LA PERCEPTION, LE MOYEN DE S’INFORMER SUR SOI ET SUR LE MONDE…

La perception désigne le fait de saisir ou ce capter par les sens ou l’esprit.  Il s’agit de la faculté de la conscience objective qui obtient la connaissance par l’intermédiaire des cinq sens physiques.  Elle révèle la réception d’ordres vibratoires différents chez celui qui se met à l’écoute de la vie où tout est vibration.

La perception est née du jeu des polarités qui a engendré l’appétence, par l’affect, fondant la sensibilité et le sentiment.  La perception est donc née du désir de la conscience de connaître le monde ambiant par contact direct.  Mais la conscience de l’homme est double: objective (sens externes: ouïe, vision, olfaction, goût, toucher) et subjective (sens internes: intellect, sentiment, intuition).  Par ses sens externes, l’être humain peut capter la saveur, l’odeur, le son, la conformation et l’effet de contact des formes; par ses sens internes, il peut capter les cinq-sens-réglés-53645288 états d’être abstraits, les vibrations subtiles, les ondulations invisibles.  Fondamentalement, la perception consciente, qui donne la sensibilité intérieure et extérieure, est produite par les énergies qui émanent du Cœur du Soleil cosmique passant à travers l’une ou l’autre des sept planètes en courants qui affluent dans l’âme.  Pour que la perception d’un objet concret ou abstrait puisse se produire, le mental, les sens et les objets doivent s’associer.  Le mental lance un rayon qui, prend la forme des objets et les enveloppe.  Alors, la perception se produit.  C’est Sivanandâ qui l’explique: «Un rayon mental est lancé; il prend la forme de l’objet et l’enveloppe.  C’est alors que se produit la perception.  On ne peut apercevoir un livre que lorsque le mental a assumé la force de celui-ci.  L’image mentale, plus quelque chose d’externe, voilà l’objet.  Tout ce que vous voyez à l’extérieur a pris son image dans le mental.  L’interaction du mental interne et des vibrations de la matière extérieure constitue l’univers que vous percevez hors de vous.  C’est là une théorie de la perception.»

La majorité du temps, les facteurs personnels qui influent sur l’organisation de la perception personnelle restent inconscients ou latents.  Malgré toutes les influences déformantes qui pèsent sur ses perceptions, elles s’imposent à la conscience personnelle comme des évidences.  La vie sociale contribue à uniformiser le choix des perceptions dans la mesure où on participe à une même culture collective.  En ce sens, la perception personnelle est déjà un peu biaisée ou orientée.  Ainsi, le mot perception est souvent un leurre si, ne visant que l’idéal, elle n’implique pas la perfection du moment et la réflexion personnelle.  C’est la conscience de la perception présente qui produit la conscience de l’avenir parfait.  Il ne faut donc pas concevoir une perfection actuelle et la reporter dans l’avenir.  Lorsqu’on conçoit la perfection dans le présent, l’avenir ne peut manquer de devenir parfait.  Le temps et l’espace sont des illusions.  Tout se passe dans l’éternel présent, hors du temps et de l’espace.  Les sensations donnent la perception, si bien qu’on peut considérer les deux termes comme synonymes.  Les sensations se manifestent dans la conscience, non dans la matière d’où elles émanent.  Elles nous fournissent des réalités en fait illusoires qui ont bien souvent peu de ressemblance avec leur actualité.  Les sensations nous révèlent en effet la surface des choses, non ce qu’elles sont vraiment par l’intérieur, dans leur essence, dans leur réalité ontologique.  Elles nous révèlent partiellement ce qu’elles sont dans leur substance tangible.  – Nous ne pouvons donc pas nous fier entièrement aux révélations des sens ni aux interprétations que nous en tirons.  Par exemple, les yeux bandés, nous avons plus de difficulté à identifier une substance commune ou un objet que nous touchons que les yeux dévoilés.

Le mental et les organes internes des sens appartiennent à un même système de perception.  Les organes des sens prolongent le mental, révélant ses fonctions.  Coupés du mental, les sens ne peuvent rien fournir à la conscience.  Les sens n’ont pas d’autre rôle que d’aider le mental à connaître la matière, que de faciliter les expériences au niveau terrestre.  Sans les sens, le mental ne peut atteindre la matière.  Sivanandâ rappelait : «Les organes des sens («indriyas») sont des désirs objectivés.  L’oeil correspond à la volonté de voir, l’oreicerveaulle à la volonté d’entendre.  Les indriyas ont deux états: statique et dynamique.  Quand le désir s’élève, les organes sont mis en mouvement: c’est l’état dynamique.  Quand le désir est satisfait, les organes s’apaisent et c’est l’état passif.»  Chaque sens interprète des plans de conscience particuliers.  Ainsi, le toucher est en relation avec le corps physique, et il interprète les solides, un peu les liquides.  Le goût est en relation avec le plan astral, et il interprète les liquides.  Le nez est en relation avec le corps mental, et il interprète les gaz, particules matérielles plus subtiles.  Avec les oreilles, on s’élève au niveau du plan causal (corps mental supérieur), pour interpréter les ondes sonores.  Les yeux relèvent enfin du plan spirituel (intuitif), captant les ondes lumineuses.  Les sens établissent aussi une relation de distance au niveau de la connaissance: le toucher n’atteint que les choses très proches, comme le goûter.  Avec l’odorat, la distance augmente, avec l’ouïe, plus encore.  Avec les yeux, la distance s’éloigne considérablement.

Les cinq sens ne perçoivent pas tout dans l’Univers: ils ne sont pas toujours des sources de connaissance fiables.  Le corps physique est sous le contrôle de la conscience cosmique qui ne fait pas partie du corps physique.  La conscience physique, elle, change selon que les éléments changent dans le cerveau ou dans le corps.  Par les organes des sens, elle n’a connaissance que des éléments matériels et changeants de la vie terrestre.  Comme la matière est en perpétuel changement, elle n’a qu’une valeur relative.  La conscience se forme aussi par les sens internes que sont notamment l’imagination, la raison, le sens de l’identité, la mémoire, l’intuition, le pressentiment, etc.  Ils renseignent sur les influences internes.  Les cinq sens objectifs, pour leur part, agissent comme des agents de renseignement sur l’extérieur et comme support de projection du corps physique.  De ces observations, on peut tirer deux lois.  D’abord, les sens objectifs des cinq facultés objectives produisent des réalités (des interprétations) dans la conscience, non des actualités (des notions rigoureuses sur la nature et l’essence des choses).  Ensuite, les sens des cinq facultés objectives sont limités par des conditions objectives et par d’autres conditions, comme l’état fonctionnel du corps, le temps et l’espace.

Mais il faut donc en revenir au problème de la fiabilité des sens.  Nous ne pouvons avoir la sensation (ou la perception) objective que de ce que notre système nerveux, notre cerveau et ses différents centres, nous permettent de percevoir.  Nos sens sont donc limités par leurs fonctions objectives, leur état de santé, leur relation avec le temps et l’espace, etc.  En outre, si nous avons acquis certaines interprétations, par habitude ou conditionnement, qui n’affectent ni n’influencent nos sens, mais affectent réellement notre prise de conscience, et, de là, notre perception, nous pouvons manquer d’objectivité dans nos interprétations.  On sait par exemple que le cerveau a appris à inverser spontanément les images visuelles qu’il capte, au moment de la prise de conscience, retournant le bas vers le haut.  Chacun gagne à apprendre à maîtriser ses sens autant pour retrouver son objectivité, son sens de l’attention et de l’analyse correcte, que pour échapper à leur tyrannie.  Atteints par des vibrations fortement sensibles, les sens projettent forcément notre conscience plus vers le monde extérieur que vers le monde intérieur, d’où nous interprétons le monde plus par ses réalités, illusoires, que par ses actualités.  La véritable connaissance vient d’un contact et d’une fusion intérieure avec la chose ou le phénomène étperceptionudiés, pour naître avec eux, non de la perception des sens.  Les sens ne devraient nous servir qu’à nous donner des renseignements relativement stables pour assurer notre intégrité et notre sécurité dans notre environnement.

Autrement dit, ce n’est pas dans un laboratoire, sous un microscope ou sous le scalpel, que nous comprendrons l’unité du monde.  Les perceptions extérieures morcèlent la conscience à partir de l’apparente multiplicité des êtres, qui ne forment pourtant qu’un dans la Conscience cosmique.  Ce n’est qu’en entrant dans la Conscience cosmique qu’on comprendra la multiplicité apparente qui révèle les aspects différents de l’Unique Réalité.  Mais les désirs mettent aussi les organes des sens à l’œuvre.  Si le désir est satisfait, l’être éprouve du plaisir; s’il est insatisfait, il éprouve du déplaisir.  La conscience objective cherche donc naturellement à multiplier, de façon arbitraire, les plaisirs, pour se donner l’impression de vivre intensément, n’étant pas suffisamment ouverte à d’autres satisfactions plus subtiles.  Aussi chacun peut-il facilement devenir l’esclave de ses sens et chercher à longueur de jour des plaisirs artificiels, répétitifs, qui ne font pas vraiment grandir la conscience interne, la font même stagner et régresser.  Voilà pourquoi Sivanandâ a encore dit encore: «Maîtrisez vos sens.  Cela est très important.  Vous ne pourrez pas progresser dans la voie spirituelle sans cette domination sur les sens.  Vous ne pouvez pas dépasser la conscience physique sans détourner les organes des sens de leurs objets, ce qui n’est pas possible sans une totale maîtrise.»  Les sens externes ont une utilité, mais mal employés, ils gonflent l’ego, donc ils accroissent l’égoïsme, favorisant l’apparition de conduites diviseuses ou séparatrices.

 

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