VANITÉ DES VANITÉS, TOUT N’EST QUE VANITÉ…

ILLUSION DES ILLUSIONS, TOUT N’EST QU’ILLUSION, ICI-BAS…

De nos jours, tout le monde veut être vu, reconnu, aimé, apprécié.  Qui ne souhaite pas se faire nombre d’amis sur les réseaux sociaux ou passer à la télévision?  Et la téléréalité encourage ce phénomène narcissique, mais si inepte, qu’on en vient à trouver normal.  Avec la dégringolade des valeurs, la vanité est devenue la vice à la mode.

Dans l’Ecclésiaste, chapitre de la Bible, on peut lire : «Vanité des vanités, tout n’est que vanité.»  Il est ainsi rappelé que la vie en incarnation n’est jamais qu’une illusion.  Mais qu’est-ce que la vanité qui peut autant renvoyer au vide qu’à l’attitude extravertie, voyante, pompeuse de celui qui veut jeter de la poudre aux yeux?  Qu’est-ce que ce vice inepte tant décrié par les anciens moralistes chrétiens?  Il s’agit de la vaine gloire.  L’humoriste français, Philippe adolescente-dans-miroirBouvard en a dépeint l’extrême en disant : «Je connais des vaniteux qui passent tellement de temps à dire du bien d’eux qu’ils n’ont même pas le loisir de dire du mal des autres.»  Sauf que tout vice à la mode, donc communément répandu, semble devenir une vertu.

Contraire de la modestie ou de l’humilité bien comprise, qui ne doit jamais être sentiment d’abjection, la vanité désigne l’amour-propre exagéré qui se traduit par un esprit frivole, satisfait de lui-même, qui ne cesse d’étaler ses prétentions, autant dans le discours, dans la tenue vestimentaire que dans le comportement.  C’est le travers de celui qui détient une opinion très avantageuse de lui-même et de sa valeur, le plus souvent surfaite, pour des motifs réels ou imaginaires, mais qui porte à agir aux dépens de la considération due à autrui.  Car le vaniteux ne peut qu’aspirer à tout s’asservir.  C’est son propre de vouloir imposer le respect et l’amour de sa considération.  À l’orgueil, qui peut être un défaut de solitaire, elle ajoute la détermination de se faire approuver par tous.

On accole à la vanité le faux symbole du paon, au sens de l’être qui fait l’étalage de ses atours et les impose comme point de référence.  On dit faux symbole parce que, en fait, cet oiseau, par le déploiement de sa queue, présente le ciel qu’il faut savoir admirer et considérer comme son lieu de provenance et sa destination ultime.  La bulle de savon l’illustrerait mieux dans son insignifiance.  Elle porte toute l’attention vers des apparences extérieures qui, malgré tous les efforts, ne peuvent perdurer.  Toute personne finit par s’affaiblir, s’étioler, se défraîchir en avançant en âge.  Ella amène à accorder plus d’attention au transitoire et à l’accessoire qu’à l’essentiel, qui se cache au fond de soi.

La vanité traduit un débordement de l’ego qui est vain parce qu’il n’est supporté que par des artifices, à défaut de pouvoir s’appuyer sur la réalité, comme des exploits.  Fondée sur la croyance exagérée en ses aptitudes et à sa puissance d’attraction sur les autres, c’est un maître despotique qui fait incliner vers l’envie et les jeux de pouvoir.  Car, affligé d’une incertitude par rapport à soi-même, que seuls les éloges guérissent, on s’arroge facilement des droits injustes ou indus.  Porté à l’arrogance, on en oublie rapidement ses propres fautes, empêchant de penser à les corriger.

Il y a là une volonté de compenser dans une tentative de faire croire qu’on détient ce qu’on ne détient pas.   Ou, si on le détient, on en exagère la valeur ou la portée.  On s’aime exagérément, de sorte qu’on se  place au-dessus des autres.  Ainsi, le vaniteux aime se parer, se pomponner, se chouchouter, recourir aux artifices, aux ornements de prix, aux vêtements recherchés ou dits à la mode, comme il adore se pavaner pour être non seulement vu, mais remarqué.  Il investit surtout dans l’illusion, l’éphémère, le transitoire, dans ce qui, comme une bulle, ne peut que finir pas se dissoudre dans le néant.  Il oublie que la vanité est le masque de la pauvreté intérieure.

Mais La Rochefoucauld, qui savait prononcer des paroles de fin observateur,  a dit : «Ce qui nous rend la vanité des autres insupportable, c’est qu’elle blesse la nôtre.»  L’être humain veut laisser des œuvres, un lignage, une trace, faire en sorte que son nom soit connu et retenu.  Par là, il tente de se cacher la certitude absolue de sa mort.  Mais il ne voit pas que c’est elle qui le motive à réaliser les meilleures choses.  Il redoute le passage dans l’ombre et il vit dans la grande terreur de l’inconnu.  Aussi n’est-il pas étonnant qu’il veuille qu’on place sur sa tombe une pierre portant, bien gravé, son nom.

Le seul moyen que l’être humain ait trouvé pour vaincre sa peur de la disparition et de l’oubli complet, c’est de lui faire diversion, d’oublier que ses jours sont comptés, que tout finira quand il s’y attendra le moins.  Il ne comprend pas que, conscient de la mort, il serait capable d’avoir plus d’audace, d’aller beaucoup plus loin dans ses conquêtes quotidiennes et dans ses aspects plus glorieux.

Paradoxalement, la mort n’est-elle pas ce qui donne un sens à la vie?  Étant apparemment inévitable, elle donne le sentiment de n’avoir rien à perdre.  Mais, pour contempler le véritable visage de cette grande compagne, il lui faut connaître tous les désirs et toutes les terreurs que sa simple évocation réveille en lui.

Tout lieu est sûr, le seul danger provient de la peur même de l’être humain.  Chacun a des préjugés concernant la mort, qui ne survient pourtant qu’à son heure, parce qu’il ne la perçoit pas comme une manifestation de l’Amour divin.  Il ne la considère pas comme un simple passage dans une continuité évolutive.  Il a d’autant peur de mourir qu’il a peur de vivre, d’assumer ses désirs dans l’instant, de jouir pleinement de la vie, d’exprimer tout son courage, d’entreprendre tout ce qu’il désire réaliser en ce monde.  À défaut d’y parvenir, il se revêt de reflets et d’artifices dans lesquels il se complaît et qu’il tente de faire durer et qu’il cherche à imposer aux autres comme sa réalité.

© 2012-15, Bertrand Duhaime (Dourganandâ).  Tous droits réservés. Toute reproduction strictement interdite pour tous les pays du monde.  Publié sur : www.larchedegloire.com.  Merci de nous visiter sur : https://www.facebook.com/bertrand.duhaime.

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