LA NÉGLIGENCE FAIT DÉVIER SUR LA VOIE DE LA RÉGRESSION…

Le mot «négligence» provient du latin et il signifie «ne pas recueillir» au sens «de s’abstenir de s’occuper» de quelque chose.  Contraire de l’attention ou de la vigilance, sœur de l’oubli et de l’ignorance, la négligence rappelle l’action ou le fait de laisser quelque chose, de manquer de soin, de ne pas porter à une chose ou à un être l’application ou l’attention qu’on lui doit, de ne pas accorder d’importance à quelque chose ou d’affection à quelqu’un.

La négligence peut résulter d’un choix, de l’ignorance, de l’incompétence, de l’irresponsabilité, de l’impuissance, de l’impossibilité ou de l’incapacité.  Par exemple, il peut s’agir d’un manque de soins adéquats, d’un manque d’hygiène, d’un mauvais chauffage, d’une alimentation inadéquate, de l’omission de bien respirer, du retard à se procurer les choses qui comblent les besoins pour assurer sa survie, son bien-être, sa sécurité, sa santé, son destin.  Mais l’énumération devrait se negligencepoursuivre dans les besoins psychologiques et les nécessités spirituelles.  Bref, elle recouvre l’absence des conditions de vie acceptables, sécuritaires, évolutives qui devraient résulter de la prise en charge de tout son être.

Mais il est ici question de la négligence vraie et non du cas de ceux qui passent pour négligents aux yeux de ceux qu’une telle conduite irrite.  En fait, elle représente le vide de l’omission stupide, de l’omission qui provient de l’ignorance et du manque de sagesse, de l’omission consciente ou inconsciente, délibérée ou non.  Elle démontre qu’un être est plus ou moins indifférent à son sort.  Elle témoigne du fait qu’un être est resté bloqué au manque d’application et qu’il est incapable de maîtriser les situations.  Un être vit dans le laisser-aller qui l’amène toujours à se demander pourquoi il ferait mieux.  Il semble ignorer que le plus important, c’est d’être pleinement au quotidien.

Or la négligence mène à l’échec, à la régression, à la déchéance au gré d’une dégradation lente et sournoise.  C’est la raison pour laquelle un être accuse comme un choc l’échéance fatale qui en résulte, car il ne l’a pas vu venir dans sa progression lente.  Et il y a fort à parier qu’il ne comprendrait pas si on lui expliquait qu’un être ne rencontre jamais que le nombre d’obstacles qu’il pose lui-même sur son parcours.

Si un être reconnaissait que son désir de rester éternellement dans ce monde est vain et que sa croyance en l’invincibilité, surtout dans sa jeunesse, est trompeuse, il serait sûrement moins négligent et il s’empresserait de découvrir à quoi il importe d’accorder son attention ou sa vigilance.  Le destin de chacun est autant fait de ce qu’il accepte de faire que de ce qu’il néglige de faire.  Il existe une mathématique facile à comprendre : l’effort patient mène au succès;  la négligence constante, à l’échec et à la dissolution.  Aussi faut-il redouter la négligence qui fait déchoir, empêchant d’écarter les maux qui menacent.

Le bonheur vient de l’attention des petites choses et le malheur, de leur négligence.  Dans l’Économie cosmique, où il n’y a pas de comparaison, rien n’est considéré comme une petite chose.  De ce fait, les petites choses revêtent autant d’importance que les grandes.  Puisque tout se passe dans l’Instant éternel, tout détient une portée d’éternité.  En cela, les plantes les plus fragiles requièrent une attention particulière.  L’Ecclésiaste le dit clairement : «Celui qui méprise les petites choses tombera peu à peu dans les grandes.» (19, 1).  Ou encore : «Pour des mains paresseuses, la poutre cède, pour des mains négligentes, il pleut dans la maison.» (10, 18).

La négligence s’exprime par une foule de petites attitudes: traiter les choses sans attention ni considération, ne pas leur accorder d’importance, laisser tout sans soin, aborder tout de façon superficielle, omettre de faire ce qu’on a à faire, préférer faire ce qu’on veut faire à ce qui doit être fait, laisser certains aspects d’une chose de côté, ne pas appliquer son esprit à ce qu’on est en train de faire, manquer de précaution, de prudence ou de vigilance, bousculer les autres dans ses déplacements, éviter de donner suite à un téléphone, omettre d’accuser réception d’un message électronique.  Surtout, mettre la vérité au placard, omettre la sagesse, oublier l’amour et la gratitude,  vivre un moment sans y être.  Ainsi, la négligence se traduit en deux mots par une maxime : oublier et remettre.

Bourdaloue devait bien connaissait les méfaits de la négligence, puisqu’il a affirmé : «De la négligence à l’égard des petites choses, l’on va promptement à la négligence dans les grandes.»  Mme Necker disait presque de même: «C’est dans la négligence des petits devoirs qu’on fait l’apprentissage des grandes fautes.»  La négligence amène à être moins clairvoyant et vigilant et à se perdre dans l’enfer de ses petits et grands malheurs.

Le Dhammapada, un texte du Canon pali, le Tipikata, une collection d’aphorismes de Bouddha, stipule : «La négligence est le sentier de la mort.»  Elle amène l’obscurité à s’épaissir, elle ouvre la porte aux Forces contraires et elle favorise la croissance de toutes les autres passions.  À l’inverse, il s’assure de recevoir la Lumière celui qui cherche à se connaître, rayonne l’amour, vit dans l’ardeur, reste ferme dans l’action, agit d’une manière réfléchit, restreint ses passions, vit selon les lois.

Quelqu’un a dit : «Nous accusons tout de nos maux.  Mais nous trouvons beaucoup de circonstances atténuantes à notre propre négligence.»

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