LE CYNISME, LE NOUVEAU MODE DE VIE

Le mot «cynisme» vient du mot grec «kunos», qui veut dire «chien».  Le cynique est donc guidé par une «audace de chien», non par le sens du civisme, la charité, le respect mutuel ou l’audace spirituelle.  C’est l’attitude de celui qui adopte un comportement excentrique, brave impunément les valeurs admises, dédaigne toutes les convenances, méprise hostilement les conventions sociales et l’opinion publique dans une intention consciente et délibérée de choquer afin d’amener un changement qui tarde à venir ou qu’il semble impossible à réaliser  pour une raison ou pour une autre.Cynisme

Dans son premier sens, le cynisme désigne une école philosophique grecque, fondée par Antisthène v. 444 – 365 av. J.-C.), un disciple de Socrate.  Il comportait le mépris des convenances et des valeurs morales dans les actes et les opinions.  Il impliquait un mode de pensée qui différait tellement des normes établies (en particulier dans le domaine de la morale) qu’il en devenait choquant, puisqu’il semblai préconiser l’impudeur, l’immoralité ou l’impudence.   Sauf qu’il  manifestait plutôt une certaine rébellion face à un monde incompréhensible en raison de la multiplicité des conventions factices, socialement admises, qui le régissent.  En transgressant tous les interdits de son époque, le cynique tendait à démontrer qu’aucune des règles sociales n’est essentielle hors l’éthique.   Il tentait notamment un renversement des valeurs dominantes du moment, enseignant la désinvolture et l’humilité aux grands et aux puissants du monde qui, dans le mode de vie privilégié qu’ils s’accordaient, finissaient toujours par se couper du peuple et par vivre dans un tour d’ivoire, déconnectés de la réalité.

Au centre de la philosophie cynique originelle, se trouvait l’idée de liberté, assurée par l’autosuffisance, l’autonomie, l’indépendance.  Le sage devenait celui qui était capable de se contenter du minimum, de manière à ne souffrir d’aucun manque et de pouvoir aisément faire face aux situations les plus difficiles.  Pour les cyniques, citoyens du monde, le simple fait de vivre suffisait à devenir sage, d’où ils ne cherchaient nul savoir technique pour y arriver, l’efficacité du quotidien et la démonstration par le fait, plutôt que par la parole, y suppléaient.  Et s’il fallait parler, ils s’exprimaient par des maximes sibyllines et ironiques, à la manière de pince-sans-rire.  Ils préconisaient une vie dans la nature simple et vertueuse, à l’écart de la société, perçue comme fondamentalement corruptrice et changeante.  Le sage cynique choisissait donc de vivre dans l’abstinence, la frugalité, sans jamais rechercher la richesse, l’honneur, la célébrité, le privilège.  Sans maison, il se contentait des nourritures les plus simples et il refusait tout ce qui ne lui semblait pas absolument nécessaire.  Il rejetait tout ce qui s’écartait de la vérité matérielle simple du monde, ce qu’ils considéraient impossible à prendre au sérieux.  Son principal représentant, le Grec Diogène, ne vivait-il pas dans un tonneau?  Mais il ne se privait pas de servir des leçons aux plus grands de son époque qu’il attirait, insouciant des conséquences.

Le cynisme contemporain s’écarte de bien des principes de la philosophie originelle ce qui le rend souvent suspect.  Souvent, le cynique d’aujourd’hui peut être fort en gueule et en gestes asociaux, mais il ne mène pas toujours la vie la plus éthique en cela qu’Il n’applique pas lui-même ce qu’il enseigne ou exige pour lui.  Pourtant, chez la plupart, cet état  procède du don d’observation lucide qui pousse à dire les choses comme elles sont, généralement crûment, dans une société remplie d’hypocrites.  C’est notamment un attribut de la jeunesse qui finit presque toujours par rentrer dans les rangs, dès qu’elle s’est installée dans les habitudes et qu’elle s’est aménagée sa propre zone de confort.  Il est difficile de rester cynique quand on a fini par devenir comme la majorité, un être complaisant.

Dans plusieurs cas, le cynisme peut exprimer, par un genre de désabusement et de désaffection, une grande sagesse, puisqu’il cherche à ramener plus de vérité et de justice dans les mœurs.  Un être n’entend pas perdre son temps dans une entreprise vaine.  Mais, dans nombre de cas, il s’agit d’agression et d’ingérence de la part d’un être asocial et fort mal dans sans peau qui transpose sur les autres ses frustrations, révélant une incapacité de régler ses propres problèmes.  Dans a mentalité de victime, il cherche des boucs émissaires.  S’il lui reste un femme-téléchargementpeu de courage, il ne compte plus que sur lui-même.

Chez la plupart des cyniques contemporains, le mépris repose sur un manque de foi dans l’être humain et un manque d’espoir en regard du destin de l’humanité qui amène à accorder peu de confiance dans les motifs et les justifications d’autrui.  Il transpire en cela une forme de lassitude, celle d’un être à bout de moyens pour changer les choses.  Un peu misanthrope, refusant de s’impliquer socialement, il se contente de réprouver, de critiquer et d’en rire méchamment, pour se donner l’impression d’être plus malin que les autres.  Et peut réussir à séduire et à se former un cour par son rayonnement intellectuel, mais, généralement, pour lui-même, il mène une vie morne, il croupit dans l’impuissance, il manque de courage et, du coup, d’efficacité.

Quand il devient aussi prépondérant qu’aujourd’hui, le cynisme devient presque la norme d’un nouveau conformisme.  Les cyniques ne disent plus, tout haut, ce que la majorité se contente de penser.  Qui ne témoigne pas de cynisme passe pour un être dépassé, un faible, un timoré, un être soumis, sans ressort et sans personnalité.  Dans l’ordre de la densité et de la dualité, la conscience ne peut jamais trouver le juste milieu qu’après avoir exploré les extrêmes.

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