LA PURETÉ EXPRIME LE DEGRÉ SUPRÊME DE LA LUMIÈRE SPIRITUELLE QUI RENT TOUT PARFAITEMENT TRANSLUCIDE…

Quelqu’un a admirablement dit, s’agit-il d’André Comte-Sponville : «La pureté n’est pas la continence, la pudibonderie ou la chasteté: il y a pureté à chaque fois que l’amour cesse d’être mélangé d’intéret.  La seule pureté, c’est l’amour pur.»  Au sens courant, la pureté désigne l’état de ce qui est dépourvu de souillure, de vice, de mélange, de défaut, d’altération, donc, faudrait-il ajouter, de ce qui est rempli d’amour vrai.  Il s’agit de l’état de ce qui se conforme à un type derose-blanche perfection.  Dans plusieurs religions, cette vertu désigne l’état de chasteté parfaite, soit l’abstinence sexuelle complète avant le mariage.  À l’occasion, la pureté atteste que rien n’a encore été accompli.

Pour la majorité des anciens Chrétiens, la pureté inspire à la fois le respect, parce que, pour leur salut, ils y aspirent, mais aussi la terreur, parce que, en raison de l’attrait du vice, elle est si difficile à réaliser ou à maintenir.  C’est sans doute ce qui a inspiré Emil Michel Cioran à oser dire: «Tu es hanté par le détachement, la pureté, le nirvana, et cependant quelqu’un en toi chuchote: Si tu avais le courage de formuler ton voeu le plus secet, tu dirais: Je voudrais avoir inventé tous les vices.»  Évidemment, cette notion spirituelle touche peu les plus jeunes d’aujourd’hui, qui n’ont pas beaucoup fréquenté les églises, les temples, les synagogues, les sanctuaires ou les mosquées, même quand ils disent adhérer à l’une des religions officielles, si bien que, pour saisir tout élément de morale, ils doivent recourir à un dictionnaire, ce qui n’est pas leur premier réflexe.  Dans un certain propos, Michel Tournier peut les aider à se situer, parce qu’il a affirmé : «La pureté est l’inversion maligne de l’innocence.»  Voilà qui laisse à comprendre que tant qu’un être vit dans l’innocence, candide, dépourvu de jugement, il ne pense pas à rester pur, car il ne sait pas ce qu’est la souillure intime, il ne sait même pas qu’elle existe.  Et dire que ce sont eux qui ont raison puisqu’il n’existe ni bien ni mal, seulement des expériences qui instruisent!

N’empêche que, autrefois, il n’y avait pas de drame plus sérieux que la perte de la pureté, au sens de la morale des religions, car elle amenait à vivre dans la culpabilité et dans la peur de la damnation jusqu’à la confession.  Et s’il avait fallu mourir dans cet état!  La peur du diable a traumatisé tant de générations, qui ont eu du mal à s’en remettre, pour ceux qui s’en sont remis.  Quelle surprise, imprégnée d’incrédulité et de colère, lorsqu’ils ont appris que, avec le changement de certains points de doctrine, certains péchés mortels devenaient véniels et que, s’émancipant finalement de leur ancienne religion, ils ont découvert que le péché n’existait pas et n’avait jamais existé.  On dirait que certains ministres du culte avaient oublié cette grande vérité de Paul de Tarse dans son Épître à Tite : «Tout est pur pour ceux qui sont pur, et rien n’est pur pour ceux qui sont impurs.»

La pureté évoque la transparence parfaite qui n’offre aucune résistance à la Lumière divine.  Elle se témoigne par une vie remplie d’aspiration à l’idéal et d’intentions amoureuses, des intentions qui viennent du cœur.  C’est pourquoi, en spiritualité, elle consiste à regarder et à reconnaître Dieu comme la seule et unique Cause réelle et comme l’unique Puissance réelle.  Car la pureté ne consiste pas dans l’absence de tache, mais dans la vie à l’état pur, dans une vie sans mélange.  Le bien et le mal n’existant pas, tout être est pur depuis son origine, et il ne peut se souiller quoi qu’il vive.  Ou on peut dire qu’un être est pur dans la mesure qu’il est éveillé et qu’il vibre à l’unisson de l’Absolu.

Les Hindous, qui ont peut-être compris une grande vérité avant les adeptes des autres religions, à savoir que le péché n’existe pas, ont émis un proverbe qui dit : «Il n’y a pas de fin à la pureté et pas de commencement à l’impureté.»  Quoique le Talmud juif précise : «La propreté physique conduit à la pureté morale.»  Il est vrai qu’il existe une étroite relation entre l’état psychique et l’état physique.  D’où l’on peut croire qu’un esprit pur se témoigne aussi assez sûrement par la propreté corporelle.  Bien qu’il y ait partout des exceptions, quand un être se sent mal ou qu’on est dépressif, il est rapidement porté à se négliger dans sa tenue vestimentaire et dans son hygiène physique.

Dans le domaine humain, la pureté éclaire la bonne volonté au cœur des choix contradictoires, la détermination sincère d’être de plus en plus authentique et de partir à la quête de sa réalité divine.  Elle indique qu’un être a pris son envol vers l’Éden, s’est détaché de la Terre, de toute attache matérielle et de toute nature éphémère.   Pour le néophyte, la seule pureté qui compte, c’est celle de la quête, soit le choix inébranlable d’avancer dans la Vérité, quoi qu’il advienne. Jour après jour, il doit chercher à exprimer plus d’être.  Car cette conscience révèle que l’amour de la vérité et la quête spirituelle constituent l’essentiel de la vie.

La pureté est le résultat de la purification.  Dans cette perspective, la purification désigne le travail pour se dégager de l’ego et des pulsions rétrogrades, dans un désir de retrouver son état originel et de retrouver un état céleste, en retournant à la Source de la Vie.  Cette opération doit rose-blanche-puretecommencer par la clarification des motifs, au niveau du cœur.  Car c’est en se libérant des souillures présumées qu’on retrouve sa faculté de vision et qu’on en vient à voir comme Dieu voit, au-delà des apparences.

Au lieu de parler de purification, ce qui laisse une désagréable notion de souillure et de salut nécessaire, il faudrait parler de raréfaction, de sublimation ou de spiritualisation.  Se purifier, c’est se libérer de toute domination inférieure, en sublimant les désirs de la personnalité, pour retrouver l’éclat de son essence primordiale.  La purification du corps et de l’esprit apparaît donc comme la première étape sur la Voie spirituelle.

La pureté, comme la virginité, est un état d’esprit qui implique la transparence de l’intention dans la pensée, la parole, le sentiment et l’acte.  Maître Aurobindo Ghose rappelait: «La Pureté signifie l’absence de souillure ou de mélange.  La Pureté divine est celle qui ne contient aucun mélange de mouvements ignorants et de troubles de la nature inférieure.  D’habitude, dans le langage courant, pureté signifie absence de passion ou d’impulsion sexuelles.»  Est donc pur celui qui est conscient de sa nature et de ses objectifs et qui laisse s’exprimer dans sa vie seulement ce qu’il veut voir s’y réaliser, son évolution, car il se sait maître de chaque moment de sa vie.  Aussi, dirige-t-il ses pensées vers ce qu’il aime en tout temps, laissant la Loi cosmique les revêtir de substance.

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Comme attribut de Dieu, donc avec une majuscule, le mot «Pureté» exprime que l’Être suprême est la Pure Lumière blanche de cristal, sans souillure, sans mélange et sans défaut, qu’il ne connaît nulle division, qu’il ne porte nul vice ni élément étranger, qu’il ne peut être ni altéré ni souillé.  La Pureté primale désigne la «Pureté originelle» et elle peut évoquer le concept de l’Immaculée Conception, qui a bien peu à voir avec l’état dit privilégié de la Vierge Marie, comme on le verra ailleurs.

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