LA FACILITÉ AMÈNE SOUVENT À DOUTER DE LA VALEUR D’UN ACCOMPLISSEMENT…

À cause de la loi de la moindre résistance, qui porte au moindre effort, tous recherchent la facilité, mais beaucoup la méprisent.  Oui, la facilité a parfois mauvaise presse parce qu’elle peut amener à douter de la valeur d’une réalité.  Mais pourquoi compliquer les choses quand elles se présentent facilement?

La facilité désigne la qualité d’une chose aisée à faire, l’aptitude à faire quelque chose sans effort ou sans peine ou le moyen de faire simplement, donc sans difficulté.  Sauf que ce qui paraît facile ne l’est pas toujours et que ce qui est facile pour l’un peut être extrêmement difficile pour l’autre.  N’empêche que la facilité garde mauvaise presse puisque personne n’aime entendre d’autrui, surtout de persofaciliténnes significatives, qu’il s’apprête à faire un «choix» ou à retenir une «option de facilité».  On a si longtemps fait l’éloge de l’effort, qu’on persiste à entretenir, du moins inconsciemment, un sens négatif à la facilité.  C’est probablement ce qui a amené Joseph Joubert à écrire : «La facilité est ennemi des grandes choses.»  Et c’est ce que plusieurs pensent avec lui, surtout dans les milieux de l’enseignement et de la formation.  Du reste, jusqu’aux Chinois se sont donnés un proverbe qui tend à l’exclure : «Le bois ne pousse pas dans la facilité.»  Tous les citoyens de ce pays ne semblent pas avoir compris la maxime si on considère certains produits qu’ils nous exportent.  Mais cela, c’est une autre histoire.

Dans une société judéo-chrétienne, où chacun a été élevé dans l’obligation de penser aux autres, avant de penser à lui-même, et d’aller même jusqu’à donner sa vie pour eux, s‘il le fallait, n’amène pas à apprécier la facilité à sa juste valeur.  Dans l’inconscient, bon nombre accordent de la valeur aux choses selon les efforts qu’ils ont mis à les obtenir ou à le produire.  D’autre part, le degré de motivation rend déjà le choix de l’effort plus aisé, ce qui amène souvent à négliger ce qui ne compte pas pour soi.

C’est ainsi, par exemple, qu’il est difficile de comprendre pourquoi, dans une société où la défense des apparences compte autant, la majorité des gens accordent une grande importance à l’esthétisme, à l’hygiène et à leur tenue, pour faire bonne impression, mais en accordent aussi peu à leur manière de parler, d’écrire et de se tenir, particulièrement à la table.  Car c’est simple, ce pour quoi on n’a pas d’intérêt, mais qui avait de l’importance, il y a encore peu de temps, avant la chute rapide des valeurs, on n’a qu’à dire que c’est une affaire vieux jeu, une histoire de croulants, un usage dépassé.

Dans ce contexte, convient-il de faire l’éloge ou la dénonciation de la facilité?  Probablement que, comme pour toute autre réalité, il faut être pour ou contre, selon le résultat qui s’obtient.  Ou mieux, on élucide complètement le propos. En effet, Jean Rostand n’a-t-il pas écrit : «La difficulté me décourage, la facilité me rebute.»  Alors, quelle solution reste-t-il si ce n’est l’indécision qui amène à éternellement atermoyer?

Le constat de vérité ressortirait probablement de la détermination du résultat à long terme que le choix de la facilité peut produire.  Car, en lui-même, comme n’importe quoi, le choix de la facilité n’est ni bon ni mauvais, il reste une alternative.  Ne doit-on pas comprendre que si l’humanité a mis autant d’efforts à inventer les moyens technologiques contemporains, c’était précisément pour se faciliter la vie.  À ce point que, dans la vie trépidante d’aujourd’hui, se faciliter la tâche et gagner du temps amènent souvent à couper les coins ronds, à tricher avec la vérité et à se permettre l’indulgence, à accepter certaines négligences.  Qui ne préfère pas se donner le degré d’instruction limite à poursuivre de longues études, se servir d’un ascenseur à monter un long escalier, prendre sa voiture à marcher, consommer de la restauration rapide ou de la malbouffe à se faire un repas?  D’une complaisance à l’autre, comme l’a écrit Jean Anouilh, la facilité peut devenir «le déguisement le plus redoutable du diable».

Quelqu’un a donné un conseil assez curieux en disant approximativement que celui qui voulait se faciliter la vie dans nombre de ses aspects n’avait qu’à commencer par bien apprendre sa propre langue.  Comme la langue est au fondement de la communication bien comprise, il y a sûrement là une grande vérité.  Il y a des formes de facilité qui diminuent la qualité du résultat, le degré du rendement, la valeur de l’entreprise, la hauteur de l’accomplissement.  Pourtant, dans le choix de deux solutions où lien qui unit une même cause à une même conséquence ou au même résultat, pourquoi faudrait-il choisir la plus complexe plutôt que la plus simple, la plus compliquée plutôt que la plus facile?

La conclusion de toute cette discussion devrait aisément se comprendre : la discussion sur la facilité est des plus futiles, surtout pour un chercheur spirituel.  Ne relève-t-elle pas de la culture du faire, du produire, de  l’accomplissement de performances, du gagner, du concurrencer, du rivaliser, du dominer et de leurs équivalents?  Or Dieu n’a jamais appelé à faire, il a appelé à se connaître pour mieux être, ce qui devrait être des plus faciles, si cela consiste à se concentrer amoureusement et sereinement sur l’expérience du moment présent, agréable ou désagréable, la considérant comme celle qui peut le mieux mener au but ultime, qui correspond à la fois au Plan divin et à son désir de réalisation dans l’Absolu, portant de la perfection du moment à la Perfection des Perfections.

Dans l’immédiat, le Maître intérieur, aussi appelé le Grand Soi, connaît toujours des manières plus agréables, simples et faciles de faire les choses ou d’évoluer que celles auxquelles l’être incarné recourt.  D’ailleurs, les choses ne deviennent faciles que lorsqu’un être vit en accord avec son Centre intime, en lien étroit avec lui.  Qui est vit dans l’harmonie avec son Grand Soi découvre que les choses deviennent toujours plus aisées.  Mais, pour qu’il en soit ainsi, il doit croire qu’il mérite ce qu’il demande, qu’il est né pour vivre une vie d’aise pleine de joie, qu’il détient le droit de réalises ses visions intimes, de même que celui de faire ce qu’il aime.

Tout peut devenir relativement facile quand on met chaque chose à sa place.  Celui qui sait que, en tant qu’être humain, il ne détient que le vouloir, la faculté de facilechoix et de préciser les choix, parce que c’est son Centre divin qui détient le pouvoir, qui met tout en oeuvre à travers lui, ne peut que vivre dans la facilité et le détachement.  Il sait qu’il obtiendra toujours difficilement ce qui ne participe pas du plan de son âme.  Pour l’obtenir, il devra bûcher, mettre de la sueur de bras.  Pourtant, il suffit de demander pour recevoir;  de chercher pour trouver (être guidé);  de frapper pour que la porte s’ouvre (être accueilli dans les plans supérieurs) .

C’est en écoutant son cœur, dans tous les domaines de sa vie, qu’un être entre en harmonie avec la Volonté suprême et qu’il s’attire la vie la meilleure qu’il puisse imaginer, qu’il se permet de réaliser ses rêves les plus grandioses.  Dans la vie courante, il n’y a aucune nécessité que les choses deviennent difficiles.  Cela arrive généralement à un être qui s’y prend seul ou qui laisse les problèmes s’accumuler.  Chacun peut évoluer dans la souplesse, la grâce et l’élégance.  L’important n’est pas de produire des efforts jusqu’à souffrir, mais de trouver la réponse à ses questions ou la solution à ses problèmes.  La vie demande de maîtriser tous les aspects de sa vie, elle ne demande pas de peiner pour y arriver.  Menée dans la facilité ou dans la difficulté, une expérience réussie est une expérience pleinement valable.

Dans le Coran, comme on pourrait le faire dans d’autres textes sacrés, on retrouve ces propos rassurants : «Allah veut pour vous la facilité.» (Coran 2/185) Ou : «Allah veut vous alléger (les obligations). (4/28)

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