LA DÉBAUCHE, LA SORTIE DU JUSTE MILIEU, LA CHUTE DANS L’EXCÈS…

Tout excès attire son excès contraire.  Dans l’épître aux Corinthiens (6.9-20), l’apôtre Paul a écrit : «Ne savez-vous pas que les injustes n’hériteront point le royaume de Dieu? Ne vous y trompez pas: ni les débauchés, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les efféminés, ni les infâmes, ni les voleurs, ni les cupides, ni les ivrognes, ni les outrageux, ni les ravisseurs, n’hériteront le royaume de Dieu.  Et c’est là ce que vous étiez, quelques-uns d’entre vous.  Mais vous avez été lavés, mais vous avez été sanctifiés, mais vous avez été justifiés au nom du Seigneur Jésus-Christ, et par l’Esprit de notre Dieu.   Tout m’est permis, mais tout n’est pas utile; tout m’est permis, mais je ne me laisserai asservir par quoi que ce soit.  Les aliments sont pour le ventre, et le ventre pour les aliments; et Dieu détruira l’un comme les autres. Mais le corps n’est pas pour la débauche. Il est pour le Seigneur, et le Seigneur pour le corps.  Et Dieu, qui a ressuscité le Seigneur, nous ressuscitera aussi par sa puissance.  Ne savez-vous pas que vos corps sont des membres de Christ? Prendrai-je donc les membres de Christ, débauche-1pour en faire les membres d’une prostituée?  Loin de là! Ne savez-vous pas que celui qui s’attache à la prostituée est un seul corps avec elle? Car, est-il dit, les deux deviendront une seule chair.  Mais celui qui s’attache au Seigneur est avec lui un seul esprit.  Fuyez la débauche. Quelque autre péché qu’un homme commette, ce péché est hors du corps; mais celui qui se livre à la débauche pèche contre son propre corps.  Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous, que vous avez reçu de Dieu, et que vous ne vous appartenez point à vous-mêmes?  Car vous avez été rachetés à un grand prix.  Glorifiez donc Dieu dans votre corps et dans votre esprit, qui appartiennent à Dieu.»

On se demande bien ce que Jésus aurait pensé de ces propos grave et sévères, lui qui, paraît-il, était un bon vivant.  Chez les Musulmans, le Coran offre au moins une alternative  (Sourate 33 alahzab v. 52) : «Il ne t’est plus permis désormais de prendre [d’autres] femmes, ni de changer d’épouses, même si leur beauté te plaît; – à l’exception des esclaves que tu possèdes.  Et Allah observe toute chose.»  Et on pourrait citer nombre d’autres versets aussi suggestifs.

La débauche, voilà un autre mot assez moralisateur, de pruderie religieuse, banni du vocabulaire contemporain, et qui désigne la recherche immodérée des plaisirs sensuels, surtout dans le sexe ou l’alimentation, ou un excès condamnable en tout domaine.  Pourquoi tant de références au bien, qui attire d’emblée l’attention sur le mal opposé, ou l’inverse.  Car, faire le bien, c’est fuir le mal.  Or, en matière d’expérience, il n’existe qu’une loi, qui est relative aux possibilités de chacun : un peu de tout sans abus, car c’est dépassé le juste milieu que commence la débauche.  Seul l’abus répété est dommageable parce que, en plus de tirer de la Voie du Juste Milieu, il mine les meilleures énergies.  Mais comment un être peut-il connaître sa mesure s’il ne dépasse pas les bornes, à l’occasion?  C’est dans l’action personnelle que se développent le discernement et la sagesse qui amènent au respect de soi et d’autrui.  La débauche doit commencer lorsqu’il y a dépendance, de sorte qu’un être n’est plus libre, même s’il le croit, il devient l’esclave de ses penchants.

De nos jours, certains recourent à la débauche pour manifester leur opposition à ce qu’ils considèrent comme des recommandations dépassées sans se rendre compte qu’ils participent ainsi, par le refus de toute valeur, à la dégradation des mœurs et à la décomposition de la planète.  Le développement de la pornographie n’a pas aidé les choses.  À ce propos, on peut lire Lanza del Vasto: «Une de ces erreurs courantes, c’est de voir dans la débauche une revanche de la nature contre les tabous traditionnels, les convenances bourgeoises, les fausses pudeurs, les retenues de la peur, les faiblesses sentimentales, et voilà comment ce démon nous sourit.»  Et il ajoute: «Une seconde erreur est de croire que la débauche soit une nette conquête des droits de la personne, un libre épanouissement, un pas vers le bonheur, un affranchissement de l’amour, une réaction courageuse contre les contraintes sociales.»  Il invite enfin à deux autres erreurs qui consistent à considérer la débauche comme «une marque de force indomptable» ou comme «une fleur de raffinement».

Tout bien compris, il faut appeler noir ce qui est noir, et dire que la débauche exprime du libertinage et du laxisme, non de la vertu.  Aujourd’hui, avec la libération des mœurs, les nouvelles générations aiment s’adonner aux extrêmes.  Ce n’est sûrement pas en vain que, sans trop de protestations de la part du public, jusque dans les publicités, on montre de plus en plus souvent l’acte sexuel dans des contextes qui n’ont rien à voir avec le produit.  Chacun est quotidiennement bombardé de nombreux messages à connotations sexuelle.  Sauf que le sexe fait vendre.  Et l’inclure un peu partout permet de préparer le passage à l’acte.  On dirait parfois qu’il existe une politique secrète pour amener les enfants à toutes sortes de pratiques dégradantes.  C’est devenu «cool» que de provoquer en passant son temps à se toucher le sexe ou à se frôler sur un autre, surtout dans certaines danses d’adolescents, qui veulent se faire croire un peu débauchés, délurés.  Sauf que, si vous êtes adulte, vous ne gagneriez pas à vous méprendre sur ces gestes et à faire preuve d’autant d’audace que la jeunesse, car vous seriez promptement qualifié de harceleur ou de prédateur.  N’empêche qu’on dirait qu’il existe un effort concerté pour amener l’Occident dans l’impudicité ou la dépravation.  N’existe-t-il pas des destinations touristiques d’Asie qui n’existent, dans des décors féériques, que pour satisfaire les pulsions les plus viles des riches Occidentaux?

Mais qui peut tracer pour autrui la ligne où cesse le bien et où commence le mal, puisque chacun est différent?  Qui peut se permettre de juger un autre sans avoir vécu tout ce qu’il a vécu de vie en vie dans le schème terrestre?  Pour chacun, il s’agit de savoir ce que c’est que de se respecter et de respecter les autres.  Et quand le pire se produit, c’est souvent pour amener les consciences à s’interroger sur une tangente qui risque de mener à la perdition.  Comme les nuages les plus sombres annoncent une grosse averse, avec le retour du soleil, la déchéance d’une ère annonce souvent, par sa décomposition et sa reprise en main, un grand renouveau.

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