LES INCONVÉNIENTS DES STÉRÉOTYPES ET DES PRÉJUGÉS: ILS AVEUGLENT ET DIVISENT PRIVANT D’EXPÉRIENCES ENRICHISSANTES

prejuges-prejudices

Le stéréotype ou le préjugé est un jugement de valeur figé ou arrêté qui ferme le cœur et oriente la conscience dans un mouvement régressif.  En effet, ces mots désignent une idée toute faite à propos de quelqu’un, d’une chose, d’un fait ou d’une situation, sans trop de fondement objectif.  Ils comprennent les croyances, les opinions préconçues, les idées tout faites, souvent imposées par le milieu, l’époque, l’éducation, qui amènent à exprimer ou exercer un parti pris, de la subjectivité, de la partialité.  Ils ont cours partout, mais de façon différente, souvent de façon plus subtile, hypocrite ou sophistiquée, dans les milieux plus instruits, mais ils ne s’en fondent pas moins sur des idées fausses ou approximatives, empreintes de mépris ou d’arrogance, ce qui indique    qu’ils relèvent du sentiment de supériorité d’une personne sur une autre ou d’un groupe sur un autre.

Or, croyances et hypothèses ne sont jamais connaissance et savoir!  Mais voilà, il en est ainsi, toute la dimension inconsciente de l’individu échappe au contrôle de sa volonté et de sa conscience objective.  Bien plus, elle se nourrit de ses expériences quotidiennes et forme ainsi une personnalité séparée, vivant pour son propre compte, comme autonome, à l’intérieur de lui.  C’est ce qui explique notamment que l’être humain se tient souvent un double dialogue ou en tient un aux autres.  D’une part, il dit ce qu’il sait faire plaisir, atténuant ce qu’il pense vraiment au plus profond de lui.

Cela n’empêche pas l’être humain de continuer à vivre son existence propre, mais cette vie est sans cesse influencée par le poids des éléments inconscients dont il est le dépositaire.  L’inconscient, presque immuable, provoque des réactions, mais toujours dans le sens de la satisfaction du sujet, l’orientant largement vers la répétition comme les préjugés, les routines, les habitudes, tout ce qu’on appelle la seconde nature.  L’inconscient n’est en rien rationnel, il est mécanique, plein d’a priori.  De là, chacun réagit d’une manière propre qui exprime largement l’activité secrète de son inconscient.  Or un être ne peut se renouveler et s’ouvrir l’esprit à la nouveauté sans se défaire de tous ces éléments résistants qui l’amènent à agir ou réagir comme un automate.

Les superstitions peuvent se ranger au nombre des stéréotypes.  Pourtant, le stéréotype le plus connu réside probablement dans le rôle sexuel attribué aux deux sexes.  Mais il existe aussi d’autres exemples notoires de stéréotypes tenaces qui faussent la compréhension et la conscience.  Pour un cas, bien des gens croient qu’il faut attendre au moins une heure, après avoir mangé, pour se baigner, bien que des études aient démontré depuis assez longtemps qu’il s’agit purement d’une suggestion culturelle qui n’a aucun fondement scientifique.

De même, contrairement à l’opinion populaire, les courants d’air ne présentent un danger que s’ils perturbent grandement l’équilibre thermique du corps par un fort contrimagesaste du chaud et du froid engendrant un choc physiologique.  Pour le reste, ils oxygènent mieux l’organisme que l’air confiné des édifices et ils contiennent moins de germes (microbes) que l’air prisonnier d’une pièce fermée, mais pas plus que l’air extérieur dont ils proviennent.  L’indisposition qui peut s’ensuivre découle plus d’une suggestion ou d’un choc psychologique, analogue à l’effet placebo, que de la présence du froid ou des germes.

Autre cas, qui ne croit pas que les aliments lourds, ingérés avant le sommeil peuvent entraîner une indigestion ou provoquer des cauchemars, car il n’existe aucune preuve médicale de cette relation morbide.  On peut penser que c’est plutôt la suggestion mentale qui, par sa croyance, entraîne habituellement ces inconvénients.

La majorité des stéréotypes et des préjugés, portion de l’héritage culturel, proviennent des mêmes sources, et d’abord de l’influence de sa société d’appartenance, avec ses us et coutumes et sa culture.  Dans la socialisation, le milieu influe grandement sur les choix, les attitudes et les comportements personnels.  Tout commence avec la famille, s’élargit par les médias, s’amplifie par l’éducation scolaire et la formation religieuse, s’étendant ensuite à l’influence des pairs fréquentés tout au long de sa vie.  Ne parle-t-on pas à l’occasion d’«opinion sucée avec le lait». Chose sûre, ils nourrissent et entretiennent les traditions, l’esprit de corps et… l’encroûtement idéologique.

Les stéréotypes et les préjugés proviennent ensuite des processus cognitifs en ce sens que, dans son cerveau, chaque individu traite différemment les informations surabondantes qui lui parviennent de son milieu et de son environnement, veillant à les simplifier, d’autant plus qu’elles sont nombreuses et complexes, en les rangeant par éléments et catégories.  Dans ce contexte, lorsque le mental ne sait pas, incapable de s’arrêter, par association avec son vécu, il invente des hypothèses et des scénarii plausibles sans attendre d’être dûment informé.  Et, en plus de réduire et de figer les réalités, dès qu’il croit avoir compris, il exprime sa nouvelle acquisition comme un savoir définitif.

Les stéréotypes et les préjugés proviennent enfin des relations entretenues avec les autres groupes humains.  Les rapports que l’individu entretient avec les groupes différents du sien, par exemple avec les étrangers, les diverses positions hiérarchiques, les nombreux rôles sociaux et les autres comportements individuels colorent grandement son psychisme, même s’il restera porté à spontanément favoriser les gens de son propre groupe d’appartenance et à les juger plus positivement que les autres groupes.  Dépendant du degré de réalisme et d’objectivité qu’il peut atteindre, chaque être développe un certain degré de chauvinisme.

Les stéréotypes et les préjugés présentent des dangers d’autant plus grands qu’ils ferment et sclérosent l’esprit, pouvant aboutir à la méfiance qui peut progressivement se transmuer en intolérance, en discrimination, voire en ostracisme et en xénophobie, selon le degré d’hostilité que la peur de la différence, par manque de connaissance, peut engendrer.

C’est la raison pour laquelle l’ouverture aux autres nations et peuples, par la lecture, l’écoute de reportages ou de documentaires, la participation à des clavardages culturels, les voyages à l’étranger, peut devenir un moyen de s’ouvrir l’esprit.  Il en va de même de la participation, dans la coopération, à des buts communs avec des groupes d’immigrants, ces membres des communautés ethniques locales.

Évidemment, la culture de l’amour pur, donc impersonnel, inconditionnel, sans attente ni jugement de valeur, prévaut sur tous ces moyens puisqu’elle se fonde sur la compréhension de l’unicité de l’espèce humaine, ce qui convie à œuvrer dans la fraternité et la solidarité avec tous les êtres prejudiceshumains, dans leurs divers rôles fonctionnels.

Les stéréotypes et les préjugés ont la vie longue.  Les stéréotypes et les préjugés ont la vie dure parce qu’ils découlent des habitudes de pensée.  Einstein a dit: «Il est plus facile de briser un atome que de vaincre un préjugé.»  Il est bien difficile en effet de voir l’autre dans sa réalité plutôt que d’interpréter ce qu’il est à travers les verres teintés et les œillères de nos préjugés.  Tout être humain est partial et subjectif.  En soi, le préjugé est une réponse maladroite à une frustration ou à une angoisse.  On y recourt surtout en période critique pour protéger sa sécurité physique et son prestige social qu’on sent menacés.

Dans tout stéréotype, comme dans tout préjugé, du plus bénin au plus énorme, un être inclut toujours une généralisation hâtive, gratuite, arbitraire.  Il juge à partir de clichés, donc d’arrière-pensées figées.  Les deux dénotent immanquablement une paresse d’esprit ou une fuite puisqu’il se définit comme un jugement antérieur à toute expérience, comme un jugement sans fondement réel.

Lanza del Vasto a confirmé ce propos en disant: «Paresse mentale; préjugé.  Adoption sur toutes choses de l’opinion de tout le monde.  Irréflexion et routine.»  Dans toute collectivité, l’opinion moyenne est largement truffée de préjugés que personne ne prend jamais la peine de vérifier, mais auxquels la majorité donne son adhésion.  Parfois, un être va jusqu’à renchérir pour se donner une impression de force dans la solidarité de groupe.  Mais, plus souvent, il se laisse simplement porter par l’irréflexion et le courant de la bêtise générale.  Alors, il ne manque qu’un pas pour que, socialement, s’enclenche le schéma du refus et du rejet.

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