La réalité n’existe pas hors d’un être.  L’une des principales causes du désespoir et du désarroi humains résident dans le fait que les êtres humains cherchent la réalité là où elle n’est point.  Ils croient reconnaître un univers visible extérieur à leur corps.  Ils marchent dans cet univers qu’ils voient, ils le touchent, ils l’entendent : il se rend perceptible à leurs sens.  Alors, ils s’imaginent que la réalité se trouve là, au dehors, dans ce monde qui leur semble si réel.  Mais,  tandis qu’ils explorent cet réalité, en y aspirant d’abord, ensuite avec désespoir, et, finalement, presque en proie à la panique, ils réalisent que la vérité reste insaisissable et que la réalité qu’ils croient avoir découverte peut disparaître comme s’évanouit le brouillard au-dessus d’un pré quand le soleil se lève.

            Pourquoi en est-il ainsi?  En vérité, nous savons bien que ce monde qui entoure notre corps est bien là.  Nous possédons un certain nombre d’expériences communes par rapport à lui (mais pas aussi générales que nous le supposons).  Alors, pourquoi ne pouvons-nous pas trouver la réalité dans le monde extérieur puisque l’esprit nous indique, sans possibilité d’un doute, qu’il est réel?

            Scrutez de nouveau de monde extérieur, je vous en prie.  Regardez-le bien, regardez-le longtemps.  Nommez-moi une seule chose qui en provienne dont vous puissiez dire : ((Ceci a toujours été là)) ou ((Ceci existera toujours)).  C’est impossible, n’est-ce pas?  Tout à fait impossible.  Car rien, dans le monde extérieur, n’est aussi durable qu’il paraît, n’a pas eu de commencement dans le temps et l’espace, et n’y aura pas de fin.

            Faites-en l’expérience.  Retenez trois choses du monde extérieur, par exemple, la maison dans laquelle vous habitez ou n’import quelle autre réalité d’apparence durable –et vous devrez reconnaître qu’elles se sont manifestées, à un moment ou à un autre, dans l’univers matériel.  Et vous pouvez concevoir tout aussi bien qu’à un autre moment, elles devront cesser d’exister, n’est-ce pas?

            La vérité, c’est que tout, dans le monde extérieur –chaque brindille, chaque pierre, chaque atome— est en mouvement, coulant aussi sûrement qu’une rivière, à travers le temps et l’espace.  Par conséquent, celui qui cherche la réalité dans les formes et la substance qui lui sont extérieures, celui-là agit comme s’il tentait de saisir dans sa main un rayon de soleil ou une ombre.

            Car, pour trouver la réalité, il faut chercher ailleurs.  Mais où?  Là où elle se trouve!  Puisque, de toute évidence, elle n’existe pas hors de soi, il faut la chercher en soi-même.  Voilà la réponse!

            Considérons ce que disait le poète R. Browning, dans un de ses moments de puissante inspiration : ((La Vérité est en nous-mêmes, elle ne sort point des choses extérieures, quoi que vous puissiez en penser.  Il existe en nous tous un centre intérieur, où demeure la vérité entière, et que, comme par de multiples murs, la chair grossière emprisonne.  Cette perception parfaite, claire, qui est la vérité, un réseau charnel, déroutant et pervers, l’enserre et fausse toute chose;  et connaître consiste bien plus à ouvrir une voie d’où puisse s’échapper la splendeur emprisonnée plutôt que d’effectuer une entrée pour la lumière qu’on suppose dehors.))

            Cet extrait comporte une grande vérité.  Et si nous parvenons à la comprendre, nous entrerons en possession de la réponse à notre désarroi.  Regardons de nouveau l’Univers.  Nous voyons que tout y est en mouvement.  Et si nous y réfléchissons assez longtemps, nous comprendrons facilement et clairement que notre univers est, en vérité, un vaste champ d’énergie, une aire immense dans laquelle, constamment, les atomes tourbillonnants s’attirent les uns les autres afin de construire des formes et de la substance ou se repoussent de sorte que la substance s’amenuise jusqu’à ne plus être.

            Alors, en contemplant de nouveau l’Univers, ne retombons pas dans l’erreur qui consiste à nous en exclure nous-mêmes!

            Car c’est là le point où tout le processus commence pour vous, pour chacun de nous.  Il faut commencer par opérer sur nous-mêmes.  Nous devons nous apaiser et prendre conscience de ce fait que notre vie consiste en cette Puissance qui donne l’être à notre corps, le mène à sa manifestation et le soutient ensuite.  Nous devons comprendre que toute la création est la manifestation d’une vie unique et que cette vie doit d’abord être reconnue et consciemment éprouvée en nous-mêmes avant que nous puissions le voir dans le monde extérieur.

             Et moi je dis que quiconque parvient à connaître la réalité en tant que puissance intérieure, est capable de laisser cette réalité diriger sa vie, connaîtra la paix et la puissance et qu’il avancera harmonieusement vers l’accomplissement de sa plus haute destinée.

             En vérité, un tel être saura que la vie coule à travers lui vers tout le reste d e la Création, que la vie est vraiment la Lumière du monde.  Et il laissera briller cette Lumière devant les hommes afin qu’ils glorifient –non pas sa personne— mais le Divin Créateur de tous.     

 

Janaka-anandâ © 1980-2014 Yogi Inn, Vermont, USA.

 

 

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