L’IMPATIENCE REND EXPÉDITIF ET SUPERFICIEL…

L’impatience désigne l’incapacité à supporter quelque chose, à se contraindre, à se retenir ou à attendre.  C’est le désir ou l’envie, cachés derrière un motif, qui exalte ce sentiment.  Et un être est d’autant plus impatient d’obtenir un résultat que son désir est intense.  Par elle, un être veut tout et tout de suite.  Alors, pour satisfaire ses aspirations anarchiques, il court, il se hâte, il se presse, il se précipite, perturbant son rythme intérieur naturel.  Cela découle du fait que l’intellect ne comprend rien au rythme et aux cycles cosmiques et qu’il n’a pas compris à quel point l’être humainimpatience, enfant de l’Infini, est puissant aux yeux du Créateur.

Très souvent l’impatience exprime un manque de maturité qui provient d’une fixation dans le passé, à une étape du développement de la petite enfance.  C’est un relent de la pensée magique de l’enfant qui en est venu à se croire tout-puissant du fait que, dès qu’il ressentait un besoin, il n’avait qu’à signaler son désir pour être comblé.  Cette réponse rapide des parents,   surtout de la mère, lui a donné l’impression qu’il n’avait qu’à penser et à signaler son besoin pour recevoir promptement une réponse.

En grandissant, inconsciemment, certains êtres trop chouchoutés gardent ce mode de pensée qu’il leur suffit de désirer pour que tout se plie à leur volonté et se produise rapidement.  Alors, ils développent l’habitude égoïste de vouloir tout et tout de suite comme s’ils n’avaient qu’à désirer une réalité pour télescoper le temps, mettre les gens et les choses à leur service, les faire apparaître et disparaître à volonté, comme par enchantement.  Ils ont de la difficulté à admettre qu’il existe autour d’eux une réalité contingente ferme, stable et solide qu’ils ne créent et ne dissolvent pas eux-mêmes à leur désir, mais aux lois de laquelle ils doivent se conformer.  Et ils oublient que les gens ne leur doivent rien et ne sont pas à leurs ordres.

L’intensité dans l’expression ou le ressenti de l’impatience dépend en partie de la situation dans laquelle un être se retrouve et de l’importance qu’il lui accorde.  De même, cette impatience peut se manifester plus particulièrement dans des situations coutumières.  Pour l’impatient, dans des contextes habituels, il peut détenir l’évidence d’une action à poser ou d’une tâche à effectuer ou de la manière de s’y prendre, ce qui n’est pas forcément le cas d’un néophyte ou d’une personne aux goûts ou aux talents différents de son entourage.  De telles situations peuvent devenir l’occasion d’un manque de tolérance puisque la personne de l’entourage tardera à réaliser l’action attendue.  Il y a des gens qui, par impatience, n’ont aucune patience didactique.  Cette impatience pourrait encore se manifester dans la divergence de l’application d’une méthode, alors que l’un des protagonistes estime que sa méthode est la meilleure et qu’il ne laisse pas le temps à l’autre de comprendre ses erreurs ou d’appliquer une méthode qui pourrait être aussi efficace, même plus efficace.

L’impatience, c’est surtout le lot des nouvelles générations impulsives qui ont grandi dans un monde technologique d’actions et de réactions instantanées, dans un contexte social qui a largement éliminé la distance entre le désir et sa satisfaction, comme c’est le cas avec l’allumage instantané par senseurs (simple contact physique) ou par télécommande, l’Internet à haut débit d’enregistrement.  Il suffit d’appuyer sur un bouton, de toucher à un écran pour que tout arrive presque dans l’instant.  Et, surtout, elle se manifeste par le zapping de celui qui regarde la télé.  Cette volonté de vouloir tout et tout de suite traduit un manque d’estime de soi et de confiance en soi qui s’exprime par de la domination, par une pulsion de tout maîtriser rapidement, par le besoin d’exercer une emprise sur les êtres, les choses, le temps, l’environnement.

Dès lors, une personne est portée à faire des irruptions brutales dans les sujets sans contact préalables ou à se lancer dans l’action sans penser aux préliminaires.  Autrement dit, à la manière d’un être boulimique, elle ne prend pas le temps de savourer et d’assimiler ce qu’elle vit, elle ne profite pas des événements, elles ne prennent pas le temps de les ressentir, passant sans cesse à autre chose pour finir par s’ennuyer royalement dans le silence et l’inactivité.  Mais un tel état d’esprit n’amène-t-il pas qu’à effleurer les diverses réalités, à ne les connaître qu’en surface, sans jamais les approfondir?  Un être qui démontre un tel comportement ne peut-il pas être qualifié de superficiel?  N’ayant aucun sens historique, il n’est pas étonnant qu’il se satisfasse de peu et de n’importe quoi, qu’il ne parvienne pas à faire les liens entre les situations, les événements, les expériences, qu’il ne parvienne pas à créer de liens durables.

Hélas, en tout cas, pour la spiritualité, il n’existe pas de raccourci mystique sur le Sentier.  La connaissance, mise trop tôt entre les mains d’un être impur, ne sert qu’à consolider sa vanité, ce qui se retourne contre lui.  Nul ne peut posséder le fruit avant d’avoir fait grandir l’arbre.  Chacun doit suivre un cheminement correspondant au cycle de sa propre maturation.  Chacun doit prendre le temps de digérer les informations qu’il reçoit afin d’en élaborer de nouvelles substances.

L’impatience témoigne d’un manque de foi en soi-même et dans le Plan divin.  Par ce comportement précipité, un être démontre qu’il ne croit pas avoir réussi ce qu’il voulait réaliser dans un délai limité ou durant son incarnation.  C’est le piège de celui qui a l’impression de toujours avoir à se presser pour arriver quelque part ou à quelque chose.  Rien nimpatient-paitente sert de s’en vouloir de ne pas agir aussi rapidement que son ego croit nécessaire qu’on agisse, de son point de vue.  Le regard de la personnalité ne porte que sur une bien mince partie de soi-même.  L’âme détient une vision totalement différente de ce qu’il convient de faire.  Il faut prendre le temps de devenir conscient de ses besoins, de sa constitution et de son plan de vie pour agir à un rythme optimal sans excéder ses limites.  En cherchant à évoluer très vite, un être ne parvient pas à comprendre ou à interpréter convenablement ce qu’il perçoit ni à relier ce qu’il vit à un contexte général.  Alors, en plus de prendre du retard, il agresse son système nerveux et il se détraque.

L’impatience crée de la tension et engendre de la résistance.  Quand quelqu’un désire que les choses aillent vite, c’est qu’il cherche encore à contrôler les forces de l’Univers.  Ainsi, renforçant son ego, il se coupe de son Maître intérieur ou il lui complique la situation.  L’impatient devient une proie facile pour les ennemis de l’Humanité. qui profitent de sa peur pour lui faire oublier l’importance d’un bon système de valeur et de la loi naturelle de la solidarité.  L’impatience ne peut mener qu’à l’étourderie, ce qui attire l’échec… et le diable, ce susciteur d’obstacles, qui ne tardera pas à saboter ses plans d’avenir en semant la panique.  Quant à entreprendre quelque chose, autant le faire comme il faut, pour bien comprendre son expérience en cours et éviter de devoir recommencer.

 

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