VIVRE DANS L’ÉMERVEILLEMENT, L’ART DE CELUI QUI VEUT RESTER JEUNE…

   L’émerveillement exprime l’état de celui qui est frappé d’un étonnement admiratif et qui exprime une candeur du cœur face à l’inconnu ou à l’inhabituel.  L’être émerveillé pose des yeux éblouis sur tout, pas pour résister à la lassitude ou au cynisme ambiant, mais parce qu’il a compris le sens de la vie qui est et demeure un Grand Jeu amoureux. Chacun doit savoir jouer ce jeu en évitant d’en faire autant une comédie, une tragi-comédie qu’une tragédie. Celui qui parvient à réaliser qu’il n’est qu’un acteur dans une pièce de théâtre qu’il s’est inventée de toute pièce ne se prend pas pour le personnage qu’il joue. En phase agréable ou désagréable, il refuse de s’identifier à l’acteur et de prendre comme une atteinte personnelle les dilemmes et les défis qu’il s’attire. Il évite de prendre la vie trop au sérieux et de se laisser déranger dans sa quête de bonheur, de plénitude et de perfection. Plutôt, il se centre sur l’expérience qu’il vit, ne retenant que ce qu’il y gagne, surtout en discernement et en sagesse, en connaissance de lui-même, en ouverture de conscience, en aptitude à être plus pleinement.

   Pour s’émerveiller, il faut retrouver son cœur d’enfant en situant autrement le sens de son expérience en incarnation ou la perspective de l’évolution. Il suffit de regarder un jeune enfant pour comprendre que tout le fascine, le captive, l’enthousiaste : une fleur, un insecte, un aliment, les couleurs, une raie de lumière. Son corps entier, si souple, le démontreémerveillement-1 par ses mouvements gauches ou harmonieux, son regard clair et vif, son sourire ineffable. Il crie de joie ou de surprise pour un rien, il passe d’un objet à un autre, cherchant à communiquer spontanément son plaisir ou ses frustrations dans la découverte ou la redécouverte. Il veut tout voir, tout toucher, tout goûter, tout s’assimiler. Il n’a rien de l’adulte sérieux, sévère, compassé, désabusé, aigri, perdu dans ses responsabilités, ses fausses obligations, sa quête de performance, ses mornes habitudes, qui a perdu de vue la beauté, la magie et le mystère du constant renouvellement.

   S’émerveiller, c’est laisser rayonner le regard originel. Cela ne peut se produire que lorsque la vision s’évade hors des sentiers battus, échappant aux concepts figés, pour découvrir le merveilleux jusque dans le laid et l‘ordinaire. Chaque manifestation de la vie n’est-elle pas absolument unique dans ce qu’elle s’insère dans un vaste et merveilleux processus universel? C’est le mental, en conceptualisant et en généralisant, qui tend à présenter un monde cristallisé, parce qu’il ne cesse d’identifier, d’analyser, de synthétiser, de comparer, de cataloguer, de classer, de répertorier pour comprendre, au lieu de simplement ressentir et de conserver un regard neuf. Le monde, même dans ses manifestations les plus modestes, est toujours plus grand et beau qu’on ne le pense ou ne l’imagine. Pour le vérifier, il suffit de se mettre en mouvement, de se tirer de sa routine, de ses obligations, de ses soucis. L’émerveillement revient au moment où un être ne pense plus qu’à une chose : le bonheur d’exister. Au-delà de l’apparente banalité du quotidien, il amène à découvrir la profondeur et la grandeur de chaque réalité.

   Il y a du vrai dans ce que Bertrand Vegely, un philosophe et théologien français, qui dit s’être trop longtemps pris au sérieux, mais qui, un jour, a décidé de vivre pleinement, a écrit : «S’émerveiller, c’est décider d’arrêter de s’inquiéter et jouir de ce qui vient avec gratitude… c’est accepter de ne pas tout comprendre. Et laisser les choses s’éclaircir plutôt que de vouloir les expliquer.» Car, c’est se laisser toucher au cœur plus que dans la raison en ouvrant ce qu’on croyait fermé. Mais cela n’a rien à voir avec la puérilité, la naïveté, l’ingénuité, l’ignorance ou la niaiserie. Un être émerveillé peut piquer de saintes colères ou exprimer une saine indignation. Sauf qu’il reste libre en tout, refusant l’aigreur, la dureté et la peur pour aborder le monde avec ouverture, comme un insatiable. En effet, par la loi d’attraction, l’enthousiasme, qui surgit de l’émerveillement, finit par mener un être où il a envie d’aller.

   Au-delà des apparences, le monde est une Création d’amour, un endroit splendide, rempli de merveilles infinies, s’offrant au regard de l’imagination. Il suffit de quelques instants d’arrêt paisible pour voir et entendre les mille et une beautés de la Nature. Rien, vraiment rien, n’est aussi envoûtant que d’ouvrir son cœur aux petites douceurs de la vie. En cela, chacun sait mieux que tout autre ce qui le rend heureux. Voilà pourquoi il importe de choisir les douceurs que l’on veut s’offrir et que l’on doit s’offrir de temps en temps. Il faut surtout éviter de croire qu’on ne les mérite pas. Les autres n’ont pas à deviner ses sentiments ou ses états d’être, il faut savoir le faire pour soi. C’est par soi-même qu’on réalise pleinement ses rêves et qu’on comble ses désirs et ses besoins. La vie est un présent précieux, bien qu’il soit plus facile de s’en plaindre que de l’apprécier et d’en profiter. Si on sait s’accepter tel qu’on est, avec tous ses petits défauts et ses grandes qualités, la vie devient beaucoup plus belle et stimulante. On est heureux de pouvoir tout simplement vivre et expérimenter.
Quant on est enthousiaste, on développe la joie de constater combien ce qu’on croyait difficile devient facile et comment l’inespéré peut devenir sa réalité quotidienne. Mais il faut commencer par faire entièrement confiance à son Soi supérieur qui sait intervenir dans sa vie et mettre chaque pièce du puzzle de sa vie à sa place au bon moment et avec juste mesure. On gagne à savoir vivre les miracles quotidiens, des plus petites attentions aux plus grandes transformations, allant d’étonnements en surprises, découvrant qu’il n’y a plus d’impossible que celui que l’on conçoit. Car, dans l’état d’émerveillement, on s’harmonise avec Dieu, qui est la Joie et la Béatitude éternelles et on communique avec les Esprits de la Nature qui révèlent les secrets de leur Royaume subtil.  Judy Cannato a affirmé : «Nous visons à une époque qui nous appelle à prendre de l’expansion comme l’univers – à nous jeter dans la vie rempli de créativité et d’élan. Elle nous invite à nous laisser allumer par le feu primordial d’o<u nous provenons. Nous-mêmes, nous devons êtres des flammes d’amour qui consument l’amour et offrent la chaleur de la compassion à toute créature. Notre expansion exige que nous embrassions nos talents et nos aptitudes dans la co-créativité autant que dans le rejet de tout ce qui s’oppose à ce qui nous appelle à vivre.»

   Celui qui cesse de s’émerveiller ne peut que cesser de croire à la vie. Un choix s’impose : veut-on vivre l’esprit d’enfance ou devenir prématurément un vieux croulant?

   En fait, qui n’aspire pas à vivre une vie remplie de magie, de grâce, de miracles, de prodiges, d’événements enthousiasmants.  Mais cela est tout à fait à la portée d’un être qui détient le pouvoir cocréateur de son Créateur que de vivre dans le bonheur serein!  Il suffit de se donner inconditionnellement à la Lumière, de rayonner l’Amour, de vivre dans le moment présent en appréciant tout ce qui arrive, les événements et les situations agréables comme les événements et les situations désagréables, à sa juste valeur, soit en le situant dans sa juste perspective.  La façon d’apprécier les instants de la vie dépend du point de vue personnel.  Pour celui qui a compris que, au-delà des apparences, tout arrive à point nommé pour l’instruire sur ce qu’il gagne à faire ou éviter, soit pour ouvrir sa conscience, pour le porter plus loin dans la Lumière, pour lui apprendre à mieux se connaître, pour affermir sa maîtrise personnelle, donc pour l’aider à exprimer plus d’être, la vie redevient rapidement, malgré ses aléas, un Grand Jeu amoureux.

   L’incarnation sur Terre représente l’entrée dans une École de Vie.  Dans cette maison de découverte et de formation, il y a deux manières de suivre ses cours : un être peut subir le cours des heures de jours, avec leur lot d’expériences connues et inconnues, ou rester sur le qui-vive pour apporter ce qu’il peut apporter comme possibilités de découverte et de transformation.  Mais il faut savoir que la meilleure manière d’aboutir à un accomplissement heureux, c’est de vivre dans l’émerveillement, évitant de s’attacher au bien et de résister au mal, de réagir aux compliments comme aux insultes, de se laisser motiver par les réussites et de se laisser abattre par les échecs apparents.

   Mais qu’est-ce que l’émerveillement?  Celui-ci naît de l’étonnement devant la nouveauté qui se produit et le changement qu’il apporte et de l’admiration pour la beauté des êtres de la Création qui ne sont rien d’autre, pris un par un, qu’un chef d’œuvre génial.   À tout moment, un être peut retrouver l’émerveillement en jetant un regard neuf sur sa réalité.  Une des meilleures manières de sortir de la routine et de l’ennui du quotidien, c’est de se promener dans la Nature, muni de jumelles et d’une loupe pour être en mesure de rapprocher ce qui est loin ou de grossir ce qui est infime.  Par exemple,  pourvu de ces moyens, on ne tarde pas à s’extasier de la beauté d’un oiseau, auquel on n’a jamais jeté qu’un regard vague ou distrait ou d’une fleur minuscule dont on n’a jamais capté la délicatesse de la forme et des agencements de couleur.  On se rend vite compte que le Créateur n’a pas négligé d’exprimer, par l’évolution, tout son talent autant pour ce qui ne se voit à l’œil nu que pour ce que l’œil voit.  L’attention, portée au la moindre objet et au moindre être, apporte toujours plus de raison d’exprimer son ravissement intime.  Autrement dit, les semblables s’attirant, l’aptitude à apprécier et à s’émerveiller augmente les raisons d’apprécier et de s’émerveiller.

   Pour l’être désincarné, qui capte la présence de l’Absolu, l’émerveillement fait partie de l’expérience de chaque instant.  C’est la qualité première de l’enfant qui, avec ses yeux pétillants, mène ses premières expériences et ne cesse de s’extasier de la moindre chose.  En fait, aucune réalité n’est jamais petite ou anodine, au sens d’insignifiante.  En effet, tout est, sans comparaison, sans jugement de valeur.  Toutefois, pour l’être incarné, devenu adulte, l’émerveillement, qu’il peut décréter dans l’immédiat, comme à tout moment, commence par le bon usage et l’appréciation de ce qu’il est et de ce qu’il détient ou possède déjà.  On pourrait ajouter par le jet d’un nouveau regard pour lui découvrir ce qu’il n’a jamais su ou pu lui reconnaître.  Nul ne peut aspirer à détenir et à posséder davantage sans apprécier ce qu’il détient ou possède déjà et sans s’en servir dès que le besoin ou le désir s’en fait sentir.  Il peut être légitime de placer temporairement ses surplus financiers à la banque ou d’accumuler des biens, le temps qu’on leur trouve un usage évolutif.  Mais, d’emblée, on saisit dans cette affirmation ce qu’il faut penser de l’économie qui vise à se protéger contre un revers ou une fatalité hypothétiques, puisqu’elle ne fait que les attirer, avec le temps, pour justifier la dépense ou l’investissement imaginaire.  Et, une fois qu’on a vécu cet apparent coup du sort, qu’on a inconsciemment engendré, on se félicite de sa prévoyance, de cette bonne gestion de ses biens, qui a permis de s’en tirer à moindre frais ou de s’en remettre rapidement.

   Nul ne peut vivre dans la peur qu’il lui tombe une tuile sur la tête sans qu’un jour cela lui arrive.  De la même manière, nul ne peut vivre dans l’émerveillement spontané, ce qui élimine l’émerveillement forcé, sans s’attirer d’autres raisons de s’émerveiller.  Il s’agit simplement de savoir si on préfère vivre des moments heureux à des moments malheureux.  Il n’y a rien de méritoire dans la souffrance gratuite qu’un être peut s’infliger.  Et un Dieu d’amour ne peut appeler un être à s’infliger des souffrances pour échapper au purgatoire ou à l’enfer et gagner son ciel.  La douleur et la souffrance n’ajoutent pas de valeur à une réalité.  Ce que le Créateur désire le plus, pour chacune des ces créatures, c’est qu’elle trouve son Ciel, qémerveillementu’elle vive dans le plus grand bonheur, selon sa propre conception du bonheur.  Or, c’est dans l’état d’émerveillement qu’un être peut s’attirer le plus de bonheur, car il s’attire constamment d’autres merveilles.  Dans cet état, tout se ligue, dans l’Univers, pour aider à mieux comprendre et apprécier le jeu gratuit et amoureux de la Vie.

   N’empêche que, dans l’ordre concret de la planète, dans le système solaire, la plus grande merveille de la Création, c’est l’homme, ce merveilleux Temple, réceptacle de l’Esprit de Dieu.  Mais qui a vraiment pris conscience de sa propre grandeur, de sa véritable splendeur, des facultés intimes qu’il détient et de la beauté du monde qui l’entoure?  Or l’être humain ne peut être sensible qu’à ce qu’il porte en lui et a découvert.  S’émerveiller de soi-même, quand on n’y met pas de prétention ni de vanité, ne peut que rétablir la circulation des énergies vitales et garder le cœur jeune.

   Mais il faut éviter de s’émerveiller des faux enchantements du paradis artificiel et des illusions.   Cependant, quand un être a longtemps vécu dans une région magnifique, plongé dans le labeur et la répétition du quotidien, il ne voit plus la beauté de ses paysages, de sorte que ce sont les voyageurs de passage qui peuvent le mieux la lui rappeler.  Pourtant, le fait de cultiver l’état d’émerveillement produit dans l’esprit du penseur ou du concepteur une disponibilité à ce sur quoi il se concentre, attirant dans sa vie tout ce qu’il peut imaginer d’agréable, de joyeux et d’heureux.  Puisque chacun peut en faire le choix, ne vaut-il pas mieux qu’il vive dans l’émerveillement que dans l’ennui de la routine, dans la tristesse des revers, dans l’âpreté du labeur?

   Vous pouvez accepter de vous émerveiller ou de vous laisser émerveiller à chaque instant, quitte à passer pour des fumistes et des utopistes, puisque le monde ne mourra jamais par manque de merveilles, mais plutôt par manque d’admirateurs capables de s’émerveiller.  L’émerveillement, qui surgit de l’esprit d’enfance, permet d’ouvrir ce qui est fermé par les expériences pénibles, les jugements sévères, les arguments rigoureux, les préceptes rigides, les questions angoissantes, les peurs, les doutes, les jérémiades, l’hostilité.  Parmi les pensées de Michel Bouthot, un artiste et auteur québécois, on peut lire celle-ci : «Quand nous cessons de nous émerveiller, nous arrêtons de croire en la vie.»  Qui oserait le contredire?

 © 2012-16, Bertrand Duhaime (Dourganandâ).  Tous droits réservés. Toute reproduction strictement interdite pour tous les pays du monde.  Publié sur : www.larchedegloire.com.  Merci de nous visiter sur : https://www.facebook.com/bertrand.duhaime.

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