L’INTÉRIORISATION N’EST PAS LA RÉFLEXION OU L’INTROSPECTION, MAIS UNE ENTRÉE EN SOI POUR UNE DISSOLUTION DANS L’ABSOLU…

En sociologie et en psychologie, le mot «intériorisation» désigne l’ensemble des processus par lesquels le fonctionnement mental d’Un être intègre certains éléments du monde extérieur, contribuant à l’organisation des structures affectives et cognitives.  En psychanalyse, il devient un synonyme de l’introjection ou de l’«indentification», l’inverse de la projection, soit le processus qui consiste à transposer sur un mode fantasmatique les objets extérieurs et leurs qualités inhérentes dans différentes instances de l’appareil psychique, ou il désigne le processus de reconstruction des relations interpsychiques.  On doit éviter de la confondre avec l’introspection qui consiste à faire un examen de conscience ou à réfléchir sur soi-même.

Il importe peut que le lecteur ait compris ces premières définitions, puisque ce n’est pas celle qui occupe le présent article.  En effet, l’acception de ce terme ici retenue exprime simplement le fait de ramener son attention à l’intérieur de soi, devient souvent synonyme de recueillement.  Le processus d’intériorisation est simple et il se pratique en s’installant confortablement dans le silence et la solitude — mais pas trop, pour éviter de s’endormir —  les yeux fermés.  Alors, un être commence par détendre son corps physique et ralentir sa respiration jusqu’à ce qu’il atteigne une certaine tranquillité intérieure.  Puis, il ramène l’énergie des cinq sens vers son centre, le cœur, la porte du monde du monde spirituel.  Pour lui, il ne s’agit pas de planer ou de rêvasser, mais de s’habiter, de se concentrer en lui-même, de s’éveiller à sa vraie réalité dans un sentiment d’élévation qui lui permet de gagner en liberté et en vraie présence à lui-même.  Sans rien forcer, il s’habitue à être ou il s’ouvre à l’intuition ou à l’inspiration.

L’intériorisation implique un retrait dans son monde intime pour entrer dans son centre intérieur et devenir réceptif, soit pour mener un examen de conscience, pour prier, pour méditer, pour contempler ou pour communiquer avec l’Esprit de Vie.  Idéalement, pour devenir pleinement efficace, ce mouvement doit s’accompagner de la fermeture à tous les désirs des sens, de la maîtrise ferme de ses organes de perception et du vide mental.  On peut s’y exercer, paupières mi-closes, en séparant les sens de leur objet pour fixer le regard intérieur entre les sourcils.  Alors, on se concentre sur l’extrémité du nez, sans effort ni tension, comme si on entrait dans l’état lunatique ou dans une sorte de rêverie sans images.  En Orient, on appelle cette technique le «pratyahara».

L’intériorisation, une étape préparatoire à la méditation, permet d‘inverser l’attention, trop souvent et longtemps projetée vers la réalité extérieure, qui, par la densité, semble avoir tant de réalité, alors qu’elle n’est qu’illusion.  Or, si ce monde n’est formé que d’apparences en quoi peut-il vraiment fournir des renseignements utiles pour l’évolution, à part les moyens de survie?  Se pose alors la question du choix à savoir si un être veut développer sa science, qui le densifie davantage, en renforçant son mental et son ego, ou d’atteindre la sagesse, qui raréfie, qui permet de gagner en subtilité spirituelle ou énergétique.  Et c’est justement ce que permet l’intériorisation, de se retrouver à l’intérieur de soi pour mieux se connaître dans sa Réalité éternelle plutôt que dans son actualité contingente.

Dans l’intériorisation, l’attention d’un être se tourne vers lui-même plutôt que vers l’extérieur.  Son âme se révèle, ce qui l’aide à mieux se connaître dans ce qui importe vraiment.  Il se transforme aussi puisque la Lumière spirituelle à laquelle il s’ouvre, se fait accueillant, dissout ses imperfections.  Dès lors, les qualités de son Esprit peuvent de déployer vers l’extérieur pour transfigurer la fausse réalité.  L’intériorisation ouvre l’esprit, l’affine et permet de découvrir de nouveaux plans de conscience. Dans la centration lucide, le vide mental et la maîtrise du pouvoir du silence, l’âme se libère des émotions parasitaires.  Elle amène un être à prendre le temps de puiser à son intuition et de réfléchir avant de parler et d’agir.

L’aptitude d’un être à jouir de la propre compagnie ou, en quelque sorte, de sa propre compagnie, est un des plus grands cadeaux que la vie peut lui offrir.  Par exemple, à la fin de la journée, il peut y apprendre à détourner ses pensées de toutes ses responsabilités pour établir son esprit dans un état de paix et de bienveillance, ce qui lui permet de gagner en force et de porter des charges de plus en plus lourdes sans se sentir accablé.  Quand son paysage intérieur se remplit de belles et bonnes pensées, surtout d’amour, tout ce qu’il fait devient un plaisir, une joie.  En douceur, il apaise les situations chaotiques et, du coup, par son rayonnement naturel, il offre du réconfort aux esprits troublés.

puisque chaque être humain est relié à la Source divine, il porte en lui toute la Sagesse, toute la connaissance et toute la compréhension.  De ce fait, il n’a pas besoin de chercher à l’extérieur de lui.  Mais pour faire des découvertes à l’intérieur de soi, il faut apprendre à devenir réceptif en prenant le temps de se retrouver au calme et de descendre profondément en soi.  Seuls les paresseux cherchent toujours à l’extérieur d’eux les réponses et les solutions dont ils ont besoin, bien qu’ils prétextent ne pas avoir le temps de plonger dans le silence et le calme.  Hélas, celui qui ne cherche pas en lui la connaissance passe son temps à se référer à la vision des autres et il se dépersonnalise.  En outre, il laisse plus ou moins inertes des facultés qui ne demanderaient qu’à s’activer ou à s’éveiller, pour l’aider à se dégager de l’ascendant d’autrui.  Quoi qu’il en soit, pour chaque décision qu’il est appelé à prendre, chacun détient le choix d’écouter son petit moi, pour satisfaire sa vanité, ou de rechercher la direction divine pour la suivre.

Mais, comme il a déjà été dit plus haut,  il faut éviter de confondre l’intériorisation avec l’introspection qui sert, notamment, dans l’examen de conscience oinitiation-spirituelleu dans le bilan de vie. L’intériorisation vise une entrée dans l’Unité afin d’être plus pleinement, ce qui commence par le rétablissement du lien spirituel avec son Centre divin et l’unification de ses divers plans de conscience.  L’introspection désigne le fait de tourner sa conscience vers l’intérieur, dans une exploration de soi-même.  Elle implique l’observation d’une conscience individuelle par elle-même, l’observation méthodique, par le sujet lui-même, de ses états de conscience ou de sa vie intérieure.  En réalité, il s’agit de l’isolement dans le silence pour réfléchir sur soi, mener une analyse ou un examen de conscience afin d’établir un bilan de vie.

Dans l’introspection, il n’y a pas la volonté de capter des intuitions, des certitudes intérieures, ou de capter des connaissances subtiles.   Celle-ci implique plutôt l’analyse des sentiments, des mobiles, des faits antérieurs de sa vie, pour mieux se situer et se comprendre.  Dans cet exercice, le mental se fait l’objet de sa propre étude, un aspect du mental en étudiant un autre.  C’est la conscience objective se retourne sur elle-même sous l’œil bienveillant de la conscience subjective, la source de l’intuition.  Parfois, elle devient ouverture à l’intuition.  Alors, elle tente d’obtenir l’inspiration de la conscience intérieure pour déterminer la qualité des aspirations et de l’idéal et pour identifier ce qui fait obstacle à leur réalisation.  Elle peut être utile en cela qu’elle met un être à l’écoute de la voix intérieure pour découvrir en quoi il est unique.

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