L’INTOLÉRANCE, L’OMBRE DE LA HAINE…

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Hippolyte Taine a écrit : «N’ayez d’intolérance que vis-à-vis de l’intolérance.»   Quant à Vladimir Jankélévitch, il a osé affirmer : «La tolérance est un moment provisoire. Elle permet à ceux qui ne s’aiment pas, de se supporter mutuellement, en attendant de pouvoir s’aimer.»  Et George Sand s’est permise d’écrire : «L’intolérance et le soupçon, l’orgueil et le mépris,  fruits voilà de tristes chemins pour marcher vers le temple de la fraternité.»  Mais, pour l’intolérant aux fortes opinions, peut-il exister une parole qui l’amène à changer?

L’intolérance décrit une disposition hostile, passive ou cruelle, qui porte à haïr, à mépriser, voire à persécuter ceux qui ne sont pas de son avis, à condamner ce qui déplaît dans les opinions ou la conduite des autres, à imposer sa façon de comprendre comme la seule vraie et légitime.  Voilà le masque dont se couvrent ceux qui entretiennent des doutés secrets sur la véracité de leurs croyances ou sont complètement fermés à l’originalité et à la nouveauté.  L’intolérance est l’ennemi de l’ouverture à la différence et de la quête d’une meilleure compréhension de ce qu’elle implique d’enrichissement.

L’intolérance s’installe chez un être qui s’ignore lui-même et qui manque d’intelligence à l’endroit de la réalité humaine qui est, par bonheur, multiforme.  Il ne saisit pas en quoi il ne se tolère pas lui-même.  En outre, il ne comprend pas que, puisque l’humanité est une et solidaire, il applique un traitement injuste à une part de sa réalité qui pourrait l’aider à s’ouvrir à une plus large part de la Grande Vérité.  Il oublie que ses critères ne proviennent que de sa formation et qu’ils restent subjectifs et partiaux.  Il accorde à ses idées et à ses croyances une trop grande importance.  Car, si chacun détient un libre droit à ses convictions, cela ne concerne pas que lui, mais tous les êtres humains.  Un être ne peut que gagner à rester ouvert aux hypothèses divergentes et aux cultures différentes, sans chercher de bouc émissaire dans sa peur de l’inconnu qui l’amène à craindre pour son identité et l’ordre social.  Dans les situations difficiles, les gens ignorants sont portés à croire que les maux viennent des autres, surtout de ceux qu’ils ont du mal à tolérer.  Plus il est différent, plus l’autre semble représenter une grande menace.

Quand un groupe se donne des coutumes et des comportements différents qui lui donnent un style particulier, une conception différente de l’existence, l’ensemble de la population qui vit près d’eux commence à s’interroger sur ce corps étranger et étrange et, ne tardant pas à se sentir menacé, il le perçoit comme dangereux. Partent alors les rumeurs et les fictions.  On ne voit plus ce groupe comme il est: on lui accole des étiquettes et des masques.  Et le processus évolue vers le péjoratif.  Les malentendus en viennent à enfermer ce groupe sur lui-même.  Tout ce qu’il fait est perçu en termes de passion.  Alors, on l’ostracise ou on l’extermine.  Les Puissances des ténèbres aveuglent les intolérants par leurs subtils artifices et leurs faux raisonnements poussant à l’incompréhension ceux qui croient trop à leur propre vertu.

Nul ne doit juger: chacun doit s’adapter ou sortir de la circulation.  Descartes a écrit avec raison : «La diversité de nos opinions ne vient pas de ce que les uns sont plus raisonnables que les autres, mais seulement de ce que nous conduisons nos pensées par diverses voies et ne considérons pas les mêmes choses.»  Certaines personnes accepconductrices-camionstent mal que d’autres pensent ou agissent autrement qu’elles.  Elles sont persuadées de détenir la vérité par croyances et idées reçues, plus que par expérience, car elles ne détiennent aucune certitude que leurs croyances avèrent.  C’est que par étroitesse d’esprit, autant que par paresse et goût de la routine, elles ne veulent pas être dérangées, devoir se remettre en question, quitter les sentiers battus.  Pourtant, il n’y a rien de plus salutaire que de s’habituer à considérer la pensée d’autrui avec sympathie et compréhension, par amour de la liberté.  L’intolérance résulte généralement de l’endoctrinement religieux, politique, culturel, traditionnel, éducationnel ou autre qu’un être n’ose pas questionner par adhésion à une forme de dogmatisme, de conformisme ou d’autoritarisme.

On dit que l’intolérance provient de l’ignorance.  Ce n’est pas vrai dans tous les cas.  Parfois, un être est intolérant par entêtement ou par connerie.  Il ne veut tout simplement pas lâcher le morceau, même s’il sait avoir tort, par crainte d’une perte de sens dans sa vie, par peur de se sentir humilié de devoir admettre son erreur, par paresse de devoir rebâtir sa vie sur d’autres fondements.  L’intolérant juge trop : il se prend pour le Tribunal de Dieu qui peut disposer à sa guise des droits des autres pour la simple raison qu’il a droit de penser comme il pense ou d’agir comme il agit.  Dans sa croyance de détenir une vérité supérieure, il se donne toujours raison, d’où l’autre ne peut qu’avoir tort!

© 2012-15, Bertrand Duhaime (Dourganandâ).  Tous droits réservés. Toute reproduction strictement interdite pour tous les pays du monde.  Publié sur : www.larchedegloire.com.  Merci de nous visiter sur : https://www.facebook.com/bertrand.duhaime.  

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