LA DIGNITÉ, UN ATTRIBUT INALIÉNABLE…

Dans aucun cas, un être incarné ne perd sa dignité.  Il importe que cette affirmation soit comprise puisque le sentiment de dignité sert de fondement à la Fraternité humaine, à la Solidarité universelle, à la Citoyenneté cosmique.  En elle-même, la dignité identifie le respect qu’un être se doit, doit à un autre être ou à une chose, jusqu’à la moindre créature.  Elle exprime le sentiment de sa valeur réelle ou le respect de celle des autres.  Elle décrit parfois la noblesse, la retenue ou la gravité dans les manières.  Par extension, ce mot peut désigner une haute fonction ou une charge qui confère un rang éminent.

En spiritualité, ce mot désigne la quintessence de vertus qui se fonde sur la sécurité, l’humilité, l’invulnérabilité, l’implacabilité, l’authenticité, l’impeccabilité, la sérénité, la créativité, la responsabilité, la disponibilité, la mobilité et la multidimensionnalité.  Ce sont  les qualités de l’Homme réalisé, car ces divers éléments réfèrent aux mots clés des douze chakras de l’Arbre de Vie.  Mais il s’agit aussi dedignité-humaines qualités de tout être incarné, un être à la redécouverte de sa Gloire ou de sa Splendeur éternelle.

Par rapport à l’être humain, qui est le propos de cet article, la dignité se fonde, d’une part, sur la réalité inéluctable qu’il a été créé à l’image et à la ressemblance de Dieu et, d’autre part, sur celle que si Dieu l’a jugé digne de naître, peu importe son degré de conscience, c’est qu’il y détient un rôle inaliénable, puisqu’il est irremplaçable.  Peu importe la pierre qu’un être soutire d’une pyramide, il l’affaiblit.  Peu importe l’humanité qui est dénié dans ses droits ou bafoué, l’humanité, qui ne forme qu’un tout, dans la Communion des Saint, Sainte Assemblée ou Conscience christique, s’en trouve affaiblie.

La dignité humaine signifie qu’une personne, en tant qu’individu ou membre d’un groupe, outre qu’elle se le doit à elle-même, mérite le respect et l’estime d’autrui.  Tout être humain a droit à un traitement convenable qui implique, dans les limites du droit à l’expression, le respect de sa dignité, de son honneur et de sa réputation.  Mais cette considération recouvre également son intégrité physique et psychologique, son emploi, ses biens, ses relations, sa destinée spirituelle, sa prise en main personnelle et les moyens qu’il prend pour se réaliser dans son rôle fonctionnel.  Au sein de la société, tout être humain doit être en mesure de mener une vie où se reflètent ses valeurs, ses aspirations personnelles et communes, et ce en dépit des différences et des inégalités.  En outre, le bien individuel doit s’harmoniser avec le bien commun, qui ne peut prévaloir sur lui, puisque chaque détient les mêmes droits que les autres, notamment au chapitre de la survie.  Dépassant le droit, la référence à la dignité doit emprunter à d’autres disciplines, notamment à la philosophie et à la spiritualité, pour mettre en lumière la difficulté à définir l’homme et le contour de l’homme jusqu’à son dernier souffle.

Dans ce contexte, rien n’est plus humiliant pour un être humain que d’être réduit à sa réalité biologique ou végétative. Pour lui, rien n’est plus aliénant que d’être traité comme un objet ou une fonction, objet de plaisir ou fonction économique. Rien n’est plus appauvrissant que de voir ses horizons de bonheur réduits à la conservation de soi, à la sécurité ou à la satisfaction de besoins purement matériels.  Dans la même veine, les fonctions végétatives de la vie ne se justifient pas par elles-mêmes et les besoins spécifiques de l’homme ne se ramènent pas à l’instinct de conservation. La propriété fondamentale de la conscience est de porter l’homme au dépassement de soi, de sa condition initiale et de tout ce qui peut l’asservir ou tout simplement limiter ses horizons.  La pensée dans tout son potentiel n’est pas formée pour être uniquement au service des besoins de conservation ou de sécurité ni pour faire un usage dégradant des richesses de la nature et de la vie. Un être reconnaît mieux l’importance originaire de ses capacités mentales lorsqu’il se trouve dans une situation qui le rend incapable de les développer ou de les exercer en fonction de sa dignité comme dans les cas de maladie, de vieillissement, de handicap physique, de la limite économique, d’une défaillance culturelle, etc.  Toute la valeur d’un homme repose sur sa destinée en tant qu’Esprit qui, par une âme, s’incarne dans un corps, au nom du Créateur, dans son auto-contemplation de lui-même, pour valider en son nom une part de ses concepts dans l’expérience concrète de la Terre.

Qui pourrait mieux exprimer le sens de la dignité humaine que le coloré Pic de la Mirandole, ce philosophe et théologien humaniste italien grandiloquent qui, dans une envolée écrite, en 1486, résumait : «Déjà Dieu, Père et architecte suprême, avait construit avec les lois d’une sagesse secrète cette demeure du monde que nous voyons, auguste temple de sa divinité: il avait orné d’esprits la région supra-céleste, il avait vivifié d’âmes éternelles les globes éthérés, il avait empli d’une foule d’êtres de tout genre les parties excrémentielles et bourbeuses du monde inférieur. Mais, son œuvre achevée, l’architecte désirait qu’il y eût quelqu’un pour peser la raison d’une telle œuvre, pour en aimer la beauté, pour en admirer la grandeur. Aussi, quand tout fut terminé (comme l’attestent Moïse et Timée), pensa-t-il en dernier lieu à créer l’homme. Or il n’y avait pas dans les archétypes de quoi façonner une nouvelle lignée, ni dans les trésors de quoi offrir au nouveau fils un héritage, ni sur les bancs du monde entier la moindre place où le contemplateur de l’univers pût s’asseoir. Tout était déjà rempli: tout avait été distribué aux ordres supérieurs, intermédiaires et inférieurs. Mais il n’eût pas été digne de la Puissance du Père de faire défaut, comme épuisée dans la dernière phase de l’enfantement; il n’eût pas été digne de la Sagesse de tergiverser, faute de résolution, dans une affaire nécessaire; il n’eût pas été digne de l’Amour bienfaisant que l’être appelé à louer la libéralité divine dans les autres créatures fût contraint de la condamner en ce qui le concernait lui-même. En fin de compte, le parfait ouvrier décida qu’à celui qui ne pouvait rien recevoir en propre serait commun tout ce qui avait été donné de particulier à chaque être isolément. Il prit donc l’homme, cette œuvre indistinctement imagée, et l’ayant placé au milieu du monde, il lui adressa la parole en ces termes : «Si nous ne t’avons donné, Adam, ni une place déterminée, ni un aspect qui te soit propre, ni aucun don particulier, c’est afin que la place, l’aspect, les dons que toi-même aurais souhaités, tu les aies et les possèdes selon ton vœu, à ton idée. Pour les autres, leur nature définie est tenue en bride par des lois que nous avons prescrites : toi, aucune restriction ne te bride, c’est ton propre jugement, auquel je t’ai confié, qui te permettra de définir ta nature. Si je t’ai mis dans le monde en position intermédiaire, c’est pour que de là tu examines plus à ton aise tout ce qui se trouve dans le monde alentour. Si nous ne t’avons fait ni céleste ni terrestre, ni mortel ni immortel, c’est afin que, doté pour ainsi dire du pouvoir arbitral et honorifique de te modeler et de te façonner toi-même, tu te donnes la forme qui aurait eu ta préférence. Tu pourras dégénérer en formes inférieures, qui sont bestiales; tu pourras, par décision de ton esprit, te régénérer en formes supérieures, qui sont divines.»»

C’est un fait que, lorsqu’il respecte sa nature d’être intelligent, conscient et responsable, au lieu de se comporte en abruti, en médiocre, en bête de somme ou en un animal raisonnable, mais dépourvu de sens des valeurs, l’homme est une bien noble créature.  Et il est capable de bien grandes choses.  Du meilleur au pire, lien entre le ciel et la terre, il détient tous les attributs d’en haut et tous les attributs d’en bas, appelé à les fusionner dans l’Unité, pour la recomposer.  Ainsi, il n’a rien à envier des créatures supérieures, privées d’individualité et de libre arbitre ni des créatures inférieurs, privées de raisonnement réflexe.  L’adage ancien, guide de la Sagesse, le confirme : «Ô homme, connais-toi toi-même à l’intérieur de toi-même et tu découvriras le ciel et les dieux, te découvrant leur égal.»  L’homme n’est-il pas dit le Fils de Dieu et son corps, son Temple?  Il ne lui reste qu’à en prendre conscience en devenant ce qu’il est, plutôt que ce qu’il pense ou veut être.  Il n’a qu’à sa reconnaître dans sa réalité ontologique qui n’a jamais changé, qu’il n’a qu’oubliée dans son obnubilation consécutive à l’incarnation dans la densité, dans un plan de la dualité.  Et cette dignité persiste dans la condition humaine la plus dégradée qui soit, du nouveau-né au vieillard grabataire en passant par le bandit, le meurtrier et l’handicapé, tous les hommes sont aussi pleinement hommes.

Lanza Del Vasto a dit: «La Dignité, c’est le Respect de soi-même, premier devoir de justice, comme l’amour de soi-même est le premier devoir de charité.» Et il a ajouté : «La Dignité a deux scrupules: celui de remplir exactement sa place, et celui de ne jamais outrepasser ses limites et ses droits.»  André Malraux exprimait l’avis suivant: «La dignité de l’homme consiste à se choisir un monde de son choix.»  Dès lors, il importe que les autres respectent ses choix, dans la mesure qu’ils ne débordent pas ses droits et n’attentent pas à l’intégrité d’autrui.  La dignité consiste à réaliser la véritable merveille de sa nature réelle.  Avicenne a dit : «Tu te crois du néant, et tu contiens l’univers.»  Voilà ce qui fait de chaque être un roi et un maître absolu dans son univers, ce qui impose que les lois collectives s’harmonisent avec ses droits et ses devoirs.  La dignité ne se démontre pas dans une attitude, un comportement, une conduite, qui se voudrait, par exemple, sérieuse, sévère, compassée ou, à l’inverse, désinvolte, légère, enjouée, elle se fonde sur la reconnaissance de l’Essence de chaque être humain qui, d’abord, est divine, et qui, dans sa liberté, l’autorise à prendre sa place dans le monde, à défendre son territoire, tout en respectant celui d’autrui, à afficher son unicité avec ses différences.  Pour que l’harmonie persiste dans une société, les devoirs de l’un commencent là où ses droits finissent.  Dans son univers, un être a tous les droits;  dans l’univers d’autrui, il n’a que des devoirs, ce qui implique qu’il doive obtenir des permissions avant d’y poser certains actes.  Ces devoirs peuvent s’assortir de droits qui ne peuvent être établis que par le titulaire du territoire où il est accueilli.  Le problème, c’est de déterminer avec discernement et sagesse où se situe la limite des territoires entre deux univers voisins.

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