LE SOUHAIT D’UNE VIE «DE COLORES»

   Comme on le sait, la couleur rose détient les mêmes caractéristiques et propriétés que le rouge, de beaucoup atténuées, le rendant, en général, inoffensif, à moins de s’en servir sur une période très prolongée.  Il sert à engendrer des changements dans la douceur et il engendre des élans artistiques et esthétiques.  D’abord, la couleur rose exprime diversement la vitalité équilibrée, la douceur, la réserve, la modestie, la discrétion, la gentillesse, la compréhension, la paix, la sympathie, la finesse, la minutie, la modération ou la pondération, la délicatesse, la souplesse, la tiédeur.  C’est la couleur de la propension à la politesse, des sentiments tendres, de la bonne intelligence, du sens du respect, de la finesse de caractère, la beauté inaltérable, l’amitié, le goût de l’échange, la simplicité, la créativité sereine, les bons sentiments, le sens du respect, la bonne entente, les aspirations profondes.

   En fait, le rose, supporté par l’émeraude, représente la couleur par laquelle les qualités de l’âme, passant par le cœur, peuvent s’exprimer en toute aise et en toute efficacité. Il sert notamment de véhicule à l’amour inconditionnel et à l’esprit pacifique, dissolvant la tension, écartant la dysharmonie, enrayant la dépression, même qu’il peut soulager les problèmes cardiaques et adoucir les problèmes d’ordre sentimental. C’est la couleur du cœur charitable qui aime les autres comme il s’aime lui-même, éveillant des élans de générosité, de bonté et de beauté incommensurables. Pour l’âme, il favorise la perception à des niveaux plus subtils du fait arc-en-cielqu’il dissout les grandes oppositions intérieures et transforme tout en le bonifiant. On dit qu’il permet à l’Esprit de l’Amour de prendre soin de l’évolution personnelle. Pour résumer, il s’agit de la couleur féminine des jeux amoureux qui porte aux grandes effusions d’affection, mais dans une délicatesse extrême et dans un grand respect.  En excès, elle fait incliner vers l’esprit romanesque, le sentimentalisme, la sensiblerie, la superficialité, l’effacement, le repli sur soi, qui peut aller jusqu’à l’oubli ou au mépris de soi.  Elle n’en aide pas moins à produire des changements dans la douceur.

   Par ce qui précède, on ne se surprendra pas que l’expression très française «voir la vie en rose» signifie qu’on est satisfait, qu’on se démontre plutôt positif, même optimiste, qu’on se sent bien et joyeux, qu’on ne retient que le bon côté des choses ou qu’on voit tout du bon côté, qu’on se trouve dans un état où tout est bon, qu’on sait tout apprécier.  En revanche, quand on émet le vœu de toujours «vivre la vie en rose», c’est probablement parce que, traversant un moment difficile, on aspire à vivre dans une plus grande facilité, à connaître le paradis rêvé, soit à vivre sans tension dans un monde sans problèmes où il n’est pas besoin de produire des efforts ou de se débattre avec une réalité qu’on aimerait fuir par moments.  N’empêche que cette aspiration implique un détachement de la réalité qui finirait par maintenir dans une vie mièvre et monotone qui finirait par faire mourir d’ennui.

   La vie sur terre étant ce qu’elle est, une école d’apprentissage, nul ne peut y connaître un tel bonheur stable et permanent.  Pour se découvrir et accéder à la pleine maîtrise de lui-même, tout être incarné est appelé à vivre des expériences qui fluctuent entre le noir et le blanc, entre l’obscurité et la Lumière.  C’est le lot d’un être plongé dans la densité et la dualité qui est appelé à émerger dans la pleine conscience de sa Réalité originelle au terme de sa quête évolutive.  À moins qu’il apprenne à prendre du recul et à relativiser les choses en situant sa réalité du moment, agréable ou désagréable, dans une autre perspective, celle de la nécessité évolutive.  Un être appelé à se connaître dans tous ses aspects ne peut échapper aux tâtonnements pénibles de l’expérience lui permettant de sortir de l’ignorance, de passer de l’inconscience à la pleine conscience de lui-même.

   Dans ce contexte, on pourrait dire que l’idéal de l’être évolutif, c’est, dans l’acceptation de vivre ce qui s’impose pour parvenir à son but ultime, l’Ascension, d’appeler des expériences de toutes les couleurs, pour explorer tout l’arc-en-ciel de la vie, plutôt que d’aspirer à «vivre la vie en rose».  Justement, l’arc-en-ciel symbolise le pont réversible des âmes sur la route du Retour vers leur Créateur.  Il importe de le rappeler puisque tout être humain est, par ses pensées, ses paroles, ses actes et ses ressentis, le créateur de son propre destin, pouvant l’aider à s’élever ou à régresser.  Ainsi, celui qui répète constamment qu’il veut «vivre la vie en rose», ne réussit qu’à se projeter, par anticipation, dans un paradis plutôt calme et serein, sans hauts ni bas, où il vit dans la routine qui amène à stagner, avant de régresser.

   Tout compte fait, le bonheur stable et permanent, qui résulte d’une vibration à plein cintre dans l’Absolu, ne peut que représenter que le terme ultime de la quête de l’être incarné.  Avant d’entrer dans cet état sublime, nul doute que, malgré ses souhaits, il passera par tous les aléas de l’expérience l’amenant à se connaître dans sa globalité ou sa totalité, à établir sa maîtrise parfaite sur lui-même, à être pleinement.  En cela, la sagesse doit remplacer les vœux pieux d’un bonheur sans mélange, ce qui reste impossible à réaliser dans l’immédiat, même si cela ne saurait tarder.

   En fait, ce qui fait toute la différence, à chaque instant, c’est la manière d’interpréter ce qui arrive.  L’un peut voir une fatalité dans ce que l’autre considérera, certes, comme expérience inéluctable, mais résultant des lois de l’Attraction et des Affinités qu’il a mise en mouvement.  Cela fait toute la différence entre un être qui s’apitoie sur son sort et un autre qui trouve, dans toute expérience, une occasion de grandir.  C’est ainsi que, s’extrayant du jugement de valeur qui le maintient dans la dualité, il peut aspirer à émerger progressivement de la densité, dans une spirale régulière, pour s’élever à travers les plans supérieurs de la Conscience cosmique.  Rien n’arrive par hasard, rien n’est en trop, rien n’est en carence : tout, tel que cela se produit, favorise rigoureusement l’ouverture de la conscience et la réalisation individuelle dans l’Absolu.

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