Dans le vocabulaire courant, le mot «grâce» peut évoquer une faveur ou un bienfait.

Dans l’Antiquité, ce même mot référait à un bienfait arbitraire accordé aux êtres humains, comme la chance, la beauté, l’abondance, le talent ou le génie.

Dans la Tradition chrétienne, il s’agirait d’une aide gratuite, découlant de la miséricorde divine, qui est accordée aux êtres humains pour assurer leur salut.  On la définit plus précisément comme l’aide surnaturelle qui rend l’être humain capable d’accomplir la Volonté de l’Absolu et de parvenir au Salut.  Alors, ce mot comporte l’idée que l’aide ou la rédemption sont accordés en réponse à une simple prière, sans autre mérite ni obligation qu’une reconnaissance réciproque.  Ainsi, si l’être humain sait accueillir l’Absolu divin, lui donner réalité, il peut réaliser ce qu’il y a de divin en lui.  Comme si la grâce intervenait comme un trait de lumière, un échange d’amour, par un effet de miroir, dans lequel la créature reconnaît son Créateur qui se voit en elle.  De ce fait, Dieu accepterait de partager sa divinité avec l’espèce humaine, mais par pure bienveillance, donc sans mérite antécédent.

En mystique, la grâce évoque l’instant où un être passe, en Unité, dans le Feu du cœur.  Pour un être incarné, elle représente la sortie de l’enfermement, qui le coupait de la multidimensionnalité, qui l’amène à retrouver l’accès aux dimensions de la Lumière.  À ce moment là, l’être expérimente la Joie totale où aucune émotion, qui soit sienne ou qui vienne de l’extérieur, ne peut affecter son état.  La Grâce fait que sa vie commence à se dérouler, justement, selon le principe de la fluidité, de la facilité, de l’Unité. Tous les évènements et les enchaînements de sa vie commencent à se dérouler en parfaite syntonie et en parfaite synchronicité.  Aucun effort n’est plus nécessaire pour obtenir quoique ce soit.  Il n’y subsiste plus de désirs, simplement ce qui est nécessaire à son évolution et à sa transformation, à l’établissement de son Feu du cœur, ce qui s’accomplit de manière naturelle et spontanée.  Dès lors, l’Univers et l’Intelligence de la Lumière pourvoient à la totalité de ses besoins pour ce qui concerne tous les secteurs de sa vie.

Quant aux grâces évoquent une prière de remerciement récitée après le repas.

Dans la spiritualité initiatique, la Grâce illustre d’abord le Principe intérieur du perfectionnement spirituel qui atteste de l’Omniprésence et de l’Omniagence de l’Absolu.  Elle résulte de la mise en adéquation totale du Feu de l’Esprit qui permet de transcender de manière définitive ce qu’il peut rester de feu vital dans la réalité d’un être incarné.  Il y a donc nécessité que celui-ci identifie ce feu vital, se manifestant justement par l’activation, dans l’ordre des quatre éléments de l’Éther ou des quatre Cavaliers de l’Apocalypse, qui mène au point de basculement, dans l’établissement de la Présence infinie de manière stable et définitive. Dans cette perspective, la Grâce évoque un état d’Évidence marqué par une fluidité omniprésente, ce qui permet aux présents ou bienfaits de la Lumière d’accompagner un être en permanence, parce que son mental a trouvé l’état de repos et que les émotions n’ont plus lieu de s’exprimer en lui.  Elle représente donc l’instant où un être incarné devient totalement vivant, totalement transparent et totalement responsable et qu’il vit dans la simplicité, l’humilité et l’esprit d’enfance. En effet, l’humilité représente la marque de la Présence d’un être spirituel dans le bas-monde.  La simplicité s’établit dans les relations et les interactions, parce que l’amour du cœur prévaut en tout et partout.  Dans toute communication, le Christ se place entre les deux êtres en dialogue ou entre lui et n’importe quelle situation dans laquelle il se trouve.  L’Enfant divin accorde une complète confiance en son Père-Mère pour ce qui est de son destin.  Là est la Grâce, et nulle part ailleurs, afin que l’ensemble d’une vie en incarnation, pour ce qu’il en reste sur le plan de la troisième dimension, devienne une bénédiction permanente.  Autant qu’il peut se faire, il s’établit un état de Grâce quasi-permanent conférant à un être particulier l’aptitude de s’installer de lui-même et par lui-même, indépendamment de tout alignement, indépendamment de tout exercice, et de résider dans son cœur, avec le Christ.

En vérité, la Grâce réfère à l’action située au-dessus de la dualité qui n’entraîne plus de réaction ou de conséquence, d’une action qui va simplement dans le sens de l’action ou une pro-action qui exprime un déploiement uniquement inspiré de l’Amour, au-delà des notions de bien et de mal.  Alors, l’être dans l’Unité, n’étant plus soumis à une forme, à une dimension, à des approximations, à des croyances, à des jugements, à des liens ni à des limitations.  Pour celui qui est dans la Grâce, ce qui s’oppose à la Lumière ne peut plus lui arriver ni l’affecter.

Ici, il faut savoir que les Maîtres spirituels avérés n’approuvent aucune définition de la Grâce qui découlerait de l’arbitraire ou du favoritisme de Dieu.  Ils la considèrent plutôt comme un appel lancé à la sagesse du Soi supérieur qui permet la mobilisation des fores nécessaires à la réalisation d’une requête ou d’une demande.  À ce titre, tout devient une grâce, les épisodes négatifs comme les épisodes positifs, puisque tout constitue une réaction du subconscient à ses pensées, à ses idées, à ses sentiments, à ses paroles et à ses actes habituels, conscients ou inconscients.  Ainsi, la Grâce enseigne que toutes les expériences, heureuses comme malheureuses, ne constituent rien d’autre que des leçons de vie que chacun programme lui-même, en tant que créature incarnée dans une forme, pour élucider ses systèmes de croyances ou de valeurs.  Dans son aspect positif, elle rappelle une étape heureuse du cheminement évolutif sur la Voie du retour à la Maison du Père-Mère quand on accepte de se laisser aimer par lui et qu’on parvient à se sentir aimé de lui.

À ce titre, la grâce désigne ce qui dépasse les normes prévisibles, même inespérées, qui expriment une intervention de son Étincelle divine ou Soi supérieur.  Voilà  le sentier par lequel un être maintient son équilibre avec toute chose dans l’Univers et qui corrige les erreurs par l’harmonie, plutôt que par l’échec et la souffrance.  Dès lors on  comprend que la grâce est toujours conditionnée par l’initiative personnelle et par la sincérité du cœur.  En somme, peut-être qu’on pourrait définir la grâce comme la qualité spéciale de Dieu qui emplit le champ magnétique de l’expression gaie et joyeuse de la beauté et de l’émerveillement du Ciel et qui s’exprime continuellement à travers tous les plans de la Conscience cosmique.  Car elle décrit simplement la descente de l’Énergie divine qui opère dans le cœur de chaque créature un retournement du regard vers le Soi intime, revivifiant la connaissance dans la substance mentale.

La Grâce, cette Puissance supérieure fulgurante, peut se manifester à tout instant.  Elle aide à garder cet état de conscience que tout est possible, en tout temps, quelles que soient les circonstances.  Elle établit le Pont de Lumière ou l’arc-en-ciel qui apparaît à la fin de l’orage et qui rappelle de garder une confiance indéfectible dans la Lumière, qui est toujours présente, même si on est incapable de percevoir sa présence.  Cette Lumière divine peut transcender toute loi puisqu’elle agit en accord avec la Grande Loi divine de l’Amour.  Rien ne lui est impossible, si on lui garde la porte ouverte, car elle respecte le libre arbitre.  Ainsi, la grâce devient l’intervention de la Providence qui n’est jamais que la répercussion de la Justice immanente, qui peut élever ou abaisser, selon les choix de chacun.

© 2015 Bertrand Duhaime (Dourganandâ).  Tous droits réservés. Toute reproduction strictement interdite pour tous les pays du monde.  Publié sur : www.larchedegloire.com.

 

A propos de l'auteur

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *