LIRE UN PRINCIPE N’EST PAS LE COMPRENDRE ET LE VIVRE

Dans le présent contexte, le lecteur doit éviter de prendre le mot «comprendre» au sens intellectuel du terme qui exprime le fait de «percevoir le sens d’un message ou d’un système de signes», mais au sens spirituel d’«intégrer», de «laisser devenir partie de soi», soit d’amener une réalité qui fait partie de être à se révéler en pleine conscience, ce qui n’est absolument pas la même chose.  Dans le domaine de la science, un être peut se contenter de comprendre au premier sens qui précède, mais dans l’Ordre du Savoir, il doit s’éveiller à la Sagesse de la Réalité ou de la Vérité inaltérable qui existe déjà, ce qui implique une longue décantation.

Lorsque les gens lisent un message sacré, ils s’empressent de le terminer et dès qu’ils croient l’avoir bien cerné ou ressenti, ils l’abandonnent sans jamais y revenir.   Ils croient que le fait de l’avoir présumément compris intellectuellement suffit pour contribuer immédiatement à leur évolution, ouvrir leur conscience, ce qui est le pire des leurres dans la démarche spirituelle.  Cette hypothèse comporte même le danger que, restant mentale, une compréhension induise dans une croyance figée et, dans le domaine de l’expérience, dans un cercle vicieux.

En effet, d’une part, il faut lire ce genre de textes au moins une douzaine de fois, jamais successives, mais réparties dans le temps, avant de commencer à s’ouvrir à sa vibration réelle, d’en saisir la substantifique moelle.  D’autre part, tout message inspiré authentique recouvre quatre degrés d’interprétation superposés, de sorte qu’un être ne peut être initié à son sens profond, donc en recevoir toute la Lumière, qu’au moment où celui-ci fusionne avec sa réalité totale au cours d’une méditation.  En tout cas, chacun gagnerait à se garder de prendre un principe spirituel uniquement au pied de la lettre, ce qui était le principal reproche que Jésus faisait aux rabbins de son temps et qu’il pourrait faire aujourd’hui encore à la majorité des membres des divers clergés religieux qui se mêlent d’interpréter les textes sacrés.

Tout message spirituel authentique comporte d’abord un sens littéral, plutôt terre à terre, généralement emprunté à l’expérience commune, pour fournir au chercheur une piste de recherche.  Cette clé didactique, comportant un contexte contingent ou prosaïque, reste fort éloignée du véritable sens à y découvrir.  Cet énoncé comporte immédiatement un sens allusif au sens qu’il requiert que le chercheur comprenne l’insinuation qu’il comporte dans l’exemple apparemment banal qui lui est soumis.  Car, s’il saisit cette correspondance subtile, il comprendra que son entendement devient inapte à comprendre une réalité qui le dépasse et qui ne peut être saisie que par l’intuition, dans l’intériorisation ou la méditation.

Dès qu’un chercheur admet l’hypothèse que le message qu’il a reçu comporte une vibration plus élevée que celle qu’il croyait, ce qui lui confère d’emblée le potentiel de fournir une information en provenance d’une source plus élevée, il acceptera qu’il peut comporter un sens figuré ou allégorique, donc qu’il se trouve en présence d’un genre de parabole, de légende, de proverbe, donc d’une histoire finement ciselée.  Il y percevra comme un rébus qui, judicieusement déchiffré, l’amènera à partager une part du Grand Secret cosmique.

Dès lors, il ne désirera plus que d’en saisir toute l’implication et l’intensité, tout le pouvoir de révélation, ce à quoi il ne pourra parvenir qu’en s’abandonnant  au message pour  fusionner avec lui dans sa totalité.  Il voudra laisser vibrer à travers tout son être le sens surnaturel, secret, mystérieux de ce principe, découvrant que, dans tout message authentique, c’est le sens spirituel ou ésotérique, au plan de la fréquence de l’Esprit même, qui tenait à se faire jour à travers lui, ce qui ne peut se produire que s’il laisse son âme l’entraîner dans une extase dans son envol vers la Source originelle de toute vie, jusqu’à perdre toute notion de sa réalité contingente.

Après une première expérience du genre, aucun chercheur ne se dispose jamais plus à expédier les expériences, à se contenter de les effleurer, ce qui l’amènerait toujours à rester à la surface de la Réalité infinie, à la fois intangible et multiforme, qui s’exprime à travers lui ou à travers le message d’un émissaire divin.  Il ne pense plus qu’à se hâter lentement, en vivant à son rythme, conformément à ses moyens et au gré de sa propre compréhension.

Pour étayer ce propos, il conviendrait probablement de donner un exemple de la superposition des messages dans un principe spirituel.  Parmi les commandements de la Bible, vieux-parentsque Dieu a transmis à Moïse, il y en a un qui dit : «Honore ton père et ta mère».  Un instructeur sans formation spirituelle, s’en remettant au sens littéral du message, expliquera à ses ouailles que Dieu leur commande, ne serait-ce que par retour gracieux du fait de leur avoir servi de canal d’incarnation, de veiller sur le bien-être de leurs parents jusqu’à la fin de leur vie.  Il pourra même insister sur la présence du lien du sang, dans ce genre de lignage, pour leur accorder la priorité d’intervention qu’il implique, dans le cas où ils recevraient simultanément plusieurs demandes d’assistance.  Chose certaine, il leur ferait comprendre que d’abandonner leurs parents dans le besoin ou de négliger de renforcer le lien avec eux, dans la vie courante, est un mal qui met son salut en péril.

Pourtant, de nos jours, les gens comprennent de mieux en mieux que, quoi qu’un autre ait fait pour lui et qui qu’il soit, il ne lui doit jamais rien, cet être devant se considérer comme un intermédiaire bénévole de Dieu, qui saura lui retourner son service selon son degré d’amour, de détachement et de pureté d’intention, lorsqu’il est appelé à intervenir dans la vie d’un être et qu’il en détient la permission et les moyens.

D’autre part, la loi de l’Amour, une énergie libre, impersonnelle et inconditionnelle, doit s’exprimer de manière égale à l’endroit de tous ses semblables et de toutes les créatures du Cosmos, sans jamais faire d’acception ou d’exception, donc sans accorder de faveur, de privilège, de passe-droit à partir d’un prétexte aussi anodin que les liens du sang, les parents n’étant que le canal consentant, par un pacte antérieur à leur incarnation, de l’expression de la Vie qui va vers l’avant et dont tous les êtres sont la propriété.

Autrement dit, aucun parent ne possède son enfant, au sens que ce dernier  leur devrait de collaborer au plan qu’ils ont élaboré, en tant que chefs de famille, pour pousser plus loin leur propre expérience évolutive, ou que ce même être devrait leur rendre, par un juste retour, quelque chose de plus qu’aux autres membres de l’humanité parce qu’ils lui ont servi de canal d’accès à la réalité matérielle.  Aujourd’hui les gens sont capables d’accepter cette autre vérité que des parents n’ont pas le droit d’inclure l’un ou l’autre de leurs enfants dans leur projet de vie commune sans son libre accord, donc suite à l’expression d’un consentement éclairé, et qu’advenant que, un jour ou l’autre, il ne se sentirait plus en mesure de poursuivre le rôle qu’on lui a attribué dans la formation d’une famille, il pourrait s’y soustraire arbitrairement, après en avoir exprimé le désir.  En clair, cela signifie que le projet familial, c’est l’affaire exclusive des parents, non des enfants qu’ils conçoivent, de sorte qu’ils doivent le limiter à leur degré de compétence et à leurs moyens.

Dans ce contexte, que peut bien signifier, au pied de la lettre, l’expression «honorer ses parents».  Cela ne signifie sûrement pas qu’un enfant doive subvenir aux besoins de ses parents jusqu’à leur mort, ce qui fait partie de leur propre expérience libre, donc de leur devoir de s’assumer eux-mêmes de manière autonome et indépendante, comme tous les êtres incarnés sont appelés à le faire, peu importe ce qu’il puisse advenir d’eux.

Cela signifie plutôt, très simplement, qu’un enfant doit comprendre que peu importe la qualité des parents qu’il a choisis pour s’incarner, ils font partie d’une dynamique savamment planifiée avant sa naissance et conçue de manière à l’aider à liquider certaines dettes karmiques et à mener des expériences précises, afin d’accroître ses connaissances, raison pour laquelle il doit maintenir à leur endroit de la considération et du respect, même de la gratitude.  Et la meilleure manière d’y parvenir, ce n’est pas d’attendre d’eux un héritage physique, mais de se servir de l’héritage subtil qu’ils lui ont légué, qui devrait comprendre une bonne éducation, beaucoup de sagesse, la compréhension du sens du libre arbitre, l’endroit où il doit tracer la frontière entre ses droits et ses devoirs et la débrouillardise.

Mais ce commandement divin, qui pourrait donner l’impression que la part de ce qui est à comprendre s’arrête là, comporte un sens bien plus grandiose.  En effet, au sens allusif, il évoque le rôle du Soleil et de la Lune dans l’existence de toute créature terrestre.  Ainsi, conformément aux cycles de ces deux corps célestes, il appelle à se nourrir de leurs énergies, notamment en divisant bien chacune des ses journées en trois portions, respectivement consacrées au travail, à la détente et au loisir, puis au sommeil réparateur.  Il invite encore à se conformer aux lois de la Nature, le Principe si indispensable, bénéfique et généreux qui entretient leur vie physique, au-delà de ce qu’un être incarné en comprend.  Chacun pourrait observer que celui  qui n’obtient pas les influences suffisantes de ces deux corps célestes, dont il ne pourrait se passer, parce qu’ils lui fournissent de l’énergie et rythment ses phases d’expansion, rayonnant de manière impersonnelle pour tous, pour les bons comme pour les méchants.  Ainsi, il n’y a que celui qui se terre et se cache, donc qui se retire de leur influence, qui s’en prive.  Ces astres ne sont-ils pas ceux qui orchestrent le fonctionnement harmonieux et équilibré des deux hémisphères de son cerveau et de tout son système de chakras?

Plus profondément, au plan allégorique, ce commandement appelle à découvrir une influence plus subtile, celle des planètes sœurs, Mars et Vénus, qui régissent respectivement les aspects masculins et féminins de la personnalité, par l’intermédiaire des rayons rouge et doré, complétant l’œuvre de la Terre elle-même, qui émet de son cœur un rayonnement d’émeraude, souvent teinté de rose.

Mais le chercheur n’accéderait pas à la part du Secret spirituel que ce commandement recèle sans comprendre que, au-delà de toutes considérations, il représente une réalité bipolaire engendrée par l’Esprit de Vie, qui s’exprime, pour créer, par le Père divin, la Sagesse cosmique, et la Mère céleste, l’Intelligence universelle, qu’il doit apprendre à maîtriser à l’intérieur de son être pour accéder à l’harmonie, à l’équilibre, à la plénitude.  L’être humain n’est pas appelé à se considérer indéfiniment dans son rôle sexuel fonctionnel puisque, en fait, il est un androgyne appelé à recomposer son être, à fusionner ses aspects compatibles et complémentaires, afin de réintégrer, en pleine conscience, l’Unité originelle.

C’est ainsi que, un jour, au terme d’une longue recherche, appuyée par l’expérience personnelle, il est amené, par nécessité, non à se rapprocher toujours plus des membres de sa famille terrestre, mais à quitter père et mère, frères et sœurs, voisins et voisines, amis et amies, partenaire et enfants, tous ses semblables, pour se joindre à sa Famille spirituelle, les véritables membres de son cercle d’être chers.  Encore plus, il doit en venir à abandonner tout ce qui le maintient dans l’illusion du plan de la dualité et de la densité, par un rappel arbitraire, mais incessant, du mental, dans ses interprétations, ses hypothèses et ses croyances, qui n’ont rien à voir avec la Vérité pure, dans son jeu transitoire d’addition, de soustraction, de division et de multiplication, qui l’empêche de réintégrer la Conscience de l’Unité ou de retourner à sa Source originelle, au cœur de l’Absolu.

Ainsi, «honorer père et mère», c’est, dans le sens ultime, se faire le présent de vie de renoncer à tout ce qui, par l’expérience au milieu d’autres créatures, à éveillé à l’aspiration d’entrer dans le Savoir unique, afin de fusionner avec l’Absolu, quand celui-ci ne peut absorber ou réintégrer en lui qu’un être complètement vide de lui-même, parce qu’il a fait table rase de toute préconception et de tout ce qui s’oppose à la révélation de sa Totalité omniprésence.

Et vous, lecteur, est-ce ainsi que vous aviez compris l’injonction divine d’«honorer père et mère», proposée à seule fin d’illustrer le propos principal de cet article?  Alors, comment un être peut-il croire s’initier, donc se découvrir, au jour le jour, s’il se contente de lire rapidement ou  machinalement les textes inspirés que rédigent les messagers divins qui lui tombent sous la main, sans jamais effectuer de retour sur eux, ce qui l’amène à n’en retenir que les aspects les plus superficiels ou dilués, donc les moins valables, qui induisent sur une fausse piste, parce qu’ils entretiennent si bien l’Illusion d’évoluer.  Pourtant, tout à l’inverse, trop convaincu d’en avoir saisi toute l’essence, il se prive de la possibilité d’émettre l’hypothèse qu’il pourrait appeler à un travail de compréhension plus profond?

Car, si le lecteur ne veille pas à compléter son travail de compréhension, il permet que s’épaississe sans cesse le voile d’ignorance, croyant pourtant l’amincir.  Dès lors, s’il croit avancer dans la démarche initiatique, il se leurre, ce qui explique qu’il puisse développer la mentalité fumeuse et orgueilleuse de l’illuminé ou que, finissant par perdre sa motivation, à défaut d’avoir appliqué correctement le principe qui lui est soumis, parce qu’il ne l’a pas vraiment compris, il ne peut se donner la confirmation de sa validité, ce qui le contraint à tourner en rond autour de lui-même jusqu’à ce qu’il sombre dans le scepticisme, avant de perdre goût à la vie et d’abandonner tout espoir de salut, en véritable esclave de son mental et de sa personnalité.

Celui qui se contente de survoler un principe spirituel nouveau devrait s’abstenir de le faire puisque, effleurant à peine le vrai message, il ne contribue qu’à se compliquer la vie en renforçant ses chaines mentales.  De la même manière, un être devrait éviter de partager un principe spirituel qu’il vient tout juste de découvrir parce que, à défaut de le maîtriser, pour se l’être convenablement approprié, jusqu’à en faire sa substance, il risque de se faire dévaliser, de se faire parasiter psychiquement.  C’est ce qui explique la fatigue permanente de certains praticiens et de certains enseignants.  Sinon, à défaut de l’avoir suffisamment intégré, un être perd les bénéfices et les bénédictions du principe qu’il étudie encore et il s’expose, par manque de compréhension, à mettre autrui sur une fausse piste et à les amener à s’égarer.

Un être ne peut partager sans danger avec un autre que ce qui a muri en lui, ce qui lui en confère la maîtrise, car ce n’est qu’alors qu’il porte et rayonne assez de Lumière spirituelle pour partager sans déficit énergétique, pouvant compter que le présent amoureux qu’il fait portera fruit dans une autre conscience.

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