L’ENVERS DE L’ENSEIGNEMENT SPIRITUEL…

   Au terme de mes nombreuses années, je suis de plus en plus d’avis que l’enseignement devrait d’abord servir à dispenser des notions objectives, dans la mesure où elles peuvent se démontrer nécessaires,  servir utilement, rendre plus débrouillard, développer la compétence, rendre plus fort et plus confiant.  Ainsi devrait-il se borner au domaine des sciences et des relations humaines.  Dans les autres domaines, l’enseignement devrait se communiquer par l’exemple dans le silence et le secret.  Chacun gagnerait à tracer sa propre voie à partir de ses propres choix, dès qu’il détient la menseignement-spirituelaturité pour le faire.

   Dans la vie courante, le savoir de l’un peut troubler le fondement de la vie ou de la pensée d’autrui et l’amener à s’écarter de son propre sentier.  Entraîné par la conviction de son maître présumé, il pourrait  mettre en doute ce qu’il a appris dans sa propre expérience.  Les faibles de l’entourage, entraînés par ses choix, mais incapables de comprendre le principe de son action, pourraient perdre leur propre confiance en eux, abandonner leur propres système de valeur et devenir comme des girouettes, incapables de s’élever au fondement plus élevé que ce présumé sage a atteint ou de s’y maintenir.    Bien sûr, tout être le moindrement sensible témoigne du souci de tirer un être de ses ornières quand celui-ci souffre de sa situation et ne semble plus pouvoir s’en tirer de lui-même.  Mais il s’expose à payer un jour le prix de son ingratitude, surtout s’il échoue.  En cela, plus un être est ignare, égoïste, narcissique, plus il peut devenir véhément et dévastateur.

   Il faut savoir que chacun a choisi, avant son incarnation, le genre d’expérience qui lui sera la plus utile dans sa nouvelle expérience de vie.  Pour cette raison, tous les êtres humains, tous les êtres, toutes les âmes, toutes les entités devraient êtres laissées à leur propre initiative tout au long de leur existence, malgré les risques apparents que cela peut parfois comporter.  J’en ai récemment fait la dure expérience dans l’acceptation d’un petit chat qui, tiré prématurément de l’attention de sa mère, après quelques semaines de sorties à l’extérieur, ignorant certains dangers de l’environnement, s’est fait écraser sur la route, en plein jour, devant chez moi.

   Chacun se trouve sur un plan de conscience où il s’est lui-même élevé.  Dans son évolution, il ne peut sauter d’étapes en cherchant des raccourcis d’expériences – ce qui peut inclure la rencontre d’un Maître incarné — de sorte que l’enseignement de source extérieure ne devrait jamais servir à forcer les consciences, à tenter d’activer artificiellement leur rythme, encore moins à les manipuler.

   Un jour j’ai rencontré un Maître spirituel qui, après onze ans d’instructions, m’a demandé de poursuivre son œuvre à ma manière.  Tout feu tout flamme, à travers mon enseignement, j’ai fait de mon mieux pour éveiller les consciences que j’attirais spontanément à la Lumière spirituelle.  Car je n’ai jamais fait de publicité et n’ai jamais couru après personne pour augmenter mes groupes d’étudiants.  Sans regret, sans remords et sans amertume, je peux dire que, si j’ai commis bien des erreurs de parcours, pour apprendre, il me semble que je leur ai fait au moins ce précieux présent de leur avoir révélé l’existence du Sentier de l’Absolu.  Car si le rôle d’étudiant ne s’apprend pas, celui d’instructeur doit se comprendre sur le terrain.  Mais je ne suis pas sûr qu’ils aient su apprécier cette intervention puisqu’ils se sont retirés, les uns après les autres, le plus souvent dans des circonstances orageuses, pas loin de la trahison.

   Il est vrai qu’on m’avait précisé que j’étais appelé à «former une élite de pionniers», une expression que j’emploie davantage pour faire image que pour établir, par arrogance, prétention ou vanité, des degrés de conscience.  On reconnaîtra sans peine qu’un complexe industriel puisse comporter un patron, des cadres et des employés, mais, en spiritualité, il faut toujours veiller aux termes qu’on retient pour exprimer une réalité si on compte s’éviter la réception d’un pavé de la part de gens qui jugent ou qui interprètent mal, en raison de leur manque de connaissances.

   Bien que j’aie touché des milliers d’êtres, il n’en est presque pas resté dans mon entourage, ce qui fait que, puisque, à tort, j’avais consacré toute ma vie à ma mission et que, pour des raisons personnelles, je ne fréquentais plus les membres de ma propre famille depuis mon accession à la maturité, je vis présentement un exil dans la solitude dont je ne me plains nullement.  La plupart se sont retirés de mon rayonnement dans d’étranges circonstances pour aller suivre d’autres gourous.  Bien que je ne devrais pas le dire, pour éviter de passer pour prétentieux, la majorité ont, sans s’en rendre compte, trouvé chaussures à leurs pieds dans un cercle bien moins lumineux que celui de notre Œuvre.  Ici, le «notre» réfère au collectif de notre succession disciplique.

   Ainsi, sans me donner raison, je peux dire que certains nous ont déserté parce qu’ils n’appréciaient pas mon franc parler qui leur retournait trop puissamment leur image;  d’autres, des soupirantes éperdues, parce que je n’acceptais pas de mêler les sentiments d’affection et le sexe à mon enseignement;  d’autres parce qu’ils n’acceptaient pas de modifier ces convictions qui justifiaient leur égoïsme de célibataire ou d’«adulescent», leur arrogance, leur mesquinerie, leur paresse, leur avarice ou leur pudibonderie;  d’autres, surtout les plus riches, parce que, offrant mes connaissances à prix abordable, ils n’y  trouvaient pas de valeur et qu’ils ont préféré aller se faire instruire là où on offrait des cours plus chers ;    d’autres pavoie-d-arc-en-ciel-21350546rce que je ne faisais pas assez maître dans mon comportement simple, ma tenue vestimentaire conventionnelle, mes us et coutumes, l’absence de décorum dont je m’entourais;   d’autres, parce que, privilégiant la nourriture mentale à la véritable expérience évolutive, ils n’appréciaient pas mes recommandations de s’adonner à des techniques d’appoint de nature à élever le taux vibratoire;  enfin, d’autres parce qu’ils se sont contentés d’avoir découvert et appliqué le principe de l’attraction qui leur a permis d’attirer dans leur vie ce qui répondait à leurs étroites attentes humaines, soit un compagnon de vie, un géniteur ou une gestatrice, un bon emploi, un retour à l’harmonie ou à la santé, etc.

   Dans un enseignement gradué, tous confrontent un jour les limites de leurs possibilités d’assimilation, déterminées par leur rôle fonctionnel, leur degré de conscience et  leur rythme évolutif.  Peu d’entre eux semblent avoir gardé un bon souvenir de m’avoir connu et fréquenté puisqu’ils n’ont plus jamais redonné signe de vie, après leur départ, même si la plupart vivent dans un assez court rayon de distance de chez moi.  Et lorsqu’on me parle des souvenirs qu’ils évoquent avec d’autres, c’est rarement flatteur pour moi.  Il est vrai que, comme mon propre Maître, j’ai toujours été assez rigoureux et exigeant pour ce qui a trait à ce qu’il faut faire et dire pour se conformer à la Vérité, ce que certains trouvent parfois assez difficile à avaler.  Ne cherchant pas à me rendre populaire, j’ai toujours préféré dire ce qu’il fallait dire plutôt que ce qu’on s’attendait à ce que je dise ou qu’on espérait que je dise.  À vrai dire, je ne pouvais m’attendre à un autre traitement puisque mon propre Maître, qui avait pourtant touché plus de 250 000 étudiants, ne pouvait plus compter sur la fidélité de quatre disciples au jour de sa transition.

   On me dira qu’un véritable maître n’aborde pas ce genre de propos, ce qui n’a de vérité que la force de leur conviction ou de leurs croyances.  De toute manière, je n’ai pas la prétention de me faire passer pour un Maître spirituel, juste pour un Initié, à moins que je me sois bien voilé à la naissance, comme certains médiums me l’ont suggéré.  Aujourd’hui, en cette ère de Révélation, tout peut et doit se dire, chacun restant libre de la manière dont il en disposera.  Pour ma part, si je les aborde aujourd’hui, c’est que je trouve qu’il peut servir à en instruire certains qui font partie du réseau des enseignants de la Terre et pourraient s’illusionner sur les résultats auxquels ils peuvent s’attendre.  Le prétexte en est que, récemment, après avoir accepté comme membre de ma section de «Facebook» une ancienne étudiante qui, malgré son animosité évidente, m’avait demandé de l’ajouter à ma liste d’amis virtuels, je suis allé occasionnellement voir ce qu’elle publiait sur son babillard, pour lui retourner ses assiduités sur le mien.  J’ai vite constaté que, en termes à peine voilés, sans me nommer, elle n’a pas tardé à me décocher des flèches et à raconter son vécu antérieur avec moi, ne se privant pas de déverser tout son fiel.

   À ses dires, par mes intrusions, mes contradictions et ma sévérité, au lieu de la rapprocher de la Lumière, je l’aurais dégoûtée de la spiritualité, ce qui l’aurait amenée à déserter le Sentier évolutif pour un temps, jusqu’à ce qu’elle rencontre une dame lumineuse qui serait parvenue, par sa compréhension et sa compassion, à la réconcilier avec lui.  Ce genre de compréhension et de compassion qui engendre apparemment une réconciliation avec soi-même, s’appelle souvent de la complaisance spirituelle.  Cela m’a fait bien rire, parce que de mon point de vue, je pouvais comprendre tout le contraire de ce qu’elle tentait de me reprocher, car, je n’ai pas tardé à comprendre qu’elle avait écrit son texte dans l’espoir que je le lise et que, ainsi, elle me fasse connaître sa façon de penser sur mon enseignement et me règle mon compte.  Surtout que je savais que son dépit provenait surtout du fait que je n’avais jamais accepté de lui accorder le traitement de reine de Enseignement-spirituel-1mon cœur auquel elle aspirait.  Car, de tous mes étudiants,  je n’avais jamais rencontré, chez cette catherinette qui vivait dans sa tour d’ivoire, vivant dans l’espoir de trouver un partenaire pour l’entretenir, d’être aussi narcissique, imbu de lui-même, entièrement centré sur son nombril.  Comme quoi, un puissant miroir ne peut que finir par retourner un être à sa courte honte et que, pour la masquer, ce dernier projettera sa colère pour s’éviter d’y reconnaître ses propres reflets.

   N’empêche que, à travers ses reproches déguisés, elle m’a rendu le premier service de me rappeler que, même si on porte les meilleures intentions du monde, on peut, si on n’y prend garde, déranger des âmes faibles et amplifier leur mal.  Quoi que l’on fasse, quel que soit le service éminent que l’on cherche à rendre, l’un l’appréciera tandis que l’autre le désapprouvera.   Et elle m’a rendu cet autre service de me rappeler que le rayonnement secret et silencieux reste le meilleur moyen d’atteindre une âme parce qu’il évite d’éveiller les ressorts puissants de son mental réfractaire.  Aborder un être par la raison, c’est s’exposer à éveiller en lui l’esprit de concurrence, qui se transmue facilement en rivalité et en agressivité, lançant dans la discussion ou la contestation qui se veulent une lutte à finir dans la volonté de faire reconnaître sa supériorité intellectuelle.  En outre, mélanger le sexe et l’affectivité à l’enseignement, cela ne mène qu’à amener un être faible à tout mêler jusqu’à l’amener à réduire son idéal.  Car j’ai vu des femmes quitter mes cours dans l’espoir que, retournées dans le pacage du troupeau, dégagées de certaines restrictions, elles pourraient finir par me séduire.

© 2012-16, Bertrand Duhaime (Dourganandâ).  Tous droits réservés. Toute reproduction strictement interdite pour tous les pays du monde.  Publié sur : www.larchedegloire.com.  Merci de nous visiter sur : https://www.facebook.com/bertrand.duhaime.

A propos de l'auteur

3 Responses

  1. popotte didier

    Bonsoir
    la nuit dernier j’ai fait un rêve,
    jetait dans une classe assis et javais deux minutes de retard,assis je vois trois serpents relier ensemble, pouvez vous me dire la raison, Merci

    Répondre
    • Bertrand Duhaime

      Hypothèse: Vous tentez d’échapper à vos responsabilités présentes, vous vous faites négligent ou vous êtes porté à vous culpabiliser inutilement. Les trois serpents, qui ne font qu’un, suggèrent de rehausser ses énergies afin qu’ils fusionnent en un. En général, présentés ainsi, ils figurent les trois courants subtils, Ida, Pingala et Sushumna. Mais votre ressenti doit garder priorité sur toute explication d’un être extérieur.

      Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *