LA MONTAGNE SACRÉE

Dans différentes expressions mystiques, empruntées aux divers textes sacrés de toutes les Traditions spirituelles, on retrouve des allusions à l’ascension de la Montagne sacrée.  Il faut vraiment être ignorant ou irréfléchi pour les interpréter dans un sens purement littéral, comme ceux qui aspirent à gravir le sommet le plus élevé de l’Himalaya.  Il faut être tout aussi incohérent et inconséquent pour lui donner une acception purement psychique de dépassement de soi.  Mais il reste aussi illusoire et aveuglant de lui attribue une signification biaisée, ce que la Tradition mystique n’a pas souhaité, mais a pourtant provoqué, chez nombre de leurs adeptes, même très avancés.  L’heure est venue de rétablir les choses dans leur juste perspective.

On a beau décrire la Montagne sacrée ou la Montagne de l’Illumination comme le Royaume des cieux, un havre de paix, un paradis d’harmonie, un foyer d’amour, un centre de compréhension, un lieu de réalisation, on fourvoie les gens, confondant leur mental, tant qu’on ne l’a pas définie comme un état d’être de perfection qui se développe lentement sans qu’on ait à chercher ailleurs qu’en soi-même.  Car, alors, on leur assigne la voie la plus courte pour y parvenir, qui n’est même pas une voie, mais un moyen, à savoir l’attention portée vers son Étincelle divine, au plus profond de son cœur, lui exprimant son désir qu’ils e manifeste totalement comme le Centre d’amour qu’il est de toute éternité et en le laissant ensuite s’exprimer, prendre peu à peu son expansimontagne sacréeon complète.  Dans ce contact répété, qui implique qu’on sache méditer, qu’on peut appeler une communion intime, on recevra des intuitions pour guider son agir.

Ensuite, l’imagination verra à les mettre en œuvre dans le quotidien, attentive à l’instant présent, en choisissant avec discernement les moyens d’exprimer ou de rayonner cet amour de la façon la plus convenable, de la façon la plus appropriée à ses affinités, à ses moyens, à sa compréhension.  Car l’abandon à Dieu ne doit jamais confiner à la passivité, au refus d’agir, à la fuite de ses responsabilités.  Au contraire, Dieu propose et l’homme dispose.  Encore là, parler de Dieu comme d’une instance ou d’une entité séparée de l’être humain, c’est, à proprement parler, une aberration, car c’est une notion confondante qui peut empêcher la réalisation de l’idéal poursuivi.  Le Soi de chacun ne fait qu’un avec Dieu, car il représente sa propre Conscience spirituelle.  Ainsi, quand on dit que Dieu propose, on laisse entendre que la propre Conscience divine de l’individu lui propose quelque chose qu’il a intérêt à réaliser pour son propre bien, pour rester en accord avec lui-même, avec son niveau de conscience le plus élevé, avec son niveau de conscience parfait.

On peut même ajouter, pour mieux confondre le mental et l’éveiller à la sagesse de l’intuition, qu’il n’existe pas de niveaux de conscience, qu’il s’agit d’une notion arbitraire, parfois utile pour la compréhension, mais en soi fausse et illusoire.  En n’importe quel être, Dieu se perçoit comme une vibration totale indivisible que le mental interprète comme divers degrés d’être, dans une continuité, de la subtilité parfaite de l’Esprit ou Essence à la densité complète de la Forme ou de la Matière.

Si on a bien compris que l’ascension de la Montagne sacrée exprime la marche de l’Évolution ou le développement progressif de l’Évolution, dans le sens de s’ouvrir , par l’amour, à un état d’être toujours plus vibrant, plus plénier, plus parfait, dégagé de toute notion d’avoir, de faire et de paraître, on peut comprendre la poursuite de la présente allégorie.   On atteint le sommet de la Montagne sacrée en élevant sa conscience, d’un centre d’énergie ou chakra à l’autre, jusqu’à la Monade spirituelle, car elle illustre l’Illumination suprême. Il s’agit d’un état d’être, celui de la réintégration dans la Lumière.  On comprendra qu’on peut trouver la Montagne sacrée partout, à tout moment, déjà pleinement réalisée.  Il ne reste qu’à établir le contact avec cet état d’être béatifique de plénitude, de sérénité et de félicité, toujours présent, toujours disponible, toujours accessible.  Mais cette image aide à comprendre que, pour se réaliser ou s’élever en conscience, il faut produire les efforts requis et accepter les détachements qui s’imposent, plutôt que de se contenter, comme tout le monde, mus par la loi du moindre effort, de tourner en rond en s’adonnant à dans des activités prosaïques répétitives, en pataugeant dans les illusions et en multipliant les attachements stériles qui ne visent qu’à meubler ou tuer le temps ou à éviter de constater son vide intérieur.

Dans toutes les vies humaines, il y a toujours des moments particuliers qui en rapprochent, comme lorsqu’on a besoin, plus que jamais, d’un bienfait ou d’une certitude spirituels, ce qui se produit malheureusement, pour la plupart, lors d’épreuves.  Lassés d’avoir tant erré à travers les méandres du mental,  des séductions matérielles, des jouissances des sens, le monde en général et les peuples de l’occident en particulier aspirent présentement à ce voyage vers le sommet de la Montagne sacrée, parce qu’ils en ressentent le besoin, le pressentent intuitivement comme la seule solution à leurs maux.  Le monde aspire donc à une élévation de sa conscience par la voie de la spiritualité, ce terme devant être compris comme une quête d’accomplissement total ou de fusion de toutes les dimensions de l’être (corps, âme et Esprit).

Et le monde jouit du privilège de compter en incarnation de grands conducteurs anonymes qui œuvrent sous la direction de l’Absolu, du Maître cosmique, et en collaboration intense avec lui.  Bien souvent, ceux-là s’ignorent eux-mêmes, comprenant mal certaines pensées inspirantes qui les traversent, mais ils travaillent de leur mieux à les concrétiser au bénéfice de tous.  Dans leur tentative d’interpréter et d’exécuter ce qui leur apparaît le plus convenable, ils peuvent laisser leur personnalité leur jouer des tours.  Ils peuvent êtres tentés de glorifier leur tâche, de combler leurs désirs, d’exercer un pouvoir, se sachant capables d’accomplir de grandes choses.  Mais, en général, ils restent sincères et responsables, imprégnés d’idéal, s’ouvrant comme des canaux par lesquels s’opèrent de grands changements planétaires.  Ils sont des êtres humains, mais ils ne perdent pas de vue qu’ils sont des ouvriers cosmiques et ils servent de leur mieux, car ils savent se mettre à l’écoute de l’Esprit universel pour ajuster leur tir.

Un temps très proche s’annonce où les nations du monde élèveront leurs aspirations spirituelles et, de ce fait, elles sauront reconnaître et apprécier leur aide discrète et désintéressée.  Elles se motiveront à monter plus haut vers le sommet de la Montagne sacrée pour y recevoir la compréhension et l’illumination.  Ce dont tous ont besoin, c’est d’épouser un nouveau point de vue relatif à la vie, d’élargir leur vision de l’horizon avec les montagnes et les vallées qui les en séparent.  Ils doivent s’élever au-dessus des contingences matérielles qui les oppressent et les limitent de tant de manières insidieuses.  Ils doivent s’élever au-dessus des obstacles pour les considérer d’en haut, avec des yeux amoureux, afin de les situer dans leur véritable relation avec toutes les autres réalités de la nature matérielle.  Ils doivent comprendre que toutes les limitations intérieures et extérieures viennent d’eux seuls.  C’est en se convertissant, donc en retournant leur conscience qu’ils leur échapperont, les abandonnant derrière eux.  Ils se sont créé leurs occupations journalières et toutes les circonstances de leur vie à partir d’une fausse perspective, engendrée par le mental.  Ils ont oublié qu’ils sont des Étincelles divines incarnées, des citoyens de l’Univers, les enfants d’une famille unique dont Dieu est le Père-Mère, non des personnalités.

Pour chacun, ce qui presse le plus, c’est de se libérer de ce qui gêne sa compréhension, encombre la voie, et de s’élever ensuite toujours plus haut dans la Lumière de Dieu.  En ces temps sombres, l’Humanité, avec chacun de ses membres, a besoin d’un espoir pour passer à l’action et de passer à l’action pour dégager de nouvelles certitudes.  Ici, «agir» s’entend comme «apprendre à être davantage» par la connaissance de soi à travers de soi.  En particulier, on a besoin de comprendre que Dieu attend un appel à l’aide et un engagement face à soi-même en se rappelant qu’avec lui tout est possible.  Il faut agrandir sa vision et faire reculer les impossibles.  C’est quand on s’y prend seul que tout se complique et devient impossible.  Avec Dieu, tout est possible, tout est réalisable.  On gagnerait à éviter de se laisser piéger par les données des statistiques des économistes, des hommes politiques et de tous les prophètes de malheur.  Si le monde lance un appel sincère, Dieu saura télescoper le temps et l’espace, écarter les nuages sombres, faire luire la Nouvelle Lumière de la réalisation totale.

Souvent, chacun est trop persuadé que seuls les plans élaborés par l’être humain peuvent produire les changements indispensables.  Bien sûr, sans abandonner l’être humain, Dieu ne fera pas ce qui est à faire à sa place, mais il saura le guider vers des hauteurs jusque là insoupçonnées.  Les individus trop imbus d’eux-mêmes ne peuvent prévoir les effets prodigieux de l’inspiration divine.  Chacun devrait méditer, trouver la voie de son cœur, où Dieu habite, sous forme de l’Amour.  Il faut puiser dans cette Source prête à jaillir, obstruée par les illusions terrestres.  Il peut opérer une rénovation qui deviendra une évolution dans les affaires humaines.  Pour le lui permettre, il faut se mettre en accord avec son Plan cosmique, coopérer avec lui, développer la fraternité et la solidarité.  Il faut collaborer à dissoudre l’ignorance, la superstition, le désespoir et le doute.  Il faut briser les chaînes des fausses valeurs et des fausses notions.

Voilà en quoi la méditation est précieuse.  Car, à volonté, l’individu peut choisir de s’élever vers le sommet de la Montagne sacrée, en entrant en lui-même, pour y recevoir l’inspiration utile.  Il recevra les messages goutte à goutte pour avancer pas à pas.  Mais il élargira sans cesse son point de vue par rapport à la vie, qui est un Grand Jeu amoureux.  Autrement dit, il deviendra lui-même plus vivant, plus vibrant.  C’est ainsi qu’il collaborera à introduire les grands changements indispensables pour ne plus régresser et s’enfoncer plus bas.  L’amour ouvre à l’espoir, fonde la foi, engendre la tolérance, puis l’acceptation, en rendant accueillant et serviable.  C’est le temps d’appliquer la règle d’or et d’aimer autrui comme un frère, comme un autre soi-même, en puisant cette force directement à la source, en soi, dans son Dieu intérieur.  Et alors se manifesteront les améliorations souhaitées, par l’évolution des êtres, des peuples, de l’Humanité.  Tôt ou tard, tous s’élèveront jusqu’au sommet de la Montagne sacrée.

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