LA FORCE ET LA FAIBLESSE DES MOTS…

En spiritualité, le «Verbe» ou le «Mot» désigne  le Son primordial et éternel, le Courant audible de vie, la Parole divine originelle apte à transmettre la puissance de l’Amour, la Vibration sonore qui produit toutes choses et ordonne le Chaos, manifestant la Volonté de Dieu, et qui devient la Mère de la Connaissance.  Évoquant Dieu en action, il exprime le Pouvoir créateur de l’Être suprême.  Il s’agit du Son vibratoire omnipotent de la Conscience créatrice qui transmet la vie aux particules en affirmant le commandement de ce qui doit être accompli avec le consentement de l’Essence divine.  Substance alchimique de l’Esprit, il identifie le Premier mouvement produit par la Conscience cosmique idéante, émis par l’intermédiaire de l’Esprit créateur et de sa parèdre dans l’Émanation, et il crée Tout-Ce-Qui-Est. En fait le Verbe ou le Mot est relié au Christ, au Fils de Dieu ou à l’Âme universelle, en tant que Pouvoir de Dieu bien compris et incarné.  Il émet dmots2es énergies par les Adeptes du Logos, dans le rituel de la Science du Verbe.  C’est par ce moyen que le Dieu le Père-Mère communique avec l’Univers et l’Humanité.

 Par extension, sans majuscule, le verbe représente une suite de sons articulés sur une variation d’intensités mettant en mouvement les forces en réserve attachés à l’un ou l’autre, à chaque forme de l’action.  Il s’agit alors du son ou du vocable intelligent en mouvement qui réveille la mémoire déposée dans la plus petite partie de la cellule d’un corps lui permettant de communiquer avec ses semblables depuis qu’il s’est largement coupé de sa Source originelle.

Les mots humains permettent de partager les cogitations mentales, procurant la sensation de cerner les réalités ou de les maîtriser, mais, bien souvent, ils ne servent qu’à les limiter ou à les dénaturer.  Tout mot, puisqu’il est fondé sur un concept précis, réduit et emprisonne une réalité.   Il existe toujours une difficulté inhérente au mot, selon celui qui le prononce et celui qui l’entend, d’autant plus que plusieurs mots portent plusieurs sens.  Pour l’un et l’autre, le même mot peut prendre un sens différent selon son vécu et sa culture.  Parfois, dans deux esprits, son sens en vient à s’opposer.  Voilà pourquoi il est toujours dangereux de mettre une réalité en mots puisqu’elle ne trouve plus le même sens que dans sa vibration.  Pour cette raison, celui qui capte la vibration d’une réalité évolue plus rapidement que celui qui s’en remet au sens des mots parce qu’il en retire l’essence plutôt que l’explication tronquée, faussée, déformée ou biaisée.

Le principal problème de la communication humaine réside dans l’usage de ses mots, souvent traîtres ou réducteurs.  Dès qu’un être humain prononce un mot, celui-ci fait résonner un vécu propre, donc différent, chez chaque personne qui l’entend.  Mais, au-delà de ce sens premier, il cache un sens second, celui que lui donne la mémoire collective.  Ainsi, chaque mot, quelle que soit la langue, est porteur d’une expérience qui est strictement limitée à ce qui est perceptible au sein de l’espace où évolue la conscience.

La difficulté se complique du fait que les mots les plus simples sont généralement définis par paires et par oppositions.  Ainsi, on dit de la «lumière» qu’elle est le rayonnement d’un corps qui permet de le voir ou de le percevoir, tandis qu’on dit des «ténèbres» qu’elles sont le résultat de l’absence de lumière et de l’«ombre» qu’elle est la réduction de la lumière causée par un filtre ou par un obstacle.  Ainsi, la «lumière» peut s’assimiler à ce qui est vu ou perçu et les ténèbres à que qui peut être perçu, mais non vu.

Comme on le voit, la définition d’un mot, avec ce qu’il véhicule, est d’abord tributaire à la fois de l’expérience individuelle et de l’expérience commune, fondée sur la croyance, au sens le plus large.  Ainsi, le simple fait de prononcer un mot induit dans la conscience d’un être, jusque dans sa physiologie et sa psychologie, un certain nombre d’éléments issus des croyances communes, empêchant de s’approcher de l’absolu, c’est-à-dire de ce qui est sa vérité au-delà de la projection, de l’apparence et des croyances.

La plupart du temps, l’être humain confond la connaissance qu’il acquiert ou apprend avec la Connaissance supérieure, négligeant, par là, de vérifier l’étymologie et la racine du mot pour en découvrir le sens premier.  Du reste, là aussi se cache un piège : puisque la Langue originelle a essaimé en de multiples dialectes, la racine d’un mot d’une langue particulière, telle que la majorité l’admet, ne renvoie presque jamais à l’origine première et réelle du mot.  Ainsi, chaque mot devient porteur d’une vibration, d’un sens, d’une croyance, bien différentes de son sens premier.  Cela complique grandement la compréhension lorsqu’il s’agit d’identifier des réalités subtiles, surtout si elles échappent à l’entendement.  Car lorsque le mental réussit à définir une réalité, croyant l’.avoir complètement cernée et appréhendée, il passe à autre chose, alors que, bien souvent, il l’a simplement réduite et confinée à des limites.

Tous les mots ont été conçus à partir de racines d’une langue antérieure, bien souvent elle-même empruntée à une autre langue, les faisant passer d’un sens à un autre.  Si bien que, souvent, la langue peut relier un mot à un sens pouvant porter, à l’origine, un sens bien différent ou très éloigné, parfois complètement inverse de celui que croit pouvoir lui donner l’être peu cultivé.  C’est ainsi que le mot «religion» signifie «lien» par sa racine latine, mais «troupeau» par sa racine sumérienne que le latin a empruntée.

De ce fait, pour se comprendre vraiment, les êtres humains devraient faire l’effort de dépasser les mots pour capter la vibration telle qu’elle surgit du cœur de celui qui le profère.  Car la connaissance extérieure se fonde sur des mots lus ou entendus, mais appris, donc acquis.  Ainsi, ils reposent non sur la réalité ontologique, mais uniquement sur une croyance et sur la validation d’une croyance, applicable et reproductible dans le monde humain, mais nullement ailleurs.  L’être humain qui évolue dans le monde matériel trouve la nature de ces mots tout à fait suffisante pour expliquer sa réalité, agir sur elle et la modifier.  N’empêche que le premier sens, tel qu’il vibre dans l’Éther, diffère grandement de ce qui est transmis par l’éducation, l’observation extérieure, la science, même par la religion.  Ainsi, les mots restent impuissants à décrire les réalités supérieures, comme les états unitaires de la Conscience cosmique.

Pour tout dire, les réalités intérieures ne se décrivent même pas, ne peuvent pas se mettre en mots, il vaut mieux les vivre, en faire personnellement l’expérience.  Alors, quand il est question de les expliquer ou de les partager, autant se taire pour devenir de plus en plus intuitif et, pourquoi pas, télépathe.  Au lieu de tant parler, l’être humain gagnerait à s’intérioriser plus souvent, dans le silence et la solitude, pour capter directement la vibration essentielle du Verbe divin.  Car la définition mentale d’une réalité ne contribue jamais qu’à la réduire et à la fixer, freinant l’évolution.

La solution de la connaissance ne résidera jamais dans la compréhension des mots, mais dans la fusion avec l’onde intérieure qu’il supporte.  Chaque mot, même le plus simple, s’il est porteur d’un sens fort, peut produire des effets vibratoires tout à fait opposés à ce qu’on peut croire.  Dans le sens logique ou rationnel d’un mot, il y a d‘abord l’interférence du vécu individuel, la représentation personnelle, la compréhension individuelle.  S’y superpose la représentation, la compréhension et le vécu d’une forme de conscience de l’espèce, souvent appelée l’inconscient collectif.  S’ajoute enfin la vibration falsifiée introduite par les faux-dieux

C’est ainsi que, pour vraiment comprendre une réalité, il faut dépasser les mots et rentrer dans son cœur, pour capter les vibrations d’âme à âme.  Cela n’est possible que dans l’intériorisation.  Dans cet état, chacun peut se dégager du sens premier, du sens second et du sens falsifié de manière à lui faire perdre le sens que le monde lui prête et à découvrir, au niveau de l’essence, donc par-delà le temps et l’espace, son sens originel, véritable, intégral.

Au-delà des contingences, tout aspect de la Source unique garde sa vibration originelle pure et parfaite qui peut se capter dans l’inversion de la conscience, dans l’application du silence méditatif.  À ce niveau, soit au niveau de la vibration même, chacun peut faire que chaque mot, délivré de ses sens frauduleux, prenne un sens différent, voire, s’il le fautmots_0, complètement opposé, en correspondance avec son essence propre.  Même qu’il peut en propager l’essence, en prononçant ensuite le mot dans cette conscience modifiée, alors qu’il transcende le sens humain qui lui a été donné.  Car le sens ne réside pas dans le mot, mais dans la réalité vibratoire qu’il désigne.

C’est du reste le sens du «parler en langues», que l’on dit être un don de l’Esprit-Saint.  Il s’agit de l’art de faire passer, de cœur à cœur, le sens originel d’une vibration telle qu’elle émane de l’Être-Un.  En effet, par la puissance de la créativité inhérente au son, les mots humains, limités et déformés, ont engendré tous les maux.  Mais, au-delà des séparations apparentes, la vibration originelle peut être portée et transportée au-delà du son et des mots d’un cœur à l’autre.

Pour tout dire, il n’y a que les réalités mentales, donc largement falsifiées, qui ont besoin de passer par le langage sonore, dans la transmission de génération en génération, limitant sans cesse leur portée et amplifiant la densification.  L’être humain ne parviendra à s’extraire de l’illusion qu’en élevant sa conscience, donc en faisant silence pour arrêter le temps et s’extraire de l’espace afin d’entrer dans le Grand Souffle du Cosmos qui exprime sa Vérité éternelle sans recourir aux mots.

© 2014-16, Bertrand Duhaime (Dourganandâ).  Tous droits réservés. Toute reproduction strictement interdite pour tous les pays du monde.  Publié sur : www.larchedegloire.com.  Merci de nous visiter sur : https://www.facebook.com/bertrand.duhaime.

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