LA DANGEREUSE COMPÉTITIVITÉ… QUI ENTRETIENT LA RIVALITÉ ET FINIT PAR ÉPUISER…

L’esprit de performance mène à viser une réussite remarquable à la manière de celle de l’athlète, du virtuose, du prodige, du spécialiste ou d’un maître.  Le désir de performer amène à tenter d’atteindre une réussite inégalée qui ne peut qu’attirer le respect et l’admiration.  Mais combien de gens qui ont souhaité battre des performances antérieures ont fini par sombrer dans la dépression et le désespoir, en plus d’avoir torturé et déformé leur corps, après que les acclamations se soient tues, conservant de leurs exploits des séquelles permanentes?

De nos jours, un grand nombre de personnes vient avec le stress de performance du fait qu’ils entretiennent des attentes élevées, très souvent irréalistes, encourse--competition1vers eux-mêmes, ressentant constamment une obligation de se surpasser, de se montrer à la hauteur des attentes d’autrui, de bien faire les choses.  La quête de performance a sûrement quelque chose à voir avec  des blessures de l’ego.  Il y a là une tentative de récupérer quelque chose qu’on n’a pas ou qu’on croit avoir perdu.

S’il y a un domaine où la performance n’a pas droit de cité, c’est bien en spiritualité, où il n’existe pas de raccourci évolutif.   Bien des personnes sont fascinées par la spiritualité mais ne réalisent pas qu’il s’agit d’une voie de vie où sont refoulés les apprentis-sorciers, les fraudeurs, les fourbes, les imposteurs, les impatients, les affairés.  Elles veulent développer des pouvoirs mentaux et psychiques pour se simplifier la tâche ou pour épater la galerie par leurs exploits.  N’y parvenant pas, elles en viennent à nier et à ridiculiser ceux qui continuent de suivre ce sentier.  Elles, elles voulaient percevoir les auras pour satisfaire leur curiosité vaine ou malsaine, découvrir des filons d’or pour ne plus avoir à travailler, réussir à allumer ou à éteindre des feux pour s’amuser, réussir à lire indiscrètement la pensée des autres, faire de la lévitation pour étonner leurs voisins, etc.

En général, plus un être s‘est senti humilié dans ses résultats dans le passé, plus il en vient à vouloir devenir performant.  La performance, c’est une perversion du mental qui veut s’enfler et assurer sa pérennité, cherchant comment il pourrait se substituer à Dieu, refaire le monde à sa mesure, selon sa compréhension et ses limites.  Malheureusement, l’évolution doit d’abord être spirituelle et vise un plan prioritaire: l’achèvement du Cosmos et l’accomplissement de l’Homme.  Il n’est donc pas plus sage d’entrer sur la voie mystique simplement pour faire son salut.

La seule motivation légitime d’emprunter le Sentier mystique, c’est d’accéder à la réalisation totale dans un choix bien éclairé et librement consenti.  Autrement dit, un être doit chercher l’évolution pour apprendre à être pleinement en redécouvrant qui il est et ce qu’il est, qu’il a toujours été, mais a oublié.  La quête de la réalisation doit être une détermination spontanée et naturelle.  C’est le but même de la Vie, son seul but, du reste.  Il ne faut chercher aucune utilité à la Vie.  La Vie est, un point c’est tout.  La Vie évolue de façon naturelle et délibérée.  Mais, en cherchant d’abord à accéder à la Conscience suprême, là on peut être partout tout de suite, voir partout, participer à tout en même temps.  C’est un résultat inévitable, non le fruit d’une réponse arbitraire.  C’est le résultat du déterminisme naturel, non d’une volonté personnelle impérative.

On entre sur le Sentier spirituel pour apprendre à être pleinement en découvrant son Centre divin et en s’accomplissant par lui.  On ne peut y chercher que le pouvoir qui mène à la réalisation, guérissant par ricochet toutes les misères, dissipant la mort, annulant les distances, éliminant l’opacité et la rigidité de la matière, oblitérant ou télescopant le temps et l’espace.  Celui qui se met en route attendra longtemps le Pouvoir, résultat du Savoir, non de la force, parce que, ce qu’il doit y chercher d’abord, c’est l’ouverture de conscience, la dissolution du voile mental, l’unification en Dieu.

Lanza Del Vasto a fort bien expliqué : «Il ne convient pas de considérer si un homme est visité par des visions, des inspirations, des divinations, s’il accomplit des guérisons ou des prodiges, mais il faut considérer d’abord s’il est muni de toutes parts de solides vertus, ensuite on considérera ses extases et ses miracles sans crainte de se tromper.»  Oswald Wirth complète fort bien ce propos quand il dit : «Soucieux de se gouverner modestement lui-même en réprimant ses penchants inférieurs, le sage abandonne la domination de l’invisible aux sorciers et aux faux adeptes, occultistes prétentieux qui s’affublent de titres dénonciateurs de leur puérile vanité.»  Et il ajoute toujours avec pertinence : «Uni d’intention avec la Sagesse coordonnatrice de l’Univers, le bcooncurrence-competitionon ouvrier travaille à l’exécution d’un plan qui n’a rien d’arbitraire ni de fantastique.»

Sri Aurobindo Ghose met d’ailleurs en garde en ces mots: «Ce qui est interdit à quiconque ayant un fort sens spirituel, c’est d’être un faiseur de miracles qui accomplit des choses extraordinaires pour la galerie, pour gagner de l’argent, pour devenir célèbre, par vanité ou orgueil.  Il est interdit d’employer ces pouvoirs pour des raisons purement vitales, d’en faire montre de manière asurique ou de les transformer en un soutien de l’arrogance, de la prétention, de l’ambition ou de quelles autres aimables faiblesses auxquelles est encline la nature humaine.»

Surtout aujourd’hui, l’être humain aime performer, s’activer, produire, entrer en concurrence, être efficace, quitte à craquer, parce qu’il a oublié sa destination spirituelle.  Ne s’investissant dans la matière que par son mental et sa force de bras, pas étonnant qu’il cherche à se survivre de façon artificielle plutôt qu’à s’accomplir.  La majorité semble avoir oublié que c’est dans le plaisir qu’un être apprend le mieux à se dépasser car, alors, il y va à son rythme, dans le respect de ses possibilités immédiates.  En tout temps, il faut savoir ajuster ses résultats à ses potentialités, à ses capacités, à ses aptitudes.

Balthasar Gracian a écrit : «L’orange qui est trop pressée donne un jus amer;   à vouloir tirer trop de lait, on fait venir le sang.»

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