L’INSTRUCTION, UN GAGE DE MEILLEURE VIE ET DE MEILLEURE COMMUNICATION

Jamais une époque n’a été aussi indifférente à la qualité de l’instruction et, du coup, de l’éducation que la nôtre.  Pour cette raison, les coupures au Ministère de l’Éducation n’améliorent pas la situation.  Pour qui n’a pas peur d’entendre la vérité, dans un constat qui n’est pas un jugement, nous pouvons dire véritablement vivre dans un monde léger, superficiel, dirigé par les émotions à fleur de peau, mu par la facilité, dépourvu de cervelle et de conscience.  D’une part, les parents, eux-mêmes relativement peu instruits, ont démissionné de leur rôle fondamental de formateurs, en présence d’enfanStudious female high school studentts-rois, et, recevant cette masse amorphe, sans intérêt pour la culture, les professeurs ne peuvent que se décourager et faire ce qu’ils peuvent auprès de mollusques sans manières, au tutoiement trop facile, mais prompts à la rébellion et à l’invective, donc difficiles à gérer.  Quand aux enseignants, souvent, eux-mêmes ne savent pas parler, écrire, communiquer.  Quant aux programmes scolaires, on en a éliminé un bon nombre de connaissances qui donnent des repères, forment au civisme  et servent à humaniser, donc servent de fondement à la culture, les remplaçant surtout par des matières d’ordre scientifique et technique.

Ainsi, lorsque les jeunes sortent des maisons d’enseignement, avec un diplôme dont on s’interroge sur la valeur, on retrouve la majorité qui ne lit pas, qui n’écrit jamais, à part des textos en style télégraphique et en mots réduits, qui maîtrise avec difficulté sa langue, son organe principal de communication.  S’il n’est pas ainsi, comment expliquer que quarante pour cent des gens n’ouvrent jamais un livre, se documentant sur le net, en lisant des magasines superficiels ou en écoutant la télévision.  La majorité des gens s’activent au travail, mais pour le reste, ils croupissent dans la paresse ambiante qui mène vers les divertissements passifs (audition musicale, jeux vidéo, télévision, surf sur le net) qui laissent végéter l’intelligence.  Les gens sont bombardés d’images et d’informations, notamment de publicité qui incite à la consommation, mais elle reste sans point de référence, à part ses idoles dégénérés, et sans recul critique.  Il n’est pas étonnant que, chez des gens qui croient tout comprendre, il existe un tel fossé entre la culture du grand public et les ouvrages de référence spécialisés.  La culture profonde est devenue la denrée rare, une denrée suspecte, pour plusieurs, surannée.

Mais, pour se consoler, on dit que ce n’est pas l’instruction qui donne l’intelligence.  Sauf qu’il y a intelligence et intelligence, c’est-à-dire, la faculté de comprendre et de saisir par la pensée et l’aptitude à établir des liens, à s’adapter à une situation, à choisir en fonction des circonstances, de donner un sens à telle ou telle réalité.  Puis il y a la conscience qui se forme dans l’étude des lois de la vie, le développement d’un sens des valeurs et la poursuite d’un idéal.  Ces travers apparents ont ceci de bon qu’ils amènent à larguer sans trop de difficulté des valeurs périmées, qui servaient de boulet ou de freins évolutifs, mais la société n’en reste pas moins, pour un temps, dans une phase transitoire où tous les nouveaux paradigmes sont à inventer, ce qui expose au déséquilibre et à la confusion, notamment à la confusion des genres.

L’instruction désigne, d’une part, l’action de donner des connaissances nouvelles et, d’autre part, l’acquisition d’un savoir humain, culturel, scientifique et technique.  En lui-même, le mot évoque savoir, connaissance, culture, humanisation.  Un être incarné ne peut vraiment accéder à la maturité que s’il connaît le sens de la vie, se connaît lui-même dans sa conscience et détient une connaissance complète de la réalité de l’être humain.  Il n’y a pas que ce qui développe les habiletés extérieures qui compte, même que les valeurs intérieurs comptent davantage.  Car, ce qui manque le plus, en nos temps, ce n’est pas des sources de connaissances, mais de la conscience.

L’humanité connaît trop de choses pour l’usage conscient qu’elle peut en faire, ce qui devient une véritable menace de chaos.  L’instruction doit faire œuvre d’éducation, soit contribuer au développement complet d’un être humain, le rendant sensible, intelligent, cultivé, ouvert, responsable, conscient.  Éduquer, c’est former à la maturité en transmettant un sens et en teintant d’idéalisme spirituel, c’est mener vers une conquête qui commence par la conquête de soi, c’est aider à quitter la dépendance où place l’ignorance et l’inconscience.  Et c’est le plus grand travers de l’instruction actuelle que de négliger l’exploration d’une large part du potentiel humain, ce qui amène un être à utiliser moins de dix pour cent de ses potentialités.  La solution serait de mettre les neurones de l’être humain au service de sa sagesse énergétique.  Mais l’instruction ne donnera jamais la vraie connaissance de soi.

En fait, si une société n’apprend à ses enfants, dans un laxisme extrême, qu’à se servir de sa mémoire pour apprendre par cœur des notions que ses ancêtres se sont déjà relégués de génération en génération avant eux, rien d’innovant ne viendra les illuminer.  En revanche, si elle se voue à l’œuvre de faire de chacun d’eux un être unique, sans limiter son individualité propre, elle ne pourra que se surprendre de la manière qu’il appliquera sa conscience à parfaire ses acquis intellectuels d’être humain et à ouvrir un nouveau chemin.  La connaissance universelle reste à la portée de celui qui prête attention à sa petite voix intérieure, l’intuition, qui peut illuminer l’imagination et la pensée, amenant son ego à laisser place au plaisir d’apprendre par la curiosité et dans la volonté de soi-même aboutir à la vérité.  La conscience spirituelle fournit des connaissances bien plus enrichissantes que les livres de science et les cogitations de l’intellect.  Et il ne faudrait pas oublier d’adapter les programmes à la texture d’âme des nouvelles générations.

L’instruction devrait développer la conscience, mais elle farcit plus facilement la tète de science intellectuelle.  C’est ce qui faisait dire à Tolstoï: «Nous observons dans notre monde l’étrange phénomène que les hommes estimés comme les plus instruits sont en réalité les hommes les plus ignorants, sachant un tas de choses dont personne n’a besoin et ne sachant rien de ce que chaque homme doit savoir avant tout.»  La Mère Mirra a livré deux pensées particulièrement percutantes à ce sujet.  Elle dit d’une part: «L’instruction est un essai pour remplacer la conscience par une bibliothèque intérieure.»  Elle ajoute ailleurs: «La connaissance qui semble vous venir du dehors est seulement une occasion d’amener à la surface la connaissance qui était au-dedans de vous.»

 L’être humain sait tout au fond de lui: il aurait bien moins à apprendre s’il s’ouvrait à l’intuition, la voix de l’omniscience.  Mais, parce qu’il croit trop savoir, il devra apprendre à désapprendre pour désencombrer sa conscience et parvenir à tirer au-dehors ce qui est déjà là, à l’intérieur de lui.

© 2012-16, Bertrand Duhaime (Dourganandâ).  Tous droits réservés. Toute reproduction strictement interdite pour tous les pays du monde.  Publié sur : www.larchedegloire.com.  Merci de nous visiter sur : https://www.facebook.com/bertrand.duhaime.

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