L’INTIMITÉ, UN BESOIN NATUREL DE L’INDIVIDU

L’intimité peut autant signifier ce qui est intérieur et profond, la liaison étroite et familière que la vie privée.  Ici, on le retient dans son sens de partage de la vie privée. Pour développer de l’intimité, il faut être doté d’un «soi», c’est-à-dire être en mesure de dégager son identité à partir de l’altérité, ce qui amène à tracer une frontière avec le monde extérieur.  Le nouveau-né, qui ne survit que par la relation fusionnelle qui l’unit à sa mère, a peu besoin d’intimité.  Mais la maîtrise progressive de ses mouvements, du langage, ainsi que la prise de conscience qu’il existe un dehors et un dedans, lui donneront peu à peu l’idée d’un «soi», c’est-à-dire d’une identité corporelle, psychique et comportementale, ce qui sert de fondemeWatching out the windownt à son intimité où il veut se savoir souverain.  Aussi commence-t-il à émettre ses premières revendications d’autonomie et d’indépendance.  D’emblée, la protection de son territoire et de son jardin secret devient un prétexte de confrontation avec autrui, d’abord avec maman, papa, les autres membres de la famille, puis avec tous les autres, au fur et à mesure qu’ils se présentent, toujours susceptible de lui nier ses droits.

Mais c’est à l’adolescence, lorsque l’individu se fait reconnaître comme responsable de ses pensées, de ses choix vestimentaires, de ses goûts musicaux, de ses préférences amicales et le reste que l’intimité commence vraiment à signaler son importance.  Car il ne peut exister d’intimité vraie sans l’autorisation ni la validation de la société, qui, en retour, assure sa protection.  Alors se développe le fameux droit à la vie privée.  Selon Robert Neuburger, la conquête de l’intimité tiendrait du parcours initiatique, avec ses épreuves et ses conduites à risque typiques de l’adolescence et elles en feraient partie.  En s’y livrant, dans la mesure qu’il parvient à lui survivre, le jeune développe sa personnalité et se construit son propre mythe personnel, ce qui le persuade autant qu’il détient sa place sur Terre qu’il est un être unique détenant des droits à une intériorité inviolable.

L’intimité fait partie des besoins essentiels d’un être.  Sans elle, sans cet espace privé de croyances, pensées, rêves, projets qui le rend unique, différent des autres, il se sent comme amputé de lui-même.  C’est pourquoi il protège jalousement ce trésor.  Sauf que, à différents degrés, malgré qu’il tienne à vivre dans sa bulle, il faut bien qu’il en vienne à en partager une part avec les autres avec lesquels il veut échanger et partager.  Car dans les relations humaines, la signification et le degré d’intimité varient à la fois entre les relations et à l’intérieur d’elles.  En général, le développement d’une relation intime demande des contacts d’une durée prolongée (évaluée en mois et en années plutôt qu’en jours ou semaines).  Pour réussir, ce partage cour clotureerequiert de l’ouverture, de la disponibilité, de la candeur, de la transparence, de la réciprocité et, bien sûr, une certaine vulnérabilité.  En effet, la volonté d’entretenir l’intimité pour une durée significative demande une acuité émotionnelle et interpersonnelle bien développée, en plus d’une capacité d’être à la fois «avec» et «séparé» de l’autre dans la relation. En revanche, s’il en résulte parfois des conflits intenses, il en ressort un loyauté.  Dans certains domaines, on considère le partage de l’intimité comme le résultat d’une séduction réussie permettant le dévoilement de pensées ou de sentiments autrement cachés. Les conversations intimes deviennent le moyen de partager des confidences qui lient les individus entre eux.

Dans toute relation, une trop grande intimité amène à emprunter les buts et les formes-pensées de l’autre, ce qui peut dériver jusqu’au délire à deux.  En principe, nul ne peut violer l’intimité d’autrui qui ne le désire pas, car, en pareil cas, son âme peut voiler les aspects qu’il ne désire pas révéler.  La plupart des gens aspirent à des relations très intimes avec d’autres personnes, notamment avec leur partenaire de vie.  Mais pour parvenir à un grand degré d’intimité, il faut être doté d’une grande force émotionnelle.  Pour vivre des relations très intimes avec une autre personne, au point d’anticiper ses besoins et ses désirs, il faut beaucoup d’amour et de respect.

Voilà pourquoi les relations intimes découragent tant de personnes.  N’étant pas entières et conscientes de qui elles sont, elles ne peuvent pas s’unir aux autres personnes à un niveau très profond.  Et si elles s’entêtent à le faire, elles se perdent elles-mêmes dans des obligations factices. OLYMPUS DIGITAL CAMERA

Pour vivre une relation intime, valable, très profonde avec un autre, il faut commencer par devenir conscient de qui on est.  En fait, l’intimité que l’on redoute le plus, c’est l’intimité avec soi-même.  On a tellement peur de se retrouver seul avec soi-même par peur de ce qu’on peut découvrir sur soi, qu’on préfère ne pas se connaître vraiment.  Pourtant, cette intimité, partagée dans le silence, l’amour de soi, la maîtrise des énergies, prépare le modèle du type d’intimité qu’on doit vivre lorsqu’on veut vivre avec quelqu’un d’autre.

L’irritation désigne une réaction plus ou moins violente, répétitive, mais disproportionnée à la cause, chez des êtres qui vivent ensemble ou se fréquentent.  On cherche alors querelle pour rien, surtout le matin, et on témoigne d’une grande nervosité.

Lanza del Vasto rappelait: «L’irritation est une réaction inévitable aux hommes qui vivent en compagnie. Il n’est personne qui soit à l’abri de l’irritation par nature et il y a même des gens pour qui c’est une sorte de torture continuelle.  Mais sachez bien que parmi les entraînements que nous voulons enrayer, il n’y en a pas de plus destructifs et de plus nuisibles.»  Les gens, mal harmonisés, vivent trop près les uns des autres et s’interpénètrent par leurs auras par trop négatives.  Chaque cellule humaine (par exemple une famille) devrait vivre à au moins 1 500 pieds d’une autre pour échapper à ces influences.

Dans un rêve, la quête d’intimité révèle la pulsion protectrice ou l’affectivité accaparante.  On désire trouver un espace personnel ou se prendre en main.

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