LA VOIE DE LA VERTU, UNE VOIE À FUIR!

Note: L’image d’introduction représente «Hercule entre le vice et la vertu» de Gérard de Lairesse.

Dans les diverses religions, il s’agit de la force par laquelle l’être humain suit les règles de la loi morale ou de l’inclination à poser des actes louables, soit des actes conformes aux valeurs spirituelles, en s’abstenant des actes répréhensibles.  Certains la définissent comme la fonction équilibrée des pouvoirs intérieurs établie sous la suprématie de l’Esprit.  Jacques-Bénigne Bossuet a dit : «Le bon usage de la liberté, quand il se tourne en habitude, s’appelle vertu;  et le mauvais usage de la liberté, quand il tourne en habitude, s’appelle vice.  Mais, par son exigence, la vertu trouve plus d’admirateurs que d’imitateurs.  Même que, chez nombre de ceux qui la pratiquent, ils ne la porteraient pas si haut ni si loin, si elle ne s’accompagnait d’une forme de vanité, de complaisance en eux.  Peut-être que, en parodiant Baltesar Gracian Y Morales, on pourrait lui trouver pour seule finalité : «La vertu n’a besoin que d’elle-même;  elle rend l’homme aimable durant sa vie, et mémorable après sa mort.»

En spiritualité, peu soucieux d’être vertueux, ce qui maintient dans la dualité, on considère comme une vertu les attitudes qui rapprochent de Dieu et qui unissent au lieu de diviser.  Il s’agit des formes pures et des nobles idées qui retiennent la Lumière de Dieu dans l’être humain.  Mais au lieu de préconiser la collection des vertus, elle pré13fa15952bbd32ff797c6ed00c04ed78conise l’application de la  Loi cosmique et de ses principes, qui unifie l’être et le mène à la libération transcendantale.  La manière la plus facile d’y parvenir, c’est d’applique l’Amour pur, la Clef des clefs de l’accomplissement, dans toutes ses entreprises.

Comme on l’a vu, les religions établies définissent la vertu comme la disposition ferme et constante de l’âme à faire le bien et à fuir le mal.  Cette définition parait assez contradictoire et paradoxale, d’autant plus qu’elle inclut la lutte ouverte.  Il vaut mieux croire que la vertu est la quintessence du bien, une qualité portée à son plus haut degré d’accomplissement spirituel, par le contact avec Dieu et le respect des Lois.  Ce qui pouvait faire dire à Alexis Carrel: «La vertu est ce qui est intègre.»  D’accord, mais, comme l’a dit Daniel Darc : «Une vertu qui n’a jamais été tentée n’est pas une vertu : c’est une hypothèse.»  Peut se croire vertueux sans l’être celui qui n’a jamais encore été exposé à une tentation particulière.  Cela rappelle que, dans le passage des Ténèbres à la Lumière, il faut passer par le vice pour apprécier la vertu, donc oeuvrer trop longtemps dans la dualité qui ramène dans la densité.  Tout être renforce ce à quoi il s’oppose, qui finit par le terrasser, à moins de bien connaître son ennemi apparent et de le garder à l’oeil tout au long de sa vie.  Mais, bien souvent, dans les sociétés modernes, elle n’est plus qu’une forme de compassion qui pousse à accorder aux autres une amitié semblable à celle qu’on attend d’eux.  Car on peut penser, avec Alain : «La vertu d’un homme ressemble bien plus à ses propres vices qu’à la vertu du voisin.»

Sommairement, dans la religion chrétienne, il existe trois vertus capitales (cardinales) : la foi, l’espérance et la charité; et quatre vertus générales : la force, la prudence, la tempérance et la justice.  Trois et quatre faisant sept, il y a fort à parier qu’une vertu particulière puisse correspondre au rayonnement d’un aspect de l’Énergie divine, exprimée une couleur particulière du Pont du Ciel ou de l’Arc-en-ciel cosmique et associée, au niveau individuel, à l’ouverture complète des sept chakras fondamentaux de la constitution ésotérique de l’être humain.  Ainsi, on peut associer l’espérance au rouge (Mars) ;  la tempérance à l’orangé (Soleil) ;  la force ou le courage au jaune (Vénus) ;  la charité ou l’amour au vert (Terre) ;  la prudence au bleu azur (Jupiter) ;  la justice à l’indigo (Mercure) ;  et la foi au violet (Saturne).  Le pourpre qui les complète et les unit dans la sphère est relié à la sagesse ou accomplissement (Lune), ce qui, après la gamme, permet de fermer le cercle par l’octave.

Poussant plus loin la recherche, on peut définir l’espérance comme la volonté de s’accomplir dans le bien et le beau, résultat des efforts de l’âme dans la densité, apprenant à se servir de la force vitale.  Il s’agit de l’accomplissement de la Volonté de Dieu dans ses plus petites manifestations, ce qui permet l’entrée sur la Voie évolutive véritable qui réconforte l’âme.  Elle implique la nécessité d’avoir un effet bénéfique sur autrui.

Quant à la tempérance, elle vise l’élimination de la matière usée et elle implique le renoncement à ce qui fait obstacle sur la Voie ascensionnelle.  Elle comporte la modération des appétits, l’application du juste milieu au niveau des plaisirs des sens.  Elle assure l’alliance de l’intellect et de l’intuition.

Pour sa part, le courage réfère à la force d’âme, à l’élan vers le haut, à l’aspiration, à l’ardeur et à l’audace.  Elle impose la maîtrise des sens et des sentiments.  Elle développe la détermination à s’accomplir malgré les épreuves.  Elle traduit l’effort patient et persévérant dans l’expérience.

La charité («agapè») évoque la force de cohésion, l’altruisme, le sens du partage et de l’échange inconditionnel et impersonnel, sans jugement, sans intérêt ni attente.  Associée au sens humanitaire, elle est en rapport avec l’âme et elle confère la vie, la paix, la joie.  Elle rappelle que Dieu agit partout, invitant à voir dans tous ses semblables des êtres divins unis par un lien de parenté spirituel.

Pour ce qui a trait à la prudence, elle désigne la circonspection, le discernement, la conduite raisonnable, la réflexion sur la portée de ses buts et à la conséquence de ses actes.  Invitant à éviter l’erreur, elle implique l’esprit créateur et la purification psychique.  Elle rappelle que la pensée crée, d’où il faut savoir faire des choix évolutifs.

Dans cette séquence, la justice ou rigueur représente la juste appréciation des droits, des devoirs, des mérites ou la conformité à la Loi.  Elle se fonde sur la rigueur du jugement d’où naît le discernement.  Elle assure l’équilibre sur tous les plans.  En relation avec l’Esprit de Vie, sa finalité, c’est d’exprimer la Vérité.

Enfin, la foi montre le chemin à suivre, la Voie royale.  Elle révèle la force de l’amour et confirme l’espérance d’un chercheur.  En rapport avec l’esprit et le cœur.  Pôle opposé de l’amour, pondéré dans l’espérance, elle s’établit en rapport avec l’esprit et le cœur, se démontrant la certitude acquise dans les œuvres.  Elle permet de communier avec la Source unique et de confirmer que Dieu peut tout.

Comme on peut le constater dans cette nomenclature, s’appelle vertu toute évocation des énergies de l’âme, dans un domaine particuleir de la condouite, pour établir un nouveau rythme vibratoire et pour affermir l’emprise de l’Esprit sur le corps par le biais de l’âme.  En conséquence, les vertus représentent les impulsions et les tendances de l’Esprit créateur qui contribuent toujours à l’évolution.  Elles s’expriment par les planètes sacrées, gouvernées respectivement par: Kamaël (Mars), Raphaël (Soleil), Jophiel (Vénus), Aniel ou Haniel (Terre), Uriel (Jupiter), Michaël (Mercure), Tzadkiel (Saturne) et Gabriel (Lune).  C’est ainsi que, en Alchimie, on a associé la force au feu ;  la justice à l’air ;  la tempérance à l’eau ;  la prudence à la terre ;  la foi au soufre philosophal (énergie électrique ou solaire) ;  l’intelligence au mercure philosophal (énergie magnétique ou lunaire) ;  la charité au sel philosophal (le «scel») ;  l’intelligence au soufre des Sages ;  et la sagesse au mercure des Sages.  Au terme de ces phases successives de régénération, de transmutation, de transfiguration, d’illumination et de Fusion en Dieu, l’être évolutif entre enfin dans la Pure Vérité, la Réalité absolue, sa Source originelle.

Le problème des systèmes religieux qui appellent à la pratique de la vertu, c’est qu’ils présentent de façon stéréotypée les obligations et les interdits, les mêmes pour tous, que le pèlerin doit respecter tout au long de sa vie.  Ainsi, entre ce qui est permis et ce qui est défendu, il ne sait plus trop où se situer et comment exercer son libre arbitre.  La quête de la vertu porte vers l’ascétisme, qui exprime, à la fois un extrême ou un excès et représente une fuite de la vie.

L’addition des qualités spirituelles, que sont les vertus, peuvent accroître l’entendement et développer le discernement, mais elles ne forment pas vraiment à la Sagesse.  En effet, elles désincarnent, plus qu’elles n’aident à s’accomplir, empêchant la fusion réelle de la Terre et du Ciel.  Car la voiepelerins-pieux de la vertu impose le dédain du corps, le rejet de la jouissance et l’extraction de la matérialité.  En outre, en se surveillant trop dans tous ses états, un être développe la contention, qui, comme le mot le dit, implique de la tension, ce qui est contreproductif et rend purement régressif.  Si c’est cela vivre, la vie de ce monde n’offre pas grand intérêt.  Quand on passe son temps à se surveiller dans ses attitudes et ses comportements, on n’a plus le temps de vivre.  La Réalisation spirituelle n’en requiert jamais autant.  A ce propos, la Mère Rose, l’admirable compagne du Maître hindou Sri Aurobindo Ghose,  faisait remarquer: «La vertu a toujours passé son temps à supprimer des éléments dans la vie, et si l’on avait uni ensemble toutes les vertus des différents pays du monde, il resterait fort peu de choses dans l’existence.»

Ainsi, la vertu ne consiste pas tant dans la privation que dans l’accomplissement.  On peut résumer les vertus en disant qu’il faut d’abord apprendre à être, et à être amoureusement créatif, et que c’est tout ce qui compte.  L’application de l’Amour pur conduit à réaliser toutes les vertus au lieu de tenter à les appliquer les unes après les autres, ce qui prendrait un nombre infini de réincarnations.  Du reste, à trop penser à l’application des vertus ou à trop considérer les vertus qu’il porte, un être en vient à enfler son ego et à pécher par orgueil spirituel et séparativité.  Tout être qui se reconnaît vertueux est porté à vivre à par pour éviter la contagion collective.  En fait, n’est jamais vertueux celui qui tente d’imposer sa propre bonté, s’évertue contre le mal ou prend de la fierté dans sa vérité (son degré d’évolution).  M. von Ebner-Ershenback a dit: «Là vertu aussi est un art.  C’est pourquoi elle possède deux sortes de disciples: ceux qui la pratiquent et ceux qui l’admirent.»

On peut croire que, à l’application des vertus, on gagne à appliquer celle qui les contient tous, l’Amour, qui permet d’accéder à la Vérité et de fusionner dans la Sagesse cosmique.  Ainsi, le processus de l’Évolution s’accomplirait mieux dans l’abandon créateur qui permet au Ciel, donc à la Lumière, de se manifester à travers soi.  Si la vertu peut faire des saints, l’Amour fait des Initiés ou des Maîtres.

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