TOLÉRER N’EST PAS ACCEPTER…   

La tolérance incline à respecter la liberté d’autrui, ses manières de penser et de vivre, ses opinions, ses orientations et ses tendances, surtout lorsqu’elles diffèrent des siennes et qu’elles n’attentent nullement à l’ordre public ni au destin commun.  Elle amène à vivre et à laisser vivre en se mêlant de ses propres affaires et en invitant les autres à en faire autant.  Elle amène à considérer les autres, surtout s’ils sont différents et étrangers, avec indulgence, compréhension, bienveillance, dans un esprit de fraternité humaine et de solidarité spécielle.  Elle porte à accepter les autres tels qu’ils sont et à leur faire comme on aimerait qu’il soit fait à soi-même en évitant de les juger sans essayer de les comprendre.

Pourtant, par son étymologie, le mot «tolérance» peut indiquer une adaptation de l’esprit, mais pas une ouverture complète du cœur, puisque tolérer n’est  pas forcément accepter, alors que, ce dont le monde a le plus besoin, présentement, c’est d’un amour inconditionnel, non d’une affection partielle, parce que partiale, subjective, préférentielle.  Tolérer, c’est permettre, supporter, laisser être, ne pas empêcher, ne pas interdire, mais en conservant une part de réserve, en agissant à contrecœur, en recourant à plus ou moins de patience.  C’est accorder une liberté limitée parce qu’on la colore par les préjugés, les stéréotypetolerances, la peur de l’inconnu.  C’est comme dire pardonner et ajoute que, cependant, on n’oublie pas, ce qui n’est jamais que pardonner du bout des lèvres ou pardonner à moitié, en se permettant de garder une envie de vindicte ou de rétorsion.

Nul n’est invité à se laisser marcher sur les pieds.  Il peut se présenter des cas où il faut impérieusement empêcher autrui de profaner son territoire.  Pourtant la Loi dit que, en pareille circonstance, même s’il faut faire preuve de fermeté, il faut aussi démontrer de la clémence, présenter une main de fer dans un gant de velours, car, même si on parvient à prouver une faute, on ne peut jamais rien retenir contre le fauteur, un être en évolution à son rythme et à sa manière sacrée.  S’il faut fuir le péché, nul ne peut haïr le pécheur!  Du reste, il n’y a ni péché, ni erreur, ni échec, puisque rien n’est jamais totalement faux, il n’y a jamais que des misères, des parts de vérité, puisque rien n’est maudit et que toute réalité contient sa part de Lumière divine.  Chaque chute devient un appel à faire ressortir une force;  toute expérience augmente la conscience de celui qui la mène.  Rien n’est moins important ni plus important, il n’y a là que critères du mental diviseur.

Pour sa part, l’acceptation porte à poursuivre sa propre voie avec détermination, le cœur grandement ouvert à tous, sans préférence, sans favoritisme, sans désir d’accorder des privilèges,  malgré les obstacles, même si cette démarche doit exposer aux insultes, à la réprobation du milieu et à la dérision générale, en retenant toujours que chaque vérité contient son propre contraire.  Dans la défense de son espace psychique et de sa démarche évolutive, chacun doit apprendre à refuser la faiblesse, la crainte, les concessions indues… mais aussi tout sentiment négatif.  En cela, l’expérience humaine est une expérience commune dans laquelle nul n’est séparé des autres, même des plus différents.  Et si, aux yeux de Dieu, ce qu’on pense de soi et des autres importe peu, on peut aller son chemin en s’aimant les uns les autres.  Car rien ne peut être retranché sans danger du Cosmos et de l’expérience de la Manifestation cosmique.

Se rappelant l’allégorie de Jésus, que, acceptation-tolerancebien souvent, celui qui voit la paille dans l’œil du voisin ne voit pas la poutre qui est dans le sien, Sri Aurobindo Ghose a dit : «Examine-toi sans pitié, alors tu seras plus charitable et compatissant pour les autres.»  Sa compagne, la Mère Rose a ajouté : «Vous avez votre propre expérience : tâchez de la rendre aussi vraie et complète que possible, mais laissez chacun à son expérience.»   Abd-Ru-Shin a complété : «Plus de la moitié de tous les chercheurs ne sont pas sincères.  Ils apportent leur opinion tout arrêtée.  S’ils doivent la modifier tant soit peu, ils préfèrent décliner tout ce qui est nouveau pour eux, même lorsque la Vérité s’y trouve incluse.»

Pour faire passer de la tolérance à l’acceptation, rien ne vaut de se dire que cette dernière se définit comme la haute sagesse et la grande intelligence portant à donner raison à chacun dans sa vérité, à lui remettre ce qui lui revient et à accepter tous les êtres comme ils sont dans leur réalité présente.  Si on se sent dérangé par leurs vibrations, on n’a qu’à s’écarter d’eux, sans les souiller ou les déprécier en retour.   Il gagne à présenter une vérité indivise de la Réalité cosmique qui unit chaque chose au Tout.

© 2002-15, Bertrand Duhaime (Dourganandâ).  Tous droits réservés. Toute reproduction strictement interdite pour tous les pays du monde.  Publié sur : www.larchedegloire.com.  Merci de nous visiter sur : https://www.facebook.com/bertrand.duhaime.

                     

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