S’IL FAUT DE L’ABNÉGATION, AU SENS USUEL, IL FAUT BIEN LA PLACER…

L’abnégation évoque le principe mystique du don de soi, soit du sacrifice volontaire de soi, donc de son intérêt.  À notre époque, on en a fait la «conscience professionnelle» ou l’«empathie», ce qui en dilue le sens charitable, le devoir spirituel de partager.   Quelqu’un l’a défini comme la confiance accordée au Ciel.  Il est vrai que, dans la pensée orientale, ce mot peut impliquer le «renoncement», soit l’abandon à la fatalité, l’abandon à la Volonté divine ou le rejet des pulsions purement égoïstes.  Pour le chercheur spirituel, le vrai mystique, le sacrifice de soi pAbnegationour un autre représente une aberration, sauf peut-être pour les parents, puisque le don de la vie s’accompagne, jusqu’à un certain point, le don de soi à un être démuni de moyens pour survire et pour se protéger des agressions.  Mais, dans les autres cas, en plus de résulter d’une incompréhension du principe, il peut révéler une carence personnelle qui attire la pénurie, l’abandon ou le mépris.  Un être trouve alors dans l’abnégation une raison de vivre, de rehausser l’estime de lui-même, de se hausser au regard d’autrui.  L’abnégation bien comprise ne peut que signifier la dissolution de la personnalité pour faire plus de place, en soi, à l’Absolu.

En général, l’abnégation pousse plus loin l’attitude de détachement exprimée dans les deux notions d’«abandon» et d’«acceptation».  L’abnégation désigne le renoncement volontaire à son intérêt purement personnel pour s’ouvrir à l’altruisme et à une conscience plus universelle.  Elle implique un désintéressement et un dévouement personnels à une cause supérieure.  Pour le chercheur spirituel et le mystique, il s’agit de l’accomplissement de la Volonté de Dieu ou la réalisation de son Plan cosmique.  Il ne s’agit pas d’écarter les choses du monde, mais de passer à travers elles sans attachement.  Car, si chacun vit en ce monde, il ne lui appartient pas.  Elle invite à vivre heureux à sa manière, qu’on ait le ventre plein ou vide, à vivre pleinement son expérience personnelle.  Elle suggère surtout de se confier à Dieu de tout son être, confiant qu’il pourvoira à tous ses besoins, laissant à sa discrétion le soin de son être, pour éviter de résister à l’Évolution, mais sans s’anéantir soi-même.  L’abnégation consiste à se détacher progressivement de ses motivations purement égoïstes pour s’ouvrir aux besoins des autres et pour entrer dans le dynamisme cosmique.  Chaque être est une cellule du Grand Corps mystique.  Il doit devenir de plus en plus altruiste et impersonnel. abnegation-52

L’être humain demande toujours ceci, cela ou autre chose.  Pourtant, le plus grand présent à demander, c’est d’accepter simplement tout ce qui a déjà été donné à chaque enfant de Dieu.  Car ce que l’âme peut offrir correspond rarement à ce qu’il pense vouloir ou dont il croit avoir besoin.  Elle implique l’esprit d’attention et de vigilance, loin de la passivité, pour comprendre les appels de la vie, agir au moment opportun, saisissant les occasions favorables de progresser, de supprimer en soi ce qui fait obstacle et encombre sa conscience.  Elle invite à mettre un terme à sa résistance mentale et sensible afin que les énergies de la vie circulent en abondance à travers soi.  Il incite à retrouver l’esprit d’enfance, cet état de candeur, d’innocence, de spontanéité et d’émerveillement, par lequel le discernement ou la sagesse pratique indique ce qui est à faire, quand il y a quelque chose à faire, au moment opportun, pour profiter de l’occasion favorable.  L’abnégation ne supprime jamais la nécessité de rester en état d’alerte, de vigilance, d’attention pour capter les signes et les messages de la vie afin d’agir de la bonne manière au bon moment avec les meilleurs moyens.

L’abnégation conduit à changer ce qu’on peut changer et à s’adapter au mieux pour le reste afin d’épouser le courant de la vie à travers soi.

L’abnégation met un terme à la résistance et elle remplace, jusqu’à un certain point, la foi.  Elle aide à savoir où l’on va, même si on ne sait pas comment s’y rendre ou par quel avenue y arriver.  Car celui qui avance avec résolution, le cœur ouvert, ne peut s’égarer.  L’abnégation représente une confiance active qu’on développe non en accumulant, mais en donnant, en semant.  C’est un état qui vient naturellement quand on reste uni à son Maître intérieur, son Centre intime.

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