faire quelque chose, parce qu’il a le goût d’intervenir, qu’il détient le consentement de le faire, la compétence et l’autorité pour le faire, les moyens d’y arriver et la compréhension de poser les bons gestes.  Mais il implique aussi qu’il sache s’informer des besoins de ses semblables, sans toujours attendre d’être sollicité, pour intervenir à point nommé, faire des suggestions pertinentes, émettre des commentaires constructifs, offrir des conseils productifs ou même offrir une aide concrète, s’il sent que c’est licite, légitime et bien accueilli.

Le dévouement résulte du désir de servir, d’offrir une main secourable, qui se fortifie et envahit les profondeurs d’un être parce qu’il comprend que tout changement bénéfique part de lui pour atteindre les autres.  Dans nombre de cas, il ne sert qu’à mettre en scène un service, une tentative de rachat pour apaiser sa conscience.  En fait, dans le vrai dévouement, un être accepte d’être le changement qu’il souhaite voir s’opérer dans le monde, réalisant que tout petit effort contribue à le changer.  En outre, il allume l’enthousiasme, se propage par contagion, portant les autres à faire de même.  À la vérité, il existe des niveaux de la Lumière auquel nul ne peut accéder sans y élever les autres avec lui.

Le dévouement n’impose pas qu’un être s’implique à toute occasion, mais quand il en sent l’inclination et qu’il se sent bien à le faire, parce qu’un dévouement forcé ne peut qu’être improductif.  En tout acte, l’apparence de la motivation doit correspondre à e qu’un être pore en lui, sinon, il devient un imposteur ou un hypocrite.    À ce propos, Laure d’Abrantès a écrit : «Le dévouement a cela d’affreux dans ses suites, qu’il ne sert ordinairement ni à celui qui l’a offert, ni à celui qui l’a reçu.»  Ce constat, qui est tout à fait véridique, démontre précisément ce que ne doit pas être le dévouement, un acte posé sans sagesse, comme la tentative de se substituer à un autre, dans son destin, d’intervenir à sa place parce que, laissé à lui-même, on le croit incapable ou en danger ou parce qu’on se croit plus conscient, plus compétent ou plus habile.  Pourtant, dans la plupart des cas, on témoigne plutôt de son attachement servile, on mendie de l’amour, on n’est qu’un égoïste ou un dépendant affectif à un degré ou à un autre.

Chacun gagne à exprimer son dévouement par pur amour, dans la discrétion, l’humilité et la simplicité, dans l’intention de s’amasser des valeurs imputrescibles, d’accéder à ce qui subsiste dans l’éternité.  Le don de soi appelle à se montrer bienfaisant pour ceux qu’on peut utilement aider, à se mettre au service d’une cause commune ou du destin collectif, sans chercher la satisfaction personnelle ni l’approbation d’autrui, uniquement l’approbation de sa conscience.  C’est un moyen de s’épanouir que de savoir dépasser les besoins de sa petite personne.   Mais qui se jette à l’eau sans savoir nager, même si c’est par dévouement, risque de se noyer.  L’Absolu ne lui en demande pas autant!dévouement-1

Sauf que la vie n’a de prix que par le dévouement à l’amour, à la vérité et à la sagesse.  Et ce n’est pas répondre à ces critères que de s’exposer à un péril ou de sacrifier sa vie pour autrui, car c’est démontrer qu’on accorde peu de considération pour la vie et qu’on fait passer les autres avant soi.  On honore et on encense ceux qui ont eu assez d’abnégation pour aller mourir sur les champs de bataille.  Mais, puisque toute guerre est une erreur, qu’aucune d’elle ne détient de légitimité, comment peut-on considérer comme des héros des gens qui meurent pour une cause que l’Absolu ne peut approuver, ne pouvant approuver la violence et ne pouvant prendre parti pour un groupe de ses enfants plutôt que pour un autre.

Même s’il faut agir sans attente, le dévouement doit servir à quelque chose : il doit faire progresser une cause.  Sans cela, il devient une imposture ou une perte de temps.  En outre, le premier dévouement doit être accordé à soi-même dans l’intention de mettre en application les moyens qui permettent d’être toujours davantage.  C’est une condition de l’amour de soi que de savoir s’accorder la première place sans devoir rendre de comptes à autrui.

On pourrait compléter utilement la lecture de cet article en se référant à celui qui traite de l’«aide au prochain».

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